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Les billets de October, 2007 (ordre chronologique)

Espace social

Les sociologues ont l’habitude de proposer des représentations synthétiques de la société, présentant souvent des analogies avec la cartographie. L’expression d’espace social vient renforcer ces représentations. Pyramides, “modèle du feu de camp”, échelles… positionnent les groupes sociaux relativement les uns aux autres, la proximité spatiale entre groupes — sur la feuille de papier — représentant une proximité sociale.
L’espace social le plus connu — des sociologues de ma génération — est sans doute l’espace bourdieusien, structuré autour de deux formes de capitaux, le capital culturel et le capital économique. Les analyses factorielles ponctuant — par exemple — Homo Academicus en sont l’illustration typique. Mais ces expressions savantes sont-elles celles des étudiants ?
L’un de mes collègues, Charles Soulié, a pris l’habitude de demander aux étudiants, en début d’année, de dessiner la société : “Si vous aviez à dessiner la société, quelle figure feriez-vous ? Pouvez-vous la dessiner, puis y placer votre famille ?” J’ai repris cette question avec enthousiasme cette année, pour une classe de première année de Licence de sociologie, à l’université Paris 8.
Dessiner la société
Le premier dessin est complexe. Il est expliqué ainsi par son dessinateur : “Au centre l’idée de nation, et, gravitant autour, les personnes qui vivent dans ce pays et ayant des interactions plus ou moins importantes”. La sociologie proposée est réticulaire, mais laisse une place à une “canopée” macrosociale, un horizon des valeurs (ici la nation, mais probablement sans aucune visée nationaliste). Granovetter + Luckmann/Berger.
Immédiatement à droite : plusieurs nuages… “La société est vaste et hétérogène” écrit son auteur. Aucun principe ne semble la structurer.
En dessous, le triangle découpé propose une description classique d’une société hiérarchisée, et, si l’on suppose que les aires sont proportionnelles à la population… l’idée que les classes ou milieux populaires sont plus nombreux que les élites. Comment l’auteur explicite son dessin : “La société est constituée de personnes intégrées et d’autres moins, de personnes “riches” [guillemets dans le texte] et d’autres moins. Les riches et très bien intégrés se situeraient en haut”… Plusieurs principes de structuration dans ce dessin… qui luttent pour entrer dans la pyramide.
Sous la pyramide, un arbre : “ses branches qui montent au ciel peuvent bien représenter les élites de notre société. Puis le tronc, la classe moyenne. Et enfin les racines que l’on entrevoit parfois, la classe ouvrière”.
Dernier dessin, en bas à gauche : “la société est composée de groupes d’individus, avec certains exclus”. Les exclus sont situés hors des frontières du nuage de point.
Cette cartographie sociale m’aide à saisir que les descriptions hiérarchiques et relationnelles entre groupes sociaux ou “professions et catégories socioprofessionnelles” sont peu connues… alors qu’elles me paraissent naturelles.

Ailleurs: Les Cartes mentales d’un professeur de lycée (géographie). Une Carte des grèves sur EspacesTemps.net. Dans la revue Mappemonde : Cartes mentales du bassin de Genève.
Mise à jour : un passage en revue des représentations graphique de l’espace social chez SOS S.E.S.

La démission de Xavier Dunezat (suite)

La lettre d’explication de Xavier Dunezat, postée sur une liste de diffusion (Efigies) et reproduite sur mon blog, a été commentée à de nombreuses reprises, souvent en détail. Elle a aussi beaucoup circulé, et dans des mondes extérieurs à l’Academia. Une journaliste du Monde m’avait d’ailleurs contacté il y a une dizaine de jours. Son article est publié dans l’édition du jour :

DEPUIS UNE SEMAINE, de mails en forums de discussion sur Internet, une longue missive agite le monde universitaire. Son auteur, Xavier Dunezat, devenu professeur de sciences économiques et sociales au lycée, explique les raisons qui l’ont poussé à quitter l’université, où il était maître de conférences en sociologie. Méthodiquement, en cinq chapitres, l’enseignant dresse un tableau accablant des pratiques de recrutement en vigueur. Il dénonce le ” règne du piston”, le “désert relationnel” de l’université et le ” mépris des étudiants qui transparaît dans l’organisation globale des enseignements… et dans les pratiques professionnelles des enseignants”.
A partir de son expérience d’un an, M. Denuzat [sic] reconnaît livrer un témoignage ” très subjectif, parfois grossier”. Pour autant, les nombreuses réactions qui fleurissent, notamment sur le blog de Baptiste Coulmont, lui-même maître de conférences en sociologie à l’université Paris-8 (Vincennes-Saint-Denis), l’un de ceux qui a mis en ligne la lettre, montrent que l’enseignant a fait mouche.
source : Le Monde : “Copinage” et “mépris” des étudiants : un enseignant ouvre le débat sur le recrutement à l’université

Si l’initiative de X. Dunézat est rare, il est plus courant de lire les revendications des étudiants… qui n’ont ni la même ampleur ni le même poids, mais ressentent vivement les difficultés de la vie universitaire. Pour exemple, cet extrait de blog, sur Paris VIII, où j’enseigne :

Je me suis renseigné un peu partout, et si je voulais absolument continuer en M2, faudrait que j’aille … ou à saint denis ou à créteil …et bon … ça craint comme coins. Je connais quelqu’un qui est passé à Paris 8 et il a tenu une semaine avant de changer à nouveau de fac. C’était la zone : un distributeur de boisson cassé, des groupes de jeunes extérieurs à la fac qui foutaient le bordel … Et pour créteil, j’ai connu, aussi. Il y a longtemps j’avais accompagné une copine dans cette fac et j’avais été sidéré de voir que certains faisaient du rap au milieu du hall ou fumaient leurs joints … Une fac c’est pas la rue, tout de même ! Je préfère encore n’avoir qu’une maitrise mais qu’elle garde sa valeur.
source : Wendoo – in loco

Un autre extrait décrit les raisons d’un choix entre deux universités :

Bon, je sais qu’il va falloir que j’en passe par des explications car j’imagine d’ici vos “Han mais pourquoi t’as fait ça?”.
Comme vous le voyiez sur l’article précédent, j’étais mal à l’aise à Paris8. J’étais stressée de ne pas avoir la possibilité de m’inscrire dans tous mes cours, je n’aurais pas fait d’anglais ni d’italien pendant minimum 6 mois pour cause d’un bordel administratif monstre. Je ne me sentais pas du tout chez moi là bas, je sais qu’un temps d’adaptation est nécessaire, mais je n’en avais même pas l’envie… C’est bête je sais.
Mais quand vous vous levez à 6h45 le matin sans savoir si vous commencez à 9h ou 18h, ça calme. J’y allais à reculons, sans savoir si j’aurai une chaise sur laquelle m’asseoir, une table sur laquelle poser mes affaires… Par dessus tout, je ne pouvais pas m’inscrire à un nombre d’EC suffisant pour pouvoir valider suffisemment de crédits pour le 1er semestre. Alors à quoi bon continuer ?!
source : CrossedFingers

Les revendications précédentes ne proposaient pas les mêmes options politiques que la proposition suivante, lue sur les murs de P8 et sur internet.
Appel a AG - polear - Paris 8On peut actuellement lire sur Indymedia un appel à manifestation :

à L’université de St Denis, nous voulons nous rassembler hors des organisations politiques, hors des bureaucraties syndicales, hors des manies groupusculaires (…)
Qui organise l’assemblée générale ? Qui la tient ? Comment se l’approprier ? Tout participant à une assemblée doit systématiquement se poser ces questions. Elle est organisée par des étudiants, habitants du quartier et autres qui agissent ici depuis l’an dernier. Ils sont issus de l’AG “Sarko est là et nous on est où ?” du printemps dernier. Mais il serait erroné de croire que ces individus sont les créateurs de cette assemblée et de tout ce qui la compose. (…)
Nous appelons à des projections-débats régulières et proposons des réunions thématiques, ou des manifestations diverses.
Source : Pôle d’Action et de Réflexion, St Denis, septembre 2007 (Polear@no-log.org)

mise à jour : un appel à manifestation pour le 18 octobre.

Sciences sociales en ligne – suite

La Vie des Idées “point FR” devrait être en ligne aujourd’hui. Je ne sais pas ce que cela va donner. Bon courage Wojtek !
Les Editions Zones (un imprint de La Découverte) proposent leurs livres en ligne… et en texte intégral. La Petite histoire de la voiture piégée mérite même d’être achetée… C’est de Mike Davis.

Et ailleurs (“Dunezat”, suite)

Un article du Monde a amené ici un grand nombre de visiteurs, qui ont, en partie, contribué à la discussion autour de la lettre de Xavier Dunezat expliquant les raisons de sa démission (ici (billet du 15 octobre) et ici (billet du 30 septembre). La lettre a été aussi discutée ailleurs, et souvent en détail :
L’université à la poubelle ? sur le blog “Mes Etagères”
Drôle et moins drôle sur Affordance
Les raisons d’une démission sur Bibliothécaire/Wordpress (Michel Roland)
Quelques réalités sur l’enseignement universitaire, sur “Histoires Médiévales”
Sur l’article du Monde, sur le blog d’un enseignant-chercheur de Nantes.
Un enseignant à la fac de Lille démissionne, sur Rue89.com, avec de nombreux commentaires.
Le regard d’un prof sur l’université sur un forum de discussion musulman, sabyl-al-islam

Moins analystes, quelques autres liens (Polémiques autour de la démission d’un enseignant en sociologie sur fabula, L’université, une grande malade ? sur “blog histoire”, Démission d’un enseignant-chercheur en sociologie à l’université par Montarodan, et enfin un site bayrouiste).

Mise à jour : Recherche, mandarins et petits chouchous à l’université, sur le BactérioBlog.
Démission d’un poste d’enseignant-chercheur : symptôme sur le blog d’Eric Dané, doctorant (sciences de l’éducation)
Enfin quelqu’un pour l’écrire, sur Bruit Blanc

Re-mise à jour : Démission d’un MCF de sociologie sur le site du SnesSup de l’Université d’Evry.
Un pavé dans la mare universitaire sur relinger.wordpress

Compte-rendu de “Sex-shops” sur liens-socio

Igor Martinache, le serial-reviewer de Liens-socio a lu Sex-shops, une histoire française :

Aussi curieux que cela puisse paraître, cet ouvrage de Baptiste Coulmont est le premier du genre à s’intéresser aux sex-shops. Voilà pourtant un sujet qui pourraît paraître à première vue attrayant (pour ne pas dire « vendeur ») pour un chercheur comme pour le public… à moins que l’objet de recherche ne suscite la même réaction de tension entre fascination et répulsion que les commerces en question. Telle est du moins l’impression que l’on peut avoir en tant que lecteur quand on constate sa propre gêne à arborer le livre dans les lieux publics, étant donnée sa rose couverture quelque peu suggestive…
Lire la suite sur Liens-socio

Rappel : Vous pouvez acheter Sex-shops sur amazon ou dans toute bonne librairie…

Candidater au CNRS

Il y a quelques années, lorsque, après la thèse, je recherchais un poste, je n’avais rien compris aux procédures de recrutement au CNRS. Passons sur les auditions : les uns m’ont presque demandé si j’étais gay et si j’allais introduire la queer theory dans la pensée française (un mal énorme), les autres, après un quart d’heure d’exposé, m’ont dit “merci, au revoir” sans poser aucune question… Mon projet de recherche ne devait pas être bien solide.
C’est l’épreuve préliminaire, le soutien d’un laboratoire, que j’avais eu du mal à obtenir. Après un soutien oral, certains n’ont pas donné suite à mes lettres, d’autres ont répondu négativement… et après insistance, m’ont envoyé une lettre de soutien du bout des lèvres. Je n’avais pas compris les critères de choix, qui ne m’ont jamais été précisé.
Certains centres de recherches en sciences sociales précisent aujourd’hui leur mode de sélection :

  • Le CSU (format word)
  • Le cevipof : Candidats au CNRS – Demande de rattachement au CEVIPOF
    Pour les candidats à un poste de chargé de recherche au CNRS qui envisageraient un rattachement au CEVIPOF, merci d’envoyer à Pascal Perrineau (pascal.perrineau@sciences-po.fr), directeur du CEVIPOF, avant le 3 décembre :
    – un curriculum vitae,
    – une liste des publications et
    – un projet de recherche.
    Ces candidatures seront examinées et classées en conseil de laboratoire. Les candidats seront informés de la décision vers la mi-décembre.
    Nous rappelons que les travaux du CEVIPOF se structurent autour de trois pôles : 1. attitudes, comportements et forces politiques; 2. Action publique; 3. Pensée politique et histoire des idées.
  • L’UMR 5116 SPIRIT (CNRS – FNSP, IEP de Bordeaux) invite les candidats aux concours du CNRS qui souhaiteraient solliciter son appui à adresser leurs dossiers (projet de recherche + CV) à Antoine ROGER (a.roger@sciencespobordeaux.fr) et Andy SMITH (a.smith@sciencespobordeaux.fr) le plus rapidement possible – et en toute hypothèse avant le 3 décembre 2007 – serait-ce sous une forme provisoire. Pour chaque dossier, deux rapporteurs seront désignés parmi les chercheurs et enseignants-chercheurs du laboratoire ; ils pourront suggérer des modifications et des améliorations. Une discussion et une évaluation collective seront organisées à l’occasion d’un conseil de laboratoire programmé dans la semaine du 10 décembre 2007. Les candidats agréés recevront dans les meilleurs délais une lettre de soutien.
  • Le GSPE – Prisme
    La campagne de recrutement au CNRS est un moment important dans la vie d’un laboratoire. C’est également un moment d’échange intensif avec les candidats autour de leurs projets de recherche et leur articulation avec les thématiques et priorités scientifiques du laboratoire.
    Les trois axes de recherche du GSPE-PRISME sont :
    La professionnalisation des acteurs de l’Union Européenne
    Les transformations de l’action publique
    Mobilisations et interactions dans les espaces publics de l’Europe
    Vous trouverez plus d’informations sur les orientations scientifiques et les membres de l’équipe sur le site : http://prisme.u-strasbg.fr/equipes/gspe.htm/ et des informations sur la MSH d’Alsace qui héberge le GSPE depuis la rentrée sur le site de la MISHA : http://misha1.u-strasbg.fr/

    Pour assurer la qualité de ce dialogue dans un calendrier bien chargé, j’invite les candidats souhaitant demander le soutien du GSPE-PRISME (UMR 7012) dans les sections 36 et 40 à me contacter rapidement (jay.rowell@misha.fr). Les demandes de soutien seront examinées en conseil du GSPE le 10 décembre après la désignation de deux rapporteurs. Il est demandé aux candidats d’envoyer leur dossier au plus tard le 30 novembre 2007. Les dossiers doivent inclure un CV, le projet CNRS aussi abouti que possible et une publication significative. Les critères d’évaluation sont la qualité du projet de recherche et du dossier scientifique ainsi que son adéquation avec les axes prioritaires de développement du centre. Les candidats seront notifiés de la décision du conseil du GSPE le 11 décembre et les lettres de soutien seront envoyées aux candidats retenus au plus tard le 17 décembre 2007.

  • Le CURAPP :
    En ce qui concerne le CURAPP, et sans entrer dans le détail de notre cuisine interne, nous invitons (comme les autres labos) les candidat(e)s à prendre contact le plut tôt possible avec nous. Nous traitons collectivement les demandes de soutien à partir des spécialités de recherches de nos membres. Nous nous basons sur les projets de recherche (mais nous demandons bien sûr un CV !) : nous soutenons seulement les projets qui présentent une cohérence avec les axes du laboratoire (qui ont été profondément remaniés dans le cadre du prochain contrat quadriennal 2008-2011 avec l’apport de nouvelles équipes de recherche en sociologie, sciences de l’éducation, psychologie et sciences de l’éducation : cf. le site http://www.u-picardie.fr/labo/curapp/). Notre soutien (pour des candidatures en section 36, 40 et 35) est plus ou moins développé selon que le CURAPP est un premier choix ou non ; nous nous interdisons en revanche une sélection trop sévère, dans la mesure où il appartient au Comité national de statuer sur la qualité des candidat(e)s. Pour information, nous recevons entre 20 et 30 demandes de soutien par an.
    Mais il faut surtout avoir en tête que la lettre de soutien des laboratoires constitue un élément sans grand poids dans le dossier de candidature ! Le dossier du (de la) candidat(e) (thèse, publications etc.), la qualité scientifique de son projet, et (comme toujours) les soutiens acquis et conquis dans les jurys du Comité national ainsi que les incertitudes des procédures électorales pèsent bien davantage dans le recrutement au CNRS.
  • Et, en général (précisions de Fabien Jobard) : Je me permets d’indiquer quelques éléments d’orientation quant aux laboratoires d’affectation des candidats au recrutement cnrs. Depuis quelques années déjà, la section invite les candidats à prendre contact avec les laboratoires au plus tôt, pour permettre à ces derniers de prendre leurs dispositions. Cela mérite précision.
    1) Le laboratoire visé est celui qui se déclare, par un courrier de son directeur, favorable à l’affectation, en cas de recrutement, du candidat. Or, ce candidat est recruté sur un projet de recherche : c’est donc plus le laboratoire proche des projets scientifiques à venir (ou post-docs) du candidat qui est concerné, que le labo dans lequel il a effectué sa thèse.
    2) Ce d’autant plus qu’une fois nommé par le jury, le candidat risque de s’opposer à un refus (de la part du Département scientifique) de demande d’affectation dans le labo de thèse : le CNRS encourage la mobilité géographique des chercheurs.
    3) Dans le dossier que vous remettrez, on trouve 2 labos souhaités. Le jury s’attend donc à 2 lettres de soutien (celles-ci montrent que le projet du candidat s’inscrit pleinement dans la politique scientifique du labo, que le candidat a été retenu après telle ou telle procédure, etc.), mais le candidat est libre par ailleurs de joindre plusieurs autres lettres de soutien.
    4) La question du laboratoire d’affectation est assez secondaire au moment de l’examen de la candidature par le jury. Mais il est préférable, lorsque l’on candidate en section xy, de présenter des labos de ladite section. Notamment parce que c’ets un moyen pour les collègues de s’orienter : un soutien d’un labo sérieux, exigeant, et connu comme tel par les membres,
    vaut mieux.
    5) Le délai recommandé pour prendre contact avec les laboratoires, c’est dans les semaines qui viennent. Chaque labo dispose de sa propre politique à l’égard des candidats : certains auditionnent, d’autres non. Ce qui est sûr, c’est que la vie d’un labo est souvent assez dense, il faut donc s’y prendre assez tôt pour répondre aux exigences éventuelles, surtout si l’on devait
    essuyer un refus. Dans tous les cas, il est bon de prendre contact de manière circonstanciée, en adressant un début de projet, ou un projet de projet, un cv synthétique, etc…

Donc, candidats et candidates… c’est le moment de téléphoner et d’écrire… (il y aura une poignée de postes en sections 36, 38 et 40…)
Et, directions de laboratoires : vous pouvez préciser en commentaires votre mode de sélection !
Note : la plupart des informations provient de la liste de diffusion des sciencepolitistes de l’ANCMSP… à quand une telle liste en sociologie ?

Télévision !

Logo Paris CapJe suis invité ce soir dans l’émission “C à Paris” de Patrice Carmouze, sur la chaîne cablée “Paris Cap”. Le sujet de l’émission : “Paris Erotique”. Je parlerai des sex-shops.
Depuis quelques temps, j’ai commencé à refuser émissions de télévision et de radio. Des aides de l’animateur Cauet m’avaient contacté pour être le sociologue de service (l’émission portait sur les personnes qui s’exhibent sur internet), et j’avais poliment refusé. Quelques jours plus tard, c’était Radio Notre Dame (oui, les jours ne se ressemblent pas) pour un tout autre sujet. M6 sur les universités pauvres… Cet été, par deux fois, France 24 (une fois pour la sociologie des Simpsons, une autre pour une étude pipeau d’un fabricant de préservatifs). France Info, sur les massacres à l’arme à feu dans les universités américaines… Un magasine de jeunes, sur la “Tektonik”…
Je refuse pour plusieurs raisons : le plus souvent, c’est parce que je ne m’estime pas compétent ou que j’estime que d’autres sont bien plus compétents. Mais parfois, c’est le style de l’émission qui va me gêner. Le « dans les conditions du direct » ne m’inspire pas confiance. Mais toujours, j’essaie de donner aux journalistes (ou aux assistants) qui me contactent d’autres noms (même s’ils n’intéressent pas toujours les journalistes). Et il me semble qu’internet et les échanges de noms servent aux journalistes pour repérer des invités (l’invitation de ce jour fait partie de ces échanges de bons procédés)… plus que les livres, malheureusement.
Pourquoi ai-je accepté d’être à la télé ce soir ? L’émission est en direct (c’est un plus). Elle est disponible 15 jours sur internet (encore un plus) sur le site de Paris Cap, et j’ai pu vérifier ce que je crois être la bonne tenue des échanges. Et ce n’est ni pendant mes vacances, ni pendant des horaires de cours.
Mise à jour : Regardez l’émission au format Quicktime

Menace sur les sciences humaines ?

[Bienvenu, visiteurs en provenance du rezo !]
Pascal M… me signale une tribune libre dans Le Monde.
Le déménagement de l’EHESS et de l’EPHE à Aubervilliers est-il le signe d’une menace sur les sciences humaines ? Certains, illustres, le pensent, dans Le Monde (mais, étrangement, aucun étudiant n’est signataire de cette lettre). Le rapprochement de ces institutions (que j’ai fréquentées) avec l’université Paris 8, la MSH Paris Nord, l’université Paris XIII, les futures Archives nationales (qui s’implantent face à Paris 8)… n’est pas vu comme la constitution d’un grand pôle pour les sciences humaines au Nord de Paris.
On pourrait rappeler que l’EHESS, dans ses locaux exigüs, n’offre pas de bureau aux doctorants, n’a pas de bibliothèque propre (la bibliothèque de la MSH n’est ouverte qu’aux doctorants, et le cursus de l’EHESS commence au master). Que l’EPHE n’est qu’un morceau de couloir poussiéreux dans les locaux de la Sorbonne. Si le déménagement à Aubervilliers (ce n’est pas si loin…) était l’occasion de la constitution d’une véritable école, avec un centre “communautaire” pour les étudiants, des salles de sport, une cantine agréable, des jardins, une bibliothèque, des bureaux pour doctorants, des salles en grand nombre pour accueillir séminaires, cours et réunions de travail, des appartements pour les professeurs invités (et une résidence universitaire)… il serait difficile de s’y opposer. L’argument selon lequel les sixième et cinquième arrondissements sont conditions nécéssaires à la recherche en sciences humaines tiendrait moins la route.
Ailleurs : Parcelle 521, un blog consacré au déménagement.
Et… mes propres déclarations de menaces sur les sciences sociales.
mise à jour : Tache aveugle, “Éloge de la Seine St-Denis. Qui (quoi) menace quoi (qui) ?”
Un déménagement de trop ? sur arhv.lhivic.
Re-mise à jour : Signalé encore par Pascal M. (il travaille au Monde ??) : Citoyens chercheurs, bienvenue à Aubervilliers !, par Jacques Salvator et Evelyne Yonnet, dans Le Monde

Ethique ou déontologie du sociologue

Par paresse, et avant même de chercher sur jstor, persee ou cairn… je lance cette question à la mer internet.
Je recherche des articles dans lesquels des sociologues exposent la déontologie de leur pratique et proposent quelques normes. Pas des textes de philosophes moraux, pas des réflexions généralistes, mais des articles en lien avec des recherches empiriques.
L’origine de cette recherche est multiple, mais il suffira ici de la relier au livre récemment traduit de Laud Humphreys, Le commerce des pissotières. Dans cet ouvrage, le sociologue observe, incognito et en se laissant percevoir comme un voyeur, des fellations dans des toilettes publiques. Il relève ensuite les numéros de plaque minéralogique des participants, arrive à retrouver l’adresse d’une petite centaine d’entre eux, insère ce groupe dans une enquête statistique par questionnaire et va les interviewer (en changeant son apparence pour ne pas être reconnu). Ces méthodes ont été critiquées… violemment, aux Etats-Unis. Breach of privacy, absence de Informed Consent Form, falsification d’identité, bousillage d’enquête statistique (en y insérant un échantillon pas vraiment aléatoire)… mise en danger des personnes observées (à l’époque, elles risquaient non seulement des peines de prison pour acte contre nature, mais aussi des peines renforcées pour actes en public, et enfin de perdre leur emploi et leur respectabilité…).
Quelles sont les limites éthiques que se fixent les sociologues ? Il me semble bien qu’en France, il n’y en a pas (et j’en suis gré, la liberté d’enquête ne doit pas être réduite a priori)… mais, plus grave, il me semble aussi que les sociologues “de terrain” n’ont pas réellement élaboré de guides éthiques, qu’il serait possible de discuter (ou de donner à lire aux étudiants, par exemple, lors d’un cours de première année). Quelques paragraphes dans le Guide de l’Enquête de terrain de Beaud et Weber. Quelques paragraphes aussi dans le Repères de Peretz sur L’observation… Les lectrices de ce blog auraient-elles d’autres références ?
précisions : “Boudoniens mous” (et assimilés) s’abstenir : je ne cherche pas des règles universelles. Je connais par ailleurs les “Informed Consent Forms” nécessaire aux recherches aux Etats-Unis, pas la peine de m’en indiquer les liens. En revanche, des perles inconnues, comme (imaginons) un texte de Touraine de 1955 précisant qu’on peut tout à fait mentir aux enquêtés, un texte de Bourdieu de 1961 précisant qu’on peut utiliser des matériaux recueillis par d’autres sans le préciser, un texte d’un sociologue de l’art de 1998 précisant qu’en travaillant sur les artistes, on a des prix intéressant, et qu’il n’hésite pas à acheter à prix réduit… m’intéresseraient.
(Un texte précisant qu’un universitaire a le droit d’utiliser un blog pour faire faire à d’autres un travail documentaire m’intéresserait aussi…)