Le métier de prêtre
Céline Béraud a publié il y a quelques semaine un livre fort intéressant, Le Métier de prêtre (éditions de l’Atelier). Cet ouvrage propose un croisement fructueux entre sociologie du travail et sociologie des religions, ou plutôt, propose de prendre un des objets centraux de la sociologie des religions (le prêtre) pour l’analyser au travers des problématiques issues de la sociologie du travail (qui s’intéresse surtout aux professions laïques). L’entreprise sera sans doute jugée iconoclaste ou hérétique. A coup sûr par certains prêtres refusant de concevoir leur occupation comme un métier, mais comme une vocation irréductible à toute approche profane. Il ne faudrait pas qu’elle échappe aux sociologues du travail (elle ne le sera sans doute pas totalement, Céline Béraud ayant publié un article, Les « intermittents » de l’Église. Modalités d’emploi des personnels laïcs dans le catholicisme français dans la revue Sociologie du travail.
J’ai dans ce livre un chapitre préféré, le chapitre 2, intitulé “Le statut administratif du prêtre”. Dans ces pages, Céline Béraud prend au sérieux le travail d’objectivation réalisé par l’Etat et ses satellites. Le “prêtre” est ici envisagé en tant que catégorie socio-professionnelle, dans ses relations avec la Sécurité sociale, et enfin à partir du « cas limite » du prêtre au chômage. A travers le “regard” bureaucratique, le prêtre catholique prend forme administrative. Et c’est là un point d’importance. Les catégories construites par le monde séculier ne sont pas sans effet sur le métier de prêtre. On décèle, dans ce chapitre, combien les catégories d’Etat finissent par décrire assez bien ce qu’est un prêtre. C’est à la fois le signe d’un rapprochement de l’Eglise et du monde séculier (un rapprochement fait de compromis avec la Sécu et la possibilité de quitter la prêtrise, et, donc, de se retrouver au chômage). Mais c’est aussi le signe d’une “sécularisation interne” de l’Eglise : quand une grille de lecture séculière finit par s’appliquer — sans trop déformer — à l’Eglise, c’est le signe que, même intérieurement, elle s’est transformée.
L’usage sociologie possible des “formes instituées” (instituées à l’extérieur de la sociologie) est un de mes dadas, et le livre de Céline Béraud ne se réduit pas au statut administratif du prêtre : l’auteure explore aussi (et surtout) la professionnalisation du prêtre (de l’homme orchestre au chef d’orchestre) et le “nouvel idéal vocationnel”, qui s’avère être fortement compatible avec l’idéal de l’accomplissement personnel qui sous-tend d’autres professions.
Full disclosure : je suis cité dans les remerciements (vous savez, le paragraphe que l’on cherche en premier à l’ouverture d’un livre…)
2 commentaires
Un commentaire par KRAFFA (28/11/2006 à 16:51)
Croire ou ne pas croire à l’iréel.
Le sujet: le chiffre 13 et ses effets sur notre quotidien dit ‘moderne’. Les vendredi 13, remarque est de constater la hausse aux jeux du hasard.
Le roman policier que j’ai écrit à paraitre bientôt au éditions amalthée, est une histoire fictive qui traite de ce sujet.
Pour l’histoire: un commissaire né un jeudi 12 à 23h59, traque un groupe sectaire (au nombre de 12 ) aider d’une entité maléfique autrefois déesse de l’amour (Frigga) pour prendre en otage des touristes (au nombre de 12) dans 13 églises de l’Ile-de-France… le dessein des preneurs d’otages, executer leurs otages, et renverser les crucifixes avant de les piégés avec des dynamites. Tout cela pour que la force du mal s’établisse dans la ville des lumières.
Alors l’intrigue vous en dit ? A bientôt pour les critiques. Merci.
Un commentaire par kraffa (06/12/2007 à 12:26)
Suite au commentaire du 28/11/2006 à 16:51. “Croire ou ne pas croire ?”
Le roman policier “Le Facteur 12+1” est parut dépuis le 15 fevrier 2007, aux éditions Amalthée.
Pour l’acquérir : Amazon.fr, fnac.com (ou à la fnac), chez tous libraires (commande), ou directement à la maison d’éditions Amalthée. Bonne lecture.
Remarque: le livre de Céline Béraud, “Le Métier de prête”, (éditions de l’atelier) publié le 15/10/2006, qui s’intéresse aux professions laïques, est riche d’enseignements, et permet de comprendre l’interaction de cette profession décrite par les catégories d’Etat. Enfin utile pour connaitre la vocation (ou métier) de prêtre. Saviez-vous qu’un prête peut être au chômage ? Vous saurez la réponse en lisant ce livre.
Dans un autre régistre, l’excellent livre sociologique de BaptisteCoulmont sur les “Sex shops”, décripter, et codifier, montre l’interaction de ce lieu emblématique qu’on dit être celui de “la misère sexuelle). Cette étude montre le Jeu des acteurs (entre norme et deviance sociale). Autre enseignements du livre: la délimitation et emplacement des sex-shops.
Conseil : à avoir dans sa bibliothèque.