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Les billets de April, 2005 (ordre chronologique)

Jean-Michel le pingouin dépressif

Un blog est-il fait d’écarts ? Pour une fois il va servir à faire un peu de publicité à Jean-Michel, le pingouin dépressif (afin, peut-être de le rendre moins dépressif), présenté sur le blog d’Hélène Degroote.
Sans transition aucune et sans malice, signalons aussi le blog de Jean Baubérot, le “Titulaire de la seule chaire en France consacrée à la Laïcité” (s’il le dit…).

Anthropologies (suite)

Depuis plusieurs jours maintenant, un professeur d’anthropologie de l’université Paris 8 (où j’enseigne) est en grève de la faim et depuis la semaine dernière en gros, des étudiants du département d’anthropologie occupent un amphithéâtre. Le but de ces actions est la sauvegarde du département et de ses enseignements. Cette action semble avoir pour conséquence aussi la solidification de frontières disciplinaires. La ” ‘sociologie’ statistique et normative ” se retrouve encore une fois une des cibles.
Ci-dessous l’un des tracts (non signé, j’ai ajouté les références) affichés dans l’université :

Une brochure plus longue et donc certainement plus complexe était photocopiée cette après-midi mais je n’ai pas pu avoir d’exemplaires.

Thomas Laqueur

L’ouvrage de Thomas Laqueur, Solitary Sex, sort ce mois-ci chez Gallimard. La traduction français a pour titre Le sexe solitaire. Une histoire culturelle de la masturbation (lien vers amazon, où l’ouvrage a un autre titre).
Thomas Laqueur sera présent quelques jours en France, il fera une conférence à Beaubourg et participera au séminaire de Eric Fassin, Michel Feher et Michel Tort le 13 avril (ENS, 48 Bd. Jourdan, à p. de 11h). Pour les personnes intéressées, j’avais écrit quelques paragraphes de compte rendu dans un petit article consacré à Solitary Sex.
Sans transition aucune, de manière gratuite et désintéressée, pour éveiller ses oreilles Schnappi, Das kleine Krokodil (mp3).

Les Sans Culottes

Les Sans Culottes est un groupe de rock “faux-French” basé à New York. Leur mode parodique est différent de Beatlellica, ce groupe qui chante les Beatles sur du Metallica. Il consiste à changer en “français” des tubes français, où à imaginer les variations possibles qu’un groupe américain pourrait infliger au rock français fortement gainsbourgeoisé des années 1960-1970. Par certains côté, ça ressemble à feu Elmer Food Beat, en beaucoup plus “méta”.
Parmi quelques exemples de lerurs chansons : Allô Allô (mp3) et surtout le très étrange SOS Elefants (mp3) dont les paroles, en français non grammatical, sont reproduites ci-dessous :

SOS elefants!

Il viennent de Menilmontant
du Parc des Buttes Chaumont
le garde a dormi trop longtemps
apres que le soleil levant
Ecoute ce bruit turbulent
en route et impatient
attention au seizieme arrondissement
sos elefants!

Ils aime Paris, ils aime France
et tous ses habitants
ils n’oublient pas tres souvent
ils faisent un reglement de comptes

leur site internet : lessansculottes.com

Anthropologies (suite – 2)

L’occupation de “l’Amphi A1” de l’université Paris 8 (Vincennes – Saint-Denis) continuait encore hier jeudi. Je suis passé voir l’organisation des activités hier après-midi. Devant la salle, baptisée “Zone libérée“, quelques tables servaient de présentoir aux revendications des étudiants d’anthropologie, et une autre aux revendications d’un autre groupe d’étudiant-e-s, autour de ce qu’on appelle informellement une “affaire de voile” (qui donne aussi lieu à nombre de tracts).
C’est principalement autour de l’Amphithéâtre que les tracts sont affichés, et que des espèces de dazibao tentent de replacer les revendications dans un contexte plus général de lutte anticapitaliste. Pour une série de tracts et d’affiches (PDF), consultez ce document. Le cadrage des revendications semble cependant s’effectuer, pour le moment, au moyen d’une tentative de publication périodique, L’Anthrop occupant où plusieurs étudiants, ainsi que le “capitaine” du département d’anthropologie, exposent les raisons de leur action.
L'Anthrop Occupant, Université Paris 8 Vincennes Saint-Denis, Avril 2005, Manifestation d'étudiants d'anthropologie
Sur ces événements, l’Humanité écrivait :

Université Paris VIII

Anthropologues en action

La tension monte à Paris-VIII. Depuis le 21 mars, plusieurs dizaines d’étudiants du département d’anthropologie de l’université dyonisienne occupent 24 heures sur 24 un amphithéâtre. En cause : la refonte de leur cursus, dont l’existence même est menacée par l’application de la fameuse réforme dite LMD (licence maîtrise mastère). Selon le projet défendu par la présidence de l’université, l’anthropologie serait, lors des deux premières années du cycle, une discipline « mineure » (optionnelle) intégrée au département de sociologie. Elle deviendrait « majeure » uniquement en troisième année. Mais pas plus. « Comme le laboratoire de recherche a été fermé l’année dernière, précise un étudiant, aucun mastère d’anthropologie n’est prévu dans le projet… » Passé la surprise, la présidence de l’université s’est voulue plutôt conciliante les premiers jours, laissant les étudiants occuper les salles, organiser des conférences d’information et des actions culturelles. Peu à peu, le mouvement s’est intensifié. Et les relations entre direction et élèves se sont tendues. Depuis mercredi, le rectorat demande aux vigiles d’assurer une présence jour et nuit, ajoutant à la tension. « La nuit dernière, raconte un étudiant, la direction a fait sonner l’alarme incendie de 23 h 30 à 4 heures du matin, histoire de nous faire ch… C’est dire l’ambiance qui règne ici ! » L. M.

Celles et ceux qui souhaitent lire une réflexion plus générale sur l’avenir de l’anthropologie liront avec intérêt le blog de François Briatte, et les chanceux qui, en France, ont accès à Jstor consulteront avec intérêt un article de Hirsch, Sacrifice for the Cause: Group Processes, Recruitment, and Commitment in a Student Social Movement, American Sociological Review, October 1990, 55: 243-254.

mise à jour : un message sur le forum de Télérama, le collectif Local des Anthropotes est présent sur internet.

Anthropologies (fin)

Juste pour celles et ceux qui apprécient la situation du département d’anthropologie de l’université Paris 8 (Vincennes – Saint-Denis), voici, juste à un clic de distance, la lettre ouverte du maître de conférence entré en grève de la faim il y a quelques semaines.
Extrait :

mise à jour Un article de Libération reprend les revendications de la partie “occupante” des anthropologues de Paris VIII :

L’anthropologue, espèce menacée à Paris VIII
La réforme LMD pourrait causer la fermeture du laboratoire de Saint-Denis
Par Mourad GUICHARD
mardi 12 avril 2005

Le laboratoire d’anthropologie de l’université Paris- VIII-Saint-Denis pourrait fermer ses portes dès la rentrée prochaine. A l’origine de cette décision, la réforme des études supérieures dites LMD (licence, maîtrise, doctorat) dont l’entrée en vigueur pourrait aboutir à ce qu’une seule université parisienne offre un «pôle d’excellence» en anthropologie. Resterait aux autres un cursus en sociologie où l’anthropologie aurait une place secondaire. Pour la vingtaine d’étudiants ­ sur un effectif de 540, chercheurs compris ­ qui occupent depuis le 21 mars l’amphithéâtre A1, les raisons sont plus profondes. «Cette filière n’est pas immédiatement rentable. Sauf à signer d’improbables conventions avec Michelin ou McDonald’s», ironise Mathieu, 19 ans. Lorsque l’on aborde le problème au coeur de ce grand amphithéâtre au sol jonché de couettes, les visages s’assombrissent. «Si cette réforme passe, il me faudra tout reprendre à zéro», s’inquiète Aina, une autre étudiante. Des craintes renforcées par la présentation des cursus 2005-2006 qui tend à officialiser cette disparition. «Les professeurs d’anthropologie devraient intégrer les filières socio. Donc, très concrètement, nous disparaissons», affirme Louise, 20 ans, originaire de Caen.

Les mouvements de protestation à Paris-VIII-Saint-Denis s’accompagnent traditionnellement d’un cortège de revendications. Ici, intermittents, chercheurs, sans-papiers, lycéens et précaires parlent d’une même voix et occupent l’amphithéâtre à tour de rôle. «Finalement, nous nous battons tous contre une politique précise», explique Mathieu.

Prochaine étape attendue, la réunion, vendredi, du conseil d’administration qui devrait émettre un avis sur le futur programme. S’il se positionne pour le maintien du cursus anthropologique, ce sera un point d’appui supplémentaire pour intervenir auprès du ministre, seul décisionnaire en la matière. «Rayer de la carte de Paris-VIII une discipline qui a permis au patrimoine mondial de s’enrichir des travaux de Georges Balandier, Claude Lévi-Strauss et Maurice Godelier me semble tout à fait contestable», proteste Hervé Bramy, président (PC) du conseil général, dans un courrier au ministre de l’Education.
 http://www.liberation.fr/page.php?Article=288959

L’institutrice change de sexe

Peu d’informations disponibles sur cette histoire, et beaucoup semble déjà dans le titre, Une institutrice de l’enseignement catholique décide de changer de sexe

RENNES, 9 avr 2005 (AFP)
Une institutrice de l’enseignement catholique décide de changer de sexe

Une institutrice en poste dans une école catholique du Calvados va changer de sexe à partir de la semaine prochaine et a déjà demandé à ses élèves de l’appeler “monsieur”, rapporte le quotidien Ouest France à paraître samedi. L’enseignante âgée de 40 ans était sous traitement hormonal depuis février afin de préparer cette opération prévue la semaine prochaine et qui a nécessité l’accord du ministère de l’Intérieur, selon le journal. “Nous n’avions jamais été confrontés à une telle affaire en France“, relève Serge Launay, le directeur diocésain de l’enseignement catholique dans le Calvados assurant cependant qu’une grande partie des parents “soutient le bien-fondé de la démarche” de l’institutrice, une “excellente pédagogue“.

Ouest France affirme de son côté avoir reçu un courrier anonyme dans lequel des parents s’interrogent sur les “répercussions psychologiques” de cette transformation sur leurs enfants en menaçant de retirer ces derniers de l’école des la rentrée de Paques. “L’idée d’une mutation ou d’un congé de formation semble la solution la plus appropriée“, suggère Serge Launay.

De nombreuses questions se posent : faut-il un “accord du ministère de l’intérieur” pour une opération de changement de sexe ? pourquoi faudrait-il demander sa “mutation” (sic) en cas de changement de sexe ? Le fait que l’article de Ouest France ne soit pas accessible facilement n’aide pas à répondre à ces questions.
mise à jour : un reportage au 20h de France2 précisait un peu les circonstances.

L’institutrice change de sexe (2)

“Peu banale”, “faut-il en parler”, “la difficile question…”, “l’appeler Monsieur”, “les enfants”, “pédopsychiatres”… voilà comment les reportages télévisés présentent une question de droit du travail. Ci-dessous, :
– le reportage de France 3 Basse Normandie,
– le reportage de France 2.
mise à jour un reportage de RTL, montrant combien, selon certaines personnes, la “vie de famille équilibrée” s’oppose au “n’importe quoi, être un martien un jour”…
re-mise à jour (merci Nicolas), un reportage de Europe1 alarmiste, s’interrogeant sur “les conséquence de tout cela sur les enfants” et décrit le courrier anonyme de “communiqué de parents”.
mise à jour : Remarquez l’usage de l’anonymat dans cette dépêche :

Société – L’institutrice change de sexe
AP | 12.04.05 | 14:28
CAEN (AP) — Une institutrice d’une quarantaine d’années de l’école catholique Saint-Paul de Caen (Calvados) doit être opérée dans les prochains jours pour changer de sexe, a-t-on appris auprès de la direction de l’école.
«Elle nous avait prévenue depuis plusieurs mois et avait pris toutes les dispositions auprès des ministères de la Justice et de l’Intérieur pour cette opération», explique Patrick Dziura, directeur de cet établissement d’enseignement catholique.
Christine M., âgée d’une quarantaine d’années, est enseignante depuis plus de vingt ans dans cet établissement et serait sous traitement hormonal depuis février dernier afin de préparer son opération.
C’est un e-mail anonyme adressé à la redaction du quotidien «Ouest France» qui a révélé samedi dernier cette affaire et déclenché la colère de certains parents d’élèves qui, mardi midi devant les portes de l’école, étaient encore surpris.
«C’est une bonne institutrice; maintenant je ne vois pas comment dire à mon fils que la semaine prochaine il faudra qu’il l’appelle monsieur», explique cette mère de famille sous couvert de l’anonymat, alors qu’à ses côtés une autre affirme: «si elle reste dans cette école, je mettrai ma fille ailleurs».
Avant son départ en congé médical, l’institutrice avait décidé de réunir les parents d’élèves pour les informer. «Chacun fait ce qu’il veut dans sa vie, mais là il s’agit de préparer les enfants à ce changement qu’il ne comprendront pas tous», explique Lionel Vincent, le représentant des parents d’élèves, qui observe que «c’est une très bonne institutrice aimée des enfants».
«L’enseignement catholique va prendre contact avec des personnes spécialisées, des pédopsychiatres pour savoir comment en parler aux enfants», ajoute Patrick Dziura.
L’institutrice qui restera en congé maladie après son opération ne devrait pas reprendre son activité avant la prochaine rentrée de septembre «et pourrait même prendre un congé supplémentaire d’une année», souligne Serge Launay, directeur diocésain de l’enseignement catholique dans le Calvados. Pour lui, «il serait souhaitable qu’elle change d’établissement». AP
source : Nouvel Observateur on line

Anthropologies (fin (2))

Fin de l’occupation de l’amphithéâtre A1 ce matin (pour un résumé des épisodes précédents, voir ce texte de février ou celui-ci du mois d’avril, ou un petit commentaire d’une étudiante en maîtrise).
Ci-dessous, quelques extraits d’une lettre du président de l’Université :

Permettez-moi de vous tenir informé des incidents, qui ont perduré trois semaines, notamment dans le bâtiment A de notre Université, et qui m’ont conduis à demander l’évacuation des locaux occupés par le recours à la force publique. Celle-ci a eu lieu ce matin.
Commencée le 15 mars 2005, l’occupation des amphithéâtres A1 et A3 s’est étendue à l’occupation de la salle A 010, puis progressivement à une autre salle de cours.
Cette occupation a pris comme motif le refus des autorités ministérielles et universitaires d’entériner la demande de renouvellement de l’équipe de recherche du département d’anthropologie, justifié par les évaluations du ministère dans la perspective des homologations LMD, mais aussi, certainement, au regard des conflits incessants de ces dernières années ayant eu de lourdes conséquences sur le fonctionnement de ce département. [Note : les liens ne se trouvent pas dans la lettre du président, et mènent vers un texte écrit par Raphael Meyssan, dont la crédibilité a été mise à l’épreuve quand il a monté, avec son père Thierry Meyssan, la négation des attentats du 11 septembre… (merci Ogo)]
Ces occupations ont donné lieu à des dégradations de toute nature du domaine universitaire, sans compter les innombrables violences verbales envers des fonctionnaires et agents de l’Université, les atteintes à la sécurité des personnes et des biens, les perturbations du déroulement des activités d’enseignement et l’introduction, revendiquée, de personnes étrangères à l’Université se livrant à divers trafics et déprédations. J’observe d’ailleurs que parmi les « occupants » se trouvait une proportion non négligeable d’individus sans aucun lien avec l’Université, connus des Services de police, et s’étant livrés à des agressions multiples.
Au grand regret de tous ceux qui ont participé à de très nombreuses médiations (et ce n’est pas faute d’avoir proposé toute forme de soutien à la « cause de l’anthropologie » !), le retour à la normale n’a pu se réaliser par le dialogue, les propositions et la persuasion. Il nous est d’ailleurs difficile, face à un auditoire peu enclin à entendre des arguments d’intérêt collectif, de considérer cette tension comme relevant exclusivement de préoccupations d’ordre pédagogique ou académique.
Il faut enfin préciser que ces incidents ne sont pas totalement étrangers aux événements survenus à l’Université Paris 8 au cours des années universitaires 1998-1999 (importantes situations conflictuelles au département d’anthropologie) et 2000 (mouvements durs d’étudiants « sans papiers »), dont les effets se prolongent encore aujourd’hui au département d’anthropologie.
Respectueux du principe d’autonomie de l’Université mais soucieux également de voir cesser des déprédations inacceptables et qui empiraient, j’ai donc du me résoudre à faire procéder à l’évacuation des locaux occupés.

Reste à voir ce que cette évacuation va produire. Avec l’arrivée des vacances d’avril, probablement un repli.
mise à jour : Ambiance tendue hier à Paris VIII (jeudi 14 avril) :

BOBIGNY, 14 avr 2005 (AFP), Université Paris 8: les étudiants délogés réoccupent leur amphi
Une trentaine d’étudiants en anthropologie de l’université de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), évacués jeudi à l’aube de l’amphitéâtre qu’ils occupaient, se sont réintroduits dans les locaux dans la journée, a constaté une journaliste de l’AFP. Ces étudiants, qui occupaient depuis trois semaines un amphithéâtre craignant une remise en cause de leur discipline, ont appelé à une assemblée générale vendredi à 14H00 dans l’amphithéâtre réoccupé. La trentaine d’étudiants avaient été délogés par la police jeudi à 6H00 sans incident, selon la police. Ils se sont ensuite réintroduits dans les locaux au cours de la journée.
Durant l’après-midi, l’alarme incendie a été déclenchée pour faire évacuer l’université, a-t-on appris de source policière et auprès d’un étudiant. “Durant l’après-midi l’alarme a sonné, on est sorti dans le couloir, elle a été volontairement déclenchée pour affaiblir notre mouvement”, a expliqué Diego, étudiant en licence d’anthropologie. Les étudiants en anthropologie entendent élargir leur mouvement avec celui des lycéens, des intermittents du spectacle et des étudiants de Jussieu. “Avec la réforme du Licence Maîtrise Master (LMD), l’anthropologie va devenir une matière mineure les deux premières années d’université et la suppression de crédits des recherche en anthropologie menace aussi le Master. Ce sont les deux raisons pour lesquelles nous nous mobilisions”, a expliqué à l’AFP Lucas Jourdain, responsable de l’Unef (principal syndicat étudiant), à l’université Paris 8.

Université fermée

Hier vendredi et aujourd’hui samedi l’université Paris 8 (Vincennes – Saint-Denis) était fermée. Les jours prochains semblent être promis au même destin. En effet, jeudi, après la “libération” de la “zone occupée” par les forces de l’ordre, un groupe plus important a repris le contrôle de l’Amphi A1. Dans l’après-midi, la situation était tendue, avec des débuts de bagarre entre les vigiles et les personnes occupant le couloir. A 16h15, l’université a été évacuée (mais, en restant dedans, j’ai quand-même pu faire cours à 19h).
L’occupation d’un Amphi à Paris 8 n’est pas un véritable problème, mais l’impossibilité des occupants à gérer leur mouvement, qui formait des métastases dans les amphis alentours était beaucoup plus gênante. La dégradation rapide des locaux (déjà fortement dégradés), mis en peinture rouge sang (“faut-il que le sang coule pour…” se demandait ingénuement un message que je cite de mémoire).
Les “anthropologues” ont donc cédé la place à un autre mouvement, selon un article au ton unilatéral de L’Humanité :

France – Anthropologie en danger à Paris-VIII
Les lycéens ne sont pas seuls à se faire remettre dans le rang par les forces de l’ordre. Les étudiants aussi ont droit aux démonstrations de fermeté. Ceux de l’université Paris-VIII Saint-Denis en ont tâté jeudi, au petit matin. Alors qu’ils occupaient, depuis plus de trois semaines, l’un des amphis de la fac, ils en ont été délogés vers 6 heures par un escadron de CRS. L’évacuation s’est effectuée dans le calme, mais l’absence de fair-play ne passe pas. « Le pire, explique l’un d’eux, c’est que les négociations étaient près d’aboutir. » La veille, les discussions avec le président laissaient espérer sérieusement une sortie de crise. « En quelques heures, il a changé de ton. »
À croire que la nuit ne porte pas toujours conseil, donc, puisque le résultat est à l’opposé de celui espéré. « La mobilisation a repris de plus belle. Certains étudiants qui, jusqu’alors, n’occupaient pas, nous ont rejoints. » Jeudi soir, ils étaient prêts de 200 à avoir réinvesti l’amphi pour y passer la nuit, à condition que la sirène d’alarme, déclenchée dans le but de les faire tourner en bourrique, leur laisse quelque temps de repos.
Quoi qu’il en soit, les jeunes semblaient bien décidés à poursuivre un mouvement dénonçant l’extinction de la filière anthropologie, menacée par l’application de la réforme LMD (licence mastère doctorat). Visant à l’harmonisation européenne des diplômes, elle implique une révision complète du contenu des diplômes. Les nouvelles maquettes sont validées par les conseils de chaque faculté puis soumises au Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche.
Or, selon le projet défendu par la présidence de Paris-VIII, l’anthropologie deviendrait, lors des deux premières années de licence, une discipline « mineure » intégrée au département de sociologie (Note de B.C.: dans les fait, cela a toujours été plus ou moins le cas, puisque le “deug d’anthropologie” de Paris 8 était en fait et en droit un deug de sociologie option anthropologie). Elle ne deviendrait « majeure » qu’en troisième année. En outre, le laboratoire de recherche ayant été fermé l’an dernier (Pour quelles raisons… voyons voir… (note dans la note: le texte en lien a été écrit, comme Ogo me le fait remarquer en commentaire, par Raphael Meyssan, qui a participé, avec son père, au “Réseau Voltaire” et à la négation du 11 Septembre 2001)), aucun mastère d’anthropologie n’est prévu dans le projet.
L’action des étudiants a déjà porté ses fruits, puisque des maquettes « alternatives » ont été élaborées et approuvées par le conseil des études et de la vie universitaire. Le conseil scientifique, lui, a voté son soutien à la création d’une équipe de recherche en anthropologie. Ne reste qu’au conseil d’administration, dont le pouvoir prime sur les deux autres, à se prononcer pour que l’affaire soit réglée, et que l’anthropologie ne se mue pas en vestige universitaire. (N’est-ce pas contradictoire avec ce qu’elle dit au paragraphe précédent: “l’anthropologie deviendrait, lors des deux premières années de licence, une discipline « mineure » intégrée au département de sociologie”?))
Marie-Noëlle Bertrand

mise à jour PetiteBreton raconte.

Université ouverte

mise à jour le titre est malheureusement faux : Comme le précise un message du Président de Paris 8, l’université sera fermée lundi (Message du président Lunel). J’espère que les quelques étudiants lisant mon blog éviteront un trajet inutile lundi… Tout en leur demandant de vérifier lundi matin en téléphonant à l’université.

Message du Président suite aux évènements à l’université
Je désire dire à la communauté universitaire combien c’est avec un infini regret que j’ai dû prendre la décision de fermer l’université vendredi 15, samedi 16 et lundi 18 Avril.
Voici pourquoi : à la suite des 3 semaines d’occupation dont nous avons souffert et à bout de négociation, j’ai dû faire, le jeudi 14 Avril, comme vous le savez déjà, évacuer les occupants de l’Amphi A1.
Ceux-ci ont immédiatement réoccupé les lieux aggravant les violences et la destruction dont ils étaient coutumiés [sic].
Nous les avons une nouvelle fois reconduits à l’extérieur , mais devant la menace qu’ils constituaient de venir à nouveau, accompagnés de casseurs, j’ai pris la décision de fermer notre établissement pour un temps que j’espère le plus court possible.
Je ne pouvais faire autrement tant les dégâts que j’ai pû [sic] vérifier moi-même s’avèrent considérables. Il n’est plus possible de tolérer cela. […]

fin de la mise à jour

Quelques étudiants de Paris VIII, plutôt des étudiantes, décrivent le contexte local :

Ce texte d’une étudiante de Paris 8 résume de manière fort amusante une partie de la situation actuelle :

Ajoutons à ce petit festival l’occupation d’un amphi par les étudiants d’anthropologie depuis plusieurs semaines […]. En même temps ils ont raison de manifester leur mécontentement vu que la reforme LMD va supprimer leur diplôme, mais bon il faut savoir qu’ils dorment à la fac, que dans les amphis il n’y a pas de fenêtre, et qu’il y a comme une odeur de fénec dépressif commençant à se propager dans tout le bâtiment A. En plus depuis le temps ils se sont bien installés, un type chelou et puant vu[es] les circonstances propose des massages pour un euro […], ils ont installé comme une espèce de campement péruvien de fortune, et ont peinturluré la quasi totalité des murs du batiment avec des slogans tout à fait percutant et ayant total rapport avec leurs revendications tel que “vive le sexe libre” ou ” les jeunes sont vieux”, de la grande philosophie quoi, ils en ont vraiment foutu partout, déjà que Paris 8 est en [temps] normal d’une crasse abominable, mais alors là à côté la prison de Guantanamo a une hygiène 4 étoiles.

Mlle Loly, dans un texte moins amusant, fait part de son énervement :

hier soir l’alarme incident a sonné. Pour autant on a pas arrêté le cours, on savait qui c’était. Au cours suivant on nous a donné l’ordre d’évacué l’établissement.
Ce matin, il y avait foule devant les portes d’entrée. Et pour cause, la Presidence a fermé la fac.Mon amie belge et moi y sommes allées pour rien.
Je suis lassée de cette histoire. J’ai déjà raté deux cours.
Je comprends le désarroi des anthropologues mais d’un autre côté je ne peux pas en vouloir au President. L’occupation a commencé par deux amphis, maintenant elle s’étend à plusieurs salles.Ils disent se battrent contre la réforme mais ils oublient de dire que depuis quelques années il y a des conflits incessants au sein mêmes du département.Ensuite les occupations ont donné lieu à des dégradations de toute nature (la facture s’élève à 50 000 euros) , sans compter les violences verbales envers des agents de l’Université, la perturbation des cours et “l’introduction, revendiquée, de personnes étrangères à l’Université se livrant à divers trafics et déprédations”.
Déjà qu’on se sentait pas trop en sécurité…

Le Monde a un article sur la fermeture de l’université :

L’université Paris-VIII est fermée après l’évacuation d’étudiants en anthropologie
LE MONDE | 16.04.05 | 13h34  •  Mis à jour le 16.04.05 | 13h34
Vendredi 15 avril au matin, les étudiants de Paris-VIII (Vincennes-Saint-Denis) ont trouvé porte close. Le président de l’université, Pierre Lunel, a demandé la fermeture de son établissement, qui compte 28 000 étudiants, pour des raisons de sécurité et de force majeure. La veille, M. Lunel avait sollicité l’intervention des forces de police, qui ont évacué la vingtaine d'”étudiants, sans-papiers, dealers et lycéens” qui, selon lui, occupaient plusieurs locaux de l’université, dont le bâtiment central, depuis trois semaines. A l’origine de cette occupation, le collectif Anthropotes, qui dénonce la menace de suppression du département anthropologie.
Ils se sont approprié les lieux et les ont redécorés“, affirme un vigile à l’entrée, chargé d’empêcher toute personne de pénétrer à l’intérieur du bâtiment. “Les dégradations sont estimées à 70 000 euros, précise M. Lunel. Dans les amphithéâtres, des bancs ont été cassés, ainsi que le PC de sécurité, les peintures ont été détruites, taguées. C’est gravissime.
Mathieu, un des membres du collectif, explique : “On a appris, en novembre, que le département anthropologie risquait de disparaître à cause de la réforme LMD -licence-master-doctorat-, ou d’être inclus dans la filière sociologie.” Pour le créateur du département, le professeur Pierre-Philippe Rey, le LMD est “l’occasion pour l’administration de l’université de liquider l’anthropologie“.
Le président de l’université rétorque qu'”il n’y a jamais eu de DEUG anthropologie, mais seulement un DEUG sociologie, mention anthropologie“. Il estime qu'”une fraction de chercheurs manipulent les étudiants parce qu’ils sont mécontents du fait que leur équipe de recherche ne soit ni reconnue ni labellisée par nous et par le ministère“.
“PRIVATISER L’ENSEIGNEMENT”
Le mouvement, circonscrit d’abord à un département comprenant cinq cent quarante étudiants, conteste maintenant le principe du LMD dans son ensemble. Sarah, étudiante en maîtrise de géographie et militante à l’UNEF, est hostile à cette réforme qui, selon elle, “vise à privatiser l’enseignement et aboutit à la suppression de filières non rentables comme l’allemand“. Elle précise que l’objectif est de créer, à Paris-VIII, “des pôles d’excellence en droit et en communication pour adapter les formations universitaires aux besoins des entreprises locales“.
Les étudiants, privés de salle, vendredi 15 avril, pour leur assemblée générale, ont décidé d’improviser celle-ci sur une place publique. “Aujourd’hui, il y a une vraie rage contre le gouvernement, poursuit Sarah. Et le mouvement lycéen nous incite à poursuivre le mouvement.” Le président de l’université a assuré qu’il allait procéder, dès lundi 18 avril, “à une information la plus globale possible pour que les gens soient au courant“.
Yasmina Belkaïd – Article paru dans l’édition du 17.04.05

Un entrefilet de l’AFP précise que lundi risque d’être mouvementé :

BOBIGNY, 16 avr 2005 (AFP)
Université Paris VIII: AG lundi matin des étudiants grévistes délogés
Les étudiants grévistes, délogés jeudi de l’université Paris VIII de Saint-Denis qui a été fermée dans la soirée pour leur en interdire l’accès, organiseront une assemblée générale devant l’établissement lundi matin, a-t-on appris samedi auprès des étudiants. Après avoir constaté la fermeture de la faculté, un millier d’étudiants, selon les organisateurs – une centaine selon la police – ont occupé vendredi après-midi le parvis et décidé de reporter à lundi matin la poursuite de leur mouvement contre la réforme Licence-Master-Doctorat (LMD). “Nous lancerons un appel devant l’entrée de la fac pour savoir quelle suite donner à nos revendications et y associer les autres universités“, a déclaré à l’AFP Diego, porte-parole des étudiants en anthropologie à l’origine de la contestation. “La fac a été fermée par la présidence et les vigiles qui gardent les entrées ont invoqué des raisons de sécurité, mais nous ne sommes pas dupes“, a-t-il expliqué. Une trentaine d’étudiants en anthropologie ont occupé en permanence pendant trois semaines un amphithéâtre de l’université, avant d’être délogés par la police jeudi matin. “Les étudiants sont ensuite revenus dans la foulée et le personnel de sécurité de l’université les a expulsés dans la soirée, avant de fermer l’établissement“, a précisé la police. Les étudiants en anthropologie estiment que la réforme LMD va transformer leur discipline en “matière mineure les deux premières années d’études” et “supprimer de nombreux crédits de recherche“.

Université… euh… fermée

Impossible d’enseigner aujourd’hui, l’université était fermée, et elle restera fermée jusqu’au lundi 9 mai.
France 3 vient de diffuser un reportage, représentant malheureusement le conflit comme une histoire d’élimination de “diplômes non-rentables” et mettant en scène une étudiante dont les “montés en généralité”, pour parler en boltanski, sont un peu rudes. Le président de l’université, de son côté, parle de “deux enseignants provocateurs de longue date” manipulant une quarantaine d’étudiants…

BOBIGNY, 18 avr 2005 (AFP), Paris VIII toujours fermée, nouvelle tentative d’occupation
L’université Paris VIII de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) a été de nouveau fermée lundi alors qu’une nouvelle tentative d’occupation d’amphithéâtres par des étudiants en anthropologie avait lieu, a-t-on appris auprès du président de l’université. “J’ai décidé de fermer l’université car je ne suis plus en mesure d’assurer la sécurité des personnes. Après avoir fait évacuer jeudi l’amphithéâtre occupé depuis plus de trois semaines par un groupe d’étudiants en anthropologie, un groupe est revenu dans la journée, il y a eu des dégâts considérables”, a expliqué à l’AFP Pierre Lunel, président de Paris VIII.
Lundi matin, une assemblée générale d’étudiants prévue devant l’université s’est transformée en tentative d’occupation de certains des amphithéâtres, a de son côté expliqué à l’AFP un des étudiants mobilisés. “On a réussi à re-rentrer à l’intérieur [note : (sic) “re-rentrer” !], il y a aussi un rassemblement devant la grille d’entrée“, a dit Diego, étudiant en licence d’anthropologie.
Une trentaine d’étudiants en anthropologie de l’université avaient été évacués jeudi de l’amphithéâtre qu’ils occupaient depuis trois semaines pour protester contre la réforme licence-master-doctorat (LMD) d’harmonisation européenne des diplômes. Selon eux, elle menace la survie de leur discipline à Paris VIII. Plusieurs avaient ensuite temporairement réoccupé les locaux avant la fermeture complète de l’université vendredi. Lundi, des enseignants bloqués devant les grilles de la faculté ont affirmé à l’AFP que “le président a choisi, de manière scandaleuse, la manière forte au lieu de donner les moyens à l’université de régler de façon démocratique les conflits qui peuvent exister” et exigé “la réouverture immédiate de l’université“. Plusieurs murs du hall d’entrée ont été tagués et des bancs de l’amphithéâtre occupé détruits, selon M. Lunel, qui a évalué l’ensemble des dégradations à 75.000 euros.

Parce que les dépêches de presse ne disent pas tout, loin… loin de là, vous pouvez consulter ce texte écrit par les “anthropotes” sur Indymedia. Si l’auteur de ce texte collectif est vraiment le groupe des anthropologues ex-occupants de l’Amphithéâtre A1, alors leurs revendications sont bien vastes… Mais, pour prendre un extrait de ce texte, il me semble plutôt qu’il faille le considérer comme un canular :

Ce que cette expérience [l’occupation de l’amphithéâtre et le sacage des locaux] nous a révélé, c’est aussi la puissance et les apports de cette « transgression positive » et non cette déviance tolérée qui s’oppose à la violence qui nourrit certain [sic]. Pour exemple, ce jeune qui écrit en peignant d’une manière artistique un banc en écrivant « Nique la France, à bat les bâtards », lui-même ignore que dans sa création par la nuance de couleur entre « Nique la France » et « A bat les batards [sic] », il dévoile ses propres contradictions, se révélant à lui-même comme un bâtard de la France.
source : http://paris.indymedia.org/article.php3?id_article=35448

Ce canular est certes fort bien fait, mais il ne suffit à décrire ce que ressentent un grand nombre d’enseignants: Ci-dessous, voici donc le mail de colère d’un universitaire de Paris 8 (je suis en train de vérifier qu’il en est l’auteur donc son nom n’est pour l’instant pas fourni):

TROP C’EST TROP
Assez de mensonges, assez de démagogie, assez de manipulations, assez de violences
Encore une fois notre Université connaît de graves perturbations. Qu’en est-il ?
Nous avons pu lire dans la presse que le créateur du Département estimait que le LMD est “l’occasion pour l’administration de l’Université de liquider l’anthropologie”
On se demande pourquoi l’administration voudrait liquider l’anthropologie ? On se demande pourquoi si ce Département est si brillant la moitié de ses enseignants souhaitent le quitter pour rejoindre l’UFR4 ?
Pour connaître la vérité il faut comme le préconise un éminent collègue économiste adepte de Fernand Braudel, se situer dans une perspective de long terme. Que nous apprend l’histoire des dix dernières années ? Que régulièrement le Département d’anthropologie tous les deux ou trois ans connaît une crise éruptive commençant d’abord par se déchirer lui-même, il faut rappeler aux plus jeunes qu’un collègue du département a reçu des menaces de mort (et n’a pas été grandement soutenu par l’institution), que ces conflits internes ont ensuite débordé sur l’UFR 3 le paralysant en partie pour ensuite s’étendre à l’ensemble de l’Université, aboutissant à l’intervention de la police et à la fermeture de l’Université.
Comme l’histoire se répète régulièrement selon le même scénario on aura compris que le motif importe peu ce qui compte c’est de laisser libre cours à la frénésie destructrice habitant certains membres de ce Département.
Personnellement il y a longtemps que le spectacle de Guignol a cessé de m’intéresser. On ne me fera pas croire qu’il y a un mauvais président d’un côté et de gentils anthropologues de l’autre. Si le projet présenté par cette équipe (et non pas par l’ensemble du Département, il est bon de le répéter) ce n’est pas parce que l’administration est méchante, c’est parce que le projet a été considéré comme insuffisant parce que les membres de cette équipe au lieu de travailler à monter une véritable perspective pour ses étudiants a préféré s’enfermer dans la démagogie la plus stérile.
Si le Département devait être liquidé un jour le véritable responsable ne sera autre que son propre créateur : il y a des pères qui mangent leurs enfants, les anthropologues devraient le savoir.
Il nous faut également dénoncer la tartufferie de la mise en place d’une nouvelle équipe de recherche en anthropologie qui ne comporte que la moitié des anthropologues et rassemble ceux-là mêmes qui se menaçaient de mort il y a peu. Personne ne peut croire qu’ils formeront une équipe.
Aujourd’hui il n’y aurait rien de plus dangereux que de laisser se propager l’idée qu’il y a un conflit entre l’administration de l’Université et le département d’anthropologie. Cette vision sert trop bien ceux qui veulent nous entraîner dans le cycle provocation/répression. Le conflit est entre la masse de la communauté universitaire qui est prise en otage et une petite bande défendant des intérêts corporatistes.
Aussi je vous demande de diffuser le plus largement ce texte et vous prie de m’excuser si vous le recevez en plusieurs exemplaires.
SIGNE : (nom ôté avant confirmation de l’auteur)

Et enfin la lettre du directeur de “l’UFR 2” :

Cher(e) collègue,
Comme vous le savez probablement, de graves incidents se sont produits aux abords et, surtout, dans l’enceinte même de l’Université Paris 8 à la suite de l’intervention des forces de l’ordre, jeudi dernier (à la demande du Président Pierre LUNEL), pour déloger les personnes qui occupaient l’Amphi A1 depuis plusieurs semaines.
Quoi que l’on puisse penser de la sincérité, voire du bien-fondé des revendications exprimées par des enseignants du département d’anthropologie, force est d’admettre que cette contestation s’est exprimée à travers des modalités tout à fait inacceptables, dès lors qu’elle s’est traduite par des atteintes aux biens et aux personnes exerçant -ou essayant d’exercer…- leur mission de service public.
A cet égard, il n’est pas indifférent de préciser qu’à la suite des graves infractions commises ces jours derniers par les “contestataires anthropologues”, les forces de l’ordre ont procédé à plusieurs interpellations qui ont révélé la présence parmi eux d’individus extérieurs à Paris 8 et, comme l’ont dit, bien connus des services de police…
Dans la mesure où les conditions de sécurité ne peuvent encore être assurées, le Président LUNEL a pris la décision (après concertation avec le recteur de l’Académie de Créteil et le préfet de Seine-Saint-Denis) de maintenir l’Université fermée durant toute la journée du lundi 18 avril 2005. Il me charge de vous en informer immédiatement.
A mon tour, je vous saurais gré de porter cette information à la connaissance d’autres collègues (notamment celles et ceux dont je n’ai pas les coordonnées téléphoniques ou électroniques). Dès que j’en saurai davantage, je vous ferai part, évidemment, de l’évolution de la situation pour les jours suivants.
Comptant sur votre compréhension et votre collaboration, je vous souhaite néanmoins une bonne fin de semaine et vous prie, cher(e) collègue, de croire à l’assurance de mes sentiments les meilleurs.
Michel JUHAN

Pour en savoir encore plus, un message du président de Paris 8.

Fermetures universitaires

mise à jour : voir plus bas l’article de l’Humanité.
Pour compenser le reportage plutôt faible de France 3 (format .mov Quicktime), voici un article du Figaro :

Paris VIII ferme provisoirement ses portes
ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR Le président de cette faculté de Seine-Saint-Denis, occupée et vandalisée, veut ramener le calme,
Marie-Estelle Pech – [19 avril 2005] – LE FIGARO
L’université Paris-VIII Vincennes – Saint-Denis, fermée depuis jeudi dernier sur ordre de son président, s’enlise dans le conflit. «Pour des raisons de force majeure, l’université restera fermée aux usagers de la communauté universitaire», annonçait hier matin une simple affichette apposée à l’entrée, au grand dam de quelque 200 étudiants qui ont tenté hier à plusieurs reprises de réinvestir le QG de la contestation, l’amphithéâtre A 1, occupé pendant trois semaines.
Cet amphithéâtre et ses environs offraient hier une apparence désolante. Des graffitis sur les murs, les vitres et le sol. Les slogans contre le gouvernement côtoient ceux contre le LMD (licence, maîtrise, doctorat) et «l’ultralibéralisme» de la Constitution européenne ou, plus anecdotiquement, d’autres pour la révolution sexuelle. Des bancs ont été détruits. Des détritus jonchent le sol. Des grilles d’aération ont été arrachées, des vitres brisées. L’université estime à 75 000 euros la somme nécessaire pour nettoyer et réparer.
La faculté restera fermée jusqu’à vendredi, jour du début des vacances scolaires. «J’ai épuisé tous les recours de négociations», a déclaré hier Pierre Lunel, son président, qui a déposé plainte pour «dégradations du domaine public». Une infime minorité a, selon lui, «choisi de se livrer à une occupation ponctuée d’actes de violence contre les personnes et les biens». Dans un premier temps, l’amphi A 1 a été occupé nuit et jour dans une ambiance «peace, love et fumette» par une trentaine d’étudiants en anthropologie et certains professeurs. Ils réclamaient le maintien du département d’anthropologie, selon eux menacé de suppression par la réforme européenne LMD.
Mais peu à peu, la contestation a fait tâche d’huile et s’est politisée, notamment autour du non à la Constitution européenne et du soutien au mouvement des lycéens. «Des syndicats, l’UNEF et des militants de la jeunesse communiste révolutionnaire ont récupéré notre mouvement», expliquait hier un étudiant en anthropologie.
Pêle-mêle, dans cette faculté qui a toujours été à la pointe de la contestation, des étudiants étrangers et des chômeurs sont venus expliquer leurs difficultés dans l’amphi A 1 rebaptisé «la zone libérée». Des étudiantes voilées y ont diffusé un film controversé : Un racisme à peine voilé, pourtant interdit par le président de l’université.
Au fil des jours, les squatters ont été rejoints par des personnes étrangères à l’université. Cinq jeunes marginaux «venus des cités» environnantes dormaient avec eux. Des lycéens de Seine-Saint-Denis les ont aussi soutenus, venant en délégation dans l’amphi pour «prendre des conseils». Tous ont finalement été évacués jeudi matin par les forces de l’ordre à la demande du président de l’université.
Trouvant porte close, hier, environ 200 étudiants accompagnés de leurs professeurs ont escaladé les hautes grilles ceinturant la fac pour organiser une assemblée générale quelque peu cacophonique. «Nous commençons la guérilla !», lance au haut-parleur un professeur de psychologie très excité. «Nous devons rejoindre les lycéens et les urgentistes, favoriser une insurrection universitaire», renchérit une étudiante devant les inscriptions du hall, et notamment celle-ci : «Les lycéens sont nos petits frères et les casseurs aussi.»
Pour ces étudiants, le vandalisme dénoncé par Pierre Lunel n’est qu’un prétexte pour «casser» leur mouvement. Selon le représentant du collectif «Antropotes», il n’y avait sur les murs et les vitres que de la «peinture à l’eau». «Les amphis ne sont pas dégueulasses, on peut travailler, affirme Sarah Bénichou, membre du syndicat étudiant de gauche, l’UNEF, le gouvernement et les flics n’ont pas à fermer notre fac.» Une nouvelle assemblée générale devait être organisée aujourd’hui.

Depuis leur évacuation, les “Anthropotes” sont fort prolixes, notamment sur “Indymedia“:

[…]L’occupation de l’amphi A1 est un geste spontané en réponse aux diverses tentatives de manipulation entretenues par la présidence de l’université. En effet, jusqu’au 21 mars, Pierre Lunel avait toujours minimiser [sic] son rôle et sa capacité d’action. […] Rapidement, ce lieu prend le nom de « Zone libérée ». Dans les faits, il s’agit d’un véritable laboratoire social. Ainsi, ceux que Pierre Lunel appelle lycéens, sans papier ou dealers ne sont autres que des jeunes qui tentent d’avoir prise sur une époque qui leur échappe. Ce que Pierre Lunel nomme dérives nous le considérons comme expérimental. En tant qu’anthropologue, il aurait été mal venu de notre part d’effectuer un contrôle au faciès à l’entrée. Autant dire, que dans cette zone libérée, nous étions tous anthropologues.
http://paris.indymedia.org/article.php3?id_article=35447

Un article honteux de L’Humanité nie le sacage des locaux de Paris 8, parlant de “quelques dégats collatéraux”. La journaliste n’a apparemment même pas vérifié ses sources… (elle le revendique même fièrement, prétendant que l’université était totalement fermée, alors que ses collègues de France 3 y ont fait un reportage). La tournure de cette phrase “Accusés d’avoir vandalisé la fac alors qu’ils en occupaient un amphi” est fort étrange, comme si occupation et sacage étaient antinomiques. Il est fort possible de soutenir certaines des revendications de la poignée d’étudiants en anthropologie qui demandent le maintien d’un département qui s’est entretué sans avoir à nier la réalité des dégradations dont a souffert l’université.

La colère monte à paris-VIII – La lutte des étudiants en anthropologie se poursuit à la fac de Saint-Denis, fermée depuis vendredi sur décision de son président, L’Humanité, 19 avril 2005.
Quand les casseurs-cueilleurs se réapproprient le pouvoir des fleurs, un air de joli mois de mai souffle sur Paris-VIII. Eux, ce sont les étudiants en anthropologie, qui s’opposent depuis un mois à la réforme de leur enseignement. Accusés d’avoir vandalisé la fac alors qu’ils en occupaient un amphi, ils avaient, hier matin, pastiché le nom de nos lointains ancêtres et distribuaient des pâquerettes devant leur université. Laquelle est, depuis vendredi, fermée sur ordre de son président. « C’est avec un infini regret que j’ai dû prendre la décision de fermer l’université vendredi 15, samedi 16 et lundi 18 avril », explique-t-il sur le site Internet de l’université dionysienne, évoquant des violences et une casse « considérable ». Le chiffre de 80 000 euros de réparations est même avancé. Ce que les étudiants démentent. Quelques dégâts collatéraux, oui, reconnaissent certains. Mais rien de comparable avec ce dont ils sont accusés.
Impossible de le vérifier lundi matin, la fac étant justement… fermée. Devant ses portes, une centaine d’étudiants attendaient, ne sachant s’ils pourraient ou non y pénétrer. Les anthropologues, eux, n’avaient de cesse de réexpliquer le pourquoi de leur colère. Il y a un mois, ils découvraient les nouveaux contenus de leur formation, restructurée dans le cadre de la réforme LMD (licence, master, doctorat). Visant à l’harmonisation européenne des diplômes, celle-ci implique d’en retravailler les maquettes. Or, selon celles défendues par la présidence de la fac, l’anthropologie deviendrait, au cours des deux premières années de licence, une discipline « mineure » intégrée au département de sociologie. Elle ne redeviendrait « majeure » qu’en troisième année. Le laboratoire de recherche ayant été fermé l’an dernier, aucun master d’anthropologie n’est, en outre, prévu dans le projet. L’enseignement de la discipline ne serait plus qu’un îlot isolé, sans préparation ni débouché vers la recherche. « Ceux qui souhaitent approfondir cette discipline devront aller à Nanterre », explique Anthony, militant de l’UEC et lui-même en licence. Julia, en deuxième année, fait l’inventaire de ce qu’elle perdra si les maquettes sont adoptées telles quelles. « L’anthropologie alimentaire n’existera plus. Ni même le master d’anthropologie générale. »
La filière n’est pas la seule à être concernée. L’informatique y laisserait également des plumes, puisqu’une de ses équipes de recherche ne serait pas reconduite. Et toutes naviguent dans le flou absolu. « Nous n’avons eu qu’une réunion de vingt minutes », explique Fabien, en 3e année de communication. Adrien, en deuxième année de cinéma, n’a, lui, aucune idée de la tournure que prendra sa formation à la rentrée prochaine. « Le minimum aurait été qu’on nous informe. »
Voilà donc pourquoi, depuis trois semaines, les anthropologues occupaient un amphi (lire l’Humanité des 31 mars et 16 avril). Jeudi, alors que des négociations étaient en cours, le président envoyait les CRS les en déloger. Dans la foulée, il faisait fermer la fac. Loin d’avoir calmé les esprits, la manoeuvre semble, au contraire, les avoir échauffés. « Pourquoi ferme-t-on la fac ? Pourquoi nous envoie-t-on la police ? Parce qu’il y a une vraie contestation », criait, hier, dans un mégaphone une militante de l’UNEF. Jusqu’aux enseignants, qui, bloqués à l’entrée, ont dénoncé l’absence de dialogue et le choix de la manière forte.
Marie-Noëlle Bertrand – Article paru dans l’édition du 19 avril 2005.

Zonages et sex shops : où se trouvent-ils ?

Pas n’importe où, très certainement.
La politique new-yorkaise, rappelle cet article récent du New York Times intitulé Sex Shops Expect the Other Stiletto to Drop, est basée sur une description précise de ce que constitue un magasin pour adultes et sur les endroits où ils peuvent s’installer :

sex shops are banned from residential and most commercial zones. They are allowed in industrial zones and some commercial ones, including parts of Eighth Avenue, the garment district in Midtown, and the West Side of Manhattan. But there is a catch: No sex shop may sit within 500 feet of another such business, of a zone from which they are prohibited, or of “sensitive receptors” like schools or houses of worship

C’est que, dans le cas de New York comme ailleurs aux USA, les régulations sont laissées dans la grande majorité des cas au pouvoir municipal. A New York, c’est la Zoning Resolution (Article IV, Chapitre 2) du Department of City Planning qui précise les implantations autorisées :

42-01-a : Adult establishments are not permitted in a Manufacturing District in which residences, joint living-work quarters for artists or loft dwellings are, under the provisions of the Zoning Resolution, allowed as-of-right or by special permit or authorization. […]
42-01-b : In all other Manufacturing Districts, no adult establishment shall be established less than 500 feet from a house of worship, a school, a Residence District, a C1, C2, C3, C4, C5-1, C6-1, C6-2 or C6-3 District, or a Manufacturing District, other than an M1-6M District […]
42-01-c : No adult establishment shall be established less than 500 feet from another adult establishment. […]
42-01-e : Adult establishments shall not exceed, in total, 10,000 square feet […]
Sources : New York City, Zoning Resolution, Chapiter IV, Article 2.

Les justifications de ces zonages importent. Un article assez intéressant, écrit par un groupe d’universitaires américains nous renseigne [Linz, D., Land, K., Williams, J. Ezell, M. & Paul, B. (2004). An Examination of the Assumption that Adult businesses are Associated with Crime in Surrounding Areas: A Secondary Effects Study in Charlotte, North Carolina. Law and Society Review, Volume 38, Number 1, pp.69-104, DOI : 10.1111/j.0023-9216.2004.03801003.x]
Aux Etats-Unis, c’est la question des “effets secondaires” de l’implantation des “commerces pour adultes” qui est au coeur, car c’est en vertu de ces effets secondaires supposés (hausse de la criminalité, effondrement du marché immobilier…) que des interdictions d’implantation de sex shops et autres topless theatres peuvent être promulguées (d’où des études municipales). Interdire en fonction du contenu (nudité, actes pornographiques…) serait considéré (et l’a été) comme une atteinte à la liberté d’expression :
Sur la base des “effets secondaires”,

In City of Los Angeles v. Alameda Books, Inc., et al., the [U.S. Supreme] Court maintained that it was “reasonable for Los Angeles to suppose that a concentration of adult establishments is correlated with high crime rates because a concentration of operations in one locale draws, for example, a greater concentration of adult consumers to the neighborhood, and a high density of such consumers either attracts or generates criminal activity.”

Mais il faut aussi, depuis cette décision du début des années 2000, que ces effets secondaires soient prouvés par des méthodes méthodologiquement correctes, d’où l’arrivée de la science sociale dans l’affaire (c’est en 1993 que la Cour, dans l’affaire Daubert v. Merrell Dow, 509 U.S. 579 (1993), avait précisé ce qu’elle entend par méthodes reconnues).
L’article cité ci-dessus s’inscrit dans une telle démarche, et ses conclusions s’opposent à l’idée même des effets secondaires de la présence des “adult businesses” (en l’occurrence, pour leur étude, des bars-à-seins-nus) :

[W]e asked: once variables known to be related to crime events suggested by social disorganization and routine activities theories have been taken into account, does the presence of an adult business in a localized area increase the concurrence in space and time of offenders motivated to commit crimes together with suitable targets for the crimes in the absence of guardians capable of preventing or deterring the crimes? We found that, at least in Charlotte, North Carolina, it is not the case that the presence of an adult nightclub increases the number of crime incidents reported in localized areas surrounding the club as compared to the number of crime incidents reported in comparable localized areas that do not contain an adult nightclub. Indeed, the empirical data and analyses reported above imply the opposite, namely, that the nearby areas surrounding the adult nightclub sites have smaller numbers of reported crime incidents than do corresponding areas surrounding the three control sites studied.

Les auteurs tentent d’expliquer que l’absence d’effet criminogène a deux origines. C’est parce que ces établissements se sont banalisés et rapprochés du monde commun du commerce respectable (et la recherche du profit impose une forme de stabilité), et c’est aussi parce qu’ils sont extrêmement surveillés et qu’une forme de “civilisation” forcée leur a été imposée. Autocontrainte et contrainte imposée vont ici de pair.
En France, beaucoup moins de débats apparents, et les municipalités ont peu de marge de manoeuvre. Une loi nationale, l’article 99 de la loi du 30 juillet 1987 qui régit les choses (et elle a été l’inspiration d’autres projets de loi “anti-racolage passif” qui tentent d’inclure les lieux de culte à l’ensemble formé par les écoles).
Citons cet article :

LOI n°87-588 du 30 juillet 1987, Article 99
Modifié par Loi n°92-1336 du 16 décembre 1992 art. 284 (JORF 23 décembre 1992 en vigueur le 1er mars 1994).
Est interdite l’installation, à moins de cent mètres d’un établissement d’enseignement maternel, primaire ou secondaire, d’un établissement dont l’activité principale est la vente ou la mise à disposition au public de publications dont la vente aux mineurs de dix-huit ans est prohibée. L’infraction au présent article est punie de deux ans d’emprisonnement et de 200 000 F d’amende.
Pour cette infraction, les associations de parents d’élèves régulièrement déclarées depuis au moins cinq ans à la date des faits peuvent exercer les droits reconnus à la partie civile.

Il semble donc bien que sex shops et peep shows ne puissent s’installer à trop grande proximité des écoles sous peine d’une action en justice de la part de la PEEP. Cette contrainte spatiale transforme l’entrepreneur en membre de l’OuGePo – l’Ouvroir de Géographie Potentielle : le lieu X est-il à moins de 100 mètres d’une école ? Le sex shop suivant, situé rue de la Gaité à Paris, l’est :

Mais à Lyon, en 2002, l’installation d’un tel revendeur de sex toys et de vidéos pornographiques (dans le quartier de Monplaisir – sic-) avait été jugé suffisamment importante par TF1 pour qu’un reportage (au format .mov Quicktime) y soit dédié (le reportage est aussi accessible sur http://hautdebit.tf1.fr/ ).
S’il faut en croire L’Humanité (en forme papale ce 10 juin 2002) cette loi est toujours jugée valable :

Pas de sex-shop pour Jean XXIII
Il fallait être représentant d’une firme suédoise pour oser imaginer installer un sex-shop sur le boulevard Jean XXIII, à Lyon, dans le quartier de cinq établissements scolaires fréquentés par 4000 élèves, et à moins de cent mètres d’une école maternelle et d’un lycée. Le tribunal de grande instance de Lyon a donc jugé, vendredi, l’initiative illicite. Le propriétaire réfléchit à une nouvelle définition de son activité.

MISE A JOUR : En juin 2005, le juge des référés du Conseil d’Etat a modifié la jurisprudence. Un sex shop de la ville de Houilles a été interdit.
Mise à jour du 22 février 2007 L’article 99 de la loi du 30 juillet 1987 a été modifié en février 2007 : l’interdiction d’installation est de deux cents mètres, et la définition des sex-shops change. Pour plus d’informations, consulter cet article.

Paris 8 et la fermeture

La fermeture de l’université pose de nombreux problèmes. Outre l’annulation d’une semaine de cours [d’ailleurs, les étudiants et étudiantes qui n’ont pas reçu de mail de ma part concernant le travail à faire pour la rentrée sont priés de me contacter] c’est aussi le travail administratif qui est rendu plus complexe. Or c’est en ce moment même que se réunissent les “commissions de spécialistes”, qui sont chargés de sélectionner les candidats aux postes ouverts au recrutement. Mais quand les dossiers de candidature sont sous clé dans l’université et que les “spécialistes” (ceux de la commission) sont en dehors, le travail de sélection devient difficile.
La commission de spécialistes de sociologie a réussi cependant à se réunir, mais a fait part publiquement de son vif désaccord avec la fermeture de Paris VIII.

La C.S. de Sociologie de Paris 8, réunie le mardi 19 avril 05, proteste contre les conditions dans lesquelles elle a dû se réunir, suite à la décision unilatérale du président de fermer l’université. Plusieurs de ses membres n’ont pu récupérer les dossiers des candidats que très difficilement. Par ailleurs, la commission a dû se réunir hors des locaux de Paris 8″.

Par ailleurs, une réunion a eu lieu à la Bourse du Travail de Saint-Denis a rédigé la motion suivante :

Les enseignants, personnels IATOS et étudiants de l’Université Paris 8 réunis le 20 avril à la Bourse du Travail de Saint-Denis :
1. condamnent l’intervention des forces de police le jeudi 14 avril et la fermeture de l’Université et de la bibliothèque depuis le 15 avril, que les incidents récents, aussi condamnables soient-ils, ne sauraient justifier, et qui s’apparente à un lock-out empêchant enseignants, personnels et étudiants de travailler ;
2. demandent à être reçus de toute urgence par la Présidence de l’Université ;
3. réaffirment que la priorité doit être à la réouverture de l’Université, non seulement pour lui permettre de fonctionner, mais également pour créer les conditions d’un dialogue normal et démocratique, et retrouver les voies d’une discussion dans laquelle chacun puisse faire valoir ses arguments ;
4. exigent que le Conseil d’administration et les instances de l’Université soient saisis des propositions faites par le CEVU et par le Conseil scientifique et de toute proposition de nature à permettre une solution satisfaisante et pérenne pour le département et les formations d’anthropologie ;
5. s’inquiètent des conditions de navette en pleine période de vacances avec le Ministère concernant l’habilitation des projets de formation LMD et affirment qu’ils s’efforceront de créer les conditions de réponse collective et démocratiquement discutée face aux avis et exigences du Ministère ;
6. décident de tenir une Assemblée générale dès la réouverture de l’Université.
Adopté à l’unanimité moins une abstention.

Ailleurs sur internet, une étudiante, Gabrielle L. fait part de son expérience.
Ailleurs encore, et c’est raconté de manière fort amusante, un groupe de rock punk, qui devait se produire dans l’université le 14 avril, a vu son spectacle annulé. Voici comment le batteur relate son expérience :

le jeudi 14 avril 2005, l’université de paris 8 n’as pu faire de festival, car la raison est que les étudiants manifestais pour faire valoir leur droit de cultur et de soif de connaissance
mais certaine nous les refuses, apres comment voulez vous avoir l’esprit critique si on vous empeche et a cause de cette manifestation les mures ont été tagué par soit des poeme soit des critiques soit la réallité soit des phrases de l’histoire.
si c’est ces problemes venant de la loi fillonn’etais pas arrivé , le festival aurais pue avoir lieu, les mairies les aurais aidée comme chaque année et le festival se serais passé tranquillement dans une bonne ambiance et mon groupe ” The bernıe Rаide Cіrcυs” aurais pu joué et ca aurais été un meilleur anniversaire pour mon chanteur qui le fétais dans son université , mais tous cela a été annulé.
source : spaces.msn.com/members/batteurbernie/