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Les billets de June, 2007 (ordre chronologique)

Que trouve-t-on dans les sex-shops ?

Je serai, mardi 5 juin 2007, invité de l’émission de Brigitte Lahaie sur RMC «Lahaie, l’amour et vous». Le thème de l’émission : “Que trouve-t-on dans les sex-shops?”. [l’émission peut être écoutée ici] Intéressant à plusieurs titres. D’abord parce que ce n’est pas “qui trouve-t-on ?”, et que la discussion est ainsi, dès le départ, tournée vers les objets et les techniques.

Dans une partie de ces magasins, on trouve des cabines vidéo. Quelques entreprises — principalement allemandes (il existe quelques entreprises françaises, plus petites) — sont responsables de ces installations, qui entourent la masturbation d’un halo technique, presque d’une cuirasse technologique. Je m’explique.

C’est au début des années 1980 que les cabines vidéo remplacent, dans les sex-shops, d’anciens systèmes de projection de films “super 8” installés dans la première moitié des années soixante-dix. L’avantage du passage à la vidéo : le client avait désormais la possibilité de choisir entre huit films différents, puis, le progrès aidant, entre seize, trente-deux… et plus. Aujourd’hui, il est même parfois possible de choisir l’angle de prise de vue de certaines scènes, de zoomer… Du point de vue des responsables de magasin, le passage à la vidéo, puis à des versions numériques permet de suivre de près les goûts et de ne proposer que des films “qui marchent” : le suivi statistique des clients est automatisé.
Du point de vue des clients : à la possibilité de choisir s’ajoute un anonymat plus grand : les cabines “super 8” ne projetaient qu’un seul film, en boucle, et le type de film (homosexuel ou non, etc…) était affiché en dehors de la cabine. Les goûts des personnes choisissant telle cabine étaient de même affichés. Charles Sundholm, dans un article de 1973, reliait ainsi les habitués à certaines machines : “They [Les habitués] may have a favorite machine because of its location or because of its special brand of pornography.” [Charles A. Sundholm “The Pornographic Arcade: Ethnographic Notes on Moral Men in Immoral Places”, Journal of Contemporary Ethnography 1973; 2; 85, DOI: 10.1177/089124167300200104]
Les cabines vidéos permettent au contraire de réserver le choix à l’intérieur, dans un colloque singulier avec la machine :

Hereby for the very first time it became possible for the customer to watch a film anonymous, without any outsider knowing witch film he was actually looking at.
source : TCDiVid

L’architecture des cabines et des lieux dans lesquelles elles sont installées continue à entourer la masturbation masculine d’un halo technique.
S’il est désormais possible de choisir, en toute tranquillité, à l’intérieur d’une cabine, le type de film désiré, il faut aussi inciter le client à entrer. DVV-GmbH construit ainsi la “cabine Millenium” Plan cabine millenium DVV-gmbh

Avec sa coupe sans pareil, ses coulisses extraordinaires la cabine de luxe Millenium est fascinante. Les entrées sont conçues de façon à permettre au visiteur de jeter un regard discret sur les écrans pour l’inciter à s’y engager.
source : DVV-GmbH

Non seulement l’inciter à entrer, mais aussi ne pas l’intimider :

“The generation of customer is getting older and usualy (sic) is at war with computers. The simple service ability is therefore really important”
But Micro-tech’s managing director thinks that there will always be cubicles. “Cubicles offer the possibility to anonymously live one’s personal lust without disturbing others or being watched.”

Les clients appartiennent à des générations âgées souvent “en guerre” avec les ordinateurs. La facilité d’usage est donc très importante.
Malgré cela, le directeur exécutif de Micro-Tech pense qu’il y aura toujours des cabines : “Les cabines offrent la possibilité de vivre anonymement ses désirs personnels sans déranger les autres ou être découvert.”
source : Micro-Tech

Cabine sex shop : cabine doubleMais immédiatement après, la même personne précise : “Micro-tech even offers cubicles for two persons or with LCD glass for people who like being watched.” : Micro-tech propose aussi des cabines pour deux personnes ou avec une partition en verre-LCD pour les personnes qui aiment être vues…
C’est que ces cabines peuvent aussi servir de lieu de rencontres sexuelles plus ou moins anonymes, entre hommes : elles ne servent pas seulement à des pratiques solitaires.

Exit, voice, loyalty

Dans Vers une Église sans prêtres l’historienne Martine Sevegrand retrace la crise du clergé séculier : ses prémices dans les années 1950 et son accélération dans les années 1970. La seconde partie du livre est consacrée au diocèse de Dijon, “un diocèse sinistré”, ayant connu, entre 1945 et 1978, 202 ordination et 43 départs de prêtres (dont 9 en 1973).
Les raisons des départs sont en partie liées au célibat des prêtres et à sa remise en cause par des clercs choisissant de se marier : dans les années 1970, explique Martine Sevegrand « le mariage ne représente pas seulement la transgression d’un interdit sur la sexualité [des prêtres], c’est aussi et peut-être surtout une rebellion publique contre l’autorité de l’Eglise et ses lois. Il est vrai que [si] pour l’Église catholique, une faute en matière sexuelle est toujours grave, la hiérarchie est finalement bien plus indulgente avec un prêtre vivant en concubinage ou un pédophile qu’avec un prêtre qui se marie. » (p.242).
Au cours des années 1970, bon nombre de prêtres catholiques choisissent la stratégie de la sortie (“Exit“, écrit Hirschmann), poussés en cela par la hiérarchie de certains diocèses, qui tentent une reprise en main de leur clergé, après les “prises de parole” internes (“Voice“) des années soixante et de l’après Vatican-II. Si la question du célibat joue un rôle important, des travaux sur le protestantisme (je pense ici aux travaux de Jean-Paul Willaime) montrent que, même dans le cas d’un clergé marié, les sorties furent importantes au cours de ces mêmes années. Ces sorties sont donc probablement à comprendre comme les symptômes d’une remise en cause de la place des clercs dans la société, le célibat prenant sans doute, au sein de l’Eglise catholique romaine, une place centrale.
Cette introduction pour mettre en contexte, bien sûr, une affaire de prêtre-en-couple rendue publique il y a quelques semaines par l’organisation à laquelle il appartient :

Le P. Léon Laclau, religieux de notre Congrégation, curé de paroisse à Asson (Pyrénées-Atlantiques), partage sa vie et son presbytère avec Mme Marga L. Prenant acte de cette situation, ses supérieurs hiérarchiques ont publié le 24 avril le communiqué suivant :
L’évêque de Bayonne et le supérieur provincial de Bétharram ont pris les décisions qui s’imposaient au sujet d’un religieux prêtre dont le comportement public et affirmé ne coïncidait pas avec ses propres engagements.
Ces responsables, après avoir plusieurs fois averti l’intéressé par oral et par écrit, l’ont déchargé de ses fonctions sur le diocèse de Bayonne.
Quant à ses supérieurs religieux, ils viennent de lui donner une autre affectation.
Tout autre commentaire serait abusif.
Pierre MOLÈRES, évêque       Beñat OYHÉNART, s.c.j., Provincial

Toute la famille de Bétharram s’unit, dans la souffrance et la prière, pour ceux qui ont pris cette mesure difficile mais cohérente, et pour ceux qu’elle concerne.
source

Rendu publique par l’Evêque et le supérieur de la congrégation à laquelle appartient le prêtre, l’affaire s’est rapidement propagée dans la presse locale, sur France3-local, et au JT de France2. Je suis loin, fort loin, de connaître les tenants et les aboutissants : la place de la compagne du prêtre au sein des courants catholiques (et des groupes de femmes de prêtres), les options théologiques du prêtre, ses contacts dans la presse… me sont inconnus.
De même suis-je assez imperméable à une lecture politique de l’affaire (du type de celle que l’on peut lire ici.
Ce qui m’a, au contraire, intéressé, se situe ailleurs. L’Eglise a tout d’abord, ici, à gérer un prêtre non marié, probablement proche en cela des couples qui se forment aujourd’hui (la vie commune, sans mariage, ne constitue plus scandale… même pour un prêtre ?). Cela oblige probablement l’Eglise à quelques modifications disciplinaires : sanctionner dès la vie commune ?
Les quelques reportages laissent percer une vision contemporaine du travail et de l’épanouissement personnel : “c’est un travail” dit sa femme, et s’il est bon dans son travail, pourquoi le sanctionner ? Il faut ici comprendre, comme le fait Céline Béraud dans son Métier de prêtre (éditions de l’Atelier, 2006, mentionné il y a quelques mois), l’usage de travail — implicitement opposé à vocation — comme soutenant toute une vision du monde.
Pere Leon
Quelques reportages télévisuels sur l’affaire du Père Léon

Note : Si j’ai abordé l’exit et la voice, j’ai laissé la loyalty de côté pour l’instant.

Islam français et mariage civil

Il y a quelques semaines, j’avais essayé de décrypter les propos de Catherine Labrusse-Riou parlant dans Le Monde des rapports entre mariage civil et mariage religieux. Elle mobilisait ces deux choses pour dénier aux couples du même sexe le droit au mariage, avec un argument étrange : «Si le mariage homosexuel était consacré par la loi, les grandes religions dotées d’un droit de la famille – catholique, juive, musulmane – pourraient demander que le mariage civil ne soit plus un préalable nécessaire à la célébration religieuse.»
Hier vendredi (dans le numéro daté de ce jour), Le Monde publiait un nouvel article sur les questions de mariages civils et religieux : Des jeunes musulmans veulent s’affranchir du mariage civil.

de jeunes musulmans souhaitent se marier religieusement, sans passer au préalable par un mariage civil. Une démarche illégale selon le code pénal, qui punit de six mois de prison et de 7 500 euros d’amende “tout ministre du culte qui procédera, de manière habituelle, aux cérémonies religieuses de mariage sans que ne lui ait été justifié l’acte de mariage préalablement reçu par les officiers de l’état civil“.

Précisons. On voit mal dans quelle mesure cette démarche de candidats au mariage religieux serait illégale. Seuls les célébrants sont visés par la loi.
La journaliste du Monde Stéphanie Le Bars, remarque ensuite la mobilisation naissante de parlementaires autour de ce non-respect du Code pénal. Dans une question écrite récente, un député UMP s’étonnait ainsi :

Il paraîtrait que dans la plupart des communes, les services de l’État civil qui fournissent des certificats d’union civile à la demande des mariés souhaitant procéder ultérieurement à un mariage religieux ne sont quasiment jamais sollicités par les mariés de religion musulmane. En conséquence, soit il n’y a jamais de mariage religieux dans ladite religion, soit le mariage religieux a été célébré antérieurement au mariage civil ou bien le sera ultérieurement, mais sans qu’aucun certificat n’ait été produit devant le ministre du culte.
Source : Question écrite n° 118221, par Etienne Mourrut, (Question publiée au JO le : 13/02/2007 page : 1485)

Le député Mourrut ne cite malheureusement pas les sources de son affirmation sur ce qui se passerait dans «la plupart des communes»… A-t-il fait faire une enquête par ses services ? L’a-t-il fait lui-même ? Comment repère-t-il les “mariés de religion musulmane” ? (a-t-il posé la question — ce serait étonnant de séparer ainsi les différents fidèles ? pense-t-il que tous Mohammed et Samira sont nécessairement musulmans ?) Bref : le sociologue que je suis aimerait beaucoup accéder à la base de donnée “Mourrut-Islam”.
Le Monde ne publie pas la réponse du ministre de l’intérieur (période Baroin)… Je vais rectifier l’omission :

il convient de préciser qu’en islam le mariage ne constitue pas un « sacrement » comparable à celui d’autres religions et ne donne pas lieu à célébration religieuse. Il s’agit d’un contrat civil, faisant l’objet d’une cérémonie privée, au cours de laquelle intervient parfois un imam de façon incidente, pour une courte prière.

Oups…, Mourrut est ici rappelé à l’ordre : il y aurait des différences entre Islam et Catholicisme… On aurait même une religion considérant un acte (religieux pour les catholiques) comme relevant du domaine du “contrat civil”. Au passage, soulignons l’ironie de la situation : pour Mourrut, un mariage musulman est nécessairement “religieux”, pour le Ministre de l’Intérieur (du moins pour le chef du Bureau des Cultes), le mariage musulman est — du point de vue de l’Islam — un contrat civil.
La fin de la réponse est aussi à citer :

En France, il arrive que certaines mosquées soient sollicitées pour « enregistrer » de telles unions. Si la mosquée de Paris et les mosquées principales exigent à cette occasion la production d’un acte d’état civil préalable, d’autres s’en abstiennent, contrevenant ainsi aux dispositions rappelées ci-dessus.
source : Réponse à la Q.E. 118221, (Réponse publiée au JO le : 08/05/2007 page : 4319)
texte de la question et de la réponse sur droitdesreligions.net

C’est qu’en France, l’Islam se “paroissialise”, que l’imam se prêtrifie : il arrive que des candidats au mariage musulman demandent une cérémonie religieuse, dirigée par un prêtre imam, parfois même célébrée dans l’enceinte d’une mosquée. [Sur les changements de rôle de l’imam, voir le livre de Jocelyne Cesari, L’Islam à l’épreuve de l’Occident. L’on pourrait presque voir dans des demandes de mariage religieux entièrement séparées des demandes de mariage civil l’expression d’une revendication laïque : il faut être un fin connaisseur de la séparation à la française pour savoir que le mariage religieux y échappe et n’est possible qu’à la condition préalable d’un mariage civil.
Stéphanie Le Bars continue :

Il se trouve donc toujours des religieux musulmans pour célébrer, dans l’illégalité, de tels mariages (aucun cas n’est connu dans les autres confessions).

J’ai sursauté… Les contestations catholiques sont connues [par exemple : LEGRAIN, Michel. 2000. « Mariage civil et mariage religieux, se marier à l’église sans passer par la mairie » Revue de droit canonique, 50(1):163-169], et il aurait été possible de poser quelques questions à des spécialistes d’autres confessions que l’Islam pour repérer d’autres pratiques d’évitement des mariages civils. On m’avait ainsi raconté des mariages célébrés dans les îles anglo-normandes.
Il semble cependant évident que les contestations sont plus visibles “en islam” : Samir Amghar, interrogé par Le Monde explicite ainsi les stratégies salafistes.
Cet article, la question du député Mourrut, les réactions — sur le moment étrange — de Labrusse Riou à une question sur le mariage gay… me font penser à une nouvelle actualité de la question du mariage (religieux et civil).
Ailleurs : des réactions sur un forum consacré à l’islam, un blog laïciste, un blog de droite dure, une comparaison avec la situation dans l’île de La Réunion, une mise en perspective sur le Blog du Curé, un commentaire sur islamie.com

Légende urbaine — façon XIXe siècle

Certaines fausses informations circulent, de mail en pages web, de liste d’information en tchate. Elle aurait déposé une main-courante contre luiIl était ivre-mort lors du G8… Mandy a besoin d’une greffe de moelle osseuse de type AB… wbgh.exe est un virus très dangereux…
Au dix-neuvième siècle, il se passait un peu la même chose, mais plus lentement, au rythme, hebdomadaire, des journaux de l’époque. Voici les plates excuses, donc, des éditeurs de L’ami de la Religion et du Roy, en 1827 (tome 52, p.320) qui se sont fait prendre par un miracle.
Ami de la religion, 1827
«Le ridicule auroit dû nous frapper…»
[source : Gallica et GoogleBooks – le canular est ici]

Antarès

Antarès… C’est pas le gardien des enfers ?
Etrange requête-google aujourd’hui : « affectation antares voeux algorithme ». Ce doit être un-e candidat-e classé-e 2e ou 3e sur un poste de maître de conférence et qui essaie de comprendre quelles sont ses chances, et surtout comment Antarès détermine les positions définitives en cas d’effet domino.
Pour les non-initiés, Antarès est le nom de la procédure officielle et en-ligne permettant au ministère de l’enseignement supérieur d’associer une personne à un poste. Après que les commissions de spécialistes ont classé les candidats, après audition (et si le Conseil d’administration de l’université a accepté ce classement… ce qui n’est pas toujours le cas), il reste aux candidats classés à “entrer leurs voeux”.
Imaginons que Fiona soit classée première à “Paris 18”, deuxième à “Caen 2” et première aussi à “Paris 5” : elle peut préférer choisir Paris 18… Elle peut aussi classer en premier choix “Caen 2”, si elle est certaine que le candidat classé premier à Caen 2, mais aussi classé premier au CNRS, préfère le CNRS. La situation est tendue pour Lola, qui est classée deuxième à “Paris 18” et Isabelle, qui est classée deuxième à “Paris 5″… Surtout si Lola est classée première à “Lyon 33” mais préfère “Paris 18” (et qu’elle est classée troisième à “Paris 5”)…
Comme il arrive que des personnes classées premières le soient à plusieurs reprises, les deuxièmes et troisièmes… importent beaucoup.
On m’a raconté l’histoire de X, qui était deuxième à l’université de XXX, qui savait que la candidate classée première, Y, avait préféré un poste ailleurs (où Y était classée deuxième, car Z, la première, avait préféré le CNRS). Mais X a oublié « d’entrer ses voeux » sur Antarès… La troisième classée à XXX, appelons-là W pour être clair, croyant que tout était bouclé, n’avait pas pris la peine d’entrer, non plus, ses voeux sur Antarès… C’est finalement le quatrième classé, V, qui avait obtenu le poste.
Comme quoi, l’administration informatisée produit des résultats.

Unions civiles : le New Hampshire

L’Etat du New Hampshire va autoriser, à partir de janvier 2008, les unions civiles, qui donnent aux couples du même sexe les droits (étatiques) que le mariage donne aux couples de sexes discordants. Il rejoint ainsi le Vermont, le Connecticut, et le New Jersey. Seul le Massachussetts autorise deux hommes à se marier (ou deux femmes, ou une femme et un homme).
Et, comme dans les trois États précédents, le New Hampshire va donner aux prêtres, rabbins, pasteures, rabinnes, prétresses… le droit de civil-unioner les couples du même sexe, en tant qu’agent of the state :
Les Revised Statutes Annotated du New Hampshire précisent :

457:31 Who May Solemnize. – Marriage may be solemnized by a justice of the peace as commissioned in the state; by any minister of the gospel in the state who has been ordained according to the usage of his or her denomination, resides in the state, and is in regular standing with the denomination; by any clergy who is not ordained but is engaged in the service of the religious body to which he or she belongs, resides in the state, after being licensed therefor by the secretary of state; within his or her parish, by any minister residing out of the state, but having a pastoral charge wholly or partly in this state; by judges of the United States appointed pursuant to Article III of the United States Constitution, by bankruptcy judges appointed pursuant to Article I of the United States Constitution, or by United States magistrate judges appointed pursuant to federal law.
source

Concrètement, il faut être un “ministre de l’Evangile (résidant) dans l’Etat, qui a été ordonné selon les usages en vigueur dans son Eglise et qui est en règle avec son Eglise” ou alors être un ou une “membre du clergé qui n’est pas ordonné mais qui est engagé au service du corps religieux auquel il ou elle appartient, et résidant dans l’Etat apr!s avoir reçu une licence du Secrétaire d’Etat”, ou encore un “ministre qui réside hors de l’Etat mais qui a des charges pastorales — totales ou partielles — dans l’Etat du New Hampshire” (il ou elle peut alors solenniser l’union civile ou le mariage dans sa paroisse).
Assez chrétien, cet ensemble : surtout l’expression “minister of the gospel”… On est loin de la liste proposée par le Vermont, qui, malgré ses 600 000 habitants, avait prévu le cas des Baha’i, comme mentionné sur ce même blog il y a quelques temps.
Est-ce à dire que, du point de vue de l’Etat, il n’y a aucun problème en vue à autoriser des ministres du culte à célébrer des unions civiles ? Pas vraiment, et on le voit dans une proposition de loi votée la semaine dernière par les députés californiens. L’Assembly Bill 43 précise en effet qu’il deviendra impossible de forcer un prêtre (ou rabbin, pasteur…) à célébrer un mariage (ce qui me semblait déjà être le cas)…

No priest, minister, or rabbi of any religious denomination, and no official of any nonprofit religious institution authorized to solemnize marriages, shall be required to solemnize any marriage in violation of his or her right to free exercise of religion guaranteed by the First Amendment to the United States Constitution or by Section 4 of Article I of the California Constitution.

Paris 8 dans le Canard enchaîné

Je ne sais pas vraiment ce que le Canard enchaîné trouve à Paris 8… Cette semaine, c’est le troisième article en quelques mois (après deux précédents consacrés à l’ancien président, Pierre Lunel — biographe de Bob Denard. « La fac de Paris-VIII, vitrine de la grande misère des universités »… avec, en sous-titre : “la ministre Valérie Pécresse pourrait en faire l’un des symboles de la nécessaire réforme”.
L’article commence par certains “mots doux” adressés à l’encontre de l’université : “usine à chômeurs”… sans rappeler l’état de délabrement des locaux (entretien absent, toilettes qui fuient jusque dans les couloirs, revêtement de sol qui se délite, portes qui ne ferment plus, faux plafonds qui tombent — sur les étudiants ou les enseignants, absence de savon à côté des lavabos…). Pour se faire un exemple, il suffit de jeter un coup d’oeil à une série de photos de Paris 8, que Marie Ménoret et moi-même avons fait… rien n’a changé depuis trois ans que j’y enseigne. C’est plus que sale, c’est dégoûtant.
L’absence de financement de l’université française est criant, mais dans le cas de Paris 8, c’est plus qu’un cri… (et le Canard Enchaîné décrit assez bien la situation).
Il serait étrange que cette université, fondée sur des principes gauchistes, soit “sauvée” par la droite, sur des principes tout autres, mais c’était un peu la teneur de certains bruits de couloirs, hier. Sur quels principes : avant tout la rentabilité… une partie des personnes interrogées par le Canard faisant partie des pôles rentables de l’université. Mais on ne sait pas ce que la Pécresse mentionnée en sous-titre propose.
Un collègue, appelé depuis à joindre l’un des sommets de la hiérarchie universitaire, se demandait à haute voix, il y a quelques années, pourquoi le Conseil Régional de l’Ile de France, ou plutôt le Conseil Général de la Seine Saint Denis, ne déclarait pas Paris 8 université “prioritaire” — en la finançant au niveau auquel ses équivalents européens financent les universités régionales. Que les acteurs politiques locaux s’intéressent à l’université locale lui semblait plein de bon sens. Il me semble, aussi, que “Paris”, jamais, ne fera de cette université de banlieue une université prioritaire (sauf à la transformer en college destinée au premier cycle universitaire).
Mais mon interrogation principale, pour le moment, concerne les raisons profondes de l’intérêt des journalistes du Canard.
Pour aller plus loin : Le début de l’article du Canard (sans le dessin hors propos de Cabu)

Vers la province…

Au cours de mes recherches sur les sex-shops, j’ai, par tropisme résidentiel, principalement étudié des magasins parisiens ou banlieusards. Mes sources d’archives (privées ou publiques) étaient aussi parisiennes. J’ai eu la chance, heureusement, de pouvoir lire le travail de Marc Skerrett sur Toulouse, qui montrait l’existence de véritables stratégies régionales, au début des années soixante-dix. En quelques années (entre 1970 et 1973) les “sex-shops”, au départ quelques boutiques parisiennes, s’implantent dans toute la France. D’anciens libraires se reconvertissent dans le commerce de la pornographie. Pour certains étudiants, c’est leur premier emploi…
Ce passage d’une forme commerciale de Paris à la province semble se répéter aussi rapidement en ce moment. Mais si, dans les années soixante-dix, c’était le commerce du livre qui se trouvait au centre (parce que les poupées gonflables, les godemichés et les préservatifs vibrateurs étaient interdits sur le territoire national avant fin-1973), de nos jours les “sex-toys” sont au centre.
Les “reconversions” vers la vente de godemichets se font par étapes. Dans La Dépêche de Toulouse du 8 juin dernier, un dossier était consacré à l’érotisme commercial dans la bonne ville de Castres. Et une vendeuse de lingerie était interviewée :

Nathalie met à l’aise les plus timides
Pour Nathalie, il n’y a pas de tabou. Et elle vend avec le même naturel des « sous-vêtements classiques » à des jeunes filles de 16 à 18 ans que de la lingerie érotique à des couples d’un certain âge. « Ma clientèle est très large et je les aide à se décomplexer », confirme cette jeune femme dynamique qui a ouvert sa boutique de lingerie il y a trois mois. Appelé « Brin de folie », son commerce de la rue Sabaterie va d’ailleurs être rebaptisé « Soir et sexy ». Histoire de bien se démarquer des boutiques traditionnelles. Car,
elle, son créneau, c’est clairement l’érotisme et la sensualité. A ne pas confondre avec le sexe pur et dur. « Entre le sex-shop et la lingerie classique, il n’y avait rien à Castres »(…)
[C]omme Nathalie a tendance à mettre à l’aise rapidement, les plus timides finissent par passer le pas de sa porte et à revenir. « J’ai même été obligé de cacher un peu la vitrine de l’extérieur car mes clientes ont tendance à se balader dans la boutique avec les sous-vêtements qu’elles essayent » (…)
Et pour compléter ses rayons lingeries, Nathalie propose aussi des accessoires. Gadgets, déguisements coquins et sex toys.
Mais ces derniers sont cachés dans l’arrière-boutique « pour ne pas les mettre sous le nez des mineurs qui rentrent dans mon magasin ».
(source : La Dépêche du midi, 8 juin 2007)

Actuellement, la vente de gadgets sexuels vibrants ne suffit pas à transformer une boutique en magasin interdit aux mineurs, à transformer un magasin quelconque en “sex-shop” soumis à des contrôles particuliers. Il en était à peu près de même en 1970-1971 : les libraires qui choisissaient d’ouvrir leurs rayons à des ouvrages “osés” ne savaient pas qu’ils devraient rapidement interdire l’entrée de leurs officines aux mineurs, puis à opacifier leurs vitrines… Les “reconversions” ne s’aperçoivent ainsi qu’a posteriori : sur le moment, ce sont des innovations commerciales, qui ne portent pas vraiment à conséquence.

Il existe cependant des reconversions explicitées. Paraît ce jour (samedi 23 juin) un article dans Sud Ouest, Le sexe, sans équivoque, présentant l’ouverture d’un magasin, ekivoQ (ekivoq.com) à Bordeaux.

(…) Propriétaire de ce magasin rose bonbon, où les canards de bain ont des cols en froufrou et des tenues en cuir : Gérard Baraud, 55 ans.
Cet homme d’affaires, bien connu à Bordeaux, a créé en 1982 l’enseigne Canal Vidéo. Avec cette nouvelle boutique, il opère un véritable tournant dans sa carrière. « A cause du téléchargement, les vidéoclubs fonctionnent de moins en moins bien, soupire-t-il. C’est pourquoi, en juillet dernier, j’ai acheté un sex-shop, cours de la Marne. J’ai été surpris de trouver des gens de tout type dans ma clientèle. Ensuite, il y a eu le fameux canard de Ryckiel dont on a tant parlé (1). Et j’ai pensé à créer ce magasin. »

La catégorie juridique, administrative ou commerciale permettant de définir les magasins vendant des vibromasseurs et de la lingerie, cependant, n’existe pas encore. Le grand public ne sait pas toujours les différencier des sex-shops… Et il se pourrait bien, qu’objectivement, il n’y ait pas de différences faciles à percevoir.
Une correspondante, ayant ouvert très récemment un magasin, ainsi, m’écrit que : « Pour ce qui est de la clientèle locale la rumeur avait fait son travail à savoir cataloguer la boutique en sexshop et les [habitants de la région] ne semblent pas du tout curieux à ce sujet. » De son point de vue, son magasin en était très éloigné.
Mise à jour Dans un article de Aujourd’hui en France (28 juin 2007), Gérard Baraud déclare : . « Je veux faire en quelque sorte un anti-sex-shop, avec un joli magasin, mignon, sans pornographie, pour la femme et le couple. Il n’est d’ailleurs pas interdit aux moins de 18 ans ». En reversant l’interdiction d’entrée des mineurs — en la présentant comme un élément laissé au bon vouloir des gérants — il tente de séparer son magasin des “sex-shops”fin de la mise à jour
Afin de rendre explicite les différences, il importe donc de renforcer les détails et de rendre significatif/essentiel ce qui n’était qu’accessoire/accidentel. L’apparence extérieure et intérieure importe au plus haut point. Gérard Baraud, mentionnée plus haut, qui est donc l’heureux propriétaire d’un sex-shop traditionnel et d’un sexy magasin tout neuf, semble en être conscient. Le nom des détaillants de gadgets sexuels bannit “sex” mais pas toujours son dérivé “sexy”, pour insister sur l’amour (love), le plaisir, la douceur (Dulce aussi à Bordeaux), contribuant à renforcer des stéréotypes de genre (les femmes seraient “douces”, les hommes pornographes)… c’est peut-être parce que les propriétaires (et les financeurs) restent, le plus souvent, des hommes.
Ekivoq planL’intérieur des magasins fait aussi l’objet d’une réflexion. L’intérieur des sex-shops “habituels” n’a souvent fait l’objet d’aucune préparation. Préparer un espace commercial spécifique va donc contribuer à séparer le magasin “sexy” de ce qui est refusé. Alice Lafaye, étudiante en architecture intérieure, a ainsi participé à l’aménagement du magasin “ekivoQ” de Bordeaux, mentionné plus haut.
Ekivoq photo alice lafayeSans que l’on sache très bien ce qui constitue le “glauque” des sex-shops, on peut voir sur ces photos que le magasin, ici, essaye de s’en éloigner : les éclairages sont multipliés, des podiums individualisent les objets (qui sont sortis de leurs emballages pour pouvoir être manipulés), des cadres servent d’«écrins» (les godes sont proposés comme des oeuvres d’art ou des bijoux), le mur du fond, consacré aux petites culottes à la lingerie fine, rappelle par certains détails la maroquinerie. Bref, la décoration a été pensée [J’attends avec impatience le mémoire de fin d’année de cette étudiante, qui me permettra de mieux comprendre l’ensemble de la décoration.]
 
Je m’aperçois avoir encore une fois entremêlé plusieurs streams of consciousness dans ce billet : la provincialisation des magasins sexys, des questions liées à la reconversions d’habitudes commerciales dans de nouveaux objets, l’utilisation de détails décoratifs pour séparer radicalement des échoppes. Ces trois choses sont liées : la provincialisation rapide de magasins “proposant des vibromasseurs et de la lingerie sans DVD X” va de pair avec l’arrivée de nouveaux “travailleurs du sexy” (vendeuses, gérants… et décoratrices).

Mariage halal

Il y a deux semaines, j’avais réagi à quelques éléments d’un papier du Monde sur les musulmans qui refusent le mariage civil. L’article 433-21 du Code pénal interdit en effet toute célébration d’un mariage religieux s’il n’y a pas eu, auparavant, célébration d’un mariage civil. Cet article a une longue histoire (que j’avais rappelée ici) et a survécu à la loi de Séparation en 1905 et à la réforme du Code pénal au début des années 1990 (ainsi qu’à une proposition de loi d’Alain Madelin en 1981). En droit donc, en France, les seuls couples encore obligés de se marier civilement sont les couples qui cherchent à se marier religieusement (un certificat de pacs ne suffit pas).
Je me suis depuis plongé dans les résistances catholiques au mariage civil (qui permettent de remarquer que la laïcisation du mariage n’a pas été un processus rapide et sans contestations).
Mais j’ai aussi découvert (avec l’aide de Sébastien Fath) cet article du Courrier de l’Atlas, Mariage “halal” : mariage hors la loi (sauf celle de Dieu) :

Danger : Certains jeunes couples musulmans estiment pouvoir se contenter du mariage religieux. Ils boudent ou reportent indéfiniment l’union civile. Une situation inquiétante car “l’épouse” peut être répudiée du jour au lendemain, sans que ses droits soient reconnus. Dans certains cas, c’est aussi une forme de rejet de tout système civil et organisation sociale laïque, voire des lois… Dans d’autres cas, il s’agit tout simplement d’une astuce pour vivre en concubinage.

Les journalistes ont interrogé un imam qui « a d’ailleurs décidé de ne plus célébrer d’union religieuse sans avoir vérifié au préalable l’acte de mariage établi civilement par la mairie. » Bon exemple de respect des lois, mais comment le comprendre ? On découvre assez vite un autre son de cloche si l’on se promène un peu sur internet.
Sur un forum consacré à l’islam, à la question Où peut on faire le mariage Halal sans le civil ? SVP, une personne répond :

Fo sadressé à une petite moské, car lé grande moské refuse de fair le halal avant le mariage civil. Sinon on peu demmandé à une association islamik.
traduction : Il faut s’adresser à une petite mosquée, car les grandes mosquées refusent la célébration des mariages halal avant le mariage civil. Sinon, on peut demander à une association islamique.

Pourquoi donc une “petite moské” serait-elle plus encline à célébrer des mariages halal ? Un texte de Solenne Jouanneau, «L’imam et les jeunes mariés», issu de sa thèse — en cours de finalisation — va nous aider à comprendre. En réalité, c’était déjà ce texte qui m’avait servi dans le billet précédent sur islam français et mariage civil, mais je l’avais en parti oublié, rendant à [Jocelyne] Césari ce qui était en fait à Jouanneau. Elle écrit qu’on peut voir “progressivement apparaître, chez un nombre croissant de musulmans, non pas un refus de principe concernant le mariage en mairie, mais le besoin d’un rituel autour du mariage qui puisse être vécu comme spécifiquement islamique.” Besoin qui s’est “concrétisé dans le souhait que se soit un imam, si possible dans une mosquée, qui récite devant les jeunes époux la fatiha ce qui (…) n’avait aucunement cours dans les pays d’origine. Les imams (…) acceptent de se plier à la demande des fidèles et ce sans s’inquiéter du caractère novateur de ce cérémoniel.” Les jeunes musulmans demandent à l’imam ce que de jeunes catholiques demandent aux prêtres. [A noter que l’on remarque la même chose aux Etats-Unis, d’après K.I Leonard citant E. Shakir : «American mosques inevitably borrowed heavily from American churches, using them as models (…) Soon the mosque became the scene of weddings and funerals, of cake sales and dinners»]
Elle poursuit ainsi : “par la volonté des musulmans pratiquants de maintenir une spécificité islamique à leurs unions matrimoniales, les imams ont progressivement été amenés à jouer un rôle central dans la réinvention de pratiques religieuses autour du mariage.” En conclusion : “ces imams répondent aussi à une demande des fidèles consistant à recréer un espace de pratiques qui puisse être perçu comme spécifiquement « musulman », d’où la création d’un mariage religieux islamique qui n’a de sens qu’en opposition au mariage civil et dans le cadre d’un processus d’adaptation à un pays laïc où l’islam se trouve en situation minoritaire.”
Ceci une fois dit, S. Jouanneau va s’intéresser aux situations concrètes d’acceptation ou de refus de ces célébrations extrajuridiques. Elle écrit que “les imams officiant dans les mosquées engagées dans un processus de reconnaissance institutionnelle” refusent, alors que les imams qui “officient généralement dans des lieux de culte qui ne sont pas inscrits dans un processus de reconnaissance par les pouvoirs publics (et qui) ne sont généralement affiliés à aucune fédération d’ampleur nationale” vont plus facilement accepter. C’est que les premiers sont plus détaché des demandes des fidèles : ils peuvent être soutenus par le bureau de l’association gérant la mosquée, mais aussi tenir compte des retombées qu’offre une proximité avec les pouvoirs publics. Les seconds, au contraire, ne dépendent que des fidèles : ils sont “directement dépendants de l’opinion de leurs fidèles qui restent leur principale source de légitimité.”
C’est ainsi que l’on comprend le conseil, donné plus haut, de recourir à une petite moské : passer devant Monsieur l’imam correspond à l’idéal du mariage musulman contemporain en France, mais il faut choisir un imam dépendant des fidèles pour avoir accès au mariage religieux sans mariage civil. Ce que ne précise pas la personne proposant le recours à la petite moské, c’est qu’il y a peu de chance pour qu’un membre extérieur à l’assemblée des fidèles puisse avoir recours aux services extra-juridiques de l’imam.
Il serait, pour poursuivre dans cette direction, possible de s’intéresser aussi au volume de capitaux — culturel et religieux — détenus par les candidats au mariage. Mon hypothèse est que l’acceptation sera d’autant plus forte que les capitaux des candidats seront plus importants, indépendamment de la situation concrète de l’imam.
Mais revenons à l’article du Courrier de l’Atlas consacré au ‘mariage halal’. Les journalistes décrivent trois situations de mariage halal en se concentrant sur les jeunes femmes. « La femme est souvent la première victime de ce type d’union » nous précise-t-on. Ces femmes apparaissent comme des êtres vulnérables : Fouzia, 30 ans, a été “abandonnée avec son enfant par Samir”, Séphora a été “mariée avec Marouane puis séparée”. Le mariage halal n’étant — du point de vue de l’Etat — qu’un simple concubinage, et le ‘divorce halal’ étant très simple à réaliser, les séparations sont plus douloureuses pour les femmes. Le mariage halal est décrit comme une forme de tromperie sur la marchandise, un engagement creux. Dans les années cinquante — de manière ultra marginale — et soixante, l’union libre (la “cohabitation juvénile”) devait aussi être décrite comme mettant en jeu l’honneur, la réputation et l’avenir des jeunes femmes… je ne sais pas trop quand ce type de description a disparu pour la population générale et apparu pour décrire les jeunes musulmans…
D’autres usages du mariage halal, manière de rendre possible la cohabitation, semblent possibles, et les jeunes femmes peuvent être les promoteures de ce qui est parfois décrit comme des “fiançailles”. Sur un forum, encore :

je suis marocain et je suis venu faire mes etudes en france, j’ai rencontré une cousine a moi qui est né ici on est sorti ensemble et elle m’as demandé en mariage (oui rien n’etonne aujourdhui) j’ai accepté mais le probleme c’est q’elle veut juste un mariage avec un fqih et pas de mairie pour l’instant (et je sais pourquoi : elle craint que je la quitte si je fais mes papiers). mais moi je m’en fous des papiers.
source

Pour finir, ce clip — hilarant de machisme blessé — une chanson de l’Algerino qui raconte l’histoire d’une Fleur fanée (comprendre une femme multipartenaire), et dont les paroles contiennent les vers suivants :

J’ai pardonné ; tout le monde fait des erreurs, j’en ai fait
J’l’ai prise comme elle était ; j’lui ai rendu sa dignité
Elle m’a présentée à sa mère et j’la présente à la mienne
La mienne me suggère directement de faire un mariage halal
J’avais 21 ans pas un rond, pas de situation

Recrutements universitaires dans Le Monde

La foire à l’embauche par François Clément (stéréotypé, malheureusement)
Recrutement, autonomie et clientélisme, par Olivier Godechot (programmatique)
A lire et à commenter.
En document à lire aussi, le Projet de loi sur l’université (PDF), (c’est le document de travail du gouvernement, je ne sais pas quelle version).
A commenter aussi.
Mise à jour : diverses réactions sur internet : Sans-Objet; affordance; EW-Econ… et en commentaires.
2e mise à jour : Chez Tom Roud, ou ici, ou encore chez Droit Devant
3e mise à jour : Les réactions s’empilent, directement, sur le site d’Olivier Godechot

Sex-shops : livre de l’été !

Mon livre, Sex-shops, une histoire française (éditions Dilecta, 2007, avec Irene Roca Ortiz) fait partie des « Livres de l’Été » du magazine Sciences Humaines : «Cet été, la rédaction de Sciences Humaines vous propose une sélection de livres qui pourront vous accompagner sur les plages, à l’ombre des platanes ou dans vos flâneries nocturnes.». Il est possible de commenter chaque sélection, et aussi de proposer (en moins de 5000 signes) d’autres ouvrages. Voici le début de la critique de Xavier Molénat :

Sex-shops, la face sombre de la libération sexuelle ? Depuis trente ans, la tolérance est allée grandissante concernant les comportements sexuels des gens. Mais les sex-shops ne sont jamais vraiment sortis de l’opprobre dans laquelle ils ont été plongés dès leur apparition. C’est ce que met en évidence l’enquête de Baptiste Coulmont, qui analyse les mille et unes astuces trouvées par leurs adversaires pour contenir l’activité de ces commerces libidineux sans faire appel à la morale, l’appel aux « bonnes mœurs » étant tombé en désuétude. Argument roi : la protection de l’enfance. (…)

Sex-shops, une histoire française est achetable sur amazon, dans un bon nombre de bonnes librairies, et, avec paypal, directement chez l’éditeur, Dilecta. Ici sur le site, vous trouverez plus d’informations sur Sex-shops.
Par ailleurs, vous pourrez m’entendre sur France Inter dans Cha cha tchatche le 27 juillet.
Sex-shops, dans Le Grand JournalContinuons avec les coulisses de la promotion. Il y a quelques semaines, dans Le Grand Journal de Canal +, Ariel Wizman a presque présenté mon livre. Averti par mon éditeur, j’avais regardé et enregistré l’émission, remarquant le livre sur la table, prêt à être montré à l’écran… et puis non… le temps était écoulé. Il en reste une image, où l’on distingue à peine la tranche…