Viols collectifs et banlieues : du “barlu” aux “tournantes”
Il y a quelques années, autour de 2002, le scandale des “tournantes” faisait rage, et était souvent décrit comme un symptome de la déliquescence du “lien social”, comme résultant d’un défaut d’éducation… et encore plus souvent — nouvel habit de la xénophobie selon Mucchielli — comme un signe de l’impossible intégration des hommes musulmans.
Mais les viols collectifs n’ont rien de neuf, ni même les viols collectifs perpétrés, en banlieue, par des bandes de jeunes, qui faisaient déjà, en janvier 1967, l’objet d’un article du magazine semi-pornographique et luxueux, Le Nouvel Adam [PDF], découvert par hasard alors que je dépouillais les magazines de la fin des années soixante, à la recherche d’autre chose. Il y a quarante ans, nos grands-parents ne parlaient pas de “tournantes”, mais de “rodéos” ou de “barlus” :
Le phénomène débute aux environs de 1950, mais il ne prend de réelle ampleur qu’en 1964. (…) De quoi s’agit-il ? D’une véritable cérémonie moderne organisée par des bandes de jeunes. (…) Jusqu’à présent, en effet, le viol — si viol il y avait — était le fait d’un individu isolé, à la rigueur de deux personnes — souvent ivres, et qui regrettaient leur geste. (…) Aujourd’hui, le viol est devenu collectif, c’est à dire qu’il se pratique en bande, devant un parterre de spectateurs soigneusement choisis — et les participants sont de plus en plus fréquemment des moins de vingt et un ans. Il se déroule dans les grandes banlieues de Paris…
source : Le Nouvel Adam, janvier 1967.
Lien vers l’article du Nouvel Adam au format PDF
Pour aller plus loin que ces quelques lignes : Laurent Mucchielli, “Les « tournantes » : mythes et réalités”
mise à jour : ce petit billet (et surtout l’article du Nouvel Adam) a été remarqué par Citron Vert [que je ne connaissais pas encore] et d’une brève sur rezo.net…
11 commentaires
Un commentaire par cossaw (29/06/2006 à 11:51)
Notez le “si viol il y avait” de bon goût…
Un commentaire par Cobab (30/06/2006 à 13:46)
Et bien sûr, c’était un phénomène « nouveau », comme chaque fois.
Un commentaire par lo (01/12/2006 à 20:38)
la publicité la mode et la télé entraine les viols il n’y a plus de limites!!!c’est une honte en 2000!!
Un commentaire par Emmanuelle (16/01/2007 à 14:15)
bonjour,
j’ai été victime d’un viol collectif à l’âge de 14 ans. Il m’a fallu sept longues années avant que je réussisse à porter plainte en 2001. La question récurrente: pourquoi avoir attendu si longtemps avant de porter plainte? La réponse est simple, le traumatisme empêche de mettre des mots sur les maux et ce n’est pas facile d’avoir à accuser. En parler à la justice a été une délivrance, même si les longues interrogations sont pénibles car il faut démontrer que l’on est victime.Depuis 2001, deux personnes , parmi les cinq qui ont participé ,sont identifiées (et par ailleurs récidivistes). En mars 2006, j’ai subi une confrontation avec deux des agresseurs. Je dénonce le fait que je me suis retrouvée en contact avec l’un d’entre eux dans le couloir du palais de justice, sans protection. En février 2007, le procès aura lieu contre les personnes connues depuis 2001!
Au total, la justice a mis six longues années avant de prévoir un procès.
Je n’ai pas retiré ma plainte car elle est le symbole d’une espérée reconstruction: pas évident de se considérer comme une personne quand on a été considérée comme un objet. J’appelle toutes celles (et ceux) victimes d’un viol tel qu’il soit , de pousser la porte de la justice, même si c’est un long combat difficile, il ne faut pas laisser faire ce genre de pratiques destructrices.
Un commentaire par Janvier (28/01/2007 à 11:13)
Nous suivons les manquements de la Justice sur les VIOLS physiques , mais il existe les VIOLS d’Ordre MORAL infligés par les Magistrats , Avocats , Police Judiciaire…
Depuis des années il est réclamé et refusé les photocopies des pièces utilisées par la Chambre Criminelle de la Cour de Cassation nécessaores pour étayer les RECOURS en France , tout comme à la Cour Européenne des Droits de l’Homme ,contre des Arrêts de 1991 , 1994
Un commentaire par Tasha (27/07/2007 à 13:56)
Bonjour,
J’ai moi aussi été victime de viols collectifs, ils avaient moins de 18 ans et certains étaient dans mon collège. J’avais 12/13 ans et la reconstruction est longue. Longtemps j’éai été dans le déni la violence envers moi m^me, la cellule familiale a explosé car je ne parlais pas mais mon comportemebnt avait changé, ils otn bousillé une petite fille, cela se passait à Houilles et je cherche d’autres témoignages, j’ai des informations sur certains des violeurs dont 2 en photo de classe. Cela a eu lieu à Houilles dans le 78 en 1990/91. Plusieurs personnes ont été victimes de ces garçons j’en suis sûre, non de ces monstres, de ces porcs !
Il faut que la justice soit plus sévère car ils bousillent des vies tous les jours, dans les cités et quartiers chauds, cela est fréquent et quand on est timide, introvertie, pas préparée à se défendre, qu’on a pas l’habitude des comportements violents, on s’execute pour sauver sa peau…
Toute ma vie j’y penserai, toute ma vie j’aurais eu cette méfiance visà vis des hommes, souvent l’impression de n’être réduite qu’à un objet pour nepas être vulgaire (…) et il faut l’aide de psy et d’hommes patients pour se reconstruire ! dépasser la honte, la culpabilité, la sensation ed ne rien valoir, d’être sale….
Hâte de lire vos commentaires, témoiganges…
Amicalement,
Un commentaire par céline lou (13/02/2008 à 20:11)
Pourquoi viol et banlieues ? Les viols dans d’autres ” classes sociales” sont tout aussi courants mais juste encore plus cachés et paraissent encore plus improbables.
Un commentaire par Baptiste Coulmont (13/02/2008 à 20:17)
Pourquoi “viol et banlieues” ? Parce que l’article du “Nouvel Adam” était sur ce sujet…
Un commentaire par dadoo (03/02/2009 à 12:20)
JE me demande pourquoi la plupart des viols sont commis sur des femmes?!
C’est une question existentielle qui subsiste à notre époque.
Un commentaire par nina (18/09/2009 à 17:56)
Si la justice appliquait la loi cela permettrait a de nombreuses victimes de déposer plainte et d’essayer de se reconstruire et les agresseurs réfléchiraient a deux fois avant de commettre de tels actes.Ils agissent en toute impunité et ils le savent .C ‘est de la responsabilité de l’état d’appliquer les lois ;ce qu’elle sait très bien faire dans d’autres cas. Mais en france les victimes voient leurs agresseurs ressortirent libres des procés .Cela me révolte ! nina 27ans victime de viols collectifs a répétition de 13 a 14 ans .
Un commentaire par Lahainne (30/11/2012 à 2:26)
Ignominie acte barbare! Si les hommes ‘les violeurs’ agissent en toute impunité c’est que la justice n’assure aucune protection des victimes! Un modèle patriarcale ou un mode archaïque dans un monde où la femme est considérée comme un objet sexuel. Imaginer les forces de police non formé à l’écoute ayant arrêté l’école au collège entendre une victime se plaindre et faire le rapport aux magistrat bref je suppute simplement… Écœuré par cette justice qui protége les criminels de viols et délaissent les victimes!
Des fillettes, parfois des handicapées violées par des hommes malsains fous mxxx!
Courage battez vous et vive les associations de soutien aux femmes!