Objet de plaisir…
J’ai commis un petit article pour la revue en ligne EspacesTemps.net. Il porte sur certains Objets de plaisir…
J’ai commis un petit article pour la revue en ligne EspacesTemps.net. Il porte sur certains Objets de plaisir…
Est examiné en ce moment un projet de loi visant à réformer la protection de l’enfance. Des députés y ont inséré un amendement visant à interdire certains magasins à moins de 200 mètres des écoles
Protection enfance : pas de sex-shop à moins de 200 m des écoles
Les députés français ont décidé dans la nuit de mardi à mercredi d’interdire l’installation de sex-shops “à mois de 200 mètres” d’un établissement scolaire. Ils l’ont fait lors de l’examen d’un projet de loi sur la protection de l’enfance.
Les députés ont approuvé, avec l’avis favorable du gouvernement, un article additionnel, présenté par la rapporteure Valérie Pécresse et le député du Rhône Bernard Perrut (UMP, droite), prévoyant ce dispositif.
Il est ainsi précisé qu’”est interdite l’installation, à moins de 200 mètres d’un établissement d’enseignement, un établissement dont l’activité est la vente ou la mise à disposition du public d’objets à caractère pornographique”.
L’infraction à ce dispositif “est punie de deux ans d’emprisonnement et de 30’000 euros d’amende”, indique l’article additionnel, qui autorise les associations de parents d’élèves, de jeunesse et de défense de l’enfance en danger, régulièrement déclarées depuis au moins cinq ans à la date des faits, de se porter partie civile.
SDA-ATS (source)
Une loi assez proche existait depuis 1987, mais elle s’intéressait aux magasins proposant des “publications” à caractère pornographique. En changeant de critère (“objets” et non plus “publications”), la nouvelle loi étend de beaucoup son champ d’action.
Le compte-rendu analytique de la séance d’examen est bref :
Mme la Rapporteure – À l’initiative de M. Perrut, la commission a adopté l’amendement 9 rectifié qui interdit d’installer à moins de 200 mètres d’une école un établissement de vente d’objets à caractère pornographique.
Mme Muguette Jacquaint – Très bien.
L’amendement 9 rectifié, accepté par le Gouvernement, mis aux voix, est adopté.
source
Mise à jour (2007 01 11) :
Le compte-rendu intégral n’est pas bien plus long :
M. le président. Je suis saisi d’un amendement n° 9 rectifié.
La parole est à Mme la rapporteure, pour le défendre.
Mme Valérie Pecresse, rapporteure. Initialement présenté par notre collègue Bernard Perrut, cet amendement a été réécrit. Il propose d’interdire « l’installation, à moins de deux cents mètres d’un établissement d’enseignement, d’un établissement dont l’activité est la vente ou la mise à disposition du public d’objets à caractère pornographique ».
M. Serge Blisko et Mme Muguette Jacquaint. Très bien !
M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement ?
M. le ministre délégué à la sécurité sociale, aux personnes âgées, aux personnes handicapées et à la famille. Avis favorable.
M. le président. Je mets aux voix l’amendement n° 9 rectifié.
(L’amendement est adopté.)
(source)
Serge Blisko est député socialiste de Paris et Muguette Jacquaint est députée communiste… La lutte contre les sex-shops ne connait pas les frontières partisanes.
L’amendement avait été rectifié par rapport à sa première version (juillet 2006). En voici l’exposé :
Cet amendement visant à limiter l’installation des sex shops à proximité des établissements scolaires doit être rectifié car sa rédaction initiale n’était pas assez précise. En utilisant l’expression « produits dont la vente est prohibée aux mineurs » cet amendement prêtait à confusion et pouvait aussi concerner les cafés ou les kiosques. C’est pourquoi la rédaction proposée précise que l’interdiction d’installation vise les établissements mettant en vente ou présentant des objets à caractère pornographique.
La protection de l’enfance constitue une priorité pour nous tous et nous sommes sensibles au débat selon lequel l’effet d’accoutumance et l’exposition fréquente aux productions pornographiques mettraient en danger les mineurs, victimes de perturbations psychiques et comportementales.
Chacun en convient aisément, les images véhiculées par l’industrie pornographique sont dégradantes et portent atteinte à la dignité de la personne humaine.
Il n’est pas admissible que des enfants, à la sortie des écoles soient témoins de comportements tendancieux liés aux sex-shops.
Il convient donc de préciser les dispositions de l’article 99 de la loi n° 87-588 du 30 juillet 1987 portant diverses mesures d’ordre social et en premier lieu de faire passer de 100 à 200 mètres le périmètre d’installation des établissements dont l’activité principale consiste à mettre à la disposition du public des produits et publications pornographiques.
(source)
L’on constate donc que les défenseurs des kiosques et des cafés ont réussi à se mobiliser, rapidement, pour obtenir la modification d’un amendement qui risquait de les concerner. Le petit commerce pornographique, lui, au contraire, a totalement échoué dans la défense de son bout de pain. L’amendement insiste sur le fait que “des enfants, à la sortie des écoles [sont] témoins de comportements tendancieux liés aux sex-shops“… chose que je trouve relativement intéressante, étant donnée l’absence de fondements objectifs (principalement l’absence de recherches empiriques).
Et voici le texte de cet amendement :
L’article 99 de la loi n° 87-588 du 30 juillet 1987 portant diverses mesures d’ordre social est ainsi rédigé :
« Est interdite l’installation, à moins de deux cents mètres d’un établissement d’enseignement, un établissement dont l’activité est la vente ou la mise à disposition du public d’objets à caractère pornographique. L’infraction au présent article est punie de deux ans d’emprisonnement et de trente mille euros d’amende.
« Sont passibles des mêmes peines les personnes qui favorisent ou tolèrent l’accès d’un mineur à un établissement où s’exerce l’une des activités visées au premier alinéa.
« Pour cette infraction, les associations de parents d’élèves, de jeunesse et de défense de l’enfance en danger, régulièrement déclarées depuis au moins cinq ans à la date des faits peuvent exercer les droits reconnus à la partie civile. »
(source)
Comme vous l’avez remarquez, la nouvelle loi sera beaucoup plus large : l’ancienne loi se basait uniquement sur des “publications” (qui avait déjà été interdites aux mineurs par le ministère de l’intérieur), et il fallait que ces établissement aient comme activité “principale” leur vente. La nouvelle loi est plus floue, elle s’intéresse aux “objets à caractère pornographique”, et l’activité n’a plus à être “principale”. De plus, un plus grand nombre d’associations pourra se porter partie civile et porter plainte (auparavant, seules les associations de parents d’élèves étaient autorisées à êtres reconnues partie civile).
Il ne reste plus, au Sénat, qu’à voter la loi dans les mêmes termes pour qu’une nouvelle règle s’ajoute au millefeuille juridique et administratif régissant les sex-shops. Mais au Sénat, lors d’une des dernières tentatives de création d’une loi sexshopicide, la voix forte de Robert Badinter s’était faite entendre : “Mes chers collègues, véritablement je ne suis pas sûr qu’on ait mesuré la portée de ce qu’on est en train de faire ! Je n’ose penser aux malheureux collègues professeurs de droit qui auront à présenter à leurs étudiants ce texte concernant finalement la suppression pure et simple, par une voie détournée, des sex-shops !” (30 octobre 1997). Réitèrera-t-il son opposition ?
Pour plus de précisions voir un ancien billet sur ce même blog : pornographie et gestion spatiale
Voici quelques images recueillies pendant un séjour récent à New York.
Tout d’abord, ce “Prayer Booth” (cabine à prière), construite par un artiste en reprenant les codes graphiques des cabines téléphoniques américaines. On n’en voit pas encore dans les rues, et le brevet n’a pas été déposé, mais l’idée est amusante et fait réfléchir aux supports matériels de la foi — en rendant visibles certains supports incongrus.
[Pour en savoir plus : le prayer booth en situation – d’autres oeuvres de Dylan Mortimer – le site de Dylan Mortimer]
L’article suivant, toujours extrait du New York Times est plus triste : une étude interne de l’Eglise catholique montre les difficultés de la gestion de l’argent basée sur la confiance et le cash. L’argent de la quête dominicale semble particulièrement touché par ces cas d’embezzlement (détournement frauduleux) :
Brooklyn est la ville aux milliers d’églises, connu sous le nom de “Borough of Churches”, le quartier des églises. Parfois, ces églises sont d’anciennes synagogues, comme le souligne cette exposition à la Brooklyn Historical Society, From Synagogue to Church: Converted Brooklyn Houses of Worship. Des synagogues, qui avaient été construites dans des quartiers à population juive, ont été revendues une fois les juifs partis, ou parce que le bâtiment était devenu trop petit… Mais les signes de judaïté ne disparaissent pas aussi vite des bâtiments : l’on trouve ainsi des superpositions de croix et d’étoiles de David, des ménoras et des Jésus…
Pendant que des synagogues deviennent des églises, des juifs hassidiques deviennent officiers de police. Le New York Post célébrait ainsi, le 27 décembre 2006, le premier Kosher Cop de New York, qui a reçu l’autorisation de garder ses boucles de cheveux (en hébreux, פאות, peiyot ou payos).
[Le New York Post semble trouver ce policier très cute : il avait été en couverture, en juillet dernier, sous le titre NYPD JEW]
Toujours dans le Borough of Churches, voici quelques exemples de diversité religieuse (situés sur google maps). Le premier exemple concerne des églises pentecôtistes, installées de manière plus ou moins précaires dans d’anciens locaux commerciaux ou résidentiels. L’on parle alors, le plus souvent de “storefront churches” :
Jesus never fails dit la première, qui s’appelle la “Jesus Never Fails Church of God” (Avec Dieu, tout est possible) :
La deuxième église est le Tabernaculo Christiano de Park Slope, une église hispano-américaine, faisant partie des Assemblies of God, une dénomination pentecôtiste. Cette église semble mieux installée que la précédente, mais ne dispose pas encore d’un bâtiment à l’architecture symbolique… En cas de succès, cela viendra probablement, et l’assemblée locale rachètera le bâtiment d’une église vieillissante ou ayant perdu un pasteur au grand charisme.
Le dernier exemple se situe à l’opposé, politiquement et théologiquement. Nous sommes ici dans un ancien bâtiment d’église, dans la Park Slope United Methodist Church, qui a pour particularité, entre autres, de posséder un vitrail “gay” montrant un couple (de sexes discordants ou similaires) au bout d’un chemin arc-en-ciel, sous un soleil radieux :
L’hostilité à laquelle sont confrontés les sex-shops est bien connue. Il n’est même pas besoin de revenir sur cet amendement voté la semaine dernière par les députés et visant à interdire en ville les lieux de ventes de godemichés. Il suffit parfois de lire la presse régionale. Ainsi, en avril 2000 :
Le Progrès – Lyon Samedi 8 avril 2000 Saint-Martin-en-Haut
Un sacré poisson d’avril S. P.
Aucun doute ! L’humour a toujours droit de cité à Saint-Martin-en-Haut. C’est ce qu’a voulu démontrer un petit groupe de joyeux lurons, commerçants de leur état, qui à l’occasion du 1er avril ont décidé de créer un poisson de taille. Tout a été minutieusement préparé : depuis les banderoles et affiches jusqu’aux tracts invitant à signer une pétition : ” Contre la création d’un sex-shop à Saint-Martin “.
Vendredi 31 mars, ils ont été envoyés par courrier ou distribués largement dans les boîtes aux lettres et le samedi 1er avril, jour de marché, un calicot apparaît sur l’ancien café ” Chambe ” indiquant : ” Prochainement, ouverture d’un sex-shop “. Scandale ! Le lieu découvert, il s’agit maintenant de trouver les instigateurs de ce coup médiatique.
Après moult tergiversations et suspicions sur l’identité de : ” Ceux qui ont osé “, petit à petit le rire a pris le dessus et c’est finalement un éclat de rire général qui l’a emporté. L’humour a repris ses droits, prouvant encore une fois que dans les Monts du Lyonnais, il ne faut jamais trop se prendre au sérieux et savoir savourer ces petites plaisanteries qui donnent un peu de piment à la vie des petits villages !
La blague fonctionne ici sur l’idée qu’en cas d’ouverture d’un tel magasin, des “riverains” pétitionneront.
Parfois, l’affaire est un peu plus complexe. Comme dans cette petite histoire locale, au fin fond de la Haute-Garonne. Dans un village d’à peine 400 habitants, Saint-Béat, le boulanger, en conflit avec le maire, a décidé d’ouvrir un sex-shop.
La double vie de Marc, boulanger et exploitant de sex-shop
dimanche 14 janvier 2007 – Le Bien Public
« Le petit bonheur d’Eva » attire curieux et vrais acheteurs« Avec ce double travail, je suis passé de 9 heures à 5 heures de sommeil par nuit », résume, faussement contrit, Marc Lahon, boulanger à Saint-Béat (Haute-Garonne) et, depuis cinq mois, exploitant d’un sex-shop à quelques dizaines de mètres de sa boulangerie.
Désormais, du matin au soir, ce solide quinquagénaire passe en quelques enjambées du monde classique des couronnes et baguettes à celui, nouveau pour lui, des lingeries coquines, revues, films pornographiques, et accessoires égrillards allant de la salière phallique « pour épicer vos repas coquins » au « piposlip » brodé.
A la boulangerie de ce village de 400 habitants, « les clients rigolent parfois mais ne sont pas choqués », note Fabienne, la vendeuse, qui « préfère voir ça que des enfants assassinés ». Au départ, l’idée de cet élargissement original d’activités est née d’une seule volonté de l’artisan : embarrasser la communauté de communes, qui a entamé la construction d’un office du tourisme sur un terrain adjacent à sa maison, « à 90 centimètres de (ses) fenêtres et (lui) bouchant le soleil », selon ses dires.
La suite sur http://www.bienpublic.com/actu/france/20070114.BPA0136.html
L’affaire, amusante et exotique, s’est retrouvée dans d’autres organes de presse :
Ici, le boulanger vend du pain et du sexe, La Dépêche du Midi, 07/01/2007, Pierre Mathieu.
Mais que trouve-t-on au « Petit Bonheur d’Eva », dernier né du commerce de Saint-Béat, qui est plus souvent fermé qu’ouvert ? Pour le savoir, il faut attendre que la lumière s’allume, quand le boulanger a fini sa fournée et sa tournée. Car c’est bien le boulanger qui a ouvert le premier sex-shop de cette commune de 397 habitants, dont l’unique rue commerçante sinue le long de la Garonne roulant ses cailloux de montagne.
Au rez-de-chaussée de sa maison d’habitation, les mains encore blanches de farine, Marc Lahon ouvre la porte de ce qui fut une rôtisserie sur un modeste étalage de sex-shop : une vingtaine de dvd, des gadgets pour parties de strip-poker, d’autres accessoires pour tromper la solitude et une douzaine de magazines sous film plastique… « C’est moi qui les ai recouverts, les clients les feuilletaient, mais on n’est pas à la bibliothèque ici », assène le boulanger, qui se fournit sur internet et ne sait pas toujours ce qu’il vend. « L’autre jour, un bonhomme m’a acheté un truc comme ça », raconte-t-il en ouvrant une boîte de carton… Il éclate de rire en comprenant ce qu’elle contient : un faux vagin en caoutchouc rose.
suite de l’article
Il va sans dire que le journal de 13h de TF1 [fichier .mov], toujours à l’affût des petits commerces en crise, a dépéché un journaliste (de même, il faut le signaler, que France3 Midi-Pyrénées) :
Reportages au format .mov : le boulanger et son sex-shop
L’utilisation du sex-shop comme outil de pression dans le cadre d’un conflit local me semble être un cas inédit. Elle montre bien le caractère illégitime du magasin, l’idée qu’il est doté d’une capacité de nuisance intrinsèque : “Vous m’embêtez ? J’ouvre un sex-shop !” Il est fort possible que, dans d’autres conflits, ce sont d’autres installations nuisibles qui ont été choisies (élevages de porcs, déchetteries…), mais je n’ai pas d’exemple en tête. Il est aussi fort possible qu’Erving Goffman, le grand sociologue américain, y aurait vu un usage intéressant d’une forme de “stigmate” (retourné, valorisé ou détourné) utilisé dans un but politique, par un non-détenteur originel du stigmate [et, notons-le, qui est déstigmatisé par les journalistes, qui précisent que le boulanger n’est pas un “obsédé sexuel”].
Cette petite affaire est-elle autre chose qu’anecdotique ? Elle montre aussi — par l’exemple — que l’effort de zonage des sex-shops qui prend appuis sur les écoles (pas de sex-shops à moins de 100 mètres — bientot 200 mètres — des écoles) ne fonctionne qu’en zone densément peuplée et est voué à l’échec dans les petites communes sans école.
Mise à jour (26 janvier 2007)
Mise à jour (19 mars 2007)
1- Quand on plonge dans des archives, il arrive souvent que l’on soit étonné par d’étranges capsules temporelles, telle — par exemple — l’anxiété causée par les affiches et les « posters » au début des années 1970 (une forme parfois jugée dangereuse d’expression personnelle de la jeunesse).
Mais il arrive parfois que l’on se demande, finalement, ce qui change. Certains articles de presse, notamment, me poussent à réfléchir aux évolutions qui ont lieu malgré la permanence du vocabulaire. Prenons comme exemple un article paru dans Le Monde et commençant par :
Banalisés par la société de consommation, les objets érotiques font désormais partie de la panoplie du couple moderne
Un peu plus loin, la journaliste, Joëlle Stolz, écrit :
Les objets érotiques font maintenant partie de la multitude des choses que l’on fabrique, que l’on vend, que l’on consomme et que l’on jette lorsqu’un produit plus perfectionné apparaît sur le marché. Le fait est d’autant plus remarquable que la morale longtemps en vigueur dans les pays de l’Occident avait relégué ces objets dans la candestinité, et censuré jusqu’à leur représentation […]
Ce qui est nouveau aujourd’hui, ce n’est pas l’existence d’objets érotiques, mais le fait qu’ils soient fabriqués industriellement, donc soumis aux contraintes de la production et de la consommation : rentabilité, intervention de la publicité, innovation technologique, voire sécurité du consommateur.
Cet article, assez long pour les standards du Monde (une page entière) se poursuit par la description d’une innovation :
Mais c’est bien entre femmes qu’ont lieu aux États-Unis, les ventes à domicile d’objets érotiques, suivant le fameux système Tupperware : une dame convie ses voisines à prendre le café dans son salon où la démonstratrice vante ses produits et prend les commandes. Les braves ménagères s’intéressent maintenant à autre chose qu’à laver plus blanc ou astiquer leurs meubles, et ces parties Tupperware d’un goût nouveau cnnaissent un succès foudroyant dans les grandes villes de la côte Est et de la côte Ouest.
Cet article, qui brasse des thèmes connus par les lecteurs de ce blog, et qui semble aborder des idées “à la mode” date pourtant de plus d’un quart de siècle (du 23 août 1981 pour être précis). Il y a vingt-six ans, l’on parlait donc déjà de “réunions Tupperware d’un nouveau type” ou d’objets érotiques largement diffusés, qui faisaient partie de la “panoplie du couple moderne”.
Les amnésies sont amusantes. Mais surtout elles nous incitent à ne pas considérer que des pratiques qui “connaissent un succès foudroyant” dans des groupes limités soient promises à un succès rapide. L’observateur — ou l’observatrice — d’un petit changement d’habitudes sociales peut avoir tendance à considérer qu’il — ou elle — est témoin d’un bouleversement structurel. Il existe une « exagération qui est propre à ceux qui croient assister à une mutation » et dont le bon sociologue doit se méfier. Et pour s’en méfier, rien de tel que le travail rétrospectif, l’ouverture d’archives, la lecture de la presse du temps des parents…
2- En province s’ouvrent des sex-shops, et la magie des blogs permet parfois de suivre leur installation : près de Paris, à Meaux, et en Bretagne près de Lorient en plus de Saint-Béat… Certainement pas une mutation, mais un petit changement intéressant.
3- Dépot du manuscrit d’un livre sur les sex-shops la semaine prochaine. C’est l’aboutissement d’une recherche intéressante (j’y reviendrais). Une page spéciale y est consacrée (avec une mailing-list à laquelle les personnes intéressées peuvent s’inscrire).
Dans trois jours, la Commission des affaires sociales du Sénat examinera l’amendement au projet de loi sur la protection des mineurs interdisant l’installation des sex-shops à moins de 200m des établissements scolaires. J’ai eu l’occasion d’en parler auparavant, et de signaler l’évolution juridique que cet amendement représente.
Mais ce qui m’intéresse est d’essayer de comprendre ce que représente cette zone d’exclusion autour des établissements scolaires. J’ai décidé de me concentrer sur Paris. On trouve, pas facilement, mais en cherchant un peu, une liste des établissements scolaires maternels, primaires et secondaires sur internet, avec leur adresse postale. La liste n’est pas complète, je n’ai trouvé que 930 établissements. Une fois convertie en table, cette liste peut être “géocodée” à l’aide de googlemaps [il y a plusieurs solutions : soit utiliser cet exemple de HTTP geocoding qui nécessite PHP 5 et mysql, soit utiliser http://www.mapbuilder.net/]. Le géocodage consiste à transformer les adresses postales en coordonnées “latitude-longitude”. Ca a l’air simple, mais j’y ai passé plusieurs heures. Inutile de préciser que des solutions payantes et plus rapides existent, mais je n’y ai pas accès de chez moi.
Il est alors possible de générer une googlemap des établissements scolaires parisiens :
La densité faible d’écoles dans les seizième et septième arrondissements m’étonne : soit ma liste de départ est erronée, soit je n’ai que les établissements publics et pas les établissements privés. Mais je pense que cela ne remet pas en cause ce que je cherche à montrer.
Car ce qui m’intéresserait serait de pouvoir montrer que ce nouvel amendement aura pour conséquence l’impossibilité d’implantation de tout nouveau sex-shop à Paris. Ou alors de ne laisser libres que certains petits quartiers, comme pourrait le montrer cette carte fictive :
L’on se retrouverait alors avec un résultat pervers : les députés et sénateurs contribueraient, par leur action, à la concentration des futurs magasins dans certaines zones, de petits réduits d’immoralité.
Plus généralement, ce “zonage inverse” est bâti sur l’établissement de zones protégées autour des écoles, que l’on pourrait sans doute appeler des zones morales. Dans la tradition de sociologie urbaine de l’Ecole de Chicago, l’étude de telles zones revêt son importance, mais est moins centrale, finalement, que l’étude des zones “démoralisées” ou vues comme telles — zones pauvres, quartiers noirs, quartiers de prostitution, ghettos. Et ces zones démoralisées naissent a priori du rassemblement de personnes partageant les mêmes caractéristiques.
Avec ce que je cherche à montrer, le processus est un peu différent : c’est la moralisation forcée de certaines zones urbaines qui donnerait naissance aux quartiers “rouges”, et pas le partage de caractéristiques essentielles.
Reste, bien entendu, à souligner, en conclusion, que je n’ai pas encore montré ce que je souhaite : je ne sais pas vraiment ce que donnera la représentation spatiale de l’interdiction, à moins de 200m des écoles, des magasins vendant des “objets pornographiques”.
Sur les sex-shops, je rappelle l’existence, encore virtuelle de Sex-shops, une histoire française (sortie le 20 avril 2007)…
Mise à jour (lundi 10h30 et mardi) :
Deux cents mètres de rayon représentent une distance moins importante que ce que j’imaginais — du moins à l’échelle de Paris. Voici donc une première cartographie représentant la zone de 200 mètres autour des écoles :
Si mes calculs sont bons, et si mes sources sont bonnes (ce dont je ne suis pas certain), il restera aux sex-shops “plein” de place où s’installer, du moins à Paris… En effet, les parcs et jardins (Rivoli, Luxembourg, Monceau, Buttes Chaumont…) restent libre. Les gares et voies ferrées aussi (Nord du 18e arrondissement, Est du 17e arr., …). Les “grands établissements publics” (ministères dans le 7e, Tour Eiffel) ainsi que les zones de bureaux seront fortement accueillants !
Carte version 01 – Les Ecoles et leurs deux cents mètres [au format PDF].
L’ancien président de l’université Paris VIII, Pierre Lunel (auteur de la biographie du mercenaire Bob Denard, de livres sur l’Abbé Pierre et sur Soeur Emmanuelle…) signe ces jours-ci un ouvrage intitulé Fac, le grand merdier… Il est maintenant le délégué ministériel à l’Orientation et a donc quitté Paris 8… mais se retrouve sur Direct 8 (avec de Villiers). Dans quel état physique se trouve l’université qu’il a dirigée plusieurs années ?
Quelques exemples :
Une des portes du bâtiment B…
Les “faux” plafonds qui tombent !
Les vitres jamais nettoyées…
Et encore bien plus sur flickr…
Merdier… parfois au sens littéral.
mise à jour (7/2/2006) : réactions vives à une interview de Lunel sur le site du nouvel observateur. Extrait :
Il a aussi bon ton de pleurer sur la misère des universités après s’être fait payer des vols en première classe sur le budget de la fac.
Comment ose-t-il parler en tant que chercheur, alors qu’il n’a rien publié depuis des lustres, pas une trace d’une once d’article, mais des biographies people oui! Il n’a jamais été au service de l’Université, mais il l’a mise à son service en menant un train de vie hallucinant.
la suite
deuxième mise à jour :
De l’orientation, sa mission présente, Pierre Lunel ne dévoile rien, si ce n’est, dans les pages de conclusion, des éléments déjà publics comm certaines propositions figurant dans le rapport Hetzel […]. Espérons que Pierre Lunel cache bien son jeu et qu’il saura présenter, début mars, un plan inédit et salvateur. Une autre forme de guérison miraculeuse, en quelque sorte.
Julie Chupin fait référence au livre de Lunel sur les anges de lumière et les guérisons miraculeuses.