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Killers Academy

Billet publié le 02/07/2004

En mars 2004 est paru, aux éditions Descartes & Cie, un petit roman policier signé par un certain “Erik Rolle”, intitulé Killers Academy (mal référencé sous le titre Killer’s Academy sur Amazon).
Dans ce polar, un normalien, Alain Cholet, est retrouvé, mort assassiné, dans les sous-sols de l’Institut Supérieur d’Etudes Historiques (ISEH), mais il a en fait été assassiné dans le bureau du président de cette institution.
K.A. semble être un roman à clés: l’ISEH est très semblable à l’EHESS: situation géographique, description, origines, tout concorde. C’est d’ailleurs en en ayant entendu parler dans les couloirs de cette institution ainsi qu’à l’ENS, que j’ai décidé d’acheter le livre pour en savoir plus. J’avais moi-même, il y a quelques années de cela, écrit des nouvelles policières se déroulant à l’ENS, où l’on retrouvait invariablement des normaliens assassinés soit dans les sous-sols, soit dans le bureau du directeur.

Mais les comparaisons avec K.A. s’arrêtent là: c’est un roman dans lequel existent plusieurs niveaux de culpabilité. On passera sur la figure de la policière, pour qui cette enquête est un moyen de se découvrir elle-même. A un premier niveau de culpabilité, l’on trouve le/les tueur/tueuse/s, toujours le moins intéressant dans un polar. A un deuxième niveau de culpabilité, l’on trouve les fossoyeurs de la recherche française, essentiellement les normaliens-agrégés, des êtres soit arrogants, soit mécaniques, soit ambitieux, parfois les trois à la fois.

L’assassiné avait, peu de temps avant son meurtre, commencé à “ouvrir les yeux”, à effectuer sa “conversion”, dit l’un des personnages (un historien italien proche des “démographes (…) très malveillants” de la page 53), probablement un double de l’auteur, mais il reste figé dans un mécanisme. “Intelligent, mais sans imagination… Il produisait avec une certaine raideur un travail toujours minutieux, documenté et irréprochable. Mais il lui manquait ce petit je ne sais quoi qui fait le vrai chercheur…”

Ce livre n’est pas “minutieux (…) et irréprochable”. Tout comme dans les romans de Claire Chazal, les personnages ont tendance à brusquement changer de nom : Delier, le président de l’EHESS ISEH devient Dellier (page 64), Sylvie de Vaucassant (p.179) devient Vaucaussant (p.219), Valérie Bonneau (p.260) devient Valérie Bruneau (p.264)…

“Erik Rolle” est le pseudonyme d’un historien dont le nom n’a rien de secret, mais que je n’ai pas vu dévoilé dans des écrits publics (sauf sur ce site indiscret), et qu’il semble donc préférable de taire. K.A. n’est pas à recommander aux âmes sensibles ou à celles et ceux qui souhaitent commencer une thèse en histoire à l’EHESS.

[yarpp]