Anthropologies (fin (2))
Fin de l’occupation de l’amphithéâtre A1 ce matin (pour un résumé des épisodes précédents, voir ce texte de février ou celui-ci du mois d’avril, ou un petit commentaire d’une étudiante en maîtrise).
Ci-dessous, quelques extraits d’une lettre du président de l’Université :
Permettez-moi de vous tenir informé des incidents, qui ont perduré trois semaines, notamment dans le bâtiment A de notre Université, et qui m’ont conduis à demander l’évacuation des locaux occupés par le recours à la force publique. Celle-ci a eu lieu ce matin.
Commencée le 15 mars 2005, l’occupation des amphithéâtres A1 et A3 s’est étendue à l’occupation de la salle A 010, puis progressivement à une autre salle de cours.
Cette occupation a pris comme motif le refus des autorités ministérielles et universitaires d’entériner la demande de renouvellement de l’équipe de recherche du département d’anthropologie, justifié par les évaluations du ministère dans la perspective des homologations LMD, mais aussi, certainement, au regard des conflits incessants de ces dernières années ayant eu de lourdes conséquences sur le fonctionnement de ce département. [Note : les liens ne se trouvent pas dans la lettre du président, et mènent vers un texte écrit par Raphael Meyssan, dont la crédibilité a été mise à l’épreuve quand il a monté, avec son père Thierry Meyssan, la négation des attentats du 11 septembre… (merci Ogo)]
Ces occupations ont donné lieu à des dégradations de toute nature du domaine universitaire, sans compter les innombrables violences verbales envers des fonctionnaires et agents de l’Université, les atteintes à la sécurité des personnes et des biens, les perturbations du déroulement des activités d’enseignement et l’introduction, revendiquée, de personnes étrangères à l’Université se livrant à divers trafics et déprédations. J’observe d’ailleurs que parmi les « occupants » se trouvait une proportion non négligeable d’individus sans aucun lien avec l’Université, connus des Services de police, et s’étant livrés à des agressions multiples.
Au grand regret de tous ceux qui ont participé à de très nombreuses médiations (et ce n’est pas faute d’avoir proposé toute forme de soutien à la « cause de l’anthropologie » !), le retour à la normale n’a pu se réaliser par le dialogue, les propositions et la persuasion. Il nous est d’ailleurs difficile, face à un auditoire peu enclin à entendre des arguments d’intérêt collectif, de considérer cette tension comme relevant exclusivement de préoccupations d’ordre pédagogique ou académique.
Il faut enfin préciser que ces incidents ne sont pas totalement étrangers aux événements survenus à l’Université Paris 8 au cours des années universitaires 1998-1999 (importantes situations conflictuelles au département d’anthropologie) et 2000 (mouvements durs d’étudiants « sans papiers »), dont les effets se prolongent encore aujourd’hui au département d’anthropologie.
Respectueux du principe d’autonomie de l’Université mais soucieux également de voir cesser des déprédations inacceptables et qui empiraient, j’ai donc du me résoudre à faire procéder à l’évacuation des locaux occupés.
Reste à voir ce que cette évacuation va produire. Avec l’arrivée des vacances d’avril, probablement un repli.
mise à jour : Ambiance tendue hier à Paris VIII (jeudi 14 avril) :
BOBIGNY, 14 avr 2005 (AFP), Université Paris 8: les étudiants délogés réoccupent leur amphi
Une trentaine d’étudiants en anthropologie de l’université de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), évacués jeudi à l’aube de l’amphitéâtre qu’ils occupaient, se sont réintroduits dans les locaux dans la journée, a constaté une journaliste de l’AFP. Ces étudiants, qui occupaient depuis trois semaines un amphithéâtre craignant une remise en cause de leur discipline, ont appelé à une assemblée générale vendredi à 14H00 dans l’amphithéâtre réoccupé. La trentaine d’étudiants avaient été délogés par la police jeudi à 6H00 sans incident, selon la police. Ils se sont ensuite réintroduits dans les locaux au cours de la journée.
Durant l’après-midi, l’alarme incendie a été déclenchée pour faire évacuer l’université, a-t-on appris de source policière et auprès d’un étudiant. “Durant l’après-midi l’alarme a sonné, on est sorti dans le couloir, elle a été volontairement déclenchée pour affaiblir notre mouvement”, a expliqué Diego, étudiant en licence d’anthropologie. Les étudiants en anthropologie entendent élargir leur mouvement avec celui des lycéens, des intermittents du spectacle et des étudiants de Jussieu. “Avec la réforme du Licence Maîtrise Master (LMD), l’anthropologie va devenir une matière mineure les deux premières années d’université et la suppression de crédits des recherche en anthropologie menace aussi le Master. Ce sont les deux raisons pour lesquelles nous nous mobilisions”, a expliqué à l’AFP Lucas Jourdain, responsable de l’Unef (principal syndicat étudiant), à l’université Paris 8.
1 commentaire
Un commentaire par étudiante en psycho à paris 8 (15/04/2005 à 11:01)
Voilà plusieurs jours que je lis ce blog pour me faire un avis…les rumeurs circulant à l’université perturbent trop l’information réelle… Ce matin fac fermée? qu’en penser?
J’attend la suite des informations sur votre blog ou à la fac! je soutiens ces étudiants depuis le début de leur actions…d’autres départements sont aussi menacés! il est temps de se réveiller! Vous pouvez m’envoyer un email si nécessaire…
Merci pour l’information et pour votre engagement! Bon courage!
olivia.