Dérives sectaires et mineurs
Sébastien Fath, dans un billet de son blog, Pourquoi j’ai refusé l’offre de la Miviludes écrivait :
il n’existe à l’heure actuelle aucun chercheur en sciences sociales des religions parmi les membres de la MIVILUDES elle-même (je ne parle pas du conseil d’orientation). Un seul serait déjà insuffisant, mais aucun ! Ma connaissance d’autres contextes européens (comme la Suisse, par exemple) me rappelle qu’il existe bien d’autres façons de fonctionner que cette étrange manière française qui consiste à mettre à distance ceux que la République paie pour être spécialistes du religieux.
La Miviludes, c’est la mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires. Elle produit, chaque année, un rapport. En ce moment, la Miviludes voit son travail secondé par une commission d’enquête relative à l’influence des mouvements à caractère sectaire et aux conséquences de leurs pratiques sur la santé physique et mentale des mineurs qui se tient à l’Assemblée nationale. Certains des travaux de cette commission sont diffusés sur La Chaine Parlementaire.
Les premières auditions de cette commission révèlent le contexte dans lequel elle se tient : pour l’instant, aucun sociologue ou historien des religions n’a été auditionné, ou ne va l’être prochainement. Aucun membre d’une secte connue non plus apparemment. Aucun représentant des principales religions non-qualifiées de sectes… C’est que, comme le remarquait l’un de mes chers camarades sociologues auteur d’un travail universitaire sur le sujet, la lutte contre les dérives sectaires ne vise plus seulement le monde religieux. Les dérives sectaires, ce sont celles des psychothérapeutes, des travailleurs sociaux, de membres de la famille, d’enseignants… Cela peut être la dérive d’une seule personne, il n’y a plus besoin de communalisation de la croyance. La secte a été laicisée : et au fur et à mesure de sa laïcisation, elle sort du domaine des spécialistes du religieux. Il n’y a plus besoin de curé ou de sociologues des faits religieux pour en parler.
Les personnes auditionnées sont donc en grande partie des professionnels de la lutte contre les sectes : le président du Centre de documentation, d’éducation contre les manipulations mentales, une sociologue travaillant à l’Union nationale des associations familiales, le président du “Centre d’information sur les organisations sectaires nuisibles” (je n’invente pas, c’est le nom de l’association)… Mais semblent visés en priorité certaines thérapies de l’âme : la commission interroge la présidente de l’Association AFSI (Alerte faux souvenirs induits) et le président de l’association “Psychologie vigilance” qui n’ont à première vue pas grand chose à voir avec les sectes telles qu’on les comprenait au début des années 1970.
J’ai regardé avec intérêt certaines des auditions, diffusées en direct ou en différé sur la Chaine parlementaire, et voici un extrait de l’audition de la présidente de Alerte faux souvenirs induits. Les faux souvenirs dont parle la présidente sont ceux qui sont créés à la suite de “thérapies déviantes” (je cite), et qui sont souvent des souvenirs d’abus sexuel, conduisant souvent à des ruptures familiales. L’extrait ne rend pas justice à l’auditionnée : il a lieu à la toute fin de l’audition et Mme Delpech est visiblement fatiguée.
Lien vers l’extrait au format video MP4 [yarpp]
4 commentaires
Un commentaire par Clic (08/09/2006 à 17:46)
si c’était dans un bar, ce serait très drôle… pour une commission chargée d’éclairer notre corps politique, c’est assez désespérant…
sinon, je viens de trouver ce blog que vous allez pouvoir rajouter à vos listes:
http://carolinelegrand2000.hautetfort.com/
Un commentaire par Baptiste Coulmont (08/09/2006 à 19:51)
Oui, mais pour sa défense, elle venait de parler une heure et demi et commençait à avoir du mal à rester concentrée.
Un commentaire par voide nicole (11/11/2006 à 17:03)
Je viens seulement aujourd’hui de prendre connaissance de cette audition, je ne comprends pas pourquoi ces remarques sur Madame Delpech. Rien ne m’a choqué dans ses dires.
Grâce à elle, j’ai découvert ce phénomène qui me touche également personnellement et il faut beaucoup de courage pour en parler et pour se battre contre.
Et il est vrai qu’il est assez désespérant de constater que nous avons peu de moyens pour lutter contre ses dérives de psychothérapeutes véreux ou malades eux-mêmes.
Il faudrait des “infiltrations” dans ce milieu pour aboutir à les démasquer ! Parce que la guérison des personnes manipulées ne me semble guère possible arrivées à ce stade. Et pourtant il faut essayer de faire quelque chose !
Cordialement.
Nicole Voide
Un commentaire par RICOUT DANIEL (26/11/2006 à 9:31)
Les délocalisations engendrent plus de drames et de loin que la cristallothérapie!
Enfin, un peu de bon sens. Et en plus if ne faut pas courrir bien loin pour avoir des témoignages.
Ah quand une commission d”enquetes sur les conséquences des délocalisations pour nos enfants …?
Bref! cette commission est grotesque. Ah si le ridicule pouvait tuer!