Dans le monde
Le Monde (30 avril 2004, édition du 2 mai 2004) a plusieurs articles consacré au mariage. Une tribune de Daniel Borrillo, et plusieurs articles liés.
Le Monde (30 avril 2004, édition du 2 mai 2004) a plusieurs articles consacré au mariage. Une tribune de Daniel Borrillo, et plusieurs articles liés.
J’avais un peu de temps, j’ai essayé de faire un tour des blogs réagissant au mouvement pour l’égalité des droits. Poupée parle de Ségolène Royal, Padawan a toute une section intitulée Citoyens de seconde zone (et il me fait découvrir le blog de Dominique Strauss-Kahn). Ceteris Paribus décrypte les propos du ministre Perben.
J’ai reçu aujourd’hui une version quasi-définitive de la traduction pour le Journal of Lesbian Studies de mon article dans Mappemonde (réalisé avec R. Garcier). Voir son travail traduit — tout comme le voir “garciérisé” (i.e. dynamisé, rendu concis et droit-au-but… je recommande la garciérisation des textes) — est bien différent de traduire par soi-même, ou d’écrire directement en anglais (comme j’ai essayé de le faire pour Do the Rite Thing (à paraître dans Social Compass en 2005). D’un côté, tout est donné, de l’autre, il faut souffrir !
Alors que Dominique Perben, garde des sceaux, dans un dernier effort pour sauver la civilisation, va envoyer les CRS, le parti socialiste, mollement, dit, par l’intermédiaire de Patrick Bloche, “oui, mais” (en parlant par périphrases d’une “querelle des anciens et des modernes”, les modernes étant le PS et les anciens ceux qui souhaitent l’accès au mariage, “si petite porte d’entrée”)…
Je suis tombé sur un nouveau service de google. Après Gmail, voici GooglePrint, de long extraits d’ouvrages publiés récemment (le lien vous dirigera vers le premier chapitre du livre de Rachel Maines, Technology of Orgasm).
D. Strauss-Kahn, après réflexion, a pris position (oui, oui, en gros). Ses camarades (Hollande…) lui emboîtent le pas. Et moi qui, avec S. Chauvin, devais écrire un article pour Vacarme… Tout est à refaire!
mise à jour: ce projet d’article est maintenant en ligne.
Kieran Healy a étudié les voting patterns des différentes nations lors du concours de l’Eurovision : on remarque très nettement la proximité des votes irlandais et britanniques. Mais il se base sur une hypothèse à mon avis trop forte:
“Given that Eurovision songs are (to a first approximation) uniformly worthless, we can assume that votes express a simple preference for one nation over another, uncomplicated by any aesthetic considerations.”
Le concours (samedi soir) lui donnera-t-il tort?
Dans le dernier numéro de Labyrinthe (n°17), j’ai écrit une note critique sur les ouvrages de Thomas Laqueur, Solitary Sex [à lire] et de Rachel Maines, Technology of Orgasm, deux ouvrages importants pour une histoire de la sexualité qui ne soit pas une histoire des techniques de reproduction. Un signe des liens que ces deux livres entretiennent entre eux, c’est Maines qui fait le compte-rendu de l’ouvrage de Laqueur dans l’American Historical Review.
mise à jour : Solitary Sex a maintenant été traduit en français et publié par les éditions Gallimard : Le sexe en solitaire.
Le 29 mai prochain, je serai sur France Culture, dans l’émission d’Antoine Garapon, Le Bien Commun, et c’est tout un programme:
29 Mai 2004 Le cas d’école d’une mobilisation : la question du mariage homosexuel aux Etats-Unis
La question du mariage homosexuel, telle qu’elle a été mise en scène aux Etats-Unis illustre remarquablement l’idée d’une mobilisation sociale globale, des « pro » comme des « anti » : le jeu médiatique des groupes de pression, la publicisation par le conflit juridique – jusqu’à la cour suprême, le soutien institutionnel et la lutte d’individus contre un État censé représenter le conservatisme honni ou salvateur.
Ce sont tous les mécanismes de la vie sociale et politique qui sont mis en branle afin de rendre le débat inévitable, et offrir aux partisans de l’un et l’autre camp les raisons de continuer la lutte, et les arguments pour convaincre. Avec quelle efficacité et quelle conséquence sur la réforme elle-même ? Ces méthodes sont elles transposables en France, et notamment celle qui consiste à faire célébrer par un officier d’état civil un mariage entre deux personnes de même sexe, afin d’obliger les autres pouvoirs à réagir et obtenir ainsi que le débat soit inévitable ?
Que celles et ceux qui souhaitent en savoir plus m’envoient un mail ou laissent un commentaire. En attendant, sur New England Cable News, un grand nombre de reportages sont diffusés.
Aujourd’hui, en ouvrant mon compte Gmail, je lis en bas : “You are currently using 28 MB (0%) of your 1000000 MB” Est-ce que cela veut dire que Gmail est passée 1 giga à 1000 giga ? (voir la copie écran).
Si vous êtes arrivés ici, c’est que vous avez vu que j’ai changé mon site. Il y a encore quelques angles à arrondir, mais il devrait être plus simple d’y trouver ce que l’on cherche, que ce soient mes articles, des cartes ou un CV. Sur le côté gauche de cette page, vous devriez apercevoir un bouton “kinja”, qui vous permet d’ajouter mon blog à votre sélection de sites sur kinja.com.
Passer de b2 (l’ancien support du blog) à WordPress tout en passant de free.fr à TotalChoiceHosting fut relativement simple, et je suis satisfait du résultat. Je reste bien sûr preneur de commentaires.
Je connaissais Marc Aymes, la personne, voici Marc Aymes, Le Site. Marc est un des responsables de Labyrinthe. Le site est un peu chargé en gif animés, mais on peut y trouver facilement ce que l’on cherche.
L’enregistrement de l’émission de France Culture aura lieu vendredi. La juriste Gwenaële Calves et moi-même parlerons du mariage des couples du même sexe aux Etats-Unis. L’émission sera diffusée samedi 29 mai à 11h.
mise à jour : L’émission est écoutable ici
Un texte que j’avais écrit il y a quelques semaines… Commentaires bienvenus
La succession d’événements ayant finalement ouvert en partie le mariage aux Etats-Unis n’a reçu que peu d’écho en France. Rappelons les en quelques mots : en juin la Cour Suprême des Etats-Unis rend caduques les lois de quelques États fédérés (comme la Georgie ou le Texas) qui criminalisaient la sodomie ; en août un évêque gay (vivant en couple) était élu au sein de l’Église épiscopalienne, bastion religieux de l’upper class ; en novembre, la Cour Suprême du Massachusetts décidait que la constitution de l’État permet le mariage des couples du même sexe ; en février enfin, le maire de San Francisco, en Californie, se mettait à marier les couples gays ou lesbiens se présentant à la mairie (plus de 4 000 couples seront mariés en un mois).
Depuis, les micro-événements se multiplient. L’édile a fait des émules : tel comté du Nouveau Mexique marie une quinzaine de couples, le maire d’un village du centre de l’État de New York en marie deux douzaines, un village côtier du New Jersey une poignée, un comté de l’Oregon plusieurs milliers. Pour pouvoir suivre, l’Associated Press publie pendant quelques jours un résumé quotidien.
Ces micro-événements, s’accumulant, font boule de neige : la fin de l’hiver semble entièrement consacrée au mariage gay. Et face à cette avalanche, l’observateur est comme emporté. Au début des années 1990, c’était autour d’Andrew Sullivan, que s’était constituée une revendication néo-conservatrice en faveur de l’ouverture d’un mariage nécessairement « civilisateur » aux gays et aux lesbiennes. Il y a quelques jours, ce même Sullivan déclarait ne plus pouvoir physiquement suivre l’étendue des pratiques. Le mariage gay a quitté le domaine des idées pour celui des usages, variés, divers, flous.
Mais la diversité de ces usages peut être ordonnée : les partisans du « mariage gay » utilisent tous les registres de l’action politique.
Les actions en justice constituent le fond sur lequel les autres événements ont lieu. Ces actions sont l’œuvre d’associations de juristes gais et lesbiens comme le GLAD (Gay and Lesbian Advocates and Defenders) qui ont sélectionné des couples, leur ont demandé de se faire refuser officiellement une licence de mariage, et ont porté plainte contre l’État. L’espoir les mobilise que les juges constitutionnels reconnaîtront la discrimination dont les couples ont été l’objet. Elles n’engagent intensément qu’un petit nombre de personnes, mais les soutiens sont larges : l’Ordre des Avocats du Massachusetts a publiquement reconnu le droit des gays et des lesbiennes au mariage, des groupes d’églises protestantes progressistes leur emboîtent le pas.
Aux actions en justice s’ajoute la pression politique sur les législatures des États fédérés. Cette pression a connu quelques succès récents, sous la forme de lois proches des unions civiles du Vermont, qui donnent aux couples du même sexe les mêmes droits que le mariage donne aux couples de sexes discordants (mais limité au niveau de l’État fédéré). Les États du New Jersey et de Californie (avant l’élection d’Arnold Schwarzenegger) ont notamment voté, sans qu’il y ait débat médiatique, de telles lois : « tout le monde », de droite ou de gauche, reconnaît la légitimité d’une telle reconnaissance de la conjugalité homosexuelle.
La nouveauté vient de nouvelles formes de mobilisation, prenant les contours de la désobéissance civile. Des personnages élus (maires ou juges) et des fonctionnaires locaux (town clerk, avocat du comté), en insistant soit sur le respect de la lettre de la loi (en Oregon) soit sur celui de son esprit (en Californie), ouvrent de leur propre autorité le mariage aux couples du même sexe. Les mariages célébrés ont alors avec eux la force du droit, sans touteois que le précédent fasse encore force de loi. A cette désobéissance civile s’agrègent des membres du clergé, pasteur-e-s ou rabbin-e-s, qui, aux Etats-Unis, sont considérés comme « agents de l’État » quand ils célèbrent un mariage : leur acte religieux a valeur civile.
Ces actions d’insoumission – à la valeur juridique incertaine – reposent toutes sur l’événement qui leur a donné naissance : la décision de la Cour Suprême du Massachusetts rendue en novembre 2003, qui avait donné six mois au Parlement de l’État pour ouvrir le mariage. En conséquence, le 17 mai 2004, le mariage de couples gais ou lesbiens sera reconnu valide par un État. Si le regard s’est tourné vers la désobéissance, il ne faudrait donc pas oublier tout le travail souterrain (de juristes, d’hommes et de femmes politiques), sur lequel repose la sédition.
En quelques mois, et avec une accélération ces dernières semaines, le mariage des gays et des lesbiennes, d’espoir politique à long terme, est devenu une réalité sociale s’appuyant sur des usages stratégiques du droit et de ses frontières.