France Culture et le mariage
Le site de France-Culture est bien utile, mais les émissions ne restent en ligne que quelques jours. Il est toujours possible, heureusement, de forcer un peu le système pour continuer à les écouter. L’émission “Répliques” du 18 septembre 2004 est à écouter ou à réécouter. Répliques est l’émission d’Alain Finkielkraut, et étaient réunis ce samedi-là, outre Alain F., Elizabeth Roudinesco, psychanalyste, et (Mme) Claude Habib, parfois décrite comme “philosophe”.
Roudinesco, au printemps dernier, avait accepté un entretien dans le Figaro, signe s’il en est que la proposition d’ouvrir le mariage aux couples du même sexe est devenue, en partie, une position centriste, respectable. Dans cet entretien elle disait :
ce qui m’apparaît comme inévitable, c’est d’envisager, sans tarder, la possibilité de donner des droits équivalents aux homosexuels. (…)
question: Quelle place est-il possible dès lors de réserver à la différence biologique dans ces familles à venir ?
La différence des sexes entrera par un autre biais. Dans ce type de familles, les homosexuels ont toujours eu à coeur de permettre une présentification de la différence des sexes, sous la forme d’un oncle, d’une tante, d’amis, etc. Je ne vois donc pas où est le risque de psychoses en série dont nous parlent certains… L’évolution vers un mariage entre personnes de même sexe appelle une refonte du droit de la famille. Le mariage gardant une fonction symbolique intacte mais n’ayant plus un caractère sacré, il faut le simplifier, de même que le divorce. De telles évolutions peuvent s’accomplir d’autant plus tranquillement qu’elles ne sont pas les plus délicates qui nous attendent.
source : Le Figaro, 17 mai 2004, “Donnons des droits équivalents aux homosexuels !”
Claude Habib, elle, était invitée pour avoir publié, dans la revue intellectuelle Commentaire, un article contre l’adoption d’enfants par des couples d’hommes (elle n’a aucun problèmes avec les couples de femmes adoptant). Son raisonnement est étrange (en lisant l’article, j’ai cru un moment à une sorte de canular).
Au fond d’eux-mêmes, les activistes homosexuels ne méconnaissent pas le risque d’une souffrance puérile. Ils savent bien que l’enfant de deux pères souffrira, dans une cour d’école maternelle, quand on lui demandera : “Toi, ta mère, elle fait quoi?” Ils le savent, mais il ne s’en sentent pas responsables.
source: HABIB, Claude, 2004, “L’adoption par des couples homosexuels”, Commentaire, n°107, pages 773-776 (c’est l’auteure qui souligne le terme “maternelle“)
On se demande comment une telle pensée peut être publiée (c’est une pensée qui a le mérite d’être courte, 4 pages). On se demande encore si ce n’est pas une mauvaise blague, mais la vérification de nos pires craintes vient à l’écoute de Répliques, grâce à ce lien (real-media) (Répliques commence 3 minutes après le début; la fin de l’émission est coupée, il faut l’écouter avec ce lien-ci, real-media).
[yarpp]
3 commentaires
Un commentaire par Arrow (01/10/2004 à 6:11)
Mmm, Claude HABIB, c’est quand même emmerdant les gens qui cumulent les préjugés.
Et puis l’idée que les homos doivent rester folklo 70’s contestataires, pfff.
Bref, tout ça c’est une longue fatigue…
(Sinon, vous allez être une vraie star dans l’intertextualité bientôt ;)
Un commentaire par cossaw (04/10/2004 à 10:37)
Je ne suis guère préparé à discuter avec des gens qui sortent des arguments aussi peu logiques… je bloque, à vrai dire. En dehors de toute homophobie et de tout sexisme (rappelons que les pères célibataire ou veuf, ça existe, des pères homos, ça existe), je ne sais même pas si on peut comprendre cette dame.
Elle confond tout et de toute façon ses préjugés lui font voir/dire/penser n’importe quoi.
L’argument débile classique est qu’un couple homo ne saurait pas donner de repères des deux sexes aux enfants. Et bien, justement, un couple d’hommes qui resterait uniquement entre hommes ne mériterait pas l’agréement nécessaire à l’adoption, si celle-ci était ouverte à tous… tout simplement parce qu’ils ne seraient pas ouverts sur la société.
J’imagine que ce que tu cites est tiré de son contexte, cependant, la question qu’elle fait poser à un enfant, d’une part je ne sais pas si un petit de cet âge la pose à un autre (j’ai des doutes) et sinon la réponse dans l’absolu est simple : “je n’ai pas de maman”… la même que celle d’un enfant d’un veuf… a priori si l’enfant est bien intégré dans la vie de famille, c’est une question qu’il ne se pose pas/plus et à laquelle il est prêt à répondre…
Quel manque singulier d’imagination…
Un commentaire par BJC (04/10/2004 à 15:38)
En effet, je sors un peu la citation de Claude Habib de son contexte, mais pas trop. Si tu écoutes l’émission de France Culture (il faut aimer Finkielkraut, mais c’est supportable), ou si je t’envoie l’article complet, tu verras que je ne suis pas totalement de mauvaise foi en utilisant cet extrait…