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Les billets de January, 2005 (ordre chronologique)

Nouvelle année

Rocketboom est un vlog (un blog video) réalisé par une jeune new yorkaise, probablement une étudiante de NYU. Elle propose un reportage par jour depuis début novembre.

Sans lien direct, je signale aussi la journée de l’atelier AnthropENS. Mercredi 12 Janvier 2005 à l’Ecole Normale Supérieure – site de Jourdan 48 bd Jourdan 75014 Paris Salle E102 de 9h à 17h. L’Atelier AnthropEns réunit élèves, anciens élèves et doctorants de l’ENS autour d’un intérêt commun pour l’anthropologie.
Cette première journée de l’Atelier AnthropEns, organisée avec l’appui du LSS et consacrée à la présentation de leurs travaux par des doctorants ou post-doctorants, a pour ambition de rendre visible la diversité et la vitalité de la recherche anthropologique à l’ENS.

INTRODUCTION (9h-9h20)
ATELIER 1 : Anthropologie urbaine (9h20-10h50) “S’approprier l’anthropologie : les cheminements d’une enquête urbaine au Yémen” (Vincent Planel) “Familles intérimaires. A propos des réfugiés palestiniens au Liban” (Sylvain Perdigon)
PAUSE CAFE
ATELIER 2 : Anthropologie des savoirs (11h10-12h40) “Biopolitique de la critique et rationalité des experts en sécurité alimentaire” (Frédéric Keck) “Le Musée du quai Branly: un regard ‘résolument nouveau’ sur la diversité culturelle en France ?” (Sarah Froning-Deleporte)
DEJEUNER
ATELIER 3 : Anthropologie cognitive (14h-15h30) “Techniques du corps et cognition. Le rugby dans le Pacifique-Sud” (Julien Clément) “Les numéros de téléphone qui tuent. Téléphones portables, sorcellerie, rumeur et modernité au Gabon” (Julien Bonhomme)
PAUSE CAFE
CONCLUSION (16h-17h) AnthropEns et l’anthropologie à l’ENS (avec Benoit de l’Estoile et, sous réserve, Florence Weber) Pour tout renseignement, écrire à julienbonhomme (a) yahoo (point) fr ou planel (a) clipper (point) ens (point) fr

Standard American English

J’ai re-découvert assez profondément l’accent du Neuf Trois (surtout depuis octobre)… et plus récemment encore le DVD des sketchs de Dany Boon, A S’baraque et en ch’ti (c’est amusant, sur amazon les apostrophes sont mal placées).
Je ne sais pas quand je serai capable de localiser de la même manière les accents américains (ou canadiens), mais la National Public Radio des USA m’y aide. Une poignée d’émissions ou de reportages traitent des accents régionaux (surtout de ceux de Nouvelle Angleterre, de Boston et de Rhode Island, de New York et du Sud…) : l’accent de Boston perdure (c’est celui de Kennedy et de John Kerry), celui du Rhode Island fait plouc (c’est l’accent de Jim Carrey dans Me, Myself & Irene), celui de Caroline du Nord s’adapte (c’est certainement l’accent de Renée Zellwegger dans Cold Mountain), celui de Louisiane trompe les systèmes de reconnaissance vocale automatiques. Plus généralement, existent tout une mosaïque d’accents régionaux, qui cependant évoluent. L’on n’oublierrrrhhhharh pas, pour finir, l’accent Pirate, ni la volonté de certains d’éliminer tout accent étranger (ce n’est pas encore mon cas).
Pour aller plus loin, le professeur Bert Vaux, responsable du Harvard Survey of North American Dialects, propose sur son site le téléchargement d’une cartographie accents/dialectes des Etats-Unis.

Turbulences

Relevé ce matin dans la presse US :
Le maire millionnaire de San Francisco Gavin Newsom et sa femme ancienne modèle pour lingerie et commentatrice télé Kimberly Guillfoyle Newsom… divorcent après trois ans de mariage (source : Mercury News, ou un article plus long dans le San Francisco Chronicle). Kimberly avait, peu après leur mariage, déménagé à New York… un peu comme dans le dernier volume des Tales of the City de Armistead Maupin.

La législature du Vermont est redevenue très fortement une législature démocrate. Quatre ans après avoir perdu une partie de leur pouvoir après la création des unions civiles, les démocrates du Vermont contrôle le Congrès local et le Sénat.

“As far as I could tell, civil unions was not an issue in Vermont in 2004, pro or con,” said the Rev. Craig Bensen, who was an active opponent of civil unions in 2000 and unsuccessfully ran for the Senate as a Republican this time.
The Democrats now hope to tackle health care, energy and rural economic development. Some advocates would like to see Vermont go further and adopt gay marriage, as neighboring Massachusetts has done.
But most lawmakers say they are unwilling to take on such a divisive issue again.
source : Ross Sneyd, AP

Le Rev. Bensen est une personne fort intéressante dont on peut donner rapidement un petit compte-rendu des positions sur l’homosexualité.
Le Révérend Bensen (biographie officielle) est un pasteur de la United Church of Christ, qui est globalement une église chrétienne “libérale”, progressiste en matière de moeurs et de politiques sociales. Mais Bensen appartient à la droite évangélique de cette Eglise, dont il se séparera après 2000. Dès 1992 puis en 1994, il écrit dans le Burlington Free Press, en faveur de la « nuclear family » et contre l’homosexualité. En 1992, dans un article intitulé « For love of God and country »(1), il écrit : « As a card-carrying Evangelical, I sympathize with the thought that the state has a vital interest in protecting the institution of the traditional nuclear family. […] I hold that homosexual behavior is a form of sexual expression condemned by God in the Bible. […] If seeking to impose a sacred value in a secular arena is wrong, then Martin Luther King was “un-American.” »
En 1994, dans un article ayant pour titre « Violence is a sin, but so is homosexuality »(2), il réagit à l’incendie du bureau local d’une agence de lutte contre le SIDA, bureau qui se trouvait dans les locaux de l’église unitarian-universalist de Burlington. Plus particulièrement, il réagit à une déclaration d’un pasteur local, qui avait déclaré que les églises ne devraient pas définir publiquement certains comportement comme des « péchés ». Selon Bensen : « Where would the civil rights movement of the 1960s have ended up, if the “sin” of racism had not been publicly named and confronted ? »
Enfin, quelques mois plus tard, Bensen présente les « ministères ex-gay », des groupes para-ecclésiaux chargés de transformer les homosexuels en hétérosexuels, groupes fondés d’après le pasteur evangelical sur « a position often summarized as “hate the sin, love the sinner.” This is seen as the essential New Testament position on any sin. »(3)
En 1994, ne craignant pas d’exagérer, le pasteur écrit que « [w]ithin Chittenden County the mainline pastors are 90 percent pro-gay and several congregations boast of their pro-gayness »4.
La position du rev. Bensen semble donc être cohérente et solide dès le début des années 1990 : il faut s’opposer à l’homosexualité comme le mouvement pour les civil rights s’est opposé au racisme, et cette action d’opposition peut se faire en faisant pression sur la sphère civile, étatique, séculière, et en permettant aux homosexuels, en tant qu’individus, de changer d’orientation sexuelle. Il réinvestira tout cela dans le débat politique qui naît à la suite de la décision de la Cour Suprême.
Lors de son intervention face au comité judiciaire (judiciary committee) de la Chambre des Représentants du Vermont, il propose aux homosexuels, comme alternative au mariage, un programme de « cure », « akin to those used in treating alcoholism »(5).
En 2004, il est candidat républicain (malheureux) au Sénat du Vermont, mais son programme ne mentionne pas l’abolition des unions civiles…
mise à jour : Dans un autre article de Ross Sneyd du 8 janvier 2005, le Rev. Bensen est même plus explicite:

[C]ivil union has become the new status quo.
“I anticipate that if there were an attempt to do Massachusetts-style marriage that the public would be heavily favored to maintain the status quo,” said the Rev. Craig Bensen, who helped to lead one of the groups that sought to block legalization of civil unions.
This fall, Bensen ran unsuccessfully for the state Senate as a Republican. When he knocked on doors and visited community events during his campaign, he heard about a lot of issues, but not necessarily the civil unions law itself.
“I did hear a lot that we’re glad that the controversy is over,” Bensen said.

notes:
1 BFP (Burlington Free Press), 7/11/92, 4D, article du rev. Craig Bensen. « En tant qu’évangélique encarté, je sympathise avec l’idée que l’État a un intérêt vital à protéger l’institution de la famille nucléaire traditionnelle. […] Je soutiens que le comportement homosexuel est une forme d’expression condamnée par Dieu dans la Bible. […] Si chercher à imposer une valeur sacrée dans une arène séculière est mal, alors Martin Luther King n’était pas Américain. »
2 BFP, 2/7/94, 8D, article du rev. Craig Bensen.
3 BFP, 3/9/94, 15A, article du rev. Craig Bensen, « Ex-gay ministries : Hope, compassion »
4 BFP, 3/9/94, 15A. Le Comté de Chittenden est la région où se trouve Burlington. « Dans le comté de Chittenden, les pasteurs mainline sont à 90% pro-gay et plusieurs congrégations se vante de leur pro-gaité »
5 Brattleboro Reformer, 3/2/00, 1, article de Ross Sneyd.

La dernière tasse

A signaler un petit article (signé Marianne Blidon, géographe doctorante) sur la dernière tasse de Paris, sise Boulevard Arago, devant les murs de la Santé.

Lieu de rendez-vous des résistants pendant la guerre ou lieu de drague appartenant aux itinéraires complexes d’une géographie du désir condamné, de nombreuses anecdotes courent sur [les tasses]. « Ainsi ce ministre de l’Information de la 4e République, coincé dans une rafle de pissotière et qui, reconnu par un policier qui lui demande, éberlué, ce qu’il fait là, lui répond sobrement : “Je m’informe, voyons” »

L’article a paru dans EspacesTemps.net.

L’affaire Sherri Williams

A plusieurs reprises ces derniers mois, j’ai abordé ici la question de la pénalisation de la vente des “sex toys” dans quelques Etats du Sud des USA (Alabama, Texas, Nebraska, Georgie, Mississippi, Louisiane et Virginie). Il devient malheureusement impossible d’essayer de résumer rapidement l’affaire Williams (du nom de la gérante d’un magasin de jouets pour adultes de Decatur dans l’Alabama), qui a débuté en 1998, mais son avocat, Michael L. Fees vient de déposer une demande de réexamen devant la Cour Suprême des Etats-Unis.

Alabama could soon find itself at the forefront of yet another federal debate on the U.S. Constitution.
For six years, as legal challenges ricocheted through the courts, Alabama police have been prevented from enforcing a statewide ban on the sale of adult toys.
Last week, plaintiffs began their final challenge. Mike Fees, the attorney for store owner Sherri Williams, said he has filed a writ of certiorari to take his client’s case before the U.S. Supreme Court. The Supreme Court receives thousands of requests each year and grants reviews of only a minute percentage.
Fees said he should know by the third week of February if the Supreme Court will accept his case. If not, after six years of legal wrangling, the ban would stand.
In Alabama, the legal contest began in 1998 when the Legislature passed a wide-ranging anti-obscenity law that prohibited some nude dancing, certain X-rated videos and the sale of “any device designed or marketed as useful primarily for the stimulation of human genital organs.”
Williams, who owns Pleasures stores in Decatur and Huntsville, and a woman who sold sexual aids at home parties soon filed suit. Four women who said they needed the products also joined the suit as plaintiffs, as did the American Civil Liberties Union.
Twice, the plaintiffs won their cases in trials. Both times, the office of the Alabama attorney general won on appeal.
The latest ruling came last summer when the 11th U.S. Circuit Court of Appeals upheld the state law, ruling that the U.S. Constitution doesn’t include a right to sexual privacy. Fees hopes to contend before a national audience that the Constitution grants all citizens “a right of privacy in their intimate relationships.”
If the Supreme Court hears the case, Fees has said, a ruling would likely have implications for six other states where the sale of sex toys is illegal. They are Texas, Nebraska, Georgia, Mississippi, Louisiana and Virginia.
Suzanne Webb, spokeswoman for the Alabama attorney general’s office, said the office had no comment on the case. She said the ban would not be enforced until the plaintiffs exhaust their appeals.
Under the state ban, possession or use would not be restricted. But the sale of certain adult toys could be met with a $10,000 fine and a year in jail.
source : Huntsville Times, “Sex toy sales ban faces last legal test”

J’espère que la Cour Suprême va décider de traiter l’affaire, cela permettrait une discussion intéressante sur les usages sociaux des jouets pour adulte aux États-Unis.
Canard vibreur masseur vendu dans par une chaine de parfumeriesEn France, depuis quelques années, tente de se développer un marché “haut de gamme” pour ce genre de gadgets, qui étaient probablement, comme la consommation de films pornographique, une pratique de classes populaires (s’il faut en croire les résultats de l’enquête ACSF réalisée en France au début des années 1990 [note 1]) Une créatrice de mode en proposait un moment dans son magasin du quartier Saint Germain. Une grande chaîne de parfumeries vend des canards “intimes”.
Enfin, une boutique s’est installée à côté du Faubourg Saint Honoré qui reçoit l’intérêt de la presse “féminine” et de certains magazines culturels aux origines catholiques:
Entrefilet signé Isabelle Vatan dans Telerama sur Yoba

notes
[1] Alfred Spira, Nathalie Bajos et le groupe ACSF, Les comportements sexuels en France, La Documentation française, 1993. Voir aussi Michel Bozon, Henri Leridon (eds.), Sexualité et sciences sociales, numéro spécial de Population, INED, n°5/1993.
[2] Une interview de Sherri Williams et de son avocat sur CNN : http://www.feesburgess.com/documents/Movie.wmv

mise à jour : le 22 février 2005, la Cour Suprême des Etats-Unis a refusé de considérer le cas Williams v. Alabama. La décision du 11e circuit reste donc en l’état et les sex toys interdits à la vente en Alabama…

Aristocratisation et féminisation

La grande enquête sur la sexualité des Français, effectuée au début des années 1990 (l’enquête dite “ACSF“, voir la bibliographie) ne s’était pas intéressée aux “jouets pour adultes”. Une question cependant portait sur la fréquence de l’usage (ou non) d’un “objet” (indeterminé) pour aboutir à l’orgasme. Seul un petit nombre de personnes répondaient utiliser un tel objet dans un tel but. Il est possible que ces chiffres aient, depuis, évolué, s’il faut en croire certains éléments.
Janine Mossuz-Lavau, dans un article consacré aux évolutions des lois liées à la sexualité, écrivait:

On a aussi beaucoup parlé, dans la période récente, des sex-toys, désormais en vente dans des boutiques de vêtements pour femmes, la précurseure en la matière étant Sonia Rykiel qui propose, dans l’atmosphère feutrée d’un sous-sol d’un de ses magasins, des vibromasseurs et autres godemichés et qui s’en est trouvée très vite, vu les échos médiatiques suscités par cette initiative, en rupture de stock. On a entendu des commentaires, parfois désobligeants, sur le “retour” à des pratiques solitaires, ne tenant pas compte de ce que des couples viennent aussi s’approvisionner dans ce type d’endroits. Et ne tenant pas compte non plus de ce qu’il est beaucoup plus facile pour une femme qui désire faire ce genre d’achat d’entrer dans une boutique de vêtements féminins que d’aller dans un sex-shop glauque où elle risque souvent d’être importunée. Cette mise en vente de sex-toys, même s’ils sont plus chers que dans les sex-shops et correspondent aussi à une opération de marketing, va également dans le sens d’une reconnaissance et d’une légitimation du désir et du plaisirs féminins, le succès rencontré par cette initiative en témoigne.
(source : Mossuz-Lavau, Janine, “La loi et les moeurs”, Cosmopolitiques, 4, 2003, pp.145-156)

Le passage du “sex-shop glauque” à “l’atmosphère feutrée” décrit à la fois un mouvement de classe (une aristocratisation du jouet) et un mouvement de genre (une féminisation du même jouet). Ces mouvements — et cette multiplication des lieux de vente — se sont accompagnés aussi d’une multiplication des producteurs de sex-toys. publicité pour un godemiché design Les designers semblent avoir quitté, récemment, le domaine des brosses à dents et des presse-citrons pour celui des jouets pour adultes. La designeuse Marine Peyre de “Cooked in Marseille” propose ainsi à la vente Enjoy, un godemiché design “en silicone phosphorescent” dont le “look coloré” en fait le “toy […] le plus tendance du moment”.
Dans un mémoire de DEA de l’université Paris 7 soutenu en septembre dernier, Marie Soutlages étudie l’usage des godemichés par des lesbiennes identitaires (recrutées principalement à partir de réseaux militants ou par l’intermédiaire d’associations et de librairies). La diffusion des gadgets les a rendu accessibles (notamment à partir de la deuxième partie des années 1990). Mais l’acte d’achat semble poser quelques problèmes : certaines acceptent difficilement de lier plaisir sexuel et acte commercial, d’autres font part d’un sentiment de honte.

Le sex-shop est d’ailleurs vécu par les interviewées comme une des difficultés majeures à surmonter pour utiliser un godemiché. Claude et Julie nous expliquent les atermoiements qu’elles ont connus avant de pouvoir entrer dans un sex-shop pour essayer leur premier godemiché. L’entrée dans le sex-shop parait encore plus insurmontable par les interviewées qui n’ont jamais utilisé de godemiché.
[…]
« Le truc c’est quand que Val l’a acheté euh, me l’a offert pour mon anniversaire ce truc… Elle est allée dans un sex-shop Gare de Lyon je crois. Je lui ai dit : “Moi j’y vais pas t’y vas toute seule.” [Sourire]. Elle me dit : “Bon d’accord.” Ben oui parce qu’elle entre dans le sex-shop avec sa gueule qui va bien parce que les cheveux jusque là, blonde, gaulée, je te raconte pas, donc euh. Tu vois les mecs alors : “Oui oui oui alors euh, vous voulez ça, quelle couleur euh.” C’était très bien, c’était mieux que j’y aille pas parce que, elle était moins cataloguée sans moi… Voilà. Enfin peut-être. Ouais j’pense quand même. J’pense. Ils ont dû se dire euh : “C’est une petite nana qui veut se faire plaisir [rire]. Rien de bien méchant” [rire]. »
Source: Marie Soutlages, Liberté, Égalité, Godemiché, mémoire de DEA, Université Paris 7, Septembre 2004 [Sous la direction de Sonia DAYAN-HERZBRUN]

Il resterait à avoir quelques élements de contextualisation (historique et sociologique) sur les “sex-shops” en eux-mêmes : leur création (les années 1950 ?), leur localisation, leur contrôle par le ministère de l’Intérieur… et finalement, plus récemment, leur lente diminution. Ou plutôt la stabilisation de leur nombre :
Evolution du nombre de commerces à Paris entre 2002 et 2003, source Données sur le commerce parisien, APUR, 2003, publié dans le magazine municipal 'A Paris', novembre 2004, page 7
Source : Données sur le commerce parisien recueillies par l’A.P.U.R., A Paris (pdf), journal municipal parisien (ISSN 1296-2902), novembre 2004, page 7. [mise à jour du 02/12/2005 : entre 2003 et 2005, le nombre de sex shops parisiens a baissé de 7%]

Autres articles sur le même sujet.

E-books gratuits

Les Presses de l’Université de Californie rendent accessibles gratuitement quelques 400 e-books, au format HTML. Par exemple, si l’on s’intéresse à l’homosexualité, les livres suivants sont disponibles :
William Hawkeswood, One of the Children: Gay Black Men in Harlem
Steven Epstein, Impure Science: AIDS, Activism, and the Politics of Knowledge
Christopher Craft, Another Kind of Love: Male Homosexual Desire in English Discourse, 1850-1920 
Et bien d’autres ouvrages, sur la création du tribalisme en Afrique du Sud, la Ceinture Rouge de Paris ou les révoltes urbaines dans le Chicago du XIXe siècle sont aussi disponibles, tout aussi gratuitement.
(source: http://bitchphd.blogspot.com/)

Etat des mariages

La ré-élection de G. W. Bush n’a pas éliminé toute mobilisation en faveur de l’ouverture du mariage aux couples du même sexe.
Un prêtre épiscopalien (c’est à dire anglican américain) a déclaré récemment un moratorium on weddings :

In a protest against the Episcopal Church’s refusal to allow same-sex marriages, the leaders of a church in the stately East Rock section of this city have announced that they will perform no marriage ceremonies at all.

Un autre article est disponible sur le New Haven Register : Gay marriage divides church.
Un district régional de l’Eglise presbytérienne des U.S.A., qui avait souhaité déposer un mémorandum judiciaire en faveur de l’extension du mariage civil a finalement décidé de ne pas le faire :

The Presbyterian Church (U.S.A)’s presbytery of Baltimore rescinded its vote to support an amicus curiae brief favoring same-sex marriages in Maryland, on January 13, 2004. According to the Presbyterian Layman, Thursday’s vote was made in response to a complaint that charged the Presbytery of going against the policies of the larger denomination.
source : The Christian Post

Sur le plan civil, plusieurs Etats sont pressentis pour devenir les nouveaux Massachusetts. Ce serait la Virginie selon le Boston Globe.
En Floride, hier, une décision de justice (disponible ici en PDF : Case No. 8:04-cv-1680-T-30TBM, Tampa division, middle district of Florida) permet pour le moment à la Floride de ne pas reconnaître des mariages conclus dans le Massachusetts. Pour le commentateur Andrew Sullivan, c’était une bonne décision :

It’s the right decision. Civil marriage law should be left to the states, where it belongs. And the attempt by some gay activists to push this further and demand immediate national recognition of marriage rights is as strained constitutionally as it is foolish politically. What we need to do now is win the political and legislative fight in Massachusetts so that equality in marriage there can be seen as a democratic choice as much as a judicial decision.
source : Andrew Sullivan

Et au Canada, les aumôniers militaires sont chargés de marier les couples de militaires (du même sexe) qui le souhaitent.

Publicités

Les associations dont le but est l’égalité devant la loi des couples de sexes différents et des couples du même sexe s’appuient en partie sur la presse pour diffuser leur message. L’une des tactiques est d’insister sur le caractère banal, quotidien, mais aussi responsable, non-menaçant des couples de gays ou de lesbiennes, en se concentrant sur leur conformité sociale. Ainsi cette publicité diffusée par le Human Rights Campaign, l’association nationale LGBT la mieux financée.
Publicité du Human Rights Campaign, novembre 2003
L’on a là Jo et Teresa, deux femmes, élevant trois enfants dans un cadre bucolique mais familial. Cette tactique vise à humaniser les couples du même sexe, et à souligner que les groupes défendant les “valeurs familiales” — c’est à dire s’opposant l’égalité devant le mariage — ont pour action de détruire certaines familles.
A cette tactique — qui cherche à illustrer le concept de famille gaie — s’oppose une autre tactique, qui cherche à impliquer une majorité (hétérosexuelle) silencieuse. Un groupe de l’Idaho, récemment, a diffusé, localement, cette publicité Publicité du groupe 'Your Family Friends and Neighbors', Idaho, 2005

dont le message, pas très subtil, pose que c’est l’insécurité familiale ou amoureuse des conservateurs qui les pousse à s’opposer à l’ouverture du mariage.

Colloque “Expériences transgenres”

Un colloque se tient le 11 février à Marseille :
Les expériences « transgenres » et leurs narrations.
11 février 2005. MMSH. Aix-en-Provence. Responsable : Laurence Hérault. herault @ mmsh . univ-aix . fr MMSH. Maison Méditerranéenne des Sciences de l’Homme. 5 rue du château de l’horloge. Quartier Jas de Bouffan. Aix-en-Provence. programme (pdf).

Cette journée d’étude propose une approche des expériences de transsexuation dans différentes sociétés au travers d’une exploration des récits qui en sont faits. Si les sociétés humaines ont traité et conçoivent les personnes « transgenres » de manière très diverses, le fait de raconter cette expérience revêt partout un enjeu important car la composition même du récit engage la légitimité de la personne « transgenre » et ses possibilités d’existence. Les récits sont, en effet, non seulement produits pour donner sens à une expérience singulière mais aussi pour engager des actions multiples et diverses par rapport à cette situation. Ceci invite, bien évidemment, à être attentif au statut et au rôle des différents narrateurs et aux formes de leur production (comptes-rendus cliniques ou juridiques, récits de vie ou autobiographies, récits ethnographiques ou de voyage) de manière à saisir les enjeux qui s’exposent à la fois dans le récit et dans le point de vue qu’il adopte. Cette exploration se fera à travers l’analyse de situations précises appartenant à des contextes historiques et culturels variés de façon à permettre une mise en perspective des procédures de narration des expériences « transgenres » et de leur « recevabilité » sociale et culturelle.

10 h. Introduction Laurence Hérault
10 h 15. L’expérience transsexuelle et sa mise en récit par la justice. Une analyse des procédures de changement de sexe à l’état civil. David Michels. Doctorant. EHESS. Centre d’Anthropologie (UMR 8555). Toulouse.
11h. 15. Identification personnelle et idéologie transgenre. Sébastien Sengenès. Doctorant. EHESS. Paris
12 h 15 Déjeuner. Cafétéria MMSH. (Tickets CNRS et T. restaurant acceptés. Repas complet 8 E. assiette de légumes 2,50 E)
14 h. L’homme qui croyait être une fille ou la démence singulière d’un gentilhomme de Bigorre au XVIIe siècle. Sylvie Steinberg. Maître de conférences. Université de Rouen.
15 h. Les explorateurs français et leur « berdache » : récits de voyages et regard européen sur les « transgenres » amérindiens. Laurence Hérault. Maître de conférences. Université de Provence. IDEMEC. Aix-en-Provence.
16 h. Pause.
16 h 20. Le raerae tahitien. Raconter son expérience pour exister en tant que femme. Sophie Campet. Doctorante. Université de Provence. CREDO
17 h 20. Conclusion
programme complet avec résumés (pdf).

Persée

Le projet Persée concerne la mise en place de collections complètes de revues de sciences humaines en texte intégral au format PDF (mais aussi pour la lecture rapide, au format jpg). Pour l’instant un nombre réduit de revues sont en ligne, mais il semble bien que L’Homme (depuis 1990), Matériaux pour l’histoire de notre temps depuis 1985, la Revue française de sciences politiques, la Bibliothèque de l’Ecole des Chartes.. soient en ligne. Des recherches par auteur et par texte intégral sont possibles.
Il semble y avoir quelques bugs, mais comme le tout est gratuit (au contraire du formidable jstor) on ne se plaindra pas.
Espérons simplement qu’un plus grand nombre de revues suivront. Si celles qui sont présentes sur revues.org avec leur sommaire et parfois le résumé des articles sautaient le pas et proposaient enfin leurs articles en texte intégral… l’on aurait fait un ps dans la bonne direction. Il manquerait toujours les grandes revues (Actes de la Recherche en sciences sociales, Revue française de sociologie, Genèses… pour en citer trois).

L’éponge gaie et l’érable lesbienne

Une chose amusante vue de France est l’obsession de certains commentateurs religieux américains envers les programmes pour enfants. On se souvient peut-être que Tinky-Winky avait été accusé par l’un d’entre eux d’être gay. Bill Schorr, 26 Jan. 2005, Quick, Tell President Bush we've got a real crisisPlus récemment encore, c’est Sponge Bob, “Bob l’éponge”, qui est soupçonné (par James Dobson) d’oeuvrer en faveur de la libération gaie. Le cartoonist Bill Schorr en a fait un joli petit dessin.

La peur de Dobson peut se comprendre : une partie de ses revenus proviennent de vidéos “éducatives” visant à transformer les garçons (boys) en hommes (man). Je tire cette extrait de publicité d’un magazine évangélique, Christianity Today, où Dobson propose à la vente une série de vidéos. Au coeur de la série (vendue en pack pour 187 dollars), l’on trouve une vidéo consacrée explicitement à la prévention de l’homosexualité. C’est que, pour la droite religieuse, l’homosexualité s’apprend: l’orientation sexuelle n’est pas un donné, fixe, immuable, mais est quelque chose de fluide, de mouvant, une “préférence”, une inclination. Quelque chose qu’il est possible de changer. Quelque chose de proche et de menaçant.
Mais la surveillance des programmes pour enfants ne s’arrête pas là. La ministre de l’Education s’est opposée à la diffusion d’un dessin-animé éducatif montrant l’existence, dans le Vermont, de familles gaies. Le problème, c’est que le petit lapin Buster visite deux lesbiennes alors qu’il ne devrait voir que du sirop d’érable. (mise à jour : lien vers le blog de Buster, qui avait été supprimé par PBS)

We traveled to Vermont in the spring. They call it “mud season” because all the melting snow makes lots of mud. It’s like the whole state is a mud puddle! While there, we visited Emma, David, and James, who live with their two moms, Karen and Gillian. Karen and my mom used to work at the same newspaper together.

mise à jour : Le Brattleboro Reformer de Brattleboro dans le Vermont a un article sur l’affaire Buster, ainsi que le New York Times, le Washington Post et le Boston Globe, qui interviewe les deux moms.

Pédagogie

Comme devoir final du semestre pour le cours de sociologie des religions en DEUG, j’ai demandé aux étudiant-e-s de réaliser un entretien avec un ministre du culte (prêtre, pasteur, rabbin, imam…) ou une personne “très impliquée” (prédicatrice, …)
Autant les devoirs sur table révélaient des problèmes de compréhension et d’écriture, autant ces entretiens révèlent des qualités d’observation, de persévérance (et parfois d’analyse mais moins souvent). Je pense aussi que ce travail a donné aux étudiants une autre image de la sociologie, moins une succession de typologies et d’auteurs qu’un savoir qui est aussi un savoir pratique (mener un entretien, observer, retranscrire, analyser des données qui ont été constituées selon un certain protocole…).
Mais que c’est long à corriger…

Open source

Je découvre en ce moment les possibilités assez importantes de mon iMac et surtout de son système d’exploitation (l’OS X), sur lequel il est possible d’installer tous les logiciels construits pour Unix. Je me suis amusé, aujourd’hui, avec R. L’image ci-dessous a été créée à partir du fichier des mariages de Caroline du Nord en 1999 à l’aide de 6 lignes de code. Elle montre plusieurs choses évidentes : le gros des mariages est concentré sur une période assez courte et les couples sont grosso modo du même âge.
Mariages, Caroline du Nord 1999
R génère des graphiques vectoriels (en l’occurrence, ici, un fichier PDF). Le PDF a été transformé en gif et redimensionné grace au Gimp.
Pour la suite, je vais tenter le même exercice avec tous les mariages USAméricains de 1988 (ça va être bien plus lourd que les quelques 80 000 mariages de Caroline).
Pour aller plus loin, avec un ordinateur Apple, voir le post de Kieran Healy, Indispensible Applications