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Choses variées du vendredi (6 – encore)

Billet publié le 06/09/2007

Le bistrot de la terrasse écrit :

j’ai recu (sic) ma réponse pour Paris 8 (st denis). Ma candidature a été accepté (sic). Bon je tiens à vous avouer qu’il va vraiment falloir que je n’ai (sic) pas le choix pour choisir cette fac.

(apparemment, il n’aime pas beaucoup…)
D’autres ont peur :

Mais bon je dois déjà choisir où je vais allé (sic) m’inscrire!!
Paris 13? Paris 12? Paris X ? Paris 8?
Tout le monde me dit de ne pas m’inscrire en sciences de l’éducation à Paris 8, c’est peut être pour ça que cette Université (mal réputé [sic]) m’attire autant… allez savoir.
(source)

Mais ces commentaires sont ceux de personnes n’ayant pas fréquenté l’université. Laissons alors la parole à Askiparait :

Alors direction une autre fac – Paris8 à Saint Denis – section cinéma. là je me suis encore plus éclatée. Je crois que ce qui m’a plu à l’université, c’est le fait de travailler pour soi, sans juge, mais avec la possibilité d’avoir du soutien quand il y a besoin. C’est aussi toutes ces potentialités qui s’offrent à vous : Je faisais un peu de militantisme, j’ai repris des cours de russe, j’ai commencé à apprendre l’arabe… et surtout, à paris 8, j’étudiais ce qui m’intéressait et j’étais entouré [sic] d’étudiants qui avaient les mêmes intérêts ! Je crois que j’ai vraiment bien profité de ce que la fac m’offrait : on a tourné des court-métrages, on voyait pleins de films et je suis partie 5 mois en séjour Erasmus à Dublin. Un de mes plus beaux souvenirs !
la suite…

Ailleurs, une sorte de reportage photo… (ce sont en grande partie mes photos, ou celles de Marie Ménoret, recomposées par une étudiante).

Mais Paris 8, mon université, dans l’actualité… Ce n’est pas toujours pour de bonnes raisons. Après les histoires étranges entre la nouvelle présidence et l’ancienne présidence (plaintes déposées, articles dans le Canard Enchaîné, publication d’un livre de semi-fiction…), voici du détournement d’argent. Ce qui est amusant, c’est que la désorganisation interne de Paris 8 — c’est du moins mon explication — a permis à cette personne de ne pas être découverte :

Une employée du Trésor s’est fait verser le salaire d’un professeur fictif pendant 15 ans
(sources inconnues – peut être “Le Parisien”)
Une agent du Trésor public de Seine-Saint-Denis a réussi pendant 15 ans à se faire verser un salaire de professeur des universités d’environ 4.000 euros avant d’être arrêtée en milieu de semaine dernière, a-t-on appris lundi de source judiciaire.
Le ministère du Budget a confirmé l’existence de ce détournement, qui atteindrait 600 000 euros au total, dans un communiqué publié en début de soirée.
Cette fonctionnaire de 54 ans, chargée de la paye des professeurs de l’Université de Marne-la-Vallée, a été mise en examen vendredi pour “détournement de fonds publics par personne dépositaire de l’autorité publique”, selon la source judiciaire, qui confirmait une information du Journal du Dimanche.
Mise en détention provisoire, elle risque 10 ans d’emprisonnement et 150.000 euros d’amende.
“Une procédure judiciaire de révocation de l’agent concerné” a de surcroît été engagée par l’administration, selon le ministère.
Convoquée mercredi par la police judiciaire à l’issue d’une enquête ouverte en juin 2007, la fonctionnaire a avoué en garde à vue avoir ouvert en février 1992 un compte fictif à la trésorerie générale, au nom d’un professeur qui n’existait pas, d’abord rattaché à l’Université Paris VIII-Saint-Denis, puis à l’université de Seine-et-Marne.
“Les salaires étaient versés sur un compte bancaire ouvert par l’agent sous une fausse identité”, selon la source judiciaire, qui précise qu’elle “a fait des investissements immobiliers, donné de l’argent à sa famille ou fait des prêts à des proches”. “Elle gérait directement le dossier fictif en calculant régulièrement augmentations et avancements“, précise cette source.
C’est en mai et juin 2007 que l’Université de Marne-la-Vallée a découvert des bulletins de paie ne correspondant à aucun professeur dans son courrier. Ces bulletins envoyés par le Trésor public avaient échappé cette fois au fonctionnaire indélicat, déclenchant une enquête.
CB

L’affaire a été suivie par Valeurs actuelles, “libéral et de droite” (sans commentaire).

Le site personnel d’Eliane Daphy, ingénieure de recherche au CNRS, contient d’intéressantes analyses mais aussi des outrages personnels. À lire, entre autres, ce comptage des femmes dans l’anthropologie sociale française.

La façade d’un des deux sex-shops de Loughborough (/lɘf.bɹɘ/, Royaume Uni) est reproduite ci-dessous :
simply pleasure
J’étais à Loughborough University pour un colloque Sex life politics (mêlant principalement géographes et sociologues).
J’y ai rencontré, entre autre, l’artiste conceptuel Paul Hartfleet, qui plante des pensées aux endroits mêmes où des injures homophobes ont été prononcées : The Pansy Project (“pansy” est une de ces injures, un peu vieillotte).

[yarpp]

9 commentaires

Un commentaire par Eliane Daphy (07/09/2007 à 12:43)

C’est vraiment gentil d’envoyer des visiteurs sur mon site… merci beaucoup.

Je serais curieuse de savoir ce que vous considérez comme des “outrages personnelles” ? Le fait d’avoir mis en ligne des pages ironiques sur les pratiques de l’ethno, du genre les élus de la CNU de rang B qui passent profs pendant leurs mandats, les collègues qui mettent dans leurs rapports d’activités comme “publiés” des articles non-parus, le fait que les collègues intitulent “colloque” un banal atelier ?

Je vous signale que je ne suis pas ingénieure de recherche CNRS, mais ingénieure d’études 2 classe…

Cordialement

PS. J’avais signalé votre blog sur le site des Assises (pour montrer ce que faisait les collègues en socio pour introduire de la transparence dans les procédures de concours universitaires).

Un commentaire par clic (11/09/2007 à 14:16)

au passage, je signale avoir vu à Bordeaux un bus avec une publicité pour un magasin mêlant lingerie traditionnelle et érotisme. Il y avait la silhouette d’une femme allongée avec des menottes incrustées de pierres roses attachées au talon (aiguille, évidemment) de sa chaussure.
Je me suis dit que ça pourrais vous intéresser. Mais je n’avais pas mon appareil photo.

Un commentaire par Baptiste Coulmont (12/09/2007 à 17:35)

> Eliane Daphy : Désolé pour l’erreur “ingénieure de recherche” / “ingénieure d’étude” ! “Outrages ironiques” aurait en effet mieux rendu compte de votre démarche que “outrages personnels”.
> Clic : J’aimerai bien avoir le nom de l’entreprise, à défaut de la photo…

Un commentaire par clic (13/09/2007 à 16:07)

si elle me repasse sous le nez, je le note…

Un commentaire par Eliane Daphy (14/09/2007 à 23:12)

Merci, cher Baptiste (contributeur en archives ouvertes sur Hal, bravo), de partager la désolation et le dépit qui sont les miens chaque mois, lorsque la banque me crédite mon traitement d’ingénieure d’études Cnrs 2e classe, 4e échelon indice 426 (pour les curieux, sur le site du CNRS, tout sur les traitements des heureux fonctionnaires de cet organisme), très inférieur à celui des ingénieurs de recherche. Mais enfin, faut pas me plaindre, c’est beaucoup mieux que la précarité, et l’allocation solidarité fin de droits Assedic, dite “ASS”.

En plus, j’ai féminisé “outrages” dans mon message, quel scandaleuse erreur, heureusement que la fonction publique ne permet pas le retrogradage, merci aux lecteurs de m’excuser cette bourde.

L’ironie peut-elle être outrageuse ? Intéressant débat rhétorique en perspective ! Ne s’agirait-il pas plutôt dans mon site de moquerie sarcastique ?

Quoiqu’il en soit, merci de m’envoyer des lecteurs.

Eliane

Un commentaire par Phil hubbard (28/09/2007 à 17:55)

La facade de la sex shop à Loughborough – tres bien! Nous avons besoin de publicite – Loughborough est sur la carte sexuelle et sociale maintenant! Pour information, il y a deux sex shop, deux brothels et, l’annee prochaine, Ann Summers aussi.
A bientôt!

Un commentaire par Eliane Daphy (09/11/2007 à 5:46)

La communauté scientifique de l’ethnologie supporte mal les empêcheurs de barboter en rond dans sa petite marre au canard, surtout quand les critiques proviennent d’une ingénieure d’études 2e classe. J’avais posté sur mon site perso quelques informations fort bien argumentées, critiquant les collègues qui font preuve d’un – disons- d’une petite tendance au laxisme ou l’exagération emphatique dans leurs pratiques professionnelles (références bibliographiques, actualisations de site web, qualifications des manifestations scientifiques, appropriation nominale abusive du travail collectif, privatisation des mandats électifs…).
La tonalité de mes pages était ironique et sarcastique. Relations à plaisanterie, comme disaient les ethnologues jadis.
Baptiste Coulmont avait traité ici-même ces pages d’outrages, rien à voir sans doute avec le fait que je chambrais un de ses voisins de pallier.
Ah bon ? Quand on publie qu’un collègue met une référence bibliographique bidon (annonçant comme “publié en 2006″ un article pas paru, par exemple), c’est celle qui le dit qui outrage, ou celui qui bidonne qui outrage la déontologie scientifique ? Ce genres de petites histoires qui alimentent les potins des gens bien avertis sont secret défense ? Même quand les bidonneries sont publiés, en ligne ou sur papier ? C’est tabou d’écrire que les rapports d’activités des laboratoires sont parfois remplis d’inexactitudes, que les collègues publient des ouvrages pleines de pages vides, qu’une thèse en devant ouvrage perd une partie de ses références bibliographiques initiales, et change d’orientation ?

Je ne sais ce qui arrive aux chercheurs ou aux universitaires qui ont l’esprit critiqueur, et publient des propos peu politiquement corrects sur leurs sites persos… Par contre, je sais ce qu’il arrive à une ingé qui ose critiquer. Les collègues cibles des critiques se plaignent au directeur du laboratoire par voie hiérarchique, et voilà le directeur du laboratoire bien embêté. Alors, je n’ai pas hésité, j’ai pratiqué avec vélocité et application l’auto-censure sur mon site.

Plus d'”outrages” ni d’attaques nominales sur mon site, non. Il ne reste que des textes de fictions, datés du 31 février, récits inventés par Bécassine bonne à tout faire, insensée sidérante, ethnographe amateur d’un laboratoire de recherche.

Je l’affirme ici haut et fort, je le jure sur mon honneur (et sur la Bible s’il le faut, je suis athée mais je ne suis plus à cela près) : rien de ce que j’ai écrit sur mon site n’était vrai, tout était mensonge et invention : les universitaires et les chercheurs en ethnologie sont tous, tous, tous, d’une honnêteté scrupuleuse qui les honore, l’évaluation par les pairs est là, bien en place, pour réguler les quelques rarissimes dérapages.

Une science qui ne supporte la critique de son mode de production n’a plus rien de scientifique, elle n’est que publicité et marketting, pour le plus grand avantage de ceux qui imposent le silence aux dominés complices malgré eux du népotisme.

Il était un jour l’ethnologie, une science.

Rideau.

Un commentaire par Baptiste Coulmont (09/11/2007 à 7:13)

Quand je parlais d’outrage, je parlais de vos outrages : vous étiez outragée de voir certains comportements… je ne disais pas que vous outragiez certaines personnes. Apparemment, certains se sont sentis outragés. Comme le don, les outrages circulent.

Un commentaire par Eliane Daphy (12/11/2007 à 13:02)

Merci de votre précision, qui me réconforte. Il est vrai que je n’accepte toujours pas (et je l’espère, je ne l’accepterai jamais) qu’au nom des sempiternelles faux-semblants “tout le monde fait comme cela” et “on ne peut pas faire autrement, c’est naîf de le penser”, “chacun pour soi, la carrière et les promos avant tout, exploitons le travail des autres”, les règles déontologiques de base de la recherche scientifique soient bafouées (la citation des sources, c’est quand même la base).

Et oui, les collègues mécontents ont instrumentalisé votre propos, en renvoyant/déformant que ce que j’avais écrit sur mon site diffamait les collègues concernés, et que d’ailleurs, vous l’aviez écrit.

J’apprécie beaucoup votre remarque sur la circulation des outrages. Il est évident que la lisibilité donnée par internet aux informations (et donc, par ricochet, aux pratiques malsaines et malpropres) participe dans la recherche en SHS, comme dans l’information médiatique, à un bouleversement. Et que ceux qui sont ainsi pris au piège de leurs propres petites malversations et jeu de pouvoirs dans les réseaux d’influence supportent mal le ridicule entrainé par cette lisibilité. Sortir de l’anonymat et du pseudo, et réagir aux pratiques de détournement est un moyen collectif de régulation (comme on a pu le constater sur votre blog et celui de Caroline Legrand au moment des recrutements). Cela ne modifie pas les pratiques (pas encore ? soyons optimiste!), mais cela contribue à déstabiliser le vieux système sclérosé. Que cela déclenche de la violence de la part des petits rois mis à nu, rien d’étonnant. Que cette violence s’exerce avec encore plus de force contre une femme, ingénieure, par la voie hiérarchique, n’est pas non plus très étonnant. Le royaume des mandarins est celui de la lâcheté.

Qui est responsable du méfait ? Prenons un exemple : la désormais prof qui a dans sa jeunesse publié dans ses références bibliographiques -désormais en ligne, bien lisible par le monde entier- une auto-référence biblio bidonnée de sa thèse de doctorat PHD aux USA, où la petite ingénieure documentaliste qui a repéré et signalé le bidonnage ?

Les blogs, sites persos, publications en archives ouvertes contribuent à un renouveau des pratiques scientifiques et du contrôle collectif. C’est fort réjouissant, et fort intéressant à suivre.

Eliane Daphy