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Un petit dernier pour la route

Billet publié le 21/09/2005

Il a pu être écrit, dans le cadre d’une étude sur la ville de Flint, siège de General Motors, dans le Michigan, que « The car made Flint, and the car made Flint’s gay community ». L’auteur précise : « Homosexual life shifted gears from private networks to public commercial establishments almost as soon as cars came off the assembly line » (Retzloff 1997 : 229 et 243). Autour de la voiture, les parkings, les toilettes publiques des aires de repos… deviennent autant de lieux possibles d’une consommation sexuelle entre hommes comme le remarque Humphreys au début des années 1970.
Un article du New York Times s’intéresse à ces parkings :

There is a narrow parking lot in Cunningham Park in Queens surrounded by playing fields for adult softball and youth soccer and baseball. At one end of the lot, retirees arrive to practice their golf and mothers in minivans gather to wait for their Little Leaguers.

The other end is popular with another set with a much lower profile in this suburban setting: gay men cruising for sex. Their playing field is the parking lot itself and the goal is a sexual encounter, usually quick and anonymous.

Manhattan may have its gay bars and such traditional pickup spots as the woods of the Ramble in Central Park and the piers of the West Village. But in the less-accepting climate of the suburbs and the boroughs outside Manhattan, gay men often resort to courting one another from the relative safety and privacy of their cars. They troll remote parking lots that become de facto pickup spots well known in gay circles but not to the general public.

L’article s’intéresse au monde du parking, à ses règles implicites :

Each newcomer trolls this thoroughfare with all eyes upon him and surveys the other men in cars, who may either perk up and look interested or shut the window and look away. Then with a dramatic swoop, the driver will back his car next to the car of the man he is pursuing.

En France, l’année, dernière, un article du Monde s’était penché sur un parking, à Marmande dans le Lot, en raison d’un fait divers, l’agression d’un homme par un groupe de jeunes militants hétérosexuels:

L’agression homophobe qui a fait de Gérard M. un symbole
LE MONDE | 09.06.04 | 14h53
Marmande (Lot-et-Garonne) de notre envoyé spécial
Ni héros ni martyr. Ni porte-drapeau de la cause gay ni théoricien de la lutte antidiscriminations. Rien ne prédisposait celui que nous appellerons Gérard M., 39 ans, à devenir un symbole de la lutte des homosexuels pour le droit à la dignité et à la tranquillité. Ce modeste employé d’administration au parler ensoleillé et au profil épicurien vivait très discrètement sa sexualité dans une sous-préfecture du Lot-et-Garonne, plus connue pour ses tomates que pour ses lieux de rendez-vous entre messieurs. Jusqu’à cette soirée du 19 mai où, en garant sa voiture sur le parking de la Filhole, connu de tout Marmandais comme endroit de drague homo, il a trouvé sur sa route cette Volkswagen bleue, tous feux éteints, dont les cinq occupants éméchés ont commencé à l’insulter avec une vigueur peu créative : “Sale pédé ! sale pédé !”

Références : RETZLOFF T. (1997) « Cars and Bars : Assembling Gay Men in Postwar Flint, Michigan ». in BEEMYN B. (ed.) Creating a Place for Ourselves : Lesbian, Gay and Bisexual Communities. New York : Routledge, p. 226-252

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