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Les Putes (point org)

Billet publié le 14/04/2006

Il y a quelques mois, la Marche des trans – Existrans reprenait des formes de mobilisation — et de visibilisation dans l’espace public — dérivées des parades gaies et lesbiennes, les gay prides. Il y a quelques semaines, c’était au tour du groupe Les Putes de proposer une “pute pride”. Pour comprendre, tout d’abord, regardons ensemble deux reportages sur la Pute Pride (i>Télé et France3).
On constate que le répertoire de la “pride parade” n’explicite pas tout. Les parades mettent en valeur une succession de combinaisons identitaires (gay/techno, lesbienne/hard-rock, LGBT/chrétien, HEC/gay-lesbiennes, etc…) sous un même parapluie. La “pute pride” reste mono-identitaire (et l’on pourrait croire aussi à une sorte d’usage tourné vers la dérision ou l’ironie de certains codes des manifestations publiques gaies et lesbiennes).
La “pute pride”, beaucoup plus, semble répondre directement au constat problématique que fait Lilian Mathieu au début de son ouvrage, Mobilisations de prostituées :

pourquoi les individus qui se trouvent dans les situations les plus défavorisées et les plus dévalorisées, qui vivent dans les conditions les plus précaires, les individus soumis à des formes multiples de domination, de marginalisation ou de stigmatisation, sont-ils aussi ceux qui se révoltent le moins contre cette situation négative

La situation prostitutionnelle devient ainsi un cas “paradigmatique”, un cas extrême permettant d’accentuer certains traits. Mathieu analyse alors différentes mobilisations publiques (occupations d’églises dans les années 1970, tentatives de constitution d’un mouvement transnational dans les années 1990, actions “communautaires” dans le cadre de la lutte contre le sida…). Il porte son attention non seulement sur les ressources collectives (soutien d’associations…) mais aussi sur les “ressources individuelles” qui favorisent l’investissement dans l’action collective : “L’investissement dans l’action sociale peut ainsi apparaître comme une stratégie plus ou moins consciente de rattrapage, de reclassement, ou de repositionnement social.”

[yarpp]

3 commentaires

Un commentaire par Zezetta Star (15/06/2006 à 2:56)

Abolitionnisme = fascisme, violence faite aux putes !

A force de nous entendre sans arrêt dire que nous ne sommes que des marchandises, des corps qui se vendent, que nous ne nous respectons pas, que nous aurions été violées dans notre enfance, qu’il faut nous réinsérer, que nous portons atteinte à notre dignité, à notre santé psychique, les abolitionnistes ont fini par briser des vies. L’abolitionnisme est une forme de maltraitance psychologique.
Pour les abolitionnistes, nous ne serions acceptables que malheureuses afin de confirmer l’image qu’ils veulent donner de nous. Les abolitionnistes nous aiment malheureuses.
Mais si l’une d’entre nous se rebelle et revendique sa liberté de se prostituer, de disposer librement de son corps, suivant pourtant une démarche féministe, elle sera de suite taxée: non représentative, égoïste, salope nymphomane forcément perturbée , qui légitimerait les viols et qu’il faut donc punir.
Tu n’es pas malheureuse ? Tu ne veux pas te réinsérer ? Contrôle fiscal, retrait de la garde des enfants, amendes et PV, humiliations, harcèlement policier, expulsions.
Ni retraite, ni sécu, aucun droit ne nous est accordé.
Comme si cela ne suffisait pas, les abolitionnistes veulent maintenant la pénalisation des clients. Ou comment entraver à la liberté sexuelle. De quel droit prétendent ils refuser à des adultes consentants cette liberté ? Comment décréter à tout prix comme violence ce qui ne l’est pas ? Ils devraient pourtant savoir que réprimer les clients revient à pénaliser les prostituées qui pour protéger leur clientèle seront comme en Suède obligées de se cacher, de s’enfoncer davantage encore dans la clandestinité et donc d’en subir les conséquences à savoir : violences et proxénétisme.
Personne n’oblige pourtant les abolitionnistes à nous imiter s’ils ne veulent pas se prostituer. Quelle est donc cette morale qui prétend interdire de baiser en dehors du couple, de sentiments amoureux, avec des inconnus, nombreux, avec ou sans désir, avec ou sans plaisir, juste par intérêt ? Par quel dictat devrions nous subir la même vie sexuelle qu’eux.
Nous finissons par croire, que ce qui les dérange le plus c’est que nous les putes sommes souvent beaucoup plus épanouiEs qu’ils ne le sont.
Alors qu’ils cessent de vouloir nous imposer leur morale judéo-chrétienne, et s’ils veulent faire quelque chose d’utile pour lutter efficacement contre le proxénétisme et les réseaux de traite qu’ils nous aident à obtenir un statut de travailleuSEs et l’application des droits de l’homme.
Nous Les Putes luttons contre toute forme d’exclusion sociale contrairement aux abolitionnistes qui veulent par des méthodes fascistes nous exclure de la société.

Rendez-vous du mois de juin 2006, à Paris en partenariatavec Femmes de Droit et le PASTT :
Mercredi 21 juin : Pique-nique de 11h à 15h place de l’Hôtel de Ville
Jeudi 22 juin : Communication du rapport de la Ligue des Droits de l’Homme sur les violences policières sur les prostituéEs
Samedi 24 juin : Marche des Fierés LGBT-P
Mercredi 28 juin : Assemblée Générale des TravailleuSEs du sexe – 14h lieu à préciser

Un commentaire par Zezetta Star (09/07/2006 à 22:37)

Non à la pénalisation de nos clients !

http://www.petitiononline.com/lesputes/petition.html

Dans le journal Libération du 6 juillet 2006, nous avons pu lire que deux députés socialistes Christophe Caresche et Danielle Bousquet venaient de déposer une proposition de loi afin de pénaliser les clients des travailleuSEs du sexe.
Cette revendication est portée depuis longtemps par Laurence Rossignol, responsable de la commission Femmes de votre parti, mais également soutenue par la candidate à l’élection présidentielle la plus portée actuellement par les sondages à savoir Ségolène Royal.

Nous sommes très inquiètEs que le modèle suédois puisse s’appliquer en France quand on sait les difficultés que cette loi apporte depuis quelques années aux travailleuSEs du sexe : clandestinité accrue pour protéger les clients, hausse du proxénètisme, rééducation forcée, arrêt des actions de prévention des associations de santé communautaires.

Pourquoi le Parti Socialiste veut-il à ce point aggraver la situation des travailleuSEs du sexe en les clandestinisant encore plus et ainsi développer le proxénétisme et faire le jeu des réseaux ?

Nous exigeons :

– le retrait immédiat de cette proposition de loi
– le retrait des mêmes propositions de votre programme pour les présidentielles 2007
– une révision des lois sur le proxénétisme qui ne doivent plus empêcher les travailleuSEs du sexe de vivre en famille, de circuler librement pour les étrangères ou de louer un studio pour travailler, mais bien de combattre les violences, et l’extorsion de nos revenus.
– l’abrogation des ordonnances de 1960 faisant des travailleuSEs du sexe des inadaptéEs sociales
– l’abrogation de l’article L50 de la Loi pour la Sécurité Intérieure de mars 2003 pénalisant le racolage passif
– la régularisation immédiate de touTEs les sans-papiers

Association Les Putes
http://www.lesputes.org

Un commentaire par Bizz (25/06/2007 à 3:07)

Quel est l’état de santé des prostitués par rapport aux travailleurs d’autres secteurs? Le milieu de la prostitution est-il plus consommateur de drogue? Le taux de suicide est-il plus élevé parmi les prostitués? À quel âge doit-on cesser (en moyenne) de se prostituer.

Tout le reste est du flan.