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Quart de siècle… Provinces… et livre

Billet publié le 27/01/2007

1- Quand on plonge dans des archives, il arrive souvent que l’on soit étonné par d’étranges capsules temporelles, telle — par exemple — l’anxiété causée par les affiches et les « posters » au début des années 1970 (une forme parfois jugée dangereuse d’expression personnelle de la jeunesse).
Mais il arrive parfois que l’on se demande, finalement, ce qui change. Certains articles de presse, notamment, me poussent à réfléchir aux évolutions qui ont lieu malgré la permanence du vocabulaire. Prenons comme exemple un article paru dans Le Monde et commençant par :

Banalisés par la société de consommation, les objets érotiques font désormais partie de la panoplie du couple moderne

Un peu plus loin, la journaliste, Joëlle Stolz, écrit :

Les objets érotiques font maintenant partie de la multitude des choses que l’on fabrique, que l’on vend, que l’on consomme et que l’on jette lorsqu’un produit plus perfectionné apparaît sur le marché. Le fait est d’autant plus remarquable que la morale longtemps en vigueur dans les pays de l’Occident avait relégué ces objets dans la candestinité, et censuré jusqu’à leur représentation […]
Ce qui est nouveau aujourd’hui, ce n’est pas l’existence d’objets érotiques, mais le fait qu’ils soient fabriqués industriellement, donc soumis aux contraintes de la production et de la consommation : rentabilité, intervention de la publicité, innovation technologique, voire sécurité du consommateur.

Cet article, assez long pour les standards du Monde (une page entière) se poursuit par la description d’une innovation :

Mais c’est bien entre femmes qu’ont lieu aux États-Unis, les ventes à domicile d’objets érotiques, suivant le fameux système Tupperware : une dame convie ses voisines à prendre le café dans son salon où la démonstratrice vante ses produits et prend les commandes. Les braves ménagères s’intéressent maintenant à autre chose qu’à laver plus blanc ou astiquer leurs meubles, et ces parties Tupperware d’un goût nouveau cnnaissent un succès foudroyant dans les grandes villes de la côte Est et de la côte Ouest.

Cet article, qui brasse des thèmes connus par les lecteurs de ce blog, et qui semble aborder des idées “à la mode” date pourtant de plus d’un quart de siècle (du 23 août 1981 pour être précis). Il y a vingt-six ans, l’on parlait donc déjà de “réunions Tupperware d’un nouveau type” ou d’objets érotiques largement diffusés, qui faisaient partie de la “panoplie du couple moderne”.
Les amnésies sont amusantes. Mais surtout elles nous incitent à ne pas considérer que des pratiques qui “connaissent un succès foudroyant” dans des groupes limités soient promises à un succès rapide. L’observateur — ou l’observatrice — d’un petit changement d’habitudes sociales peut avoir tendance à considérer qu’il — ou elle — est témoin d’un bouleversement structurel. Il existe une « exagération qui est propre à ceux qui croient assister à une mutation » et dont le bon sociologue doit se méfier. Et pour s’en méfier, rien de tel que le travail rétrospectif, l’ouverture d’archives, la lecture de la presse du temps des parents…

2- En province s’ouvrent des sex-shops, et la magie des blogs permet parfois de suivre leur installation : près de Paris, à Meaux, et en Bretagne près de Lorient en plus de Saint-Béat… Certainement pas une mutation, mais un petit changement intéressant.

3- Dépot du manuscrit d’un livre sur les sex-shops la semaine prochaine. C’est l’aboutissement d’une recherche intéressante (j’y reviendrais). Une page spéciale y est consacrée (avec une mailing-list à laquelle les personnes intéressées peuvent s’inscrire).

[yarpp]