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Les billets de April, 2006 (ordre chronologique)

Ateliers de créativité

J’ai reçu aujourd’hui un fort beau spam, en lien avec mon activité professionnelle :

From: Dina A— – Sens Public
Date: Apr 5, 2006 4:39 PM
Subject: Panel professionnels sciences humaines
To: Dina A— – Sens Public

Bonjour,
Sens Public est une société spécialisée en études marketing, innovation & prospective qui organise des réunions de groupe et des ateliers de créativité.
Nous contribuons à décrypter les grandes tendances de la société d’aujourd’hui et à stimuler la production d’idées nouvelles en réunissant des professionnels d’horizons divers exerçant dans le domaine des sciences humaines (journalistes, psychologues, sociologues, …).
Nous vous proposons de rejoindre notre panel en vous intégrant dans notre liste d’intervenants et ainsi vous convier à certaines de nos réunions de groupe, pour lesquelles un défraiement financier vous sera accordé.
Si vous êtes intéressé, je vous remercie de me renvoyer par email la fiche signalétique ci-jointe avant le 17 avril 2006
Je reste à votre disposition pour toute autre information complémentaire.
Cordialement,
Dina A—
SENS PUBLIC
57, rue d’Amsterdam
75008 PARIS
Tél: 01 49 —
Mobile: 06 25 —
E-mail: dina.a—@senspublic.com

On remarquera toute l’ironie du message. L’organisation d’ “ateliers de créativité”, le décryptage de tendances, la stimulation de production d’idées nouvelles… contre un simple “défraiement financier” royalement “accordé”. Simplement, ma créativité (qui doit être importante, sinon je n’aurais pas été contacté) se monnaye fort cher, et je demande bien plus qu’un défraiement… (vérification faite, c’est 100 euros par session, et cela ne semble pas être proportionnel à la créativité ou à la dimension de mon Ego). J’apprécie l’industrialisation de la créativité et de la stimulation d’idées nouvelles, mais je regrette que le processus ne soit pas poursuivi totalement jusqu’au bout.
Tout cela, bien entendu, pour pousser les lecteurs et lectrices de ces quelques lignes à lire Le nouvel esprit du capitalisme de Luc Boltanski et Eve Chiapello, où la “pensée managériale” trouve une analyse à sa démesure. [un compte-rendu pour ceux qui n’auraient jamais entendu parler de Boltanski / en boltanski]

J’ai cessé d’alimenter ce blog en informations sur Paris VIII et le CPE. Je dirige donc les personnes intéressées vers http://vudailleurs.over-blog.com/, Vu d’Ailleurs, un blog tenu par deux étudiantes en sociologie de l’université de Vincennes à Saint-Denis.

Esso tigré

La semaine dernière, Le Tigre a tenté un poisson d’avril. Le Tigre, hebdomadaire curieux, sans publicité, réalisé entièrement à l’aide de logiciels libres… déclarait accepter une offre de la compagnie ESSO — qui souhaitait devenir actionnaire majoritaire.
Un bon nombre de lecteurs a cru que, comme Libération, Le Tigre, dès le troisième numéro, se pliait aux “règles du marché” : la rédaction a reçu lettres et mails, coups de téléphones… demandant des explications ou le remboursement d’un abonnement.

La Une de cette semaine revient sur “un poisson d’avril trop réussi”.

(Tiger Party du 29 mars dernier)
mise à jour : Billet du Hibou philosophe sur le poisson, billet de Benoît Le Globuleux.

Paris 8 fermée pendant quinze jours…

A l’université de Vincennes à Saint-Denis (Paris VIII), la technique du “blocage” étudiant n’a pas vraiment fonctionné. Deux jours depuis début mars, si je compte bien. L’université est restée ouverte, et plus ou moins vide, depuis les débuts des mobilisations étudiantes contre le CPE. Les quelques amphithéâtres servaient de lieux d’assemblée générale, la bibliothèque de centre d’information (le personnel avait organisé un service de presse et d’aide matérielle). Les cours étaient plus ou moins “suspendus”, transformés en “modules transversaux” ou maintenus suivant les horaires et les enseignants (sauf dans certaines disciplines, comme le droit, où tout a continué sans interruption, apparemment).
Le président de cette université aux origines “gauchistes”, c’est Pierre Lunel, juriste mais c’est surtout l’auteur d’ouvrages comme Les guérisons miraculeuses, Soeur Emmanuelle, secrets de vie ou encore L’abbé Pierre, insurgé de Dieu ou, mieux encore, Bob Denard, le roi de fortune… (sur le mercenaire français spécialisé dans les coups tordus en Afrique). Ordre et compassion semblent être à la base de ses prises de position publiques. (Voir une liste plus complète de ses ouvrages plus bas).
Il a décidé unilatéralement de fermer l’université pendant plus de quinze jours : les centres de recherche, les laboratoires, les bureaux… et la bibliothèque sont inaccessibles. Plusieurs dizaines d’étudiants préparent des concours (le CAPES notamment), plusieurs centaines des mémoires de master ou de thèse, qui ont besoin crucial de la bibliothèque. Plusieurs dizaines d’enseignants-chercheurs ont leurs bureaux dans les locaux de l’université. Des procédures de recrutement de nouveaux enseignants nécessitent l’examen de dossiers qui se trouvent à l’université… etc…
De plus, l’annonce de la fermeture s’est faite par e-mail, sans annonce publique (le site de l’université est muet, je l’ai donc placée sur le site du département de sociologie, heureusement mis-à-jourable depuis l’extérieur), et à effet immédiat. Certaines personnes, alors dans l’université, relatent ainsi cette fermeture :

Il est 16h30 heures et Paris8 est en train d’etre évacué par les vigiles avec sirène d’évacuation
Le mail de la présidence vient de tomber après le passage des vigiles…
source : Misol, avec une photo des vigiles.

Vu d’ailleurs raconte aussi le blocage présidentiel et l’étrange “maladie” du président Lunel.
Les réactions à cette fermeture sont nombreuses… Un de mes collègues du département de sociologie, dans une lettre au président, écrit notamment :

Une telle décision de fermeture, sans concertation avec les conseils et les directeurs d’UFR, tend par ailleurs à renforcer l’idée que nous sommes gouvernés d’une manière autoritaire, sans respect des principes élémentaires de la démocratie, sur des enjeux qui nous concernent au plus haut point. Précisément ce que nos étudiants ont ressenti à propos de la loi sur le CPE.

Une autre de mes collègues écrit :

Les conseils n’ont pas été consultés, les personnels et les usagers non plus. La nature de vos craintes reste obscure. Quelles sont vos “raisons draconiennes de sécurité”? Quels désordres pensez-vous éviter en fermant l’université? Avez-vous mesuré la désorganisation que vous provoquez ?
Il est clair que votre décision n’est pas sans conséquence. Elle porte d’abord préjudice à tous ceux qui s’investissent dans l’université et qui ont besoin des moyens qu’elle met à leur disposition. Etudiants et personnels, vous nous privez de notre lieu de travail.

Les prises de position collectives et les actions devraient être présentées sur Vu d’Ailleurs (dont les rédactrices font aussi partie d’un Comité pour une validation équitable, une forme intéressante de mobilisation collective).

Pour en savoir plus, la bibliographie de Pierre Lunel :
L’abbé Pierre, une vie (2006), Un bébé, s’il vous plaît ! : démons et merveilles de la procréation assistée (2004), Les nouveaux rois mages : rencontre avec des êtres de lumière qui nous aident à vivre (1998), Les mystères de Rome : roman (1996), Mes images de bonheur, de misère et d’amour, (avec l’Abbé Pierre) (1994)… mais aussi une série de romans avec Jean-Paul Franceschini : Caligula (2003), Les dames du Palatin (2001), Poison et volupté : roman (2001)…
(Je n’ai pas trouvé d’ouvrages de droit… ils doivent être bien cachés dans le catalogue de la BnF)

mise à jour : Des étudiants en philosophies de Paris 8 prennent le train en marche et présentent désormais certaines informations sur http://paris8philo.over-blog.com/.

Sociologue et freakonomie

Après Sébastien Fath, c’est ContreBande, étudiant-sociologue anonyme, qui rejoint le troupeau. L’un de ses premiers billets inaugure une comparaison entre sociologie et économie, à partir des Freakonomics de Steven Levitt : “[P]our le sociologue, ce sont d’autres problèmes qui se posent. Levitt est l’exemple même de l’offensive économique dans les sciences sociales.”
L’auteur de ContreBande se présente comme un “Etudiant en sociologie, option incertitudes”, mais aussi immédiatement comme un “jeune chercheur qui veut dissimuler ses lacunes” — faute de dissimuler entièrement son identité… [un anonymat qui me rappelle celui de M Le Maudit ou de feu Phersu ou de feu Marsyas (on ne sait pas pourquoi il a disparu, d’ailleurs)]

Les Putes (point org)

Il y a quelques mois, la Marche des trans – Existrans reprenait des formes de mobilisation — et de visibilisation dans l’espace public — dérivées des parades gaies et lesbiennes, les gay prides. Il y a quelques semaines, c’était au tour du groupe Les Putes de proposer une “pute pride”. Pour comprendre, tout d’abord, regardons ensemble deux reportages sur la Pute Pride (i>Télé et France3).
On constate que le répertoire de la “pride parade” n’explicite pas tout. Les parades mettent en valeur une succession de combinaisons identitaires (gay/techno, lesbienne/hard-rock, LGBT/chrétien, HEC/gay-lesbiennes, etc…) sous un même parapluie. La “pute pride” reste mono-identitaire (et l’on pourrait croire aussi à une sorte d’usage tourné vers la dérision ou l’ironie de certains codes des manifestations publiques gaies et lesbiennes).
La “pute pride”, beaucoup plus, semble répondre directement au constat problématique que fait Lilian Mathieu au début de son ouvrage, Mobilisations de prostituées :

pourquoi les individus qui se trouvent dans les situations les plus défavorisées et les plus dévalorisées, qui vivent dans les conditions les plus précaires, les individus soumis à des formes multiples de domination, de marginalisation ou de stigmatisation, sont-ils aussi ceux qui se révoltent le moins contre cette situation négative

La situation prostitutionnelle devient ainsi un cas “paradigmatique”, un cas extrême permettant d’accentuer certains traits. Mathieu analyse alors différentes mobilisations publiques (occupations d’églises dans les années 1970, tentatives de constitution d’un mouvement transnational dans les années 1990, actions “communautaires” dans le cadre de la lutte contre le sida…). Il porte son attention non seulement sur les ressources collectives (soutien d’associations…) mais aussi sur les “ressources individuelles” qui favorisent l’investissement dans l’action collective : “L’investissement dans l’action sociale peut ainsi apparaître comme une stratégie plus ou moins consciente de rattrapage, de reclassement, ou de repositionnement social.”

La dissolution du sex-shop

En Italie, les pharmacies vendent des vibromasseurs, pendant qu’en Caroline du Sud, un député républicain tente de les interdire.

L’on trouve peu de sources cohérentes permettant de comprendre l’évolution du nombre ou de la localisation des sex-shops. On ne les trouve pas beaucoup dans les guides touristiques, très peu dans les pages jaunes… Les magazines échangistes sont plus intéressants (ils servent de ressources aux échangistes ayant besoin d’adresses), mais souvent trop éphémères : ils ne vivent que quelques années.
Cette carte de Toulouse (parue en 1977 dans le magazine semi-pornographique Elle et lui) est donc bien rare : elle recense une partie des établissements (sex shops, bars “où les couples peuvent élargir le cercle de leurs connaissances”, etc…)

Depuis 2000, un guide touristique spécifique, le “Guide Musardine“, recense et note plusieurs centaines d’adresses. Les “sex-shops” figurent de manière centrale dans ce livre. Au fil des années, c’est à leur dissolution que le lecteur assiste. Voici quelques extraits, entre 2000 et maintenant.

Musardine 2000 :

Il y a plus d’une centaine de sex-shops à Paris, la petite musardine en a visité un grand nombre, furetant entre les rayons, interrogeant les vendeurs, se délectant au passage de belles images, s’extasiant parfois devant le génie des hommes qui surent créer des objets si compliqués juste pour le plaisir de faire plaisir. Autant le dire — sans haine et sans violence –, une bonne partie de ces boutiques ne valent pas que l’on courre le risque de se salir rien qu’en y pénétrant ou de glisser sur quelque Kleenex oublié à l’entrée d’une cabine.

Musardine 2002 :

Comme nous l’avions prévu l’année dernière, les sex-shops sont de plus en plus menacés par la rénovation des quartiers où ils se sont installés. Pourtant la plupart d’entre eux ont bien résisté aux offensives combinées de la morale et de la promotion immobilière. (…) Avouons-le au risque de sembler bégueule, nous préférons aller dans des magasins plus clean, situés dans des quartiers moins ouvertement consacrés au sexe, quand il s’agit de faire nos emplettes intimes – très intimes !

Musardine 2005 :

En l’espace de quelques mois, l’usage des sextoys, en particulier pour les filles, est devenu un véritable phénomène de mode. Ansi en juillet dernier, nous apprenions que Halle Berry en personne était une cliente régulière de la boutique Pleasure Chest de Los Angeles. (…) Donc, plus d’hésitation, on y va ! Et sans hésiter puisqu’aujourd’hui les godes et les vibros sont en vente aux galeries Lafayette.

Musardine 2006 :

Le terme “sex-shop” risque de disparaître bientôt de notre vocabulaire. (…) Nous préférons désormais parler de boutiques sexy! (…) Cette révolution que nous avons longtemps appelée de nos voeux dans ce guide est enfin en cours. Le sex-shop nouveau est arrivé!

On le constate, le Guide musardine du Paris sexy n’est pas qu’une simple collection d’adresses, il tient sur les magasins pornographiques un discours esthétique. Pas un discours moral, ni un discours économique (les tenants de l’ordre moral et les promoteurs immobiliers sont dénigrés en 2002). Mais un discours esthétique : ce qui est mis en valeur c’est la propreté, le bon goût et les décisions d’achat d’actrices américaines. Le Guide musardine laisse donc de côté les sex-shops “traditionnels” en valorisant “ces boutiques charmantes, voire élégantes [qui] sont l’exact opposé du magasin sombre et dégoûtant que nous avons souvent dénoncé dans nos colonnes.”
Pas d’ordre moral, donc, mais un beau goût de classe.
Certes, mais y a-t-il encore des oppositions morales aux sex-shops ? Le cas de la rue Saint-Denis est fort intéressant : les oppositions aux sex-shops se font explicitement sur une base non-morale. J’entends déjà certains écrire en commentaire que ces déclarations ne sont que la surface, et que c’est bien un ordre moral que soutiennent les opposants. Mais il me semble au contraire important de comprendre l’abandon du registre moral, ainsi que ce qui le rendait utilisable auparavant. Car les premières oppositions à l’implantation des sex-shops, au cours des années 1970, se fait bien sur une base morale, explicitement. A cette époque, le registre moral n’était pas seulement un registre permettant une mobilisation, ou une “monté en généralité” des arguments, c’était aussi un registre juridique et politique. Certaines forces cherchaient à représenter l’ordre moral. Et la notion de “bonnes moeurs” était protégée par un article du code pénal. Aujourd’hui, le code pénal a abandonné l’outrage aux bonnes moeurs. Le registre moral ne mène plus nulle part.
Les sociologues avaient cependant construit la notion de “croisade morale” (ou, pour citer Howard S. Becker, d'”entreprise de morale”) qui permet assez bien de rendre compte des mobilisations collectives contre ces magasins. Aurait-on donc affaire à une “croisade morale” sans morale ?
Un élément de réponse se trouverait dans le fait que le passage de la mairie du deuxième arrondissement de Paris de la droite (et la droite dure) à la gauche écologiste en 2001 n’a pas changé grand chose à la volonté du personnel politique élu de limiter l’implantation des sex-shops (et des peep-shows) rue Saint-Denis. Le maire du deuxième arrondissement déclare alors qu’il “n’y a pas de volonté de moraliser le quartier” (dans Le Parisien, 27 mars 2006) en commentant son rôle dans le remplacement de certains magasins par des commerces d’un autre type. C’est au nom de la tranquillité publique que les actions sont menées.
Recherche de la tranquillité et croisade esthétique se conjuguent pour faire disparaître les ambiances glauquissimes des sex-shops

Mes autres billets sur ces magasins

Sexe, genre, etc…

Certaines distinctions apparaissent naturelles ou essentielles jusqu’au moment où l’on essaie de les préciser. La distinction entre “homme” et “femme” semble a priori évidente, mais il est possible de remarquer assez vite que les bases de la distinction sont assez floue.
Prenons l’exemple de la signalisation des toilettes et autres gender signs (signes et panneaux rassemblés par Eszter Hargittai de Northwestern University.
On sait que la plupart des toilettes demandent une répartition des êtres qui les fréquentent en deux classes. La répartition a une origine technique (le mobilier est adapté à l’appareil urinaire) et pratique (certains usages sociaux du corps). Mais en droit la répartition s’opère selon l’appartenance sexuée des êtres (les plus jeunes peu autonomes étant dispensés).
Les signes les plus courants opèrent une distinction vestimentaire. Le sexe de la personne est désigné par des normes vestimentaires (robes / pantalons) apparemment exclusives l’une de l’autre.
DSC00014
Le caractère conventionnel est évident : les personnes ne basent absolument pas leur comportement suivant le pictogramme. Cinq minutes d’observation attentive révèlent qu’un bon nombre de personnes en pantalon choisissent d’entrer dans des toilettes pour robes.
D’autres signes s’appuient sur une distinction grammaticale (Il/Elle, Lui/Elle, He/She, Him/Her…)

Photo Kosmar

Ici encore c’est à groupe d’appartenance que se réfèrent les affichettes.
D’autres sur des formes habituelles de comportement (certaines personnes urinent debout, d’autres assises) :

Photo Delta Avi Delta


Photo Olijfblad

ou encore :

Photo jakebouma

Et les panneaux indiquent le mobilier le plus probablement disponible à l’intérieur. Mais ce n’est pas en fonction d’un choix personnel que la répartition doit se faire : c’est en fonction de ce que les personnes s’imaginent être le choix de comportement de la grande majorité de ses congénères. Il n’y a pas de sujet citoyen, créateur de ses propres règles ici.
Rares sont les panneaux à s’appuyer sur l’apparence physique de l’appareil urinaire pour en déduire une appartenance sexuée (et donc un WC plutôt qu’un autre) :

Sans doute pour clarifier, c’est le “sexe chromosomique”, le sexe déduit de la composition chromosomique des personnes, qui est choisi comme base de la répartition des individus en deux catégories séparées :

Photo Kosma

Mais le sexe chromosomique est invisible à l’oeil nu, et fait rarement partie des connaissances immédiates (comme le niveau de radioactivité, il n’est visible qu’indirectement, grâce à un appareillage spécifique).
Ce signe, humoristique, qui provient du musée de la science fiction de Seattle, essaie de proposer une répartition universelle :

Photo Liz Henry

Mais ce n’est pas très clair : ce panneau se présente comme une pierre de Rosette, où les hiéroglyphes sont traduits et groupés en deux classes d’équivalence (robe, XX, “female sign” ♀ — Unicode U+2640 –) où sexe (biologique, social, chromosomique, etc…) et genre sont finalement similaires.
Le fait que rares soient les personnes à se tromper de toilettes (qu’elles aient le sentiment de se tromper ou que des observateurs aient ce sentiment) est une belle preuve de la naturalisation des normes sociales, qui apparaissent immédiates et évidentes. Et leur remise en cause nécessite un important travail politique, du type de celui que propose le Sylvia Rivera Law Project, qui parle “the persistent discrimination, harassment, and violence that people who transgress gender norms face in gender segregated bathrooms

Dans le même ordre d’idée : Une histoire des bonshommes de feu rouge

Sociologie et blogs.

En 2003, peu de sociologues francophones s’étaient emparés d’internet pour tenter de diffuser leurs travaux, ou, plus modestement, des morceaux de réflexion. Je n’avais trouvé qu’un seul blog.
Depuis quelques semaines, il y en a un peu plus. Sébastien Fath, mentionné il y a quelques semaines, suivi par Yannick Fer (membre comme moi du CEIFR) — deuxième billet, une présentation de son terrain — , et Fabrice Desplan, docteur en sociologie. Tous trois étudient principalement des églises protestantes (évangéliques, pentecôtistes ou adventistes).
Fabrice Fernandez (ATER à l’université du Havre) se concentre sur la sociologie de la “déviance” et de la “santé mentale” (il inaugure son blog par ce billet : “De la déviance à la santé”).
Déjà mentionné ici, Contrebande, qui a choisi un anonymat relatif, cherche encore sur quoi chercher (il est plus jeune).
Jacques Delcourt (apparemment professeur émérite à l’université catholique de Louvain) débute tout juste…
D’autres blogs ? (laissez un commentaire)

mises à jour : QueerLinguistick, le blog d’un doctorant, dont la thèse porte sur l’humour gay… Sociologie ou anthropologie ?
socio-strasbourg.org, étudiants en sociologie de Strasbourg (un spin-off de laurent-haberkorn.info)
Tentative, blog d’un doctorant à l’université Bordeaux 2
Véronique Altglas, sociologie des religions.

Joies perverses

Deux étudiantes de Paris 8, par ailleurs membres du “Comité pour une validation équitable“, relaient dans leur blog la création d’un journal local, ayant pour titre Saint-Denis News.com. Un journal qui promet, sur son site internet “indépendance, satyre et investigation”…
J’en redemande. Surtout des Satyres… on en voit trop peu en ce moment. De la satire, heureusement, ce journal n’en propose pas, mais bel et bien de bons vieux Satyres, un peu pervers-pépères, avec l’imperméable et l’oeil nécessairement torve.

Satyrique à souhait, SaintDenisNews.com se voudra d’être aussi une véritable plateforme de journalisme d’investigation.

On sait déjà où l’investigation du créateur de ce journal se portera, non ? Une comparaison des correcteurs d’orthographe ?

Recrutement

Nous avons, au département de sociologie de l’université Paris 8, outre des collègues qui écrivent dans Libération, un recrutement, pour un poste de maître-sse de conférences, sur un “profil fléché”, “rapports sociaux de sexe“. La procédure a commencé et les dossiers ont été répartis cet après-midi. Il fallait répartir quelques 90 dossiers de candidature (en deux exemplaires chacuns) à 16 rapporteurs (il y a deux rapporteurs par dossier).
Voici une photo “avant/après” :
Recrutements université Paris 8
mise à jour : les résultats de notre travail.