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Les billets de February, 2005 (ordre chronologique)

Anthropologies

[bienvenue aux visiteurs de anthropologiep8. D’autres blogs de Paris VIII se trouvent ici]
A l’université où j’enseigne, Paris 8 (Vincennes – Saint-Denis), se trouvent un département de sociologie et un département d’anthropologie. Le département d’anthropologie n’est pas en bonne santé en ce moment : pour diverses raisons il est fort probable qu’il s’achemine vers sa disparition. C’est du moins ce qu’il faut croire selon les prospectii (prospecta ?) distribués ou affichés depuis quelques mois. En novembre dernier, un groupe d’étudiants avait affiché quelques tracts manifestant leur inquiétude devant l’absence d’information sur le devenir des enseignements en anthropologie : voir un diplôme dans lequel on est engagé disparaître d’une année sur l’autre est peu réjouissant.
Aujourd’hui j’ai trouvé dans ma boîte aux lettres un nouveau tract, signé du “Collectif des anthropotes” (que j’ai scanné et archivé ici) qui s’insurge contre la disparition programmée, selon lui, de l’anthropologie au profit de la sociologie :

il lui faut du temps, à l’anthropologue, pour se construire, se former, s’instruire, s’informer, rechercher, analyser, s’informer (encore), analyser (toujours)… Alors qu’un sociologue, c’est plus rapide. En même pas un an, il pourrait vous pondre une enquête bien ficelée sur des sujets à la mode bien comme il faut […]
Il faudrait donc se faire à l’idée que sociologue, c’est plus vendeur qu’anthropologue: laissons les sociologues traiter des phénomènes de société et les anthropologues partir en Nouvelle Guinée […]

Après avoir insisté donc sur ces différences et ces oppositions entre sociologie et anthropologie, le “Collectif des anthropotes” en vient au coeur de ce qu’il considère comme réellement problématique, à savoir un projet d’option “anthropologie” dans la future “L” (licence) de sociologie:

Alors voilà. Demain, on va nous vendre un diplôme “Deux en Un” (Soyez Sociologue ET Anthropologue -à vos heures perdues- pour le prix d’UNE SEULE INSCRIPTION!!!) comme autant de “shampoing-après-shampoing-gel-douche-bain-moussant” […] en oubliant l’objectif premier: acheter un shampoing c’est pour se laver les cheveux […] et… s’inscrire en anthropologie, ce n’est pas pour devenir… sociologue!

Dans ce tract, l’anthropologie est présentée un peu comme la poésie, comme une entreprise désintéressée et “non rentable” (ce n’est pas une “marchandise”) alors que la sociologie représenterait la rentabilité et le nivellement culturel (“Ardisson”, “les médias”…). Il me semble difficile de construire une mobilisation à partir de cette description, mais on verra bien…
Collectif des anthropotes, Université Paris 8, janvier 2005, Département d'anthropologie

Tout se cartographie ?

Les “sex shops” parisiens, environ 130 boutiques en 2004, sont concentrés sur quatre artères principales (la rue Saint-Denis, le Boulevard de Clichy, la rue de la Gaîté et enfin la rue Sèze, à l’arrière de l’Église de la Madeleine) et des pôles secondaires à proximité des gares de l’Est, du Nord, de Lyon et surtout de la gare Saint-Lazare.
La catégorie “sex shop” n’est pas précisement définie et les boutiques représentées sur cette carte sont fortement hétérogènes. Les “Pages Jaunes” les classent dans un groupe qui a pour titre “librairies érotiques”. La base de données sur le commerce parisien (BD-com gérée par l’A.P.U.R.) considère comme “sex shop” les commerces de vidéos pornographiques. Pour la “Nomenclature d’Activités Française” (NAF de l’Insee) classe les “sex shops” dans la classe GA52.1J (commerce de détail non spécialisé sans prédominance alimentaire en magasin d’une surface de vente inférieure à 2500 m2).
Le terme lui-même, qui date du tout début des années 1970 est alors un substantif féminin considéré comme un “faux anglicisme” (en provenance probable de Scandinavie).
Les boutiques sont surveillées par la Brigade de Répression du Proxénétisme qui veille à l’opacification des fenêtres et à l’interdiction d’entrée des mineurs, mais aucune autorisation administrative n’est nécessaire (au contraire des “Peep Shows” qui relèvent d’une législation sur les spectacles vivants).
Localisation des sex shops parisiens en 2004, source APUR, Pages Jaunes et relevés personnelsune version PDF est disponible.

A Paris, les associations de quartier, les projets de rénovation urbaine… semblent s’intéresser d’assez près à ces boutiques qui attirent, comme les sandwicheries, les “indésirables” :

Le 1er arrondissement présente un nombre important d’établissements ouverts au public  (EOP) tels que sandwicheries, débits de boissons ou sex-shop, qui représentent autant de points de fixation pour les marginaux. Ces établissements […] attirent une foule qui génère des dégradations diverses et inquiétantes aux yeux des riverains qui font part d’un sentiment d’insécurité exacerbé.
source : Contrat local de sécurité, fiche action n°4

Ces établissements pornographiques, de part leur concentration, peuvent constituer une proportion importante de l’activité économique locale :

les sex-shops et autres établissements à vocation érotique représentent 46% des commerces du boulevard de Clichy.
source : Les boulevards de Clichy et de Rochechouart, sur le site municipal de Paris.

Ce n’est pas du tout ce type de sex shop que le journal de France2 a présenté, hier soir, dans un reportage signé E. Colin, J.-L. Melin, D. Auvrouin et I. Hassid (disponible ici au format QuickTime .mov). Une différence était faite, insistante, entre les sex shops “glauques” et les nouveaux “sex toys” ou “jouets pour adultes” présentés dans des écrins de bon goût. Alors que le reportage multiplie les angles permettant de montrer un grand nombre de vibromasseurs et de godemichés, tout est fait pour éviter la pornographie : les objets ressemblent à des sorbets, aucun DVD ou aucune vidéo ne sont présentés. Les clientes interrogées ressemblent à des cadres, des femmes de chirurgiens ou à des étudiantes en commerce international, les lieux sont situés dans “un quartier chic de la capitale” ou “un grand magasin”, ou dans le magasin d’une “créatrice de mode”.
France 2, reportage au journal télévisé du 01 février 2005, godemichés dans un grand magasin
D’autres “lieux” de vente sont abordés, notamment les catalogues de vente par correspondance qui vont au delà du vibromasseur pour proposer les mêmes gadgets que le Boulevard de Clichy.
France 2, reportage au journal télévisé du 01 février 2005, godemichés dans un catalogue de vente par correspondance
lien vers le reportage de France 2 au format QuickTime .mov

Pour aller plus loin on consultera avec intérêt l’article suivant : Proth, Bruno et Redoutey, Emmanuel, “Guide La Musardine, parcours érotique parisien”, Urbanisme, 2002, n°325, pp.54-56, ou mes autres écrits sur le même sujet.

Gmail

J’ai une quarantaine d’invitations à Gmail à distribuer. Laissez vos coordonnées dans les commentaires si vous en voulez une. phnk en a aussi quelques unes, mais surtout isnoop, qui en a plus de 12000 en ce moment, un signe que Gmail va s’ouvrir certainement très prochainement.

New York Marriage

La ville de New York, en ce qui concerne les régulations du mariage, est une sorte de monde à elle toute seule. Des règles spécifiques à la ville, différentes de celles de l’Etat de New York, sont appliquées. Par exemple, les pasteurs ordonnés par la Universal Life Church ne sont pas autorisés à célébrer des mariages au nom de l’Etat. L’état-civil n’est pas intégré à celui de l’Etat…
Ces éléments sont anecdotiques et je ne pense pas qu’ils aient joué dans la décision de la juge Ling-Cohan de la “Supreme Court”, quand elle a jugé que les couples du même sexe avaient le droit de voir leur mariage reconnu par l’Etat. Notons de suite que la “Cour Suprême”, dans l’Etat de New York, n’est pas la cour suprême mais simplement un tribunal intermédiaire. C’est la Court of Appeals qui constitue, pour l’Etat de New York, la Cour Suprême.

La ville de New York a maintenant 30 jours pour faire appel. Dans un mois, si la ville de fait pas appel, les “marriage licenses” commenceront à être accessibles aux couples constitués de deux hommes ou de deux femmes.

Les décisions de justice américaines sont souvent agréables à lire. Point de “Considérant…” ou de formules routinisées, mais un effort de construction littéraire. C’est ainsi que la décision de Doris Ling-Cohan commence en invoquant Shakespeare:

From the literary references of Shakespeare’s Romeo and Juliet, to the anti-miscegenation laws of this country’s recent past barring interracial marriage, the freedom to choose whom to marry has consistently been the subject of public outcry and controversy.

Elle poursuit en comparant explicitement les lois racistes interdisant à un-e blanc-he d’épouser un-e noir-e à l’impossibilité légale des couples du même sexe de s’épouser.

The challenges to laws banning whites and non-whites from marriage demonstrate that the fundamental right to marry the person of one’s choice may not be denied based on longstanding and deeply held traditional beliefs about appropriate marital partners.

Les cinq couples ayant porté plainte contre la ville pour discrimination sont décrits dans la décision :

The partners in each couple have been devoted to one another for periods ranging from three (3) to twenty-two (22) years and represent the rich diversity of New York. Several of the couples are raising children conceived during the relationship or adopted into their homes. The individual plaintiffs come from an array of racial, ethnic, and religious backgrounds and include health care professionals, a computer specialist, a textile stylist, a waiter, city planners, and a director of an emergency food assistance program. […] In all respects, but the ability to marry, the relationships are typical of countless couples within the City and throughout the State; jobs are held, children are raised, day-to-day family concerns are addressed.

Les couples sont présentés comme des couples tout ce qu’il y a de plus normal: ce sont des citoyens modèles auxquels l’Etat (en l’occurrence la ville) impose “serious hardship“.
La décision dans son entier fait une soixantaine de pages, et elle demande donc un peu de travail. En attendant, je vous propose quelques reportages de la télévision locale : reportages au format .mov, un article du Village Voice et un autre du New York Times et un editorial du New York Post qui juge la juge “arrogante”.

De manière aussi réjouissante, mais dans un autre registre, The Pie suggère de regarder ceci : le Gay Boyfriend.

Les mariages religieux

Qui se marie religieusement et qui choisit une cérémonie civile ? Ce type de question est généralement assez complexe, principalement parce que les données concernant le mariage civil et celles concernant le mariage religieux sont conservées séparément, par des institutions fort différentes. Aux États-Unis, comme les membres du clergé ont la possibilité d’agir en tant qu’officiers d’état-civil quand ils célèbrent des mariages, l’État recueille des données sur les mariages “religieux”. En 1988, environ 70% du total des mariages civils étaient des mariages religieux, et des données précises sur quelques 780 000 couples sont disponibles.
Alors, les mariages religieux sont-ils ceux des plus typiques des mariés (ceux qui se marient à l’âge moyen, qui ont une différence d’âge réduite mais favorable à l’homme) ?
L’image ci-dessous apporte quelques éléments de réponse, mais surtout de jolies couleurs. Cette représentation graphique est à lire comme une série de courbes de niveau : pour une couleur donnée (disons jaune) X % (ici entre 30 et 40%) des couples qui se marient choisissent un mariage religieux. On constate que c’est environ là où les mariages sont les plus nombreux qu’ils sont aussi les plus religieux (pour des couples jeunes). Les couples “discordants”, pour lesquels l’écart d’âge est trop important, se marient plutôt civilement. Mais les couples les plus âgés, où l’homme et la femme ont plus de 65 ans, se marient aussi, surtout, religieusement.
Pourcentage de mariages religieux selon l'âge des époux
La réponse, provisoire, est donc mitigée. De plus, je n’ai pas distingué entre les couples dont le mariage est un premier mariage des couples comptant un-e divorcé-e ou une veuve, deux populations qui n’ont pas le même accès où la même attitude face au mariage religieux : les remariages religieux sont moins fréquents (ne serait-ce que parce que l’Eglise catholique romaine met des freins au remariage des divorcés).

France 2 et « ces fameux blogs »

Le Journal Télévisé de France2 vient de diffuser un reportage assez étrange sur “ces fameux blogs”: cela commence comme une publicité pour étudiants en marketing (embauché chez un bloggeur ?) et se termine en “les blogs sont un danger pour les entreprises”. J’aurais bien entendu préféré un reportage sur l’intérêt de cet outil pour le monde académique… mais je propose quand même le reportage sur les blogs au format .mov (QuickTime).

France 3 et « les blogues »

Après le reportage du journal de France2 hier, c’est France3 qui s’y colle. Les blogues (orthographe retenue) servent ici principalement aux adolescents et aux cuisinières. Regardez le reportage par vous-même (format QuickTime, .mov).

Département…

J’ai été chargé de construire le site du Département de sociologie de Paris 8, qui n’avait jamais existé (et qui n’est pas toujours accessible, ou toujours pas accessible, ça dépend…). Les lecteurs de ce blog ne seront pas du tout étonnés par la mise en page utilisée : j’ai repris en gros ce que j’utilise pour le blog. Je m’en suis tenu au plus dépouillé possible (exception faite d’une image très visible, même aggressive).
Comme je n’ai pas encore accès au serveur de P8 directement, j’ai envoyé les fichiers au responsable de la communication, qui les a placés sur le site… Et dans l’échange, les fichiers qui étaient en UTF-8 ont perdu leurs accents ou quelque chose comme ça… Quelques erreurs sont donc à craindre.
Je pense par la suite installer WordPress afin que le secrétariat ou moi-même puissions ajouter des “actualités”.

Mappemonde, en ligne

En octobre 2003 j’ai publié dans la revue Mappemonde (n°71, 2003) un petit article de géographie sociale sur les “unions civiles”, cette forme de “PaCS” créé dans le Vermont. Cet article, pour la rédaction duquel Romain Garcier m’avait beaucoup aidé, est maintenant en ligne, Géographie de l’union civile, au format PDF (et il est disponible aussi sur le site de Mappemonde). On en rappelera le résumé :

Le Vermont, État rural du Nord des États-Unis, a créé en 2000 les «unions civiles», réservées aux couples du même sexe. Cette forme de mariage s’est appuyée sur une communauté gay et lesbienne locale, tout en contribuant à développer un «tourisme homosexuel» et à pousser certaines églises à revoir leur traitement des couples homosexuels: homosexualité et ruralité ne sont pas nécessairement opposées.

Signalons dans le même temps que tous les numéros de Mappemonde entre 1994 et 2003 sont intégralement en ligne (pdf). Comme l’accès aux sommaires-résumés de Mappemonde est compliqué, je l’ai mis en ligne dans une version complète, (1994-2003).
Ceux qui trouveront que les données de cet article commencent à dater un peu pourront consulter ce graphique représentant l’évolution des unions civiles sur les 4,5 dernières années.

Jugement du tribunal de grande instance de Bordeaux

Le 27 juillet 2004, le Tribunal de Grande Instance de Bordeaux a rendu une décision concernant le mariage de deux hommes célébré à Bègles par Noël Mamère. Si le jugement a circulé, il n’était pas facilement accessible. Il se trouve maintenant sur un site rempli de publicités, et dans un format peu propice à l’impression. Le voici donc en version pdf, jugement du TGI de Bordeau, RMD472TGI et en version TXT.
Extrait :

Procureur de la République c/ Mr C. et Mr Z.
TGI Bordeaux (N°JTL RMD472TGI – Droit civil – Procédures civiles) :
PREMIERE CHAMBRE CIVILE
AU FOND N° RG 6427/2004 TRIBUNAL DE GRANDE INSTANCE DE BORDEAUX PREMIERE CHAMBRE CIVILE
JUGEMENT DU 27 JUILLET 2004
[…]
DEMANDEUR:
Monsieur le Procureur de la République, près le Tribunal de Grande Instance de BORDEAUX, faisant élection de domicile en son Parquet, Palais de Justice, rue des Frères Bonie à 33000 BORDEAUX.
REPRESENTE par Madame de la LANDELLE, Vice-Procureur
DEFENDEURS:
1) Monsieur Stéphane C., né le …, demeurant chez Madame B….
2) Monsieur Bertrand Z., né le …, demeurant chez Madame B….
AYANT POUR CONSEIL: Maître Monique GUEDON, Avocat à la Cour de BORDEAUX, postulant, et Maître Caroline MECARY, Maître Yann PEDLER et Maître Emmanuel PIERRAT, Avocats à la Cour de PARIS, plaidants.
Le 5juin 2004, l’Officier de l’état civil de la Commune de BEGLES a célébré le mariage de Messieurs Stéphane C. et Bertrand Z., tous deux de sexe masculin, malgré l’acte d’opposition qui lui avait été signifié par le Procureur de la République du Tribunal de Grande Instance de- BORDEAUX selon acte d’Huissier en date du 27 mai 2004.

L’inventivité

J’ai parlé précédemment du commerce des jouets pour adultes et de certaines de ses évolutions récentes (aux Etats-Unis et en France notamment).
Si l’on s’intéresse maintenant à ce qui y est vendu, on pourrait essayer d’en savoir un peu plus sur les objets eux-mêmes. L’historienne américaine Rachel Maines est la seule à ma connaissance à avoir tenté de déterrer l’histoire de ces gadgets. Dans The Technology of Orgasm (pdf), elle montre combien le vibromasseur est inscrit dans l’histoire du traitement médical de l’hystérie: les massages pelviens étaient l’un des traitements recommandés. Des médecins de la fin du XIXe siècle se spécialisaient dans les formes variées de friction des chairs, tels ce Docteur Taylor (le lien devrait vous envoyer vers la page du livre de Maines chez Google Print).
Des brevets ont donc été déposés dès la deuxième moitié du XIXe siècle, notamment par le Dr. Taylor, afin de protéger certaines inventions (voici par exemple deux brevets du Dr. Taylor, de 1876 et 1882). Ces premiers brevets pratiquent de ce que Maines appelle des “technologies socialement camouflées” (ou “camouflagées” pour re-franciser le gallicisme utilisé par l’auteure) : rien n’y indique clairement que l’orgasme est le but recherché par la friction ou le massage du bas de l’abdomen. Les machines elles-mêmes semblent fort innocentes.
Quelques années plus tard, juste avant la Première Guerre mondiale, le camouflage commence à tomber. Un dénommé John T. Keough, en 1912, dépose un brevet concernant un dilateur vibratoire, qui ressemble par certains côtés à un objet contemporain.
Le site de l’office des brevets des Etats-Unis, uspto.gov permet de retrouver tous les brevets américains (entre 1790 et 2005, mais avant 1975 la recherche est limitée aux numéros de brevet). Certains se sont amusés à proposer une sorte d’anthologie des “sexual devices” brevetés (pdf) aux USA, ce qui montre l’inventivité et l’esprit capitaliste de certains créateurs de godemichés. A la fin du XXe siècle, le “camouflage” laisse la place à l’expression directe : une recherche sur “dildo” trouve 16 brevets acceptés entre 1976 et juin 2004, une recherche similaire sur “orgasm” ou “sexual AND device” donne d’autres résultats. A partir de ces brevets récents, qui citent les brevets sur lesquels ils reposent, il est possible de retrouver en partie l’histoire des techniques sur lesquels reposent les vibromasseurs contemporains. Le US Patents Office a même créé différentes classes 600/38, 601/70, etc… destinées uniquement ou principalement à ces jouets pour adultes.
Le Bureau des brevets américains n’est toutefois pas uniquement consacré à la facilitation des orgasmes par le moyen des “sex toys”: la préservation de la “chasteté” a aussi fait l’objet d’un bon nombre de brevets visant à empêcher certaines formes de masturbation ou de pénétration.

Une comparaison rapide avec l’institut national de la propriété industrielle en France est bien décevante et ne permet pas de débuter une recherche : le service, doté d’un nom ronflant (“Plutarque”) ne donne pas accès à grand’chose et toutes les inventions semblent être d’origine étrangère (allemande ou britannique).

sur le même sujet

Homer Simpson en pasteur

Dans l’épisode des Simpsons diffusé hier soir aux Etats-Unis, le maire de Sprindfield décide de légaliser le mariage des couples du mêm sexe pour développer le tourisme dans sa bonne ville (voir springfieldisforgayloversofmarriage.com). Le révérend Lovejoy, un pasteur évangélique, refuse de célébrer l’union des couples qui viennent à Springfield, et Homer se fait donc ordonner sur internet (grâce à la e-Piscopal Church online) de manière à pouvoir célébrer, au nom du pouvoir civil, des mariages.

Le New York Times y consacre un article.
Cet épisode des Simpsons me rappelle l’un des entretiens les plus amusants que j’ai réalisés au cours de ma thèse et dont voici un extrait, fort long, mais qui n’a pas d’intérêt s’il est coupé.

In 1991, I was approached by a friend, a woman, who wanted to marry a man, who was a secular person, and she wanted me to perform the ceremony for her.
In the U.S., you have the choice between a judge, a justice of the peace or a minister of a church. She is not religious, she didn’t know any justice of the peace, and she didn’t know any judges. And in her mind, she knew me, she loved me and we were very close, and she wanted someone she was close to, to perform the ceremony. So we started to research how would we make that happen. In some states, it’s very easy to become a justice of the peace, and in Vermont, it’s an elected office. You need to be nominated by a party, you have to affiliate yourself with a party, you need to get on the ballot, and then you need to get elected.
So that was to out of bound, too long. So we researched other avenues and what we found is that Vermont is one of the many states in the U.S. that don’t clearly define what a minister is, in their state statutes. Through word of mouth we learned that someone we both knew has been asked to do the same for his own brother. He had found an ad in the back of a magazine, I think it was Rolling Stone magazine, and you know, for five dollars, you get a certificate that says you were ordained.
From that we did some asking around. I think we made one call to the State’s Attorney General, just to inquire : « Is this true ? » « Yes, it’s valid. » So I sent them my five dollars and was ordained. My ordination was only good for a short time. You had to make an « offering » to the church to get re-ordained. But my intention was entirely to do it only for this one person.
In talking about it as we were planning it, other people heard that I was doing this… I don’t know why people choose me ! Maybe they think I’m particularly spiritual. They still want something… always, secular people, they still seem to crave something.
So I was asked by another couple… before I could even perform the one I was trying to perform.
In that first year, I performed two [marriages].
At that point, I started to get a reputation as someone who could stand up in front of a crowd and make people feel comfortable, put people at ease, you know. At that point, my reputation started to grow.
After the first two, a gay couple that are friend of mine – I’m gay – decided they were gonna have a commitment ceremony. There were no legal recognition at that time, it was in 1994, I think. They say : « Would you be that person for us, would you represent… even if we know it’s not legally binding… » And I said : « Sure ».
So, after that one, I think, over the years, there would have been six other opposite sex unions and… in december of 2000, the couple that I’ve married… performed a ceremony for them in 1994, still friends of mine, came to my home one day and said « We want to have a civil union ».
We were six of us, sitting around the table. I signed their certificate, we drank champagne, and that’s how you found me, I mean, that’s the only civil union that I’ve done.
I’ve also done one baptism… (laugh) but it doesn’t mean anything either. But it shows you how, I think, the way the other ones came to me… I try to make it always for personal friends of mine but even that one I did for someone I didn’t know that well because they had been at one of the weddings that I performed, and so they just came to me. And, again, these were all secular people for whom affiliation with a religious entity was not important, and for whom… they didn’t have any relationship with any of the state people… so they had relationship with me or they liked what they saw and so they chose me.
The first church, when my « ordination » lapsed… in quotes, my « ordination »… I couldn’t find them again… I had only the address and they were gone… I made the joke that perhaps they had been arrested… I didn’t know, you know. They disappeared, I couldn’t find them again. [But] because people were asking me, I had to get ordained again, and I did find another one, again in Rolling Stone, a different church, that’s called « The American Christian Fellowship Church » and that one was, for a small donation… offering… [whatever] the word they use, a lifetime [ordination], and that is the certificate that I have.
I guess I’m a lifetime ordained minister, or reverend. […]
I have a book with everything that I have read at different ceremonies. [I keep a book, because] it means something to me that I married people. What does it mean? Hard to say! I like that people I know, and some of whom I love… that I’m important enough to them they chose me to play this ceremony. And I like that two people, whatever their partnership is, care enough about each other to get together. That’s one of the reasons actually why I don’t like to perform this for people I don’t know, because I like to know that the couple is serious, you know, and sincere, and committed, and understand what they’re going into. I need to have some kind of relationship with the people, on a friendly level.
That couple, a secular couple, that asked me to… I call it a baptism, but, of course, it’s not, it was a “naming ceremony”. They wanted to name their infant and they had been to three of the weddings. It’s a small circle of friends. And they said “We’re not going to baptize our infant in a church, we’re just gonna have our family together, and we would love if you just come and…”
Actually, they asked me to create their ceremony! Which I did. It was really pagan, actually. It involved the four points of the compass, and hearth, water, wind and fire, all the four elements. If anything it was fairly celtic, or… old pagan religion.

(source : Entretien avec “David Higgins” réalisé dans le Vermont en mai 2002, retranscrit dans ma thèse, “Que Dieu vous bénisse!” Le mariage religieux des couples du même sexe aux Etats-Unis, EHESS, 2003, pp.319-322.)