Categories

Archives

Archive for 2004

Invitations à Gmail

Après une période d’attente, Google recommence à distribuer des invitations à Gmail. J’en ai quelques unes en trop. Je ne suis pas le seul: le nombre d’invitations redistribuées par isnoop a augmenté fortement depuis hier.

Bulletin du RISSS

Jérôme Courduriès et David Michels ont envoyé le numéro 24 du Bulletin du Réseau d’Information Sexualités et Sciences Sociales (le voici en pdf). Les contacter si vous souhaitez recevoir les futurs numéros du RISSS.

Vacances

J’enseigne depuis octobre à l’université Paris 8, et c’est plus fatigant que prévu. Ces vacances sont donc les bienvenues.
Pendant ces deux semaines, en plus de préparer les cours de la rentrée, je dois en effet rédiger quelques compte-rendus d’ouvrage pour les Archives de Sciences Sociales des Religions, dont une note critique sur une série de livres, américains et français, portant sur “religion” et “homosexualité” : Un sexe problématique de Hélène Buisson-Fenet, Coming out in Christianity de Melissa Wilcox, God, Sex and Politics de Dawne Moon, A Church at War de Stephen Bates, Gay Religion dirigé par Scott Thumma et Edward Gray, et enfin un numéro spécial de la revue Culture and Religion dirigé par Melissa Wilcox et Elizabeth Currans. On le voit, il y a une petite activité éditoriale sur ce sujet.

Modernité rituelle

En février 2003, j’ai présenté, lors du colloque annuel de l’Association française de sciences sociales des religions, une communication sur les fiançailles catholiques comme “rite mou”. Au contraire de la conceptualisation courante du rite en sociologie ou en anthropologie des religions (un acte formel, “mort”, que l’on oppose vite à d’autres actes, qui seraient plus “vivants” ou manifesteraient mieux l’appropriation personnelle…) un rite mou est une forme qui a toute l’apparence du ritualisme le plus formel sans toutefois avoir fait l’objet d’une formalisation réussie (et qui reste donc “mou”). Les fiançailles catholiques, une cérémonie sans rituel, forment à mon avis l’exemple parfait du rite mou.
Pour le colloque, j’avais proposé en titre Le rite est mou, vive le rite!, mais les organisateurs en avaient peu apprécié l’humour et m’avaient demandé de changer de titre…
Tout ça pour dire que, deux ans plus tard, cette communication est enfin publiée, dans un ouvrage collectif, La Modernité rituelle, paru ces jours-ci chez L’Harmattan. (La modernité rituelle, sur alapage.fr ou La modernité rituelle à la fnac, et sur amazon) Je n’ai pas encore reçu mon exemplaire, j’espère que cela ne tardera pas!

Devant Dieu, face au droit

J’ai reçu ce matin les tirés à part (une vingtaine) de mon article pour Critique internationale.Vous nous avez vus à la Gay Pride, nous vous invitons à assister aux services L’article est court (10 pages) et il est a priori un peu perdu dans un numéro dont le thème principal est “Les instruments de l’élargissement de l’Union européenne” (mon article est dans une section “hors-thème”). Mais Critique internationale est une revue fort bien mise en page, sur du beau papier crème, et l’illustration que j’avais proposée à l’article (reproduite ci-contre), a été acceptée.
C’est la reproduction d’une publicité pour l’église épiscopalienne Saint John’s in the Village, au sud de Manhattan à New York, dans la version papier de l’hebdomadaire Gay City News (juin 2003). “Vous nous avez vus à la Gay Pride”, dit cette publicité, rappelant ainsi aux lecteurs que le défilé de la semaine précédente comportait une délégation de cette église, prêtre en tête avec banderole et fidèles. “Nous vous invitons à nous joindre aux services dominicaux”, poursuit cette pub. L’homosexualité des fidèles est ici moins un péché qu’une ressource organisationnelle…
La suite dans mon article. Critique internationale est achetable sur amazon.

Procès

Le droit interne des religions est un sujet qui me passionne. Le droit le plus connu est sans doute le droit canon de l’Eglise catholique romaine, ne serait-ce que pour la simple raison qu’il est enseigné dans les facultés catholiques et qu’il est encore en usage dans l’Eglise. Les annulations de mariage se comptent, chaque année, en centaines de milliers (la plus grande proportion venant des Etats-Unis). Et ces annulations requièrent un procès ecclésiastique.
Les droits protestants sont beaucoup moins connus (même s’il existe des ouvrages dessus). Ils sont beaucoup moins formalisés que le droit canon. Il peut être aussi difficile de repérer leur mise en application, et la grande variété des Eglises protestantes rend cette tâche encore plus difficile.
Une série d’événements devrait pourtant permettre une analyse comparative fort intéressante, sur la manière dont des Eglises au fonctionnement “démocratique” arrivent encore à proposer des normes contraignantes. Je m’explique. Parmi les Eglises américaines protestantes dites “mainstream” se trouvent un groupe de trois Eglises (l’UMC ou Eglise méthodiste unie, la PCUSA ou Eglise presbytérienne et l’ECUSA ou église épiscopalienne américaine) aux fonctionnements assez semblables. Ce sont des Eglises à hiérarchie (avec des évêques ou des responsables locaux). Ce sont des Eglises qui fonctionnent un peu comme des associations “loi 1901” en France, avec des assemblées générales où les règlements intérieurs sont soumis au vote.
Depuis la fin des années 1980, ces Eglises sont toutes confrontées, en leur sein, à la visibilité et l’organisation de ministres du culte homosexuels mais aussi au développement de la célébration publique de mariages religieux pour les couples du même sexe. Dans ce cadre, le choix du procès a été fait par plusieurs pasteurs ou évêques. Leur but était de faire “dire le droit” et d’exposer sur la place publique des formes de discrimination ou (pour l’accusation) de non respect des traditions religieuses. En 1987 une pasteure méthodiste lesbienne, Rose Mary Denman a été jugée dans le Maine. Vers 1995 c’est un évêque épiscopalien, Walter Righter, qui est jugé pour avoir ordonné diacre un prêtre gay. En 1998 et 2000, deux pasteurs méthodistes (hétérosexuels) sont jugés pour avoir marié des couples du même sexe. Depuis près de 10 ans, des procès ecclésiastiques presbytériens se succèdent sur les mêmes questions. Plus récemment cette année, toujours chez les méthodistes, ce sont deux pasteures lesbiennes, Karen Dammann (en mars) et Beth Stroud (en décembre) qui sont jugée par le jury d’un tribunal ecclésiastique méthodiste.
La Rev. Dammann a été acquittée alors que la Rev. Stroud vient d’être défroquée.

Ces procès religieux sont tous fort intéressants. Ils se passent dans des bâtiments d’église transformés en courts de justice (reigieuse), le jury est composé de pairs (pasteurs ou évêques), le juge est souvent un dignitaire religieux (qui connaît parfois des rudiments de droit séculier ou qui a été juge “dans le civil” avant d’être ordonné). Des avocats séculiers sont parfois présents (parfois non, mais toute la stratégie judiciaire est pilotée par des avocats professionnels). Les minutes des procès révèlent une partie du déroulement du procès, où des arguments religieux (sur l’inspiration divine ou le rôle de la prière comme moyen de discernement) rencontrent des arguments juridiques (l’alinéa 2 du paragraphe 66 n’a pas été respecté). En bref, on voit assez précisément comment le droit religieux s’accommode de l’hégémonie du droit séculier tout en tentant de garder une spécificité).
Mais ces procès servent aussi à plusieurs choses. Tout d’abord ils visent à consolider le droit religieux. Le consolider “en interne” en demandant qu’un jury se prononce sur une question de droit. Le consolider “en externe” en testant sa solidité face aux épreuves. Ensuite ils visent à mobiliser un groupe de militants et à diffuser largement l’image d’une lutte. Ces procès – relativement rares – sont relatés dans la presse écrite et à la télévision (sur COURT TV par exemple), ils sont souvent publics (et les journalistes sont présents au procès). Au contraire d’un processus “législatif”, routinisé, les procès mettent de plus en jeu le statut social d’une personne : les pasteurs risquent de perdre leur église et leur capacité à effectuer leurs tâches professionnelles (ils perdent leurs credentials, la license délivrée par leur Eglise).
Le sociologue et l’historienne ne sont pas oubliés. Ces procès constituent des sources d’archives formidables qui sont parfois totalement ouvertes à la recherche (archives du procès Dell, archives contenant les minutes du procès Creech).

Quelques références
Procès Dammann (site de l’Eglise méthodiste)
Procès Dammann (New York Times, 1)
et Procès Dammann (New York Times, 2)
Procès Stroud (site de l’Eglise méthodiste)
BethStroud.info, sur le site internet consacré à la Rev. Irene Elizabeth (Beth) Stroud

Histoire de blog

Quelques petites modifications de détail sur ce blog. Je suis passé à la version 1.2 de WordPress et j’ai changé la structure des “permalinks”, ce qui me permet plus facilement de consulter les statistiques du blog. Le tout se fait très très facilement : je recommande wordpress (et aussi TotalChoiceHosting, mon hébergeur, qui a réglé en quelques minutes un petit problème).
update : Eszter Hargittai recommande aussi WordPress…

L’université

J’ai hésité un long moment avant d’écrire. Les procédures de recrutement à l’université sont officiellement “bureaucratiques”, au sens de Max Weber (rationnelles, impersonnelles, systématiques…). Dans la réalité, les relations personnelles (le volume de capital social) importent autant voire plus que le volume des autres capitaux (voir à ce sujet l’article de Godechot et Mariot, “Les deux formes du capital social”; dans un numéro récent de la Revue Française de Sociologiecopie de l’article en pdf).
Parfois, comme dans le “cas” exposé ci-dessous, c’est l’indignation qui l’emporte. Le contexte, un département universitaire d’une grande université française. Le recrutement d’un nouveau professeur s’est fait en auditionnant deux maîtres de conférences de cette même université (recrutement local). Le professeur élu est — c’est de notoriété publique mais n’a jamais été mis par écrit — accusé de harcèlement sexuel et a été démis de ses fonctions dans un laboratoire de l’université. La “commission de spécialistes” a écrit au candidat malchanceux qu’il serait recruté dans six mois. De nombreuses protestations se font entendre pour regretter l’élection du mauvais candidat (sans jamais écrire ce dont est accusé le candidat). Je n’ai pas encore lu de réaction quant au fait qu’un poste avait été promis à l’autre candidat.
Il y aura un concours, le poste sera officiellement “ouvert”, il sera publié au journal officiel, il y aura des candidats (qui devront se déplacer à leurs frais)… une commission se réunira… pour finalement élire le candidat local.
Ci dessous, quelques extraits courts de mails reçus récemment, dans lesquels je souligne ce qui m’intéresse.
Extrait d’un mail du candidat non-élu

Permettez-moi de vous dire à quel point […me touchent…] les témoignages de sympathie qui arrivent sur mon mél et mes répondeurs depuis l’annonce de la décision de la Commission de spécialistes hier. Rassurez-vous, je vais plutôt bien ([…] ce n’est pas la mort).
A vrai dire, la décision d’attribuer le poste de professeur fléché […fléchage…] à […un nom…] ne me surprend qu’à moitié. A «qualité égale» des dossiers scientifiques, nos collègues […] ont décidé d’attribuer ce poste sur un critère d’ancienneté de l’HDR et de l’âge, tout en s’engageant, par écrit, à me réserver le prochain poste de prof qui sera à pourvoir dans le département. En principe, il s’agira du support libéré par […un nom…], suite à sa mutation à […une ville…].
[…]
[…le candidat élu…] devient ainsi la deuxième personne en France à occuper un poste de professeur de […la discipline…] fléché […le fléchage…], alors qu’il est, surtout depuis son départ de l’équipe […nom de l’équipe…] en […année…], mais sans doute depuis bien plus longtemps, marginalisé et très contesté dans le milieu académique des […sous discipline…] (même si cette marginalisation et cette contestation demeure relativement «invisible» aux non-initiés; il y aurait sans doute là matière à réflexion collective), comme il l’est au sein de la […discipline…] plus généralement.

Extrait d’un mail du candidat élu

C’est une victoire de la démocratie universitaire. Il y avait un poste de prof de […la discipline…] (sur les budgets Sauvons la recherche), nous étions deux au final. Les mauvaises langues annonçaient une logique de laboratoire dans lequel j’étais perdant. D’avance. Et sans appel possible.
Les collègues de la commission de spécialistes du collège A ont examiné avec soins les deux dossiers, qui chacun, avec ses particularités, était excellent, […coupure…] Mais, au vu des publications (livres et articles), et sans doute aussi des débats (qui restent secrets), j’ai été choisi.
Je devrais donc être professeur […de la discipline…] dès février 2005. Je ne suis plus un […pratiquant de la dicipline…] maudit.
Un autre poste est libre en mars 2005, l’autre personne devrait l’obtenir.

Eglise catholique et homosexualité

Le jeudi 02 Décembre 2004 à 16h30, Rencontre-débat homosexualité et Eglise à la Bibliothèque universitaire de Paris 8

Les Presses Universitaires de Vincennes et la Bibliothèque de l’Université de Paris 8 ont le plaisir de vous inviter à une prochaine rencontre-débat  : Hélène Buisson-Fenet présentera son livre récemment paru aux PUV : Un sexe problématique : l’Eglise et l’homosexualité masculine en France (1971-2000) (lien vers amazon.fr)
Le jeudi 2 décembre 2004 à 16h30 à la bibliothèque Universitaire de Paris 8, salle des enseignants
Avec la participation de
Baptiste Coulmont et Pierre Lantz, sociologues
Jacques Cougnaud de l’association David et Jonathan

Comment l’institution cléricale justifie-t-elle ses positions homophobes dans une société française largement acquise à la reconnaissance élargie des droits individuels et de la liberté de choix ? Et dans quelle mesure, au sein de l’Église elle-même, est-il possible de tenir d’autres positions que celles de la réprobation et du refus ?Pour apporter des réponses à ces interrogations, l’auteur a mené de front des enquêtes auprès de deux associations, « David et Jonathan » et « Devenir Un en Christ » , et analysé systématiquement la doctrine catholique telle qu’elle s’énonce aujourd’hui. Il en résulte une mise en relief particulièrement originale des différentes réponses à une question d’actualité : comment être catholique et homosexuel aujourd’hui ? L’homosexualité est traitée dans ce volume à la fois comme fait de société, question théologique et pratique pastorale.

Pour plus d’information : Le site des PUV et le site de la B.U. de Paris 8
Contacts : Marion Loire /Thierry Kiéfer, Bibliothèque de l’Université de Paris 8, Service communication, 2, rue de la Liberté, 93526 Saint-Denis Cedex, 01.49.40.69.48/69.49, mloire @ univ-paris8.fr ou tkiefer @ univ-paris8.fr

Soutenances de thèse

Novembre et décembre, c’est, souvent pour des raisons administratives, la saison des soutenances de thèse. Signalons donc la soutenance d’Olivier Godechot :

Olivier Godechot soutient sa thèse le 13 décembre : L’appropriation du profit. Politiques des bonus dans l’industrie financière (Jury composé de Luc Boltanski, directeur d’études à l’EHESS; Robert Boyer, /rapporteur/, directeur d’études à l’EHESS; Michel Lallement, /directeur/, professeur de sociologie au CNAM; Jean Saglio, directeur de recherche au CNRS ; Philippe Steiner, /rapporteur/, professeur à l’université de Lille III ; André Zylberberg, directeur de recherche au CNRS)
Nous étudions la distribution des bonus, i.e. des primes salariales, dans l’industrie financière parisienne au cours des dix dernières années. Ceux-ci sont à la fois très élevées et très inégaux. En 2000, des chefs de salle ont touché à Paris des bonus supérieurs à 10 millions d’euros.
Même s’ils dépendent des résultats, les bonus ne sont pas une incitation optimale : leur instauration ne répond pas à une insuffisance de « l’effort » ; leur corrélation avec les cours montrent que les bonus n’utilisent pas toute l’information disponible ; ils sont d’autant plus élevés que le salaire fixe l’est. Les traders et vendeurs touchent donc des rentes.
Pour comprendre la distribution des bonus, procédure discrétionnaire, nous entrons dans l’entreprise, détaillons les sentiments de justice des salariés, les conceptions plurielles du bonus chez les chefs et les temps de négociation.
Nous analysons débats et rapports de force lors de la construction des budgets de bonus.
Nous considérons alors l’organisation du travail comme une allocation de droits de propriété sur les actifs de l’entreprise, droits qui sont le support d’une appropriation légitime et effective du profit : les salariés disposant des actifs les plus importants et les plus détachables, peuvent à la fois réclamer légitimement le profit comme le fruit de leurs actifs et l’obtenir en menaçant, véritable « hold-up », de redéployer leurs actifs en interne ou en externe.