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Les sex shops, épisode 6 (A new hope ?)

Billet publié le 04/06/2005

Précédemment, j’ai essayé de montrer comment les sex-shops avaient été “construits” par l’action cumulée du pouvoir municipal et des autorités policières, au tout début des années 1970. Je m’étais appuyé principalement sur des sources administratives et quelques articles de presse “respectable”.
Ces sources devaient, à mon sens, être confrontées à leurs équivalents opposés : les sex-shops ont-ils été aussi, parallèlement, “construits” par la presse pornographique? Ont-ils fait l’objet, comme l’écrirait l’économiste Laurent Thévenot, d’un “investissement de forme”?

Les études sur la presse pornographique des années 1960 et du début des années 1970 sont très peu répandues. Il est vrai que la censure, qui s’affaiblit vers 1973, contrôle encore les publications françaises. Entre 1970 et 1974, il semble bien que l’on soit dans une période de profonds bouleversements pour la presse “polissonne” française. Les doyennes (Paris Hollywood, Paris Flirt, La Vie parisienne) cessent leur activité autour de 1973. Vieillissantes, elles étaient remplacées d’un côté par des magazines de “cadres dynamiques” (Playboy, édition française, naît en 1973 et s’appuie sur un grand groupe de presse) et de l’autre par des journaux beaucoup plus explicitement pornographiques. Une autre opposition structure aussi ce “champ” : d’un côté une rhétorique vieillissante, celle du “nu artistique” (le nu féminin ou masculin est beau, et la mise à disposition du beau justifie la publication de photos érotiques), de l’autre une rhétorique en vogue, celle de “l’éducation sexuelle”. Un petit nombre de mensuels (Eros, Couple 2000, Union) s’emparent de cette justification éducative pour proposer de l’éducation à la pornographie, sans photographie.
Pendant ces flétrissement et ces floraisons, les “sex-shops” s’installent en France, et divers indices dans ces revues permettent d’en remarquer l’implantation. Je ne prendrais qu’un seul indice, doté d’une certaine objectivité : les publicités dans ces magazines.
Deux types coexistent un moment. Le premier type est centré sur la “lingerie fine”, mais la réclame est pour un magasin situé Bd. de Rochechouart, à deux pas de Pigalle, qui accueillera très rapidement un grand nombre de sex shops (certains s’installant dans d’anciennes boutiques de lingerie)

Le deuxième type est tout d’abord “étranger” mais remplace rapidement le type “lingerie” (même si l’on ne parle pas encore de sex toys :

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