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Billet

Ici Paris, 4 mai 1971

Billet publié le 03/03/2006

Je continue mon exploration de l’hebdomadaire populaire Ici Paris, et toujours en me penchant sur le numéro 1347 du 4 mai 1971, que j’ai commencé à découper hier. J’avais insisté sur des publicités pour des choses en caoutchouc, en plastique et en latex, une guerre commerciale des poupées gonflables.
Dans le même temps, les dessinateurs attitrés du journal, qui, depuis l’automne 1970 ont intégré les “sex shops” dans le décor de leurs production humoristique, remettent le couvert.
Le dessinateur Uber (né en juin 1930 – …) est le créateur du personnage de “Notre bonne Julie”. Julie est peut-être l’une des dernières domestiques à peupler un dessin de presse, et elle ressemble d’ailleurs plus à une femme de ménage qu’à une domestique à demeure. Elle est à la fois pleine de bon sens et un peu demeurée (bonniche). C’est le seul personnage qui est représenté comme ayant acheté ce que l’on trouve dans un “sex shop” (et à se promener avec un sac délateur) : et c’est au nom d’une autonomie financière qui renforce une autonomie morale qu’elle le fait. (Et bien sûr, en disant cela, le dessin devient moins drôle…)

Albert Georges Badert fait intervenir deux personnages classiques dans son oeuvre : un vieux monsieur un peu aristocrate et une jeune fille dénudée (qui se demande comment il est possible de montrer autant de pornographie). L’on distingue assez bien, dans ce dessin, la vitrine non teintée du “sex shop” : ce n’est qu’en 1973 que le préfet de police en demandera l’opacification, mais il est ici précédé par la jeune femme.
Le dernier dessin (dont Henry Blanc est l’auteur) fait intervenir “Oncle Cyril”, un homme sûr de lui, bedonnant et presque chauve, sorte d’observateur détaché d’une révolution sexuelle alors en voie de constitution (c’est du moins ainsi que les contemporains interprêtent toute une série de changements sociaux). L’ “Oncle Cyril” est un esthète érudit de “la chose” mais n’est jamais représenté en acte : toujours avant ou bien après… Dans ce dessin, il compare sa connaissance des “positions” (terme qui fut par ailleurs le titre d’un ouvrage à sensation entre 1969 et 1972) à ce qui est consultable dans des livres.
Les dessins d’humour — au scénario souvent convenu — reflètent et produisent (ou contribuent à produire) l’image “culturelle” des sex shops. Ici Paris tire en 1970 à 1 185 000 exemplaires et a donc plusieurs millions de lecteurs : les dessins humoristiques diffusent ainsi largement l’image de ce type de magasin, alors qu’ils sont, en 1971, très peu nombreux hors de Paris.

[yarpp]

2 commentaires

Un commentaire par Chafe28 (15/09/2007 à 16:43)

Je recherche des articles paru je crois en 1986 par “Ici Paris” sur un meutre sanguinaire ds la region paca plus exactement à sereste.
Merci de me dire ou je peux trouver ces articles.
Cordialement.

Un commentaire par Baptiste Coulmont (15/09/2007 à 17:23)

Vous avez plusieurs possibilités.
1- si vous connaissez la date précise, vous pouvez acheter certains numéros sur http://journaux-anciens.chapitre.com/ICI-PARIS.html
ou sur http://www.journaux-collection.com/
ou sur http://www.lesarchivesdelapresse.com/
ou en vérifiant auprès de http://www.lagalcante.com/ s’ils ont l’exemplaire en stock
(quelques exemplaires sont aussi en vente sur ebay…)
2- si vos recherches sont justifiées, vous pouvez demander un accès la bibliothèque nationale de france… la seule à ma connaissance qui conserve “Ici Paris” (aucune bibliothèque parisienne ne conserve cet hebdomadaire). Vous n’aurez très probablement pas le droit de copier ces documents.