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Archives de la catégorie : 'USA'

Not a joke : an Eruv on the Kilimanjaro

Imagine three American Orthodox Jews climbing Mount Kilimanjaro (no… this is not the beginning of a joke).

Shabbat presented our greatest halachic challenges. Firstly, we needed to build an eruv so that we would be able to carry in the small area around our tents. At first glance, our campsite appeared to be surrounded by a natural eruv –a combination of natural wall formations, embankments and Mawenzi Peak. However, we could not be certain that all these borders qualified as a halachic partition. Instead, we positioned our three tents to form a semi-circle and set up a tzurat hapesach, or doorframe, using a fishing line and poles. Thus, we created a small, enclosed “courtyard,” enabling us to carry between the tents and to daven, eat and learn outside. We tied clothing onto the fishing line so it would be visible at night to the porters and made sure that it didn’t sag more than three tefachim, which would disqualify it as an eruv.
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What’s an eruv ? An eruv is a “mechanism that transforms an enclosed shared living area (e.g. a courtyard) into a common one”, and within this new common area, one can be an observant Jew and carry small objects during shabbat.
Halachic mountaineering ? It combines two very different aspects of contemporary life. On the one hand, mountaineering can be considered a way toward “self-accomplishment”. The ideal mountaineer has to go beyond herself (beyond her own strength, her own will, etc.) to reach the summit… Reaching the highest point is not a goal in itself : its purpose is to reveal the mountaineer’s real self.
On the other hand, the contemporary observance of Halacha is an identity support. The Jewish law is used consciously and reflexively to permanently sustain a religious personal identity in everyday life. The Eruv is then paramount : it materializes a symbolic space where one can be jewish and enjoy the practicalities of modern life. [For other eruvim implementation, see here, or there…]
Note : This short and unfinished note on the combination of individual self accomplishment and social identity management was inspired by Wayne H. Brekhus’ study of gay suburbanites, Peacocks, Chamelons, Centaurs (U. of Chicago Press, 2003).

Unions civiles : le New Hampshire

L’Etat du New Hampshire va autoriser, à partir de janvier 2008, les unions civiles, qui donnent aux couples du même sexe les droits (étatiques) que le mariage donne aux couples de sexes discordants. Il rejoint ainsi le Vermont, le Connecticut, et le New Jersey. Seul le Massachussetts autorise deux hommes à se marier (ou deux femmes, ou une femme et un homme).
Et, comme dans les trois États précédents, le New Hampshire va donner aux prêtres, rabbins, pasteures, rabinnes, prétresses… le droit de civil-unioner les couples du même sexe, en tant qu’agent of the state :
Les Revised Statutes Annotated du New Hampshire précisent :

457:31 Who May Solemnize. – Marriage may be solemnized by a justice of the peace as commissioned in the state; by any minister of the gospel in the state who has been ordained according to the usage of his or her denomination, resides in the state, and is in regular standing with the denomination; by any clergy who is not ordained but is engaged in the service of the religious body to which he or she belongs, resides in the state, after being licensed therefor by the secretary of state; within his or her parish, by any minister residing out of the state, but having a pastoral charge wholly or partly in this state; by judges of the United States appointed pursuant to Article III of the United States Constitution, by bankruptcy judges appointed pursuant to Article I of the United States Constitution, or by United States magistrate judges appointed pursuant to federal law.
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Concrètement, il faut être un “ministre de l’Evangile (résidant) dans l’Etat, qui a été ordonné selon les usages en vigueur dans son Eglise et qui est en règle avec son Eglise” ou alors être un ou une “membre du clergé qui n’est pas ordonné mais qui est engagé au service du corps religieux auquel il ou elle appartient, et résidant dans l’Etat apr!s avoir reçu une licence du Secrétaire d’Etat”, ou encore un “ministre qui réside hors de l’Etat mais qui a des charges pastorales — totales ou partielles — dans l’Etat du New Hampshire” (il ou elle peut alors solenniser l’union civile ou le mariage dans sa paroisse).
Assez chrétien, cet ensemble : surtout l’expression “minister of the gospel”… On est loin de la liste proposée par le Vermont, qui, malgré ses 600 000 habitants, avait prévu le cas des Baha’i, comme mentionné sur ce même blog il y a quelques temps.
Est-ce à dire que, du point de vue de l’Etat, il n’y a aucun problème en vue à autoriser des ministres du culte à célébrer des unions civiles ? Pas vraiment, et on le voit dans une proposition de loi votée la semaine dernière par les députés californiens. L’Assembly Bill 43 précise en effet qu’il deviendra impossible de forcer un prêtre (ou rabbin, pasteur…) à célébrer un mariage (ce qui me semblait déjà être le cas)…

No priest, minister, or rabbi of any religious denomination, and no official of any nonprofit religious institution authorized to solemnize marriages, shall be required to solemnize any marriage in violation of his or her right to free exercise of religion guaranteed by the First Amendment to the United States Constitution or by Section 4 of Article I of the California Constitution.

Round One : B, R et S dans le New Yorker

Un long et bel article dans le New Yorker cette semaine, sur la campagne électorale française : Round One, The battle for France, by Jane Kramer.

I did not see Royal on this trip. She talks to reporters even less than she talks to other Socialists, and she is especially wary of the American press—perhaps because she has not decided what the proper attitude of a would-be French President toward the United States should be. When you call the headquarters, and ask to speak to the foreign-press secretary, you are switched to an intern from Sciences Po who says, “Pas possible” and hangs up fast.

Plus loin, et plus grave :

The real trouble with Sarkozy is that he is not demonstrably democratic. Few politicians are, but Sarkozy is at a disadvantage, having put in five highly visible years as an interior minister that included the month of rioting in the projects in 2005, and a brief resurgence of violence earlier this spring in Paris. He doesn’t pretend to listen to “the people.” When rules get in his way, he walks right over them, or he changes them.

Sexualité, politique et religion

Une des choses qui m’avaient surprises, lors de mon long séjour à New York, était l’omniprésence des publicités pour diverses églises (et synagogues) dans la presse gaie locale. Gay City News et le New York Blade (ce dernier moins fréquemment) avaient, chaque semaine, environ une page de publicité à caractère religieux. Mes séjours plus courts à Boston, Philadelphie, Chicago et Washington — et la lecture consciencieuse des informations LGBT locales m’ont convaincu qu’il ne s’agissait pas du tout d’un particularisme newyorkais. Religion et homosexualité n’étaient pas nécessairement contradictoires, gays et lesbiennes semblaient même, en partie, recherchés en tant que public ou fidèles potentiels.
JFCS - jewish - chicagoCette première image, par exemple, provient d’un des magazines gay de Chicago (le Windy City News ou le Chicago Free Press, je n’ai pas les références sous la main). Elle est destinée aux éventuels gay (lesbiennes bi ou trans) juifs à la recherche d’un lieu de prière… mais aussi d’un soutien communautaire. L’identité ici est presque plus ethnique que religieuse. Ce sont les “families” qui sont au coeur de l’action : la “communauté LGBT” n’est pas constituée que d’individus.
St marks nyA New York, St Mark’s Church est présente dans le Gay City News chaque semaine ou presque, sans toujours centrer ses publicités sur des références à l’identité gaie. Ici, dans une publicité de début janvier 2007, c’est même le Kwanzaa, le Noël noir américain, qui est mis en avant. L’Eglise épiscopale, à laquelle se rattache St Mark’s, est l’une des principales dénominations bourgeoises américaines : une dénomination presque aristocratique dans son recrutement social. Sa petite taille (quelques 2 millions de fidèles) cache une influence sociale plus importante (au travers, notamment, de sa richesse immobilière, des hommes et femmes politiques qui s’en réclament, ou des séminaires et instituts théologiques qui y appartiennent). En 2003, un prêtre gay — et hétéro-divorcé — a été élu évêque.
Inner Light - Washington DCA Washington, je me suis amusé à la lecture de cette publicité pour Inner Light Ministries (slogan : “I see GOD in you”). Grande métropole noire, D.C. compte visiblement au moins une église gaie noire afro-centrée : l’évêque Cheeks (dont on nous signale que c’est l’anniversaire, et que cette fête sera religieuse) se prénomme Kwabena et est paré d’atours Afro. “Inner Light Ministries” ne semble pas posséder de frontières théologiques précises : c’est un « Omnifaith outreach ministry dedicated to spiritual transformation » nous dit le site internet. Assemblée précaire, elle ne semble plus exister en 2007.
Voici donc trois exemples, rapides, trois vignettes cherchant à montrer combien, pour une partie du protestantisme, du judaïsme et du “new age” (comment mieux décrire Inner Light ?), certaines formes d’homosexualité on été « dépeccabilisées ».
politicians NYLes églises ne sont pas les seules institutions sociales à s’afficher dans la presse homosexuelle. Chaque année, fin juin pour la Gay Pride, et vers Noël, les femmes et hommes politiques locaux achètent des encarts publicitaires : “Joyeuses fêtes et Bonne année” nous disent ensemble (ils se sont côtisés) Tom Duane et ses collègues. Le NYPD, la police municipale (mais pas l’armée !), est aussi une acheteuse fréquente d’espaces publicitaires, en période de recrutement.
Les perméabilités sont grandes entre institutions à vocation “universaliste” (police, représentation politique, voire églises dans une moindre mesure) et celles dont la vocation apparaît à première vue comme particulariste. Nombre de Français tireraient à propos de ces exemples l’alarme du “communautarisme” (certains groupes constituent même cette dénonciation en fonds de commerce)… je les laisse crier au loup.

Pour ne plus confondre Amish et Mormon

« Les Mormons, c’est ceux qui n’ont pas le téléphone ? »… Non, ce sont les Amishs (du moins dans l’imaginaire populaire) … Et l’on me pardonnera de proposer ce clip du Weird Al Yankovich :

As I walk through the valley where I harvest my grain
[En marchant dans les vallées où je récolte le blé]
I take a look at my wife and realize she’s very plain
[Je regarde ma femme et voit qu’elle est plain (“sans apprêt” (théol.), mais aussi : moche (vulg.), opposition avec “vallées” du vers précédent : complexe]
But that’s just perfect for an Amish like me
[Mais c’est parfait pour un Amish comme moi]
You know I shun fancy things like electricity
[Tu sais, j’évite les fantaisies, comme l’électricity]
At 4:30 in the morning I’m milkin’ cows
[A 4 h du matin, je trais les vaches]
Jebediah feeds the chickens and Jacob plows… fool
[Jébédiah nourrit les poulets et Jacob laboure]
And I’ve been milkin’ and plowin’ so long that
Even Ezekiel thinks that my mind is gone
I’m a man of the land, I’m into discipline
[Je suis un homme de la terre, j’aime la discipline (le clip laisse sous-entendre une forme de “discipline” particulière)]
Got a Bible in my hand and a beard on my chin
But if I finish all of my chores and you finish thine
[Si j’achève mon travail et si tu finis le tien [“thine” (arch.)]
Then tonight we’re gonna party like it’s 1699
[On s’amusera ce soir comme en 1699]
We been spending most our lives
Living in an Amish paradise
I’ve churned butter once or twice
Living in an Amish paradise
It’s hard work and sacrifice
Living in an Amish paradise
We sell quilts at a discount price
[On vend des patchwork à prix réduit]
Living in an Amish paradise
[On vit dans un amish paradis]

A local boy kicked me in the butt last week
I just smiled at him and I turned the other cheek
I really don’t care, in fact I wish him well
‘Cause I’ll be laughing my head off when he’s burning in Hell
[Je rirais bien quand il brûlera en enfer]
But I ain’t never punched a tourist even if he deserved it
An Amish with a ‘tude?
You know that’s unheard of
I never wear buttons but I got a cool hat
And my homies agree
I really look good in black… fool
If you come to visit, you’ll be bored to tears
We haven’t even paid the phone bill in 300 years
But we ain’t really quaint, so please don’t point and stare
We’re just technologically impaired […]

Encore moins politiquement correct, ce I’m Fat du même Weird Al est un bonheur visuel et auditif.
Weird Al Amish ParadiseCette image, extraite du clip “Amish Paradise”, bien que censée susciter le sourire, me fait immanquablement penser à une autre forme d’hybridité musicale et religieuse, Matisyahu, le musicien et chanteur reggae-juif hassidique.

Virilisme et automobile

La voiture a longtemps été un symbole masculin. Si bien que, comme pour la chirurgie ou la profession d’avocat, l’on connaît le nom de la première femme à avoir obtenu un permis de conduire : « la Duchesse d’Uzès, la première femme au monde à avoir bénéficié d’un permis de conduire… » (dixit ce site). Que ce soit vrai ou non ne change rien : entre mécanique rutilante et crasse du mécanisme interne, la voiture, le camion, la camionnette ou le quatre-quatre furent longtemps, de fait, des territoires réservés.
Il n’en va, évidemment, plus de même aujourd’hui. Il est même probable que, comme pour la réussite scolaire dans le secondaire, les femmes décrochent plus fréquemment que les hommes le permis de conduire. Les grosses voitures ne sont pas épargnées, et il n’est peut-être pas de meilleur exemple que les Etats-Unis, où Hummers et autres petits tanks sont conduits aussi bien par des hommes que par des femmes. La voiture, mais aussi le pick-up, finissent par devenir des équivalents symboliques de la matrice originelle : les conducteurs et conductrices y passent un temps important, ils s’y sentent bien, l’aménagement y est organique
En bref, la voiture est dévirilisée.
Cela explique peut-être l’émergence de testicules artificiels attachés à l’arrière des voitures les plus susceptibles de virilisation, les Truck Nutz, Truck Nuts, ou Truck Balls
Truck Nuts - USADes voitures qui en ont… Il était difficile de reviriliser plus explicitement ces automobiles, même si le résultat est un peu ridicule. On ne peut exclure un certain humour potache à vouloir ainsi animaliser son véhicule (qui transparait fort bien sur le site de ce fournisseur), et surtout, à donner à voir à ceux qui suivent un spectacle peut-être humiliant — pour celui qui regarde (similaire à ce rituel d’humiliation, le teabagging).
Les oppositions à l’exposition de fausses parties privées se sont donc faites entendre : Fake Private Parts Are No Joke, Myers Says titrait, récemment, le Washington Post : un député du Maryland, les trouvant vulgaires et immorales, cherche à légiférer et interdire leur utilisation (House Bill 1163).

His bill would prohibit motorists from displaying anything resembling or depicting “anatomically correct” or “less than completely and opaquely covered” human or animal genitals, human buttocks or female breasts. The offense would carry a penalty.
traduction partielle : Son projet de loi cherche à interdire aux automobilistes d’exposer ce qui ressemble ou représente des organes génitaux humains ou animaux, des fesses humaines ou des poitrines nues féminines, qui seraient “anatomiquement correctes” ou “incomplètement couvertes ou opacifiées”.

“Nettoyons nos rues, pour nos enfants”, dit-il plus loin dans l’interview.
La revirilisation automobile est donc une initiative contestée : il est probable, avec ces “truck nuts” — sex toys paradoxaux — que l’automobile soit définitivement sortie de l’empire masculine.

New York Religions

Voici quelques images recueillies pendant un séjour récent à New York.
Tout d’abord, ce “Prayer Booth” (cabine à prière), construite par un artiste en reprenant les codes graphiques des cabines téléphoniques américaines. On n’en voit pas encore dans les rues, et le brevet n’a pas été déposé, mais l’idée est amusante et fait réfléchir aux supports matériels de la foi — en rendant visibles certains supports incongrus.
Prayer Booth
[Pour en savoir plus : le prayer booth en situationd’autres oeuvres de Dylan Mortimerle site de Dylan Mortimer]
L’article suivant, toujours extrait du New York Times est plus triste : une étude interne de l’Eglise catholique montre les difficultés de la gestion de l’argent basée sur la confiance et le cash. L’argent de la quête dominicale semble particulièrement touché par ces cas d’embezzlement (détournement frauduleux) :
Catholic Embezzlement
Brooklyn est la ville aux milliers d’églises, connu sous le nom de “Borough of Churches”, le quartier des églises. Parfois, ces églises sont d’anciennes synagogues, comme le souligne cette exposition à la Brooklyn Historical Society, From Synagogue to Church: Converted Brooklyn Houses of Worship. Des synagogues, qui avaient été construites dans des quartiers à population juive, ont été revendues une fois les juifs partis, ou parce que le bâtiment était devenu trop petit… Mais les signes de judaïté ne disparaissent pas aussi vite des bâtiments : l’on trouve ainsi des superpositions de croix et d’étoiles de David, des ménoras et des Jésus…
Church and synagogue
Pendant que des synagogues deviennent des églises, des juifs hassidiques deviennent officiers de police. Le New York Post célébrait ainsi, le 27 décembre 2006, le premier Kosher Cop de New York, qui a reçu l’autorisation de garder ses boucles de cheveux (en hébreux, פאות, peiyot ou payos).
Kosher Cop
[Le New York Post semble trouver ce policier très cute : il avait été en couverture, en juillet dernier, sous le titre NYPD JEW]
Toujours dans le Borough of Churches, voici quelques exemples de diversité religieuse (situés sur google maps). Le premier exemple concerne des églises pentecôtistes, installées de manière plus ou moins précaires dans d’anciens locaux commerciaux ou résidentiels. L’on parle alors, le plus souvent de “storefront churches” :
Jesus never fails dit la première, qui s’appelle la “Jesus Never Fails Church of God” (Avec Dieu, tout est possible) :
Jesus never fails
La deuxième église est le Tabernaculo Christiano de Park Slope, une église hispano-américaine, faisant partie des Assemblies of God, une dénomination pentecôtiste. Cette église semble mieux installée que la précédente, mais ne dispose pas encore d’un bâtiment à l’architecture symbolique… En cas de succès, cela viendra probablement, et l’assemblée locale rachètera le bâtiment d’une église vieillissante ou ayant perdu un pasteur au grand charisme.
Tabernaculo
Le dernier exemple se situe à l’opposé, politiquement et théologiquement. Nous sommes ici dans un ancien bâtiment d’église, dans la Park Slope United Methodist Church, qui a pour particularité, entre autres, de posséder un vitrail “gay” montrant un couple (de sexes discordants ou similaires) au bout d’un chemin arc-en-ciel, sous un soleil radieux :
Gay vitrail

Unions civiles : New Jersey

Après le Vermont et le Connecticut, c’est le New Jersey qui ouvre tous les bénéfices liés au mariage aux couples du même sexe (mais pas le mariage lui-même), en créant un nouveau statut, l’union civile. Le New Jersey, c’est l’Etat situé immédiatement à l’ouest de New York, et il y a deux mois, la cour suprême locale avait demandé que les couples du même sexe aient l’accès aux mêmes droits que les couples de sexes discordants. Comme pour le Vermont et le Connecticut, les membres du clergé sont autorisés à agir en tant qu’agent de l’Etat (agent of the state) et donc à célébrer ces unions civiles. Voici comment la loi, dans le New Jersey, présente la chose :

17. R.S.37:1-13 is amended to read as follows:
37:1-13 Authorization to solemnize marriages and civil unions.
Each judge of the United States Court of Appeals for the Third Circuit, each judge of a federal district court, United States magistrate, judge of a municipal court, judge of the Superior Court, judge of a tax court, retired judge of the Superior Court or Tax Court, or judge of the Superior Court or Tax Court, the former County Court, the former County Juvenile and Domestic Relations Court, or the former County District Court who has resigned in good standing, surrogate of any county, county clerk and any mayor or the deputy mayor when authorized by the mayor, or chairman of any township committee or village president of this State, and every minister of every religion, are hereby authorized to solemnize marriage or civil union between such persons as may lawfully enter into the matrimonial relation or civil union; and every religious society, institution or organization in this State may join together in marriage or civil union such persons according to the rules and customs of the society, institution or organization.
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On constate qu’un bon nombre de juges et d’élus, voir du personnel administratif municipal, peuvent célébrer des mariages, ainsi que “tout ministre (membre du clergé) de toute religion” ou “toute société, institution ou organisation religieuse” est autorisée à célébrer des unions civiles. La distinction entre “clergé” d’un côté et “société religieuse” de l’autre est nécessaire depuis que les Quakers, organisation sans clergé, sont autorisés à marier (leurs membres, puisqu’un non Quaker aurait de fait des difficultés à être marié par une assemblée quaker).
Dans le Connecticut, la loi se présente un peu différemment, mais pour revenir au même : le premier point insiste sur l’ordination (ou l’autorisation), le deuxième sur les règles internes aux Eglises. Si l’union a eu lieu validement aux yeux de l’organisation religieuse [et si elle répond aux critères fixés par l’Etat], alors elle est valide.

Sec. 4. (NEW) (Effective October 1, 2005) (a) All judges and retired judges, either elected or appointed, including federal judges and judges of other states who may legally join persons in marriage or a civil union, family support magistrates, state referees and justices of the peace may join persons in a civil union in any town in the state, and all ordained or licensed members of the clergy, belonging to this state or any other state, as long as they continue in the work of the ministry may join persons in a civil union. All civil unions solemnized according to the forms and usages of any religious denomination in this state are valid. All civil unions attempted to be celebrated by any other person are void.
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Pour le Vermont une seule différence existe entre le mariage et l’union civile : le premier est “solemnisé” par une autorité civile ou religieuse, la deuxième est “certifiée”. Cela semble n’avoir d’autre fonction que d’atténuer l’implication du “sujet célébrant”. Je n’ai pas trouvé de texte (ni de trace dans les débats parlementaires à l’Assemblée du Vermont) donnant les raisons de cette différenciation entre mariage et union civile. J’en suis réduit à des suppositions :

§ 5164. PERSONS AUTHORIZED TO CERTIFY CIVIL UNIONS
Civil unions may be certified by a supreme court justice, a superior court judge, a district judge, a judge of probate, an assistant judge, a justice of the peace or by a member of the clergy residing in this state and ordained or licensed, or otherwise regularly authorized by the published laws or discipline of the general conference, convention or other authority of his or her faith or denomination or by such a clergy person residing in an adjoining state or country, whose parish, church, temple, mosque or other religious organization lies wholly or in part in this state, or by a member of the clergy residing in some other state of the United States or in the Dominion of Canada, provided he or she has first secured from the probate court of the district within which the civil union is to be certified, a special authorization, authorizing him or her to certify the civil union if such probate judge determines that the circumstances make the special authorization desirable. Civil unions among the Friends or Quakers, the Christadelphian Ecclesia and the Baha’i Faith may be certified in the manner used in such societies.
source

L’Etat du Vermont est donc bien précis sur le type de clergé autorisé à célébrer, allant même jusqu’à prévoir le cas des Baha’i [Baha’ii ? Baha’is ?].
La création des unions civiles place donc, à chaque fois, les Eglises (les denominations disent les Américains, pour ne pas limiter le discours aux Chrétiens et assimilables) face à la possibilité de célébrer au nom de l’Etat des unions civiles. Pour le droit américain (qui n’a pas eu souvent à se prononcer sur la question), les membres du clergé qui célèbreraient des mariages (ou des unions civiles, maintenant) sont temporairement des officiers séculiers. Mais pour les Eglises ? Imaginent-elles les mêmes fictions juridiques ? Le fait que le “mariage” (dont elles revendiquent en partie la définition) ne soit pas touché par cette loi permettrait-il une accommodation religieuse (avec l’établissement d’une théologie de l’union civile et de rites particuliers) et donc une relative dé-sécularisation du terme ?

Mort et religion

Le Washington Post rapporte que l’administration américaine a autorisé l’usage d’un symbole wiccan sur la tombe d’un soldat mort en Irak.
Les wiccans revendiquent une forme de paganisme organisé, parfois aussi la sorcellerie blanche. Le symbole (Emblem of faith) que le soldat décédé souhaitait sur sa tombe était un pentacle inversé. Un résumé de l’affaire se trouve sur pluralism.org (Harvard U.) et probablement aussi sur Wikipedia.
On apprend alors rapidement qu’il existait, avant même la revendication de ce soldat et de sa famille, trente-huit symboles autorisés. En voici quelques uns :
Emblèmes de foi
L’absence de symbole est aussi possible, de même que la revendication de l’absence de dieu(x). Les athéistes ont droit, non pas à un filament d’ADN, ou à un Ichthus darwinien, mais à un “symbole atomique” dont une des orbites est ouverte (et ressemble à une demi-arche McDo).
american atheist logo
[La reconnaissance complexe de l’athéisme par l’armée américaine, qui expliquerait la présence de logos revendicatifs sur les pierres tombales, ne sera pas expliquée ici.]
Pour aller plus loin :
Liste des Emblems of Faith autorisés.
Formulaire VA 40-1330, pour choisir son symbole.

Polygamie américaine

Intéressant, mais pas le temps de commenter, malheureusement :

Consciously taking tactics from the gay-rights movement, polygamists have reframed their struggle, choosing in interviews to de-emphasize their religious beliefs and focus on their desire to live “in freedom,” […]
Polygamists Fight to Be Seen As Part of Mainstream Society, By John Pomfret, The Washington Post, Tuesday, November 21, 2006; Page A01

La justification religieuse de la polygamie a échoué à convaincre le gouvernement fédéral à la fin du XIXe siècle (voir les travaux de Sarah Barringer-Gordon). Une justification basée sur les droits fondamentaux réussira-t-elle ?