Citoyens à plusieurs

L’instauration du suffrage universel masculin en 1848 s’est accompagnée progressivement de la mise en place de dispositifs matériels visant à assurer la sincérité du scrutin. Liste électorale, carte d’électeur, isoloir, bulletins de vote préimprimés, liste d’émargement, urnes transparentes, enveloppes… constituent, ensemble, le support et la protection d’un acte décrit comme individuel et secret, le vote. Ces dispositifs ont pour but de séparer l’électeur de son réseau de relations (pour éviter les pressions), d’établir un espace propre à l’expression de son for intérieur, de s’assurer de l’identité individuelle de la personne (pour le différencier de tous les autres électeurs) : il s’agit, en bref, de constituer un individu politique, autonome, responsable de ses actes, décidant seul, individuellement, de la destination de ses suffrages. L’organisation concrète du vote par procuration questionne cette lecture des dispositifs matériels : à côté de la matérialisation des « schèmes individualistes de la citoyenneté » cohabite une matérialisation des schèmes relationnels de la citoyenneté.

Références :
Coulmont, Baptiste. « Citoyens à plusieurs. La procuration, un contrat de confiance ? », in Claudia Sénik (dir.), Crises de confiance ? , Éditions La Découverte, Paris, 2020, pages 142-158
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Pour en savoir plus sur le vote par procuration :