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Les billets de November, 2005 (ordre chronologique)

Les “jeunes popu”

Un groupe de jeunes, mais de Jeunes Populaires (Sarkozystes) squattaient hier le hall d’entrée de l’Université Paris 8 à Saint-Denis. Pour tout dire, ils n’avaient l’air ni populaires (au sens de “classe populaire”, ouvriers et petit(e)s employé(e)s), ni bien populaires (au sens où l’on parle de la popularité d’un acteur, par exemple). Il faut dire qu’hier, c’était en partie un jour de pont et que l’université était un peu vide. Pas de stand d’étudiants communistes, pas de stand de groupes trotskystes, pas de stand de l’UNEF, pas de tracts anarchistes… les Jeunes Populaires étaient bien seuls, Sarkozy en photo.
Je ne sais pas s’ils ont remplacé le syndicat étudiant de droite dure-dure (l’UNI) ou si ce n’est qu’un changement de nom: les “jeunes popu” ne semblent pas s’intéresser directement au monde étudiant, mais bien plutôt aux “jeunes”, d’après leur tract, que je reproduis ci-dessous:
Les Jeunes Populaires, 31 octobre 2005, Paris 8
Je crois avoir entendu qu’ils souhaitaient obtenir une vingtaine d’adhésions à Paris 8…

Lettres sur les Etats-Unis d’Amérique

Vers 1832, Jacques Benjamin de Saint-Victor relate son voyage aux Etats-Unis, dans des lettres réunies en un volume imprimé à Lyon et acheté par le régent de l’université du Michigan qui en fait dont à la biblothèque locale qui le prête un moment à la Googlemachine qui le scanne et le met en ligne sur googleprint : Lettres sur les Etats-Unis d’Amérique, par J.B. de Saint Victor.
L’ouvrage est entièrement indexé, et entièrement lisible sur internet. Que dit donc l’auteur sur la bonne ville de New York : une “Babylone”, une “espèce d’archétype d’après lequel on peut se faire une idée exacte des grandes villes de l’Union”. On y trouve quelques description peu flatteuse du méthodisme (alors en pleine croissance)…

Que l’on considère donc le méthodisme dans son ensemble, on verra que le protestantisme n’a jamais produit de système religieux plus facile à mettre en pratique, par conséquent plus populaire (…)
de Saint-Victor, p.146

Il semble que, pour l’instant, les ouvrages postérieurs à 1850 ne soient pas entièrement lisibles (seuls des extraits sont disponibles… ce qui devrait quand même permettre fort à propos à Phersu de multiplier — si cela est possible — d’impossibles citations rares d’auteurs oubliés).
Enfin, les fous de Napoléon pourront lire Les Bonaparte et leurs oeuvres littéraires (sans aucun doute inoubliables), un ouvrage de 1845.

Privacy could only be had in public…

Privacy could only be had in public écrivait George Chauncey dans son formidable Gay New York : l’absence d’espace privé repousse les pratiques sexuelles dans l’espace public… et les transforment en questions sociales.
Le Washington Post de ce jour consacre un long article (Sex at School Increasing) aux relations sexuelles au lycée… plus précisément dans certaines salles du lycée. L’article est étrangement neutre : on y discerne une condamnation morale, mais aussi tout un monde lycéen dont il faudrait pouvoir comprendre la place de la sexualité et des pratiques (orales, génitales, de groupes, de couple, en tant que voyeur, en tant que participant, en public, en “privé”…) dans les classements… et l’étrange place des joueurs de football dans tout cela.
Ceux qui voudraient aller plus loin peuvent lire en complément, l’article de Bearman, Moody et Stovel, “Chains of Affection” sur les relations affectives et sexuelles (envisagées sous l’angle du réseau social) de lycéens américains, et, pour remonter plus loin, dans une autre perspective, lire “The Social Integration of Queers and Peers” de Ira Reiss, dans Social Problems (1961, 9:102- 120), sur les relations entre groupes de jeunes hommes (ouvertement virils et hétérosexuels) — les “Peers” — et homosexuels masculins — les “Queers”…

Communauté, religion, médecine

A quelques jours de distance, deux articles fort intéresants dans le New York Times.
Le premier s’intéresse aux maladies génétiques qui touchent principalement les Amish et les Mennonites : ces deux communautés religieuses anabaptistes sont fortement endogames et réduites en nombre. Certaines maladies très rares les touchent en priorité : certaines variations chromosomiques(nanisme, 6e doigt) ne mettent absolument pas en jeu la vie de ceux qui en sont touchés, d’autres sont fatales.
Le deuxième article s’intéresse à la polio chez des Amish du Minnesota, et à la difficulté rencontrée par les campagnes de santé publique quand elles sont confrontés à certaines règles de vie bien différentes.
Les Amish sont ici vus comme un cas extrème de vie communautaire, et, plus ou moins explicitement, comme une forme de vie un peu dangeureuse. D’autres religions sont associées à des formes de mortalité particulière. J’avais lu, je ne sais plus où, la spécificité de l’Utah (une région presque totalement mormone) : les Mormons vivent vieux (ils ne sont pas autorisés à fumer, à boire du café ou de l’alcool…) mais ils meurent beaucoup plus que le reste des américains des conséquences du diabète (leur seule drogue est le sucre…)

La rédaction de CV

Ce billet n’a qu’un intérêt local et il est destiné avant tout aux candidats aux postes de maître de conférences, qui doivent, pour être recrutés, envoyer aux universités un dossier comportant notamment un CV. [La procédure de recrutement est à la fois étalée dans le temps : il faut tout d’abord être “qualifié” par une ou plusieurs sections du Conseil National des Universités, ou CNU ; puis attendre la publication des postes au Journal officiel et finalement très rapide : il faut envoyer en quelques jours un grand nombre de dossiers aux universités afin d’obtenir une audition]
Mon élection récente à la “commission de spécialistes” du département de sociologie de Paris 8 m’a fait découvrir l’envers du processus de sélection : les rapporteurs n’ont que très peu de temps pour examiner les dossiers (qui sont réduits, heureusement à une liste de documents requis) et chaque élément permettant d’accélérer l’examen des dossiers est valorisé.
La rédaction des curriculum vitae est donc très importante : et c’est un CV spécifique qu’il faut produire pour ce recrutement, pas la reproduction d’un CV “passe-partout”. Le Journal Officiel précise — à chaque fois que les postes sont publiés — qu’il faut :

un curriculum vitae donnant une présentation analytique de la thèse, des travaux, ouvrages, articles, réalisations et activités en mentionnant les travaux qui seront adressés [si les candidats] sont convoqués pour l’audition ;

Sur la petite vingtaine de dossiers que je devais rapporter, un nombre étonnant faisait le contraire de ce qui est — dans l’optique d’un examinateur — évident. Tout d’abord, un seul mentionnait les “travaux qui seront adressés” en cas d’audition (alors que c’est précisé par écrit dans le JO… et c’est simple à faire : une petite liste en fin de CV…) : Ah, il y en a un-e qui suit ! a-t-on envie de dire. Mais qu’est-ce qui semble “évident” ? Quelques conseils :

1- n’utilisez d’acronymes ou de sigles que si vous les explicitez : UPMF (université Pierre Mendès France de Grenoble), “dans le cadre de l’UFR 8” (est-ce une UFR de sociologie, de sciences humaines, de gestion ???), “qualifié par la section 32 du CNU” (il y a une cinquantaine de sections au moins : à quoi correspond le n°32, ne pensez pas que le rapporteur les connaisse toutes par coeur). De même qu’est-ce que le CEMIM ? le GEDIPA ? l’UMR-CNRS 3578 ? Vous devez préciser.
Utilisez des agrafes, vérifiez l’orthographe.
N’utilisez pas de polices de caractères trop originales ou ésotériques ; et de police “sérieuse” n’en utilisez qu’une : la lecture doit être simple – évitez de tout écrire en police de taille 8, c’est trop petit. Evitez le soulignage (l’italique suffit, les caractères gras à la limite si cela apporte de la structure)
Vous avez été étudiant : dans quelle université : “1995- licence” ne suffit pas : département, diplôme, université (et pas seulement son nom, sa localisation et son pays peuvent être importants, please). Le CV doit être structuré : utilisez des titres, des indentations, des interlignes… (mais pas de petites “bullettes en 3D” genre powerpoint)

2- vous avez enseigné : alors indiquez le nombre d’heures totales pour chaque année, indiquez l’université, l’IUT, l’école… où vous avez enseigné, précisez les disciplines (sociologie ? sciences de l’éducation ? anthropologie), le titre du cours. Quelque chose comme “2004-2005, sociologie en licence” ne suffit pas.
Ne trichez pas : si vos fonctions d’ATER se sont terminées, ne prétendez pas que c’est votre “fonction actuelle”.
Soyez précis dans les statuts occupés : PRAG, ATER plein, demi-ATER, monitorat, vacations… (et quand vous les avez occupés : septembre 2003 – août 2005, c’est plus précis que 2003-2005).

3- vous avez “publié” : alors hiérarchisez. Une autopublication chez un certain éditeur a moins de poids qu’un bel article dans une revue de premier plan. Une étude du CNRS sur les revues centrales en sociologie est disponible (ce n’est pas un point de vue définitif et c’est une liste critiquée, mais c’est une bonne liste de revues scientifiques reconnues par la profession). Rien ne sert de lister une dizaine de “publications” si les rapports de recherche, le mémoire de maîtrise, un compte-rendu dans une petite revue mineure, et un article dans une bonne revue connue à comité de lecture… sont classés par ordre chronologique sans que l’on puisse distinguer le travail scientifique de la commande administrative. Comment hiérarchiser :
    1- les ouvrages
    2 ou 3- contributions à un ouvrage collectif (entrée dans un dictionnaire, chapitre dans un ouvrage de synthèse… idem)
    ou alors 3 ou 2- articles dans une revue à comité de lecture (et évitez de considérer qu’une revue que vous avez montée avec l’un de vos camarades dispose de ce genre de comité)
    4- actes de colloques
    5- valorisation de la recherche, rapports de recherche…
Faites très attention au titre de la revue : j’ai vu des erreurs sur certains titres (une revue connue devient ainsi une feuille inconnue et le-la candidat-e passe au mieux pour une tête de linotte : rappelons donc ici que “Sociétés contemporaines” — une revue française de sociologie publiant principalement des dossiers thématiques –, “Sociologie et sociétés” — une revue canadienne –, “Actes de la recherche en sciences sociales”, “Archives de sciences sociales des religions”, “Education et Sociétés”… sont au pluriel en partie ou en totalité… alors que “Droit et société” est au singulier. Société est une revue canadienne dépendant de l’université du Québec à Montreal ; Sociétés est la revue maffesolienne française). Pourquoi ne pas penser à indiquer l’ISBN pour des revues au titre très très commun, et surtout commun à plusieurs revues ?
Quand vous hiérarchisez, vous montrez que vous connaissez les modes de classement, les “taxinomies indigènes” du monde auquel vous souhaitez être agrégé. Ne pas hiérarchiser laisse supposer un défaut de socialisation universitaire : cela vous dessert (pour prendre un exemple, c’est un peu comme un étudiant de maîtrise qui prendrait un manuel pour un ouvrage théorique… ça fait tache). Refuser d’objectiver les différences entre vos publications au prétexte d’un refus des conventions… n’est pas une stratégie gagnante ici.
Indiquez les pages de début et de fin de l’article (un article de 2 pages et un article de 50 pages n’auront pas le même “poids”).
N’inventez pas de publication, ça se voit trop. Ne mentionnez des articles “à paraître” que si vous donnez le titre de la revue où ils sont à paraître. Mieux : mentionnez le numéro et l’année en plus du titre de la revue où il paraîtra. Évitez de mentionner des articles “soumis” qui se trouveraient actuellement dans les limbes du comité de lecture ou en voie de réécriture avant acceptation : tout le monde peut soumettre des articles, ce n’est pas un critère de classement… Si vous voulez mentionner vos recherches en cours, il y a une rubrique pour cela.

4- Classé-e 1er ou 1ère au DEA, allocation de recherche, bourses de thèse… indiquez-le (et pas tout au bout d’une présentation détaillée, comme si c’était annexe). J’ai pu voir un dossier où une bourse internationale de recherche n’était mentionnée qu’en passant, le thème de la recherche jamais précisé alors que le candidat (la candidate?) avait obtenu cette bourse et que le thème avait des chances d’être en lien avec le poste auquel il/elle postulait… ce qui est fort dommage pour un dossier de candidature à un poste d’enseignant-chercheur. (Le problème venait du simple réemploi, sans mise à jour, d’un morceau de CV utilisé l’année précédente : un peu de bon sens, voyons !).
Vous faites partie d’un contrat de recherche (de l’Union européenne, d’un ministère quelconque…) : à quel titre ?
Vous avez obtenu une bourse d’un organisme quelconque (dont vous avez explicité le sigle, bien entendu) : quel était le montant de cette bourse, et portait-elle sur 3 mois, un an, trois ans ?
Un “post-doctorat”? notion floue en France : statut rémunéré ? non rémunéré ? dans quel cadre, quelles fonctions occupez-vous. Idem si c’est à l’étranger.

5- certain-e-s candidat-e-s sont présents sur internet : page sur leur laboratoire de rattachement, articles en ligne, communication à des colloques. Les rapporteurs ont rarement la possibilité matérielle d’y jeter un coup d’oeil et doivent de toute façon se contenter du dossier fourni : mais s’ils y jettent un coup d’oeil, il ne faudrait pas que les informations fournies par le dossier et celles que l’on trouve sur internet soient très différentes. Si un article est “à paraître” sur une page internet de 2003 et qu’il est toujours, fin 2005, “à paraître”, c’est un peu étrange. Contrôlez, dans la mesure du possible, ce qui est dit sur vous sur internet (surtout quand vous en êtes responsable)

6- en bref, le CV qu’on vous demande n’est pas une présentation embellie de vous-même — vous aurez à vous “vendre” lors de la constitution du dossier préalable à l’audition et lors de l’audition — mais bien plutôt une sorte de présentation objectivée (mentions au DEA par exemple — et même si l’inflation de très très honorables avec les félicitation de tout le jury à l’unanimité… en limite l’utilité pour la thèse il faut le mentionner — , nombre d’heures enseignées, articles sérieux, thèmes de recherche actuels).

7- “présentation analytique” est-il demandé dans le JO. Certains candidats — presque tous — préfèrent produire deux CV. L’un classique, plutôt sur le modèle d’une liste non rédigée. L’autre rédigé comme un projet de recherche. Parfois très long, très très “analytique”, très peu “présentation”, plutôt “dissertation” : gardez en tête que le rapporteur a peu de temps. Synthétique, c’est toujours mieux. Faites attention, si vous faites 2 CV, à y mettre les mêmes informations : si certaines ne sont mentionnées que dans un CV et pas dans l’autre, ça fait du travail en plus pour le rapporteur.
Dans la partie “analytique” du CV, on peut parfois lire des projets de recherche très construits, un peu sur le modèle administratif des “rapports quadriennaux” des laboratoires de recherche, où différentes équipes sont associées à différents “axes thématiques” (c’est le jargon)… C’est un peu étrange de retrouver cela presque identiquement dans le projet d’un individu, comme si la personne était un résumé du groupe-laboratoire et se diffractait, depuis un point administratif central, en axes thématiques. Soyez modestes dans les possibilités de vous diviser à l’extrême : vous aurez, si vous êtes retenus, à gérer certaines tâches administratives — emplois du temps, relations internationales, équivalences… — qui prendront du temps sur au moins trois des quatre “axes thématiques” très larges et très flous que vous proposez.
Faites attention aux thèmes de recherche que vous évoquez : la commission tiendra bien plus compte des recherches déjà avancées (visible à travers des participations à des séminaires de recherche ou des colloques) que des simples annonces de “projets” qui se trouveraient par miracle “en phase” avec le profil du poste.

L’examen des dossiers se fait suivant une grille de lecture (qui va varier suivant chaque université, mais qui va de toute façon s’appuyer sur les éléments les plus objectivés disponibles) qui doit permettre au rapporteur d’exposer de manière synthétique le candidat au cours d’une réunion… et il y a en général une centaine de candidats : si une bonne synthèse structurée est faite par le candidat… il y a de grande chances pour que le rapporteur produise une bonne synthèse structurée et convaincante du dossier… et donc mieux vous défendre.

J’ai essayé de proposer ici des conseils de bon sens, à partir du travail de rédaction de rapports que j’ai eu à faire en tant que membre d’une commission de spécialistes. Quand on est candidat — et je l’étais il y a peu — on ne réfléchit pas avec le rapporteur en tête : j’ai tenté ici de mettre en lumière les contraintes du travail de rapporteur et certaines des manières dont vous disposez pour alléger ces contraintes. Bien entendu ces choses ne sont pas requises explicitement et si vous voulez tout écrire en sigles incompréhensibles tout en laissant croire que votre maîtrise a autant de poids pour vous que votre article dans la RFS, allez-y…

Pour aller plus loin, vous consulterez :
Note aux candidats à la qualification (section “informatique” du CNU)
Fiche de la section 19 (sociologie, démographie) du CNU (avec conseils aux candidats)
Ces liens renvoient vers des conseils utiles lors de la phase de qualification, préalable à l’envoi des dossiers aux universités. D’autres conseils seraient les bienvenus : vous pouvez laisser des commentaires.

Marsyas, maître de conférences dans une université à l’Est de Paris commente :

Je n’ai qu’un conseil à rajouter : se faire relire si possible par un membre d’une commission de spécialistes dans sa discipline, et de préférence par quelqu’un d’autre que son patron de thèse qui ne peut être objectif. C’est évidemment indispensable pour la présentation orale mais j’en viens à penser que cela peut également être très utile pour le CV et la lettre de présentation de la candidature.

mise à jour : un texte de Régine Bercot : Le fonctionnement d’une commission de spécialistes sur le site de l’ASES (Association des sociologues enseignants du supérieur).

Pour commenter cliquez ici ou ci-dessous :

Arte et France-Inter

France Inter propose une chronique “blog” le matin à 6h24. Il y a quelques jours, la chronique portait sur les blogs des étudiants de Paris 8… Une chronique apparemment bien renseignée, avec tous les blogs étudiants que j’avais repérés il y a peu… Mon travail n’est pas cité (et les citations de blog sont mélangées, des propos sont attribués aux mauvaises personnes), même si un lien est fait vers mon blog (si si, tout en bas, regardez bien). Mauvaise pratique journalistique que de ne pas citer ses sources, Monsieur Alexandre Boussageon Abiker ! (Abiker fait par ailleurs le moraliste sur l’émission de Schneidermann) (correction du 18/11). Écoutez la chronique au format MP3 et comparez avec mon billet sur les étudiants bloggeurs de Paris 8 et constatez…

En revanche, un bon point pour Arte, qui propose en appoint de l’émission Tracks sur la sexualité londonienne un lien vers mon étude des sex-shops féminins / féministes de Londres. Bien vu, Arte !

Dé-gay-ification

Key West est avec Provincetown (Massachusetts) et Fire Island (sur Long Island, NY), un village de vacances réputé pour être gay. Bed and Breakfast avec sauna communautaire, hotels “all-male“… finissaient d’en faire la réputation. Et bien voilà que, d’après le New ork Times, Key West Is Going Straight : Key West nous la joue hétéro. Le succès de la rénovation-commercialisation de ce petit bout d’île au sud de Miami a attiré à la fois les chaînes commerciales (Hard Rock Café, Margaritaville) et l’un des publics les plus stéréotypé des Etats-Unis, les “fraternity brothers” (ou frat boys : les membres masculins des sociétés d’étudiants, réputés pour leur alcoolisme, leur peu d’intérêt universitaire et leur “hétéronormativité” assumée).
D’habitude, comme dans cet article récent du Washington Post sur une église pentecôtiste dans un quartier en voie de gentrification, les homosexuels mâles sont présentés comme les bobos en France : ils arrivent dans des quartiers en voie d’embourgeoisement. Dans l’article du NYT, c’est une sorte de retournement pervers qui est présenté : trop de succès tue la poule.

La constitution de ces lieux de vacances gaies au XXe siècle est très intéressante, et deux ouvrages sont à lire par celles et ceux que ça intéresse : Cherry Grove, Fire Island de Esther Newton (trois étoiles à mon classement personnel), et Provincetown de Karen Krahulik (que je suis en train de lire).

Deux poids deux mesures

Emeutes urbaines, dégradations, CRS blessés, jets de projectiles, jeunes, sous l’influence d’un Dieu étranger… Rassurez-vous disaient hier tous les présentateurs des journaux télévisés : ça se passe dans le centre ville de Grenoble, les CRS ne sont que “légèrement” blessés, les projectiles étaient des bouteilles de vin, les jeunes étaient “des étudiants” et le Dieu étranger était finalement bien français : Bacchus…
Grenoble et le Beaujolais au journal télévisé (fichier Quicktime, .mov)

Du coup, pas d’experts autoproclamés pour postuler que leurs parents sont polygames, pour demander leur expulsion de France, ou pour expliquer je ne sais quoi à l’aide de je ne sais quoi : non, juste du chahut urbain, de la “viande saoule”… Une jeune fille essaie de justifier tout cela en disant que c’est “une tradition française” (?), une dame plus âgée que ça n’a rien à voir avec la banlieue (rassurez-vous…).
Quelques blogs en parlent : Romain L. de Grenoble ; un blog xénophobe d’extrême droite ; le normalien (ou un homonyme) Guillaume Cingal ; un étudiant de Grenoble et enfin une étudiante de Grenoble

Journalistes en banlieue

Des journalistes de l’hebdomadaire suisse L’Hebdo se sont installés en “banlieue”, à Bondy plus particulièrement. Dans un billet récent, ils parlent de l’université Paris 8, où j’enseigne, et le titre est éloquent Sortir de la fac Paris 8, c’est pointer direct au chômage… Cette phrase semble être une citation d’un étudiant et pas le résultat d’études statistiques, mais cela donne bien le point de vue de certains des usagers.
Dans la suite de mes billets sur les blogs d’étudiants de Paris 8, en voici quelques autres :
Bouger !, de A. D. photographe et étudiant,
Paris8, d’une étudiante en sciences de l’éducation.