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Archive for 2005

Amma et l’importation du néo-hindouisme

Véronique Altglas est une jeune docteure, actuellement post-doctorante en Grande Bretagne, auteure d’un ouvrage paru aux éditions du CNRS, Le nouvel hindouisme occidental. En voyant ce reportage sur France 3, qui présentait la venue en France d’une gouroute, Amma (et faisait la pub pour un film de Jan Kounen, Darshan)
lien vers le reportage au format Quicktime
j’ai de suite pensé à contacter Véronique afin de lui demander un petit commentaire-analyse. Et elle a été très aimable et gentille de m’envoyer ceci :

Amma fait partie des nombreux gurus indiens qui parcourent la planète pour diffuser leur enseignement. Sa phrase dans le reportage – « tout le monde a besoin de spiritualité » – rappelle la rhétorique de Vivekananda, pionnier dans la diffusion du Védanta en Occident (Chicago, 1893), pour qui le grand rôle de l’Inde était d’offrir au monde sa « spiritualité », cette affirmation identitaire étant l’un des piliers de ses ambitions missionnaires en Occident.
Cette phrase dénote également un autre aspect fondamental de ces mouvements religieux d’origine hindoue qui se diffusent hors de la péninsule indienne, à savoir l’universalisation de l’enseignement proposé. Ainsi, l’hindouisme s’adresse à tous quelque soit la culture, la nationalité ou la religion d’origine, cette « indifférence » vis-à-vis des frontières religieuses et culturelles étant partagée par les disciples et sympathisants occidentaux qui peuvent ainsi interpréter l’enseignement proposé à la lumière de leur propre univers religieux. C’est ce que fait la seconde interviewée qui suggère qu’Amma pourrait être considérée comme une sainte par l’Eglise catholique mais que, surtout, « elle est, c’est tout ». L’ancrage culturel n’est pas important mais, ajoute-t-elle, « elle est l’incarnation de Dieu », télescopant ainsi l’image du Christ messager de Dieu, de l’avatar hindou tel Krishna, du guru et du sauveur christique. C’est précisément cette indifférence aux frontières culturelles et religieuses qui permet les réinterprétations et les appropriations de ces religiosités étrangères que sont les mouvements néo-hindous.
Dans ces transferts et télescopages, il y a des ressources symboliques qui jouent particulièrement bien le rôle de « passeur ». Ici, le véhicule clef est la notion d’amour. On retrouve l’amour universel et inconditionnel dans de nombreux enseignements néo-hindous mais ici, compte tenu de la pratique particulière d’Amma, elle est centrale. Elle satisfait les disciples occidentaux, en quête d’une religion intime où prime l’expérience individuelle qu’exprime souvent tout un champ sémantique relatif au « coeur » et à l’« amour divin ». Le reportage dévoile, tout comme certains entretiens que j’ai pu mener, combien cette notion d’amour résonne avec intensité dans un univers de sens chrétien. Elle permet de voir en Amma une « sainte », une « mère Thérésa hindoue » et de considérer son enseignement original comme une « religion de l’amour ». Mais surtout, et c’est ce point qui m’a particulièrement intéressé dans ce reportage, il me semble que la reconnaissance d’une certaine christianité de l’enseignement d’Amma, via cette notion d’« amour », est au principe des commentaires élogieux des reporters et du présentateur. Elle fonde la légitimité que les journalistes concèdent ici à Amma, dont l’enseignement se rapproche à bien des égards de celui des autres mouvements néo-hindous connus en Occident, souvent associés à un « dévoiement de l’Orient », une falsification éclectique et une « dérive sectaire » d’un enseignement traditionnel et véritable. Faux gurus ou vrais sages de l’Inde ? A mon sens, c’est la construction des frontières entre « secte » et « religion » du sens commun et plus largement la question de la normativité religieuse qui se joue ici*
(signé : Véronique Altglas).

Pour plus d’information sur Véronique Altglas et son livre, Le nouvel hindouisme occidental, vous pouvez consulter son blog, http://altglas.over-blog.com/ et un article dans le Journal du CNRS : 3 Questions à Véronique Altglas.

Anniversaire anyone ?

Un peu de couleur ? Un joyeux anniversaire à tous et toutes…
carte anniversaire helenedegroote.com

Sexualité et histoire de soi

Ce n’est pas un blog que tenait Pierre-Philippe Candy… Il était notaire au XVIIIe siècle.
Lu sur HAL-SHS : Sexualité et histoire de soi. Le journal de Pierre-Philippe Candy, notaire dauphinois à la fin du XVIIIe siècle de René Favier : l’étude d’un journal intime où “la sexualité et les récits d’aventures galantes tiennent (…) une place notable”.

Du nouveau sur revues.org

Les Archives de sciences sociales des religions entrent sur Revues.org le portail de revues universitaires française (juste à temps pour l’inauguration du CEDEL par mon ancienne directrice de thèse, appelée depuis à de plus hautes fonctions. Pour une fois, et enfin, un bon nombre d’articles sont accessibles en version PDF (au contraire, malheureusement, de la revue Terrain qui est, très étrangement, privée sur internet de ce qui fait en partie sa force papier, sa mise en page et ses illustrations).
J’avais écrit un article pour les Archives, Politiques de l’alliance, sur la création, au XXe siècle, d’un rite des fiançailles catholiques… Petit problème ce soir, l’article n’est pas accessible, mais un très joli message d’erreur l’est :

Warning: filesize(): Stat failed for docannexe/fichier/2468/coulmont.pdf (errno=2 – Aucun fichier ou répertoire de ce type) in /data/www/revues/lodel-0.7/scripts/func.php on line 429

Ouch ! (Mais d’autres articles, plus récents et probablement plus intéressants, sont accessibles).mise à jour : tout est réparé.

Violences urbaines et sociologie

Les événements, émeutes, violences… qui ont eu lieu le mois dernier se sont en partie déroulés à proximité relative de l’université Paris VIII (sise à Saint-Denis, au nord de Paris) et parfois à proximité des étudiants. Claire Lévy-Vroelant, professeure de sociologie, s’est servi de son cours de licence — qui porte sur les politiques du logement — pour demander à ses étudiants des réactions. Certains des textes auxquels ce cours a donné naissance viennent d’être mis en ligne sur le site du département de sociologie : Sociologie des événements.
Le but de C. Lévy-Vroelant est de diffuser et poursuivre une discussion : les commentaires sont ouverts sur le site du département.

Le statut de tels textes, dont la publicité est favorisée par la communication électronique, n’est pas encore stabilisé. Stéphane Beaud s’interrogeait déjà, dans le livre co-écrit avec Younes Amrani, Pays de malheur, sur le texte produit par l’informateur et co-auteur…
mise à jour : La « racaille » et les « vrais jeunes ». Critique d’une vision binaire du monde des cités, par Stéphane Beaud et Michel Pialoux, sur liens-socio.org

Diminution du nombre de sex-shops

L’Atelier Parisien d’Urbanisme, ou APUR, gère une base de données, “BD-COM”, sur le commerce parisien. Les études réalisées en 2000, 2003 et 2005 laissent voir l’évolution récente des quelques 62 000 commerces. Entre 2000 et 2003, le nombre de sex-shops était resté stable (+1,7%, soit 2 de plus). Entre 2003 et 2005, c’est une chute brutale à laquelle on assiste : -7%…
Graphique : évolution du commerce parisien (PDF) — L’étude sur le commerce est disponible à partir du site de l’APUR.

Comment expliquer cette diminution ? C’est en partie le travail que j’essaie de réaliser en ce moment : action municipale (gentrification programmée du boulevard de Clichy), banlieu-isation des sex-shops (qui ouvrent dans les villes d’Ile de France comme Houilles), développement du commerce par correspondance, des sex-shops haut-de-gamme qui ressemblent à des magasins de lingerie féminine (Yoba, Amours délices et orgues…)… A mon avis, un certain nombre de magasins récents ne sont pas comptés comme sex shop par l’APUR. C’est à voir. Comme il est à voir où précisément ils disparaissent.
Mes autres billets sur les sex-shops

Canular américain

Un groupe d’étudiants “athéistes” américains a décidé d’organiser l’échange de bibles contre des revues pornographiques, ce qui étonne la chaine d’informations locales. Cela se présente à la fois comme un canular et comme le retournement d’actions publiques organisées par des groupes religieux, qui échangent volontiers des stocks de revues porno contre des bibles.
Smut for smut sur Channel 4 (format .mov Quicktime)
Smut for smut sur Channel 4 (format .wmv Microsoft)
(source : boingboing)

L’interdiction des prêtres homosexuels

Je n’ai pas le temps d’écrire un billet sur le texte du Vatican (L’Instruction sur les critères de discernement de la vocation des personnes ayant des tendances homosexuelles, et de leur admission au séminaire ou aux ordres sacrés (4 novembre 2005) de la Congrégation pour l’éducation catholique). Mais je renvoie les personnes intéressées sur un article de Hélène Buisson-Fenet, Comment l’autorité s’exerce: Les clercs catholiques homosexuels et la contrainte institutionnelle paru dans les Archives de sciences sociales des religions en 1999.
Un autre article de la même auteure, De la dissonance à l’esprit critique. Sur quelques façons d’être clerc et homosexuel est disponible en bibliothèque universitaire.
Son livre, Un sexe problématique : L’Eglise et l’homosexualité masculine en France (1971-2000) est disponible sur amazon.

Sex machines

Le Bureau des brevets des Etats-Unis a recueilli, depuis plus de deux siècles, un grand nombre de dépots d’inventeurs cherchant à soigner, à réguler ou à améliorer la sexualité humaine. Mais ceci ne constitue que la forme la plus objectivée et la plus facilement accessible des capacités inventives.
Un livre de photographies, Sex Machines [amazon] de Timothy Archibald, s’intéresse à un groupe d’inventeurs du dimanche, de bricoleurs, cherchant à combiner perceuse et godemiché, siège percé et vibromasseur.
Timothy Archibald a un blog : The Sex Machines Diaries et surtout, l’éditeur, Process, a mis en ligne un mini site “sex machines” où l’on trouve une série d’extraits au format PDF.

Ce livre a connu une petite gloire, avec notamment une interview avec Archibald sur Gizmodo (en anglais), et un article sur Wired News (en anglais).

Journalistes en banlieue

Des journalistes de l’hebdomadaire suisse L’Hebdo se sont installés en “banlieue”, à Bondy plus particulièrement. Dans un billet récent, ils parlent de l’université Paris 8, où j’enseigne, et le titre est éloquent Sortir de la fac Paris 8, c’est pointer direct au chômage… Cette phrase semble être une citation d’un étudiant et pas le résultat d’études statistiques, mais cela donne bien le point de vue de certains des usagers.
Dans la suite de mes billets sur les blogs d’étudiants de Paris 8, en voici quelques autres :
Bouger !, de A. D. photographe et étudiant,
Paris8, d’une étudiante en sciences de l’éducation.