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La démission de Xavier Dunezat (suite)

Billet publié le 15/10/2007

La lettre d’explication de Xavier Dunezat, postée sur une liste de diffusion (Efigies) et reproduite sur mon blog, a été commentée à de nombreuses reprises, souvent en détail. Elle a aussi beaucoup circulé, et dans des mondes extérieurs à l’Academia. Une journaliste du Monde m’avait d’ailleurs contacté il y a une dizaine de jours. Son article est publié dans l’édition du jour :

DEPUIS UNE SEMAINE, de mails en forums de discussion sur Internet, une longue missive agite le monde universitaire. Son auteur, Xavier Dunezat, devenu professeur de sciences économiques et sociales au lycée, explique les raisons qui l’ont poussé à quitter l’université, où il était maître de conférences en sociologie. Méthodiquement, en cinq chapitres, l’enseignant dresse un tableau accablant des pratiques de recrutement en vigueur. Il dénonce le ” règne du piston”, le “désert relationnel” de l’université et le ” mépris des étudiants qui transparaît dans l’organisation globale des enseignements… et dans les pratiques professionnelles des enseignants”.
A partir de son expérience d’un an, M. Denuzat [sic] reconnaît livrer un témoignage ” très subjectif, parfois grossier”. Pour autant, les nombreuses réactions qui fleurissent, notamment sur le blog de Baptiste Coulmont, lui-même maître de conférences en sociologie à l’université Paris-8 (Vincennes-Saint-Denis), l’un de ceux qui a mis en ligne la lettre, montrent que l’enseignant a fait mouche.
source : Le Monde : “Copinage” et “mépris” des étudiants : un enseignant ouvre le débat sur le recrutement à l’université

Si l’initiative de X. Dunézat est rare, il est plus courant de lire les revendications des étudiants… qui n’ont ni la même ampleur ni le même poids, mais ressentent vivement les difficultés de la vie universitaire. Pour exemple, cet extrait de blog, sur Paris VIII, où j’enseigne :

Je me suis renseigné un peu partout, et si je voulais absolument continuer en M2, faudrait que j’aille … ou à saint denis ou à créteil …et bon … ça craint comme coins. Je connais quelqu’un qui est passé à Paris 8 et il a tenu une semaine avant de changer à nouveau de fac. C’était la zone : un distributeur de boisson cassé, des groupes de jeunes extérieurs à la fac qui foutaient le bordel … Et pour créteil, j’ai connu, aussi. Il y a longtemps j’avais accompagné une copine dans cette fac et j’avais été sidéré de voir que certains faisaient du rap au milieu du hall ou fumaient leurs joints … Une fac c’est pas la rue, tout de même ! Je préfère encore n’avoir qu’une maitrise mais qu’elle garde sa valeur.
source : Wendoo – in loco

Un autre extrait décrit les raisons d’un choix entre deux universités :

Bon, je sais qu’il va falloir que j’en passe par des explications car j’imagine d’ici vos “Han mais pourquoi t’as fait ça?”.
Comme vous le voyiez sur l’article précédent, j’étais mal à l’aise à Paris8. J’étais stressée de ne pas avoir la possibilité de m’inscrire dans tous mes cours, je n’aurais pas fait d’anglais ni d’italien pendant minimum 6 mois pour cause d’un bordel administratif monstre. Je ne me sentais pas du tout chez moi là bas, je sais qu’un temps d’adaptation est nécessaire, mais je n’en avais même pas l’envie… C’est bête je sais.
Mais quand vous vous levez à 6h45 le matin sans savoir si vous commencez à 9h ou 18h, ça calme. J’y allais à reculons, sans savoir si j’aurai une chaise sur laquelle m’asseoir, une table sur laquelle poser mes affaires… Par dessus tout, je ne pouvais pas m’inscrire à un nombre d’EC suffisant pour pouvoir valider suffisemment de crédits pour le 1er semestre. Alors à quoi bon continuer ?!
source : CrossedFingers

Les revendications précédentes ne proposaient pas les mêmes options politiques que la proposition suivante, lue sur les murs de P8 et sur internet.
Appel a AG - polear - Paris 8On peut actuellement lire sur Indymedia un appel à manifestation :

à L’université de St Denis, nous voulons nous rassembler hors des organisations politiques, hors des bureaucraties syndicales, hors des manies groupusculaires (…)
Qui organise l’assemblée générale ? Qui la tient ? Comment se l’approprier ? Tout participant à une assemblée doit systématiquement se poser ces questions. Elle est organisée par des étudiants, habitants du quartier et autres qui agissent ici depuis l’an dernier. Ils sont issus de l’AG “Sarko est là et nous on est où ?” du printemps dernier. Mais il serait erroné de croire que ces individus sont les créateurs de cette assemblée et de tout ce qui la compose. (…)
Nous appelons à des projections-débats régulières et proposons des réunions thématiques, ou des manifestations diverses.
Source : Pôle d’Action et de Réflexion, St Denis, septembre 2007 (Polear@no-log.org)

mise à jour : un appel à manifestation pour le 18 octobre.

[yarpp]

36 commentaires

Un commentaire par Caroline Mackenzie (15/10/2007 à 16:26)

J’étais étudiante en Masters 1 &2 à l’Université de Provence il y a quelques années – et j’y ai côtoyé étudiants et professeurs. J’étais, et je reste, horrifiée par les blocages devant les étudiants en général et pour être admis aux études de deuxième cycle, et pour accéder aux postes d’enseignement à la fac. Oui, il y a des problèmes de copinage, mais j’ai aussi constaté des obstacles mis sciemment dans le parcours des étudiants, pourtant brillants et capables, pour les empêcher de faire leur thèse par leurs propres directeurs de recherche – avec l’ordre d’aller enseigner aux collèges.

Ayant travaillé dans l’administration d’une université (certes dans un pays lointain), je sais très bien comment le recrutement et l’avancement sont difficiles dans les facultés, mais la façon dont tout le système broie des personnes talentueuses m’a franchement sidérée.

Un commentaire par wendoo (15/10/2007 à 17:46)

J’espère ne pas vous avoir vexé en parlant de paris 8 comme ” etant la zone”. En fait, je parlais surtout de l’atmosphère. ça doit etre difficile de se concentrer sur ses etudes sachant qu’une ambiance aussi peu … studieuse règne.
En fait je me demande une chose : le niveau des enseignants sont ils les memes d’une fac à l’autre ? Il y a des rumeurs, des reputations …
Les difficultés universitaires resident surtout dans l’administration mais aussi, de mon pt de vue, dans la froideur entre etudiants. J’ai été deçu de voir à quel pt les discussions tournaient EXCLUSIVEMENT autour des cours, non au delà. C’est dommage, parce que la vie etudiante est aussi une vie d’idées.

Un commentaire par Baptiste Coulmont (15/10/2007 à 18:10)

> Wendoo : vous ne m’avez pas blessé… ne vous inquiétez pas ! Quand au niveau des enseignants : il est globalement similaire dans l’ensemble des universités françaises. Trop long à expliquer, mais en gros : le recrutement des enseignants ne fonctionne pas comme le recrutement des étudiants.
>Caroline : Merci d’avoir commenté… et apporté votre pierre à la comparaison franco-étrangère.

Un commentaire par Gautier (15/10/2007 à 18:51)

Etant à Paris 8, je ne me retrouve pas tout à fait dans le descriptif qu’en font Wendoo et CrossedFingers.
S’il y a, certes, un véritable problème au niveau administratif (le même problème pour les EC et cours de langues), l’ambiance n’est pas aussi détestable que ça. Je n’ai pour, ma part, ressenti aucune insécurité dûe à des “groupes de jeunes” ni à l’entrée, ni à l’intérieur de Paris 8. Cette réputation d’insécurité est une lubie que l’on ressasse. L’insécurité on l’imagine avant et on se persuade qu’elle existe ensuite. De même pour la fac de Créteil, j’ai eu l’occasion de m’y rendre et je n’ai pas vu ce que l’on décrit. Si on répand une réputation “de zone” sur un fait isolé, on ne s’en sort pas.

En sus, ayant été étudiant à Paris 2 – qui jouit d’une bien meilleure réputation que Paris 8 (hélas !) – je peux également assurer que des maitres de conférences reconnus ont autant de charisme qu’une moule et ne motivent vraiment pas les foules. La qualité d’un professeur d’université ne se mesure pas à la seule qualité de ses écrits, de sa renommée “savante”. Et je préfère un professeur passionné et communicatif sans renom qu’une tête d’ampoule soporifique.

S’il est vrai que Paris 8 peut rebuter par l’état des locaux et le côté univeristé-usine (22 000 étudiants !), il faut à mon avis s’accrocher et ne pas attendre que tout nous arrive tout cuit dans le bec : si les relations inter étudiantes ne sont pas toujours chaleureuses, c’est, je pense, en raison d’une certaine réserve de chacun. Tout le monde n’a pas un relationnel facile et inné.

Mais je m’écarte un peu du sujet, je pense.

Un commentaire par Baptiste Coulmont (15/10/2007 à 18:56)

> Gautier : non, vous ne vous écartez pas du sujet… Merci d’apporter une autre description de Paris 8.

Un commentaire par Loin (15/10/2007 à 19:07)

Pourquoi tant d’étudiants partent effectuer un 3e cycle à l’étranger ? Pourquoi de plus en plus d’étudiants, leur doctorat en poche, s’exilent ? S’ils n’ont pas de liens privilégiés (famille, relation de couple) avec un ou des membres déjà en place à l’université, même avec un C.V. excellent, ils ont comme seul choix de passer des années en collège/lycée des ZEP, bien loin de leur niveau et de toute perspective de recherche.
Un mode de recrutement à l’université qui serait parfait n’existe nulle part, mais des règles et procédures claires qui sont suivies existent à l’étranger.

Un commentaire par S. Crouzet (15/10/2007 à 20:29)

Si les professeurs qui encadrent les thèses conseillent (voire “ordonnent”) à leurs étudiants d’aller dans des collèges ou lycées pendant quelques années, les raisons n’en sont pas une perversité mal placée.
1. Les postes d’ATER et de moniteurs sont rares, il y a trop de thésards pour que tous aient des postes
2. Le CNU impose un minima de 40 heures d’enseignement pour qualifier une candidature
3. Sur un dossier lors du recrutement, le nombre d’années passées à enseigner est (quoi qu’on en dise) pris en compte par les commissions
4. Il n’y a pas de la place pour tous les thésards dans les universités françaises. Regardez le nombre de poste publiés chaque année : le localisme n’est pas le seul responsable. Ceux qui trouvent un poste “à coup sûr” sont d’abord d’anciens normaliens et éventuellement d’anciens membres d’Ecoles Françaises à l’étranger selon les matières. Or dans certaines disciplines, le nombre de ces candidats atteint rapidement la dizaine ; et il y a souvent une dizaine de postes par discipline chaque année, voire moins.

On peut se plaindre d’être envoyé en collège ou en lycée pour enseigner. Mais qu’on ne se plaigne pas dans le même temps que les enseignants-chercheurs n’ont pas de formation d’enseignement. Ce sont ceux qui ont fait leur stage de capes ou d’agreg, qui ont passé deux ou trois ans au moins dans le secondaire, qui sont le plus aptes à enseigner ensuite. Le jeune moniteur recruté juste après sa soutenance n’a quasiment aucune expérience d’enseignement. Et c’est le passage par le secondaire qu’il faudrait rendre obligatoire, pour que la dimension pédagogique reprenne davantage de place.

Quant à la disponibilité des enseignants, c’est vrai que les bureaux sont souvent fermés, parce que les conditions de travail dans les facs ne sont pas toujours bonnes, parce que beaucoup d’enseignants préfèrent travailler chez eux ou en bibliothèque. Mais c’est aussi pour cela qu’ils ont choisi ce métier, pour bosser chez eux ou dans les bibliothèques d’instituts spécialisés. Et aujourd’hui, avec les Environnements Numériques et le mail, les étudiants peuvent joindre leurs enseignants n’importe où et n’importe quand ; lorsque je reçois un mail d’étudiant à onze heures du soir, je lui donne une réponse immédiate à sa question. Pourtant c’est largement en-dehors des horaires de travail, il me semble !

Alors c’est vrai que l’environnement humain est extrêmement pauvre à l’Université, mais cela ne dépend pas de l’institution, uniquement des êtres qui la composent ; on peut aussi discuter avec les collègues, monter des projets pédagogiques, de recherche ou administratifs au sein d’un département. Abandonner tout cela au bout d’un an seulement, sans avoir essayé, sans avoir pris des responsabilités pédagogiques ou administratives qui montrent bien qu’il y a une présence humaine, c’est renoncer un peu vite.

Un commentaire par Histoires médiévales » Archive du blog » Quelques réalités sur l’enseignement universitaire (15/10/2007 à 20:52)

[…] en pdf ici, elle est hébergée par le site liens-socio.org. Elle a déjà été commentée, sur le blog de Baptiste Coulmont, par exemple, et relayée par un article du Monde. Je vous la donne à lire car, sans partager […]

Un commentaire par Monika Leers (15/10/2007 à 21:44)

Un mot: en finir avec la tricherie et le copinage qui contribuent à la médiocrité ( individualisme, ressentiment et manque d’investissement), laquelle contribue à faire de l’Univ. un lieu sans vie et un désert au niveau des échanges. Recruter des INDIVIDUS motivés, généreux et talentueux et qui ont fait leurs preuves ( enseignement, publications, capacité à résister aux pressions et à la corruption), et non des petits gars ou des petites filles dont le talent principal est de savoir lécher les bottes d’un Prof. pour avoir son petit poste et sa petite sécurité ( emploi à vie ; pas de risque, pas besoin de travailler trop; pas d’idée et beaucoup de ressentiment ensuite ) . Plus les gens sont sérieux, motivés, talentueux, INDIVIDUES, et plus ils donnent d’eux-mêmes, ont des idées NOUVELLES, ont le temps, donnent d’eux-mêmes. Il y a plein d’exemples. Derrida , Deleuze et d’autres . La médiocrité est complète – intellectuelle, morale et humaine – l’excellence doit l’être aussi. Metter la barre haut et compter sur le talent , la personnalité et les qualités humaines. Eviter de recruter les gens qui sortent tout juste de la thèse. Trop jeunes, ils sont trop verts, souvent trop fiers. Penser à ce qu’un candidat peut apporter à la collectivité. Ne pas avoir peur des fortes personnalités. Ni des bons candidats. Ni de ceux qui travaillent sur le même sujet que soi. Se méfier des petits gars ou des petites filles insipides ( que les commissions de spécialistes aiment tant et qui vident les amphithéâtres tant ils sont ennuyeux et centrés sur soi). Oser aimer le style. Recruter des gens qui donnent envie de se bouger – de changer ses habitudes, de travailler. Sinon, les universités, au moins dans les sciences sociales et les sciences humaines, seront vides. Et ce sera justice.
La tricherie (copinage, népotisme, etc.) et l’esprit qu’elle encourage sont les raisons majeures qui expliquent la crise de l’Univ. française. Il y a tout en France pour faire une bonne Univ. Et l’auteur de ces lignes connaît d’autres pays… Mais la tricherie est vraiment un mal français. Un mal qui tue. Xavier Dunezat a eu raison d’écrire cette lettre. Même si l’on peut discuter certains points , il soulève ( sans ressentiment) un problème majeur et montre comment le mal a progressé et s’est installé partout à l’Univ ( relations entre collègues; rapport aux étudiants; rapport aux doctorants; manière dont les doctorants envisagent leur rapport à leur travail; jalousie, mais refus de l’émulation; absence de passion; absence d’investissement dans la vie de la communauté universitaire, comme on dit aux USA, mépris des étudiants). Mais on peut changer. Ce sont les individus, les hommes et les femmes qui font le lieu et le milieu. Hélas, il y a des MCF et des Profs que l’on ne peut virer et qui resteront jusqu’à la fin. ( Contrairement à X. Dunezat, je ne suis pas contre les CPE et cdd. La sécurité, c’est parfois dangeureux. Les individus deviennent bons quand ils ont à faire leurs preuves, quand ils sont au défi) Mais il faudrait faire en sorte que les générations futures souffrent moins ( que nous). Et barrer la route au cynisme.

Un commentaire par Dufresnoy (16/10/2007 à 6:01)

C’est un mal bel et bien répandu dans l’université française. Et ce, dans toutes les filières selon moi. En droit tout particulièrement, ou des profs de TD parfois minables deviennent d’une année à l’autre maître de conférence par on ne sait quel miracle. Déplorable !!

Un commentaire par Yves-François LE COADIC (16/10/2007 à 6:54)

Et si on changeait les directions de nos universités!
Texte paru dans Le Monde de l’Education et dans le Figaro

Université française cherche vrai Président

La dégradation du système universitaire français est avérée. Par des chiffres : dépenses par étudiant, bourses, crédits d’équipement, crédits de recherche par enseignant, etc. Par les conditions de travail déplorables qui y règnent : amphis surchargés, laboratoires vétustes, locaux sales, environnement tiers-mondiste, matériels endommagés et souvent volés, salles de cours sous-équipées (en matériels audio-visuels, en chaises), résidences universitaires en pleine décrépitude, etc. De ce fait, l’université française ne souffre guère la comparaison avec l’université anglaise (pourtant fort malmenée, il y a quelques années) ou l’université allemande.

La suite :
http://www.lefigaro.fr/debats/20070703.FIG000000080_cherche_chercheurs_sachant_gerer.html

Un commentaire par David Puls (16/10/2007 à 7:44)

Ce qui me semble particulièrement bien illustrer ce mépris des étudiants est la gestion des plannings : beaucoup d’étudiants ont besoin de travailler pour se payer leurs études… d’autre viennent de parfois assez loin (notamment dans les filières avec peu d’heures de cours) et doivent gérer un budget transport parfois très serré. Bref, ils ont besoin de plannings et d’horaires fiables. Dans ces conditions, il est tout à fait scandaleux que beaucoup de professeurs annulent ou déplacent leurs cours au dernier moment, souvent sans prévenir…

Un commentaire par Cyril (16/10/2007 à 12:05)

Concernant le copinage entre professeurs,je ne saurai pas dire, mais en ce qui concerne le mépris envers les élèves je suis tout a fait d’accord! Quoique vous avez oubliés de citer les administrations des facultés, qui en terme d’incompétence dépassent des records!

Etant étudiant en Droit en 2ème année a Paris,je viens d’apprendre que je dois redoubler,pour la bonne et simple raison que…il me manque 0.5 points dans une matière fondamentale pour la valider par compensation!

Le système de cette faculté est d’une absurdités ubuesque: Un élève qui n’a validé que un semestre peut passer en année supérieure,mais un étudiant a qui il manque une matière fondamentale par semestre au minimum NON!!

Ajoutez- y une administration qui a depuis très longtemps une réputation d’incompétence, des notations parfois très contestables ,car incompréhensibles, beaucoup d’élèves qui doivent redoubler car il ne leur manque que 0.5 points VOIRE 0.25 pour passer…

Personnellement,je suis obligé de rester dans cette faculté pour valider mon année (a mon grand regret) ,mais ,comptant faire la spécialité Droit public en 3ème année, et voyant ma situation, j’ai décidé de changer de Fac,en éspérant partir a l’étranger l’année prochaine….

Un commentaire par Cyril (16/10/2007 à 12:09)

Ce que les enseignants ne se rendent pas compte aussi, c’est que beaucoup d’élèves (Dont certains qui ont un excellent niveau) préfèrent dès lors changer de faculté et partir a l’étranger tant ils en ont marre de ce système.. ils ne font que la joie de nos homologues américains,britanniques, ou canadiens par exemple . Il y a quelques mois j’aurai défendu ma faculté,maintenant non quand je vois l’absurdité du système.

Un commentaire par asdiwal (16/10/2007 à 12:53)

Bon, le texte du prof démissionaire reste light. J’ai moi-même été à Lille 4 ans, et je dois dire franchement qu’il y a des comportements complètement délirants.

1 – L’enseignant de **** dont il parle, s’est permis une année de rendre les copies des travaux de son TD (****) effectués 3 mois auparavant, après l’examen de fin d’année. Donc nous n’avons eu aucune occasion de jauger notre niveau, de voir si on s’était planté ou non.

2 – En ****, l’un des responsables les plus importants est un chercheur qui ne publie rien ou presque, pourtant si vous n’avez pas la moyenne chez lui, il faut vous attendre à ne pas être traité correctement. Quelle légitimité a-t-il ? Elle doit avoir à faire avec le champ mandariniste… mais c’est un secret.

3 – On trouve aussi des trucs sympa, genre je vous donne un sujet et j’attend une autre réponse. Par exemple “Qu’est-ce-que ***** aujourd’hui ?” donc vous écrivez sur les derniers développements de la question en évoquant les paradigmes originaires. Queneni ! Il fallait expliquer sociogénèse de ******. Résultat vous perdez 10 points (sur 20). C’est la même personne qu’au 2 ci-dessus.

4 – Le même prof met une note inférieur à 8 si vous faites plus de trois fautes d’orthographes dans votre copie d’examen. En premier lieu, j’aimerai bien savoir la moyenne des fautes d’orthographes des articles qui arrivent dans les comités de lecture des revues avant relecture. Deuxièmement, il sait parfaitement qu’il favorise une catégorie d’étudiants au détriment d’un tas d’autres. Cela a d’ailleurs été un scandale qui a éclaté en plein amphitéâtre, lorsqu’une prof **** avec un accent de chiotte nous faisait cette morale et se réjouissait de l’établissement de cette règle. Quand je vous dit qu’il y a des comportement complètement délirant. Evidemment le prof en question ne publiait pas, n’avait pas de bons doctorants sous sa direction, mais avait un poids important dans le ******. C’est peut être le retour du refoulé me direz-vous, les étudiants doivent assumer pour ses frustrations, et son jean-foutisme de mauvais alloie.

5- Une autre figure évoquée dans le texte est un prof d’******, qui, alors que vous avez répondu dans votre examen correctement en comparaison avec les notes et copies de vos camarades, vous colle une note en-dessous de la moyenne. En toute logique, dubitatif, on va demander quelques explications au prof, le prof n’est plus là : il est parti en ***** sur son terrain. Vous me direz pour une fois qu’il fait du terrain, on ne va pas l’ennuyer. On tombe sur un autre prof, honnête, qui vous dit, après un coup d’oeil rapide jeté (10 secondes) sur votre copie : moi, je vous mets une note au dessus de la moyenne au minimum (définitions, cartes et petite rédaction étaient au menu).

6 – Le même prof avait fait faire un petit exercice de traduction d’un bouquin de **** à ses élèves. Une copine a été le voir, en lui demandant s’il n’était pas en train de leur refiler son boulot. En effet, c’était le cas. D’ailleurs, il a filé un texte inédit à traduire à un de mes copains. Un de ses jours je vérifierai s’il n’a pas été publié sous le nom du prof.

7 – Pour la BDI, ils s’en mettent parfois tellement dans les pattes qu’ils n’arrivent pas à obtenir les 2 qui devraient leur être attribuées, mais une seule. Et si t’as eu ton habilitation, alors on la donnera à ton doctorant, diplomatie oblige.

8- Un des hauts prélats de ****, ***** a totalement démonté un étudiant, parce que celui-ci avait eu la mauvaise idée de remettre en cause la nullité de son cours de ****** en deuxième année de mastère. Genre : voilà ******, vous me faites 10 exposés et on n’en parle plus. Ce n’est pas ce que dit Weber, mais c’est pas grave, enfin il était quand même un peu plus sophistiqué que cela. Si vous ne venez pas un point en moins. Si on ne vient pas, c’est qu’on a le sentiment de perdre son temps ou qu’on est occupé, mais c’est pas grave. L’encadrement analysés par ceux qui travaillent sur ****** peut-il déteindre sur leur cours ? Bref, l’étudiant qui avait fait un peu trop marché son cerveau, il avait fait de l’autoréfléxivité dans son exposé. Le prof l’a attaqué d’un manière aussi violente que les gens dans la salle étaient complètement attérées. Malheureusement pour l’étudiant, il avait du répondant, ce qui n’a fait qu’alimenter la malhonnêteté du prof. Quand on sait quel poste il a obtenu, on peut vraiment se poser des questions. Mais surtout, l’étudiant en question n’a pas eu la note qu’il espérait, et la BDi lui est passée sous le nez.

9 – Pour les postes d’ater ces cochons n’ont même pas la descence de vous envoyer une réponse ou un accusé de réception. Au moins, on sait que les ater sont recrutés selon des marchandages locaux.

10 – Je passe sur les types qui se surveillent mutuellement dans le but de se faire des coups par derrière, je passe aussi sur les petits cons et petites connes qui foutent volontairement la merde dans l’enceinte de l’université ou du labo, je vous prie de m’excuser pour ce vocabulaire, mais cela ne porte pas un autre nom.

11 – Quant aux directeurs de mémoire et de thèse, ils sont virtuels. Résultat : les étudiants, ne peuvent pas développer une bonne autocritique. Ils ne sont pas payés d’ailleurs pour ça ?

12 – Il y a aussi les prof de néolibéralisme, qui vous explique que l’économie mondialisée c’est bon pour l’environnement. Je ne plaisante pas.

Et il y en a encore tellement à dire.

Post-scriptum :
Si vous voulez on peut continuer, avec les labos, les campagnes catastrophiques de recrutement menées par les ******* depuis 20 ans. Le fait qu’ils soient élus, ce qui montrent bien qu’il y a pas mal de chercheurs qui ont perdu le Nord. Les ethnologues les plus réactionnaires, les monsieur de Jourdain… qui traitent les jeunes chercheurs comme des sous personnes. On peut même allonger en parlant de ***** qui confond la déférence auprès du PS et le mérite d’avoir la présidence de l’*****, d’ailleurs je me demande ce que ça coûte à ***** aujourd’hui. On peut aussi parler des chercheurs qui vont volontairement oublier de prendre en compte les travaux de leurs collègues, tout en les reprenant dans leurs argumentaires, en disant : c’est moi le premier qui en parle ! On peut aussi parler du centre de sociologie européenne qui, depuis la disparition de Bourdieu (d’ailleurs dans le genre je ne cite pas et surtout je ne fais jamais face aux opposants épistémiques les plus sérieux, il était un modèle du genre), ressemble au PCF après la disparition de l’URSS, des espèces d’âmes perdues et prêtres évangélistes à la fois. On peut parler aussi des prof grand spécialiste d’un terrain qu’ils n’ont jamais fait et démontent tous les étudiants qui ont fait ces terrains.

Alors évidemment (pour chaque exemple) cela ne concerne pas tout le monde, mais c’est les manières de faire qui sont prépondérantes et même largement prépondérantes.

Moi, je n’attends plus qu’une chose, l’acte de décès des sciences sociales en France. Ils l’ont déposé sur la table du gouvernement, il n’y a plus qu’à signer. Quand on a un milieu aussi pourri que celui-là, quand on a fait autant de choses déplorables, il faut un jour assumer. Ils ont bien préparé le terrain aux néo-conservateurs qui vont pouvoir les manger tranquillement. Ce sera grave pour nous, mais tout à fait logique dans l’ensemble.

Commentaire fortement modifié par B.C. pour éviter en partie la personnalisation du débat

Un commentaire par A. Le Bail (16/10/2007 à 13:39)

Le “Bréviaire du Chercheur” raconte la vie des labos, recrutement inclus. Il est disponible depuis plus de 10 ans sur le Net, consulté un millier de fois par mois : http://www.cristal.org/book.html

Bonne lecture…

Un commentaire par Serein (16/10/2007 à 13:47)

Arrivée sur ce blog par un contact totalement indépendant de l’université, je ne peux que souscrire à l’analyse de Xavier Dunezat (moins son obsession du Sarkozysme, mon expérience est d’époque jospinienne essentiellement).

Ancienne monitrice en histoire dans une université parisienne (restons large), non issue des prépas, ENS etc… (j’ai – bêtement – suivi le cursus classique du DEUG au doctorat), je suis entrée presque par hasard dans ce monde étrange. Oui, le recrutement est biaisé, je sais à quel point j’ai été “pistonnée” par ma directrice de thèse pour avoir mon allocation de recherche. J’ose espérer quand même que je la “méritais” un peu. Les relations entre enseignants et les ego surdimensionnés de certains sont impressionnants pour une “débutante”, et c’est toujours au préjudice de l’enseignement et de la qualité du travail. Le copinage entre anciens de telle prépa ou de l’ENS est également flagrant.

Quant au mépris pour les étudiants et les jeunes enseignants “précaires”, j’en donnerai un exemple vécu : durant ces trois années, j’ai littéralement “bouché les trous” : étant avertie des cours que je devais faire 15 jours avant le début des semestres, j’ai fait des TD sur des sujets dont je ne connaissais rien auparavant. Comment construire un enseignement de qualité dans ce genre de situation ? Aucune aide pédagogique, aucun suivi, aucune évaluation, même sommaire, de ce que j’ai fait. J’aurais pu être nulle, personne n’aurait rien dit. En revanche, les surveillances d’examens et corrections de copie, pour ça, les moniteurs sont appréciés ;-)

Personnellement, l’ambiance exécrable de l’Université ne me pousse pas à tout faire pour y retourner une fois mon doctorat achevé.

Si la lettre de Xavier Dunezat pouvait servir à faire évoluer les choses, ce serait vraiment bien. Elle m’a au moins appris que je n’étais pas seule à juger l’Université bien mal en point.

Un commentaire par Picard Gaëlle (16/10/2007 à 14:56)

Bonjour,

Je suis éditrice et souhaiterais entrer en contact avec Xavier Dunezat.
Pourriez-vous avoir l’obligeance de me communiquer son adresse e.mail ?

Un commentaire par ben (16/10/2007 à 14:58)

Bonjour Baptiste,
Te serait-il possible de nous dire pourquoi le CA de Paris 8 a désavoué le classement sur le poste de socio “mouvements sociaux” de la 1ère campagne (vu sur le site du dpt socio)?
Merci
BB
Note de B.C. : Oui, pas de problèmes.

Un commentaire par marc44 (16/10/2007 à 16:10)

Je suis MC dans une ecole d’ingénieurs universitaire (polytech – informatique), on bosse beaucoup, on publie, je gère une équipe de recherche, des contrats ANR, pas mal de sous, on fait plein de choses admin et enseignement non comptée dans la charge (gestion de 75 stages en entreprise de 6 mois chaque année), je cause à des dizaines d’industriels chaque année, les entreprises se battent pour recruter nos étudiants. Je suis dans une CS et ai souhaité ne pas m’exprimer quant mon thésard a été candidat chez nous, pour qu’il soit jugé par des personnes n’ayant rien à gagner ni perdre. J’ai beau avoir la pedr,
ma maison et ma voiture sont beaucoup plus petites que mes collègues du privé qui ont fait les mêmes études. Je suis souvent réveillé à 5h00 du matin parce qu’un truc du boulot m’embete, alors j’avance le boulot. Je réponds souvent le week-end aux mails des étudiants (des paquets…). Mes déplacements en train se font toujours en 2e classe, et c’est impossible de bosser.

Alors *** ça commence à me gonfler ***, ce dénigrement général de l’université. Pointez du doigt des gens précis, à des endroits précis,
et louez ce qui mérite de l’être. Sinon, ça ressemblera à du JP Pernaut
qui dénigre systématiquement l’Etat, le service public, pour que tout soit privatisé et qu’on commence vraiment à s’amuser.

Marc

Un commentaire par Stéph (16/10/2007 à 18:57)

Vu que les postes de Mdc de la 2e session sont publiés, je pense qu’on est pas mal à se demander pourquoi celui de P8 “réapparait”… C’est assez mystérieux! Merci à M. Coulmont de nous éclaire (comme d’habitude) sur les mystères des recrutements…

Note de B.C. : Réponse par mail (presque) envoyée

Un commentaire par en vrac sur diigo… 10/17/2007 « bibliothécaire (17/10/2007 à 6:32)

[…] Baptiste Coulmont » Archives » La démission de Xavier Dunezat (suite) […]

Un commentaire par Zoop (17/10/2007 à 8:53)

En réponse à S. Crouzet : un moniteur sorti de son monitorat a 3 semestres d’expérience de l’enseignement derrière lui, c’est peu, mais il peut approfondir la chose avec un poste d’ATER. Dire que c’est très bien d’aller dans le secondaire pour la pédagogie : voyons, ayant eu l’expérience des 2, je peux vous dire que ce n’est pas si différent, que faire cours à des étudiants parfois rebutés par une matière technique demande au moins autant de pédagogie que de faire un cours de 4ème ; d’autre part, on envoie généralement les gens dans le secondaire non pas sur des postes fixes mais sur des postes de TZR (titulaire en zone de remplacement), ce sont des gens qui vont passer 15 jours ici, 2 mois là-bas, parfois sur plusieurs établissements, avec plusieurs heures de transport par jour, avec les problèmes de discipline que l’on connaît, à la merci du rectorat et sans aucune visibilité (ignorant où ils travailleront voire habiteront 2 mois plus tard…). Le résultat est donc, si l’on prend un docteur standard : ENS et/ou licence, master, agrégation, doctorat, années de monitorat, années d’ATER (avec toujours la hantise d’un non-renouvellement et une certaine précarité, notamment financière), tout ceci pour devenir… remplaçant en collège dans des zones sensibles. C’est comme si à un médecin spécialiste ayant brillamment fini ses études on proposait un poste d’aide-soignant, et encore, même pas un poste fixe. A la trentaine, ces pauvres docteurs en ont tout simplement marre du système français, marre de ne pas avoir de situation stable, marre de devoir attendre, marre de voir que des gens qui ont fait une école d’ingénieur ou de commerce se sont trouvé un petit boulot tranquille selon leurs compétences il y a déjà presque dix ans, marre de se dire qu’à 40 ans peut-être, ils sauront où s’installer et pourront travailler avec leurs diplômes. Etonnez-vous alors que certains jettent l’éponge et que d’autres se cassent à l’étranger. Avec un tel mépris des compétences par le système éducatif lui-même…
Quant aux profs de fac, ayant enseigné dans le secondaire à une tout autre époque, soit ils ne se rendent pas compte de ce qu’ils disent, soit ils estiment que l’on doit en chier avant d’accéder à cet honneur suprême qui ne doit concerner que les plus grands (grandement pistonnés) : un poste de maître de conférences. Et s’ils estiment que l’on doit suer pour en arriver là, c’est qu’ils défendent leur position (face à de simples étudiants issus du doctorat) avec une triste mentalité de classe…

Note de B.C. : je me suis permis de modifier légèrement votre texte… en voulant vous prévenir, mais le mail que vous aviez laissé, @yahoo.fr… ne fonctionne pas

Un commentaire par Raphaël Belaïche (17/10/2007 à 9:48)

Il ne m’étonne guère que la longue lettre de M. Dunezat ait provoqué d’aussi longs commentaires. Sa démarche est courageuse, lucide et généreuse. L’affrontement au milieu des combinards sans morale que sont les quelques universitaires qui tiennent le pouvoir, je l’ai connu moi aussi.

Après ma soutenance de thèse (2000), j’ai introduit une requête indemnitaire devant le TA de Montpellier en 2001. Le jugement a été rendu au mois de février 2006 (5 ans !). La requête d’appel est actuellement pendante devant la CAA de Marseille.

À ceux que cela intéresse, je peux communiquer, dans le cadre d’une correspondance privée, la copie en PDF de cette requête (60 pages), qui est aussi un manifeste contre les dérives de l’Université, et qui propose quelques armes juridiques, comme l’invocation du principe de rémunération minimale (requête dont je suis l’auteur, et sur laquelle mon avocat a simplement ajouté son nom).

Voici mon adresse électronique : raphael.belaiche@orange.fr

Un commentaire par Troll (17/10/2007 à 10:24)

Je suis comme Marc44 : le dénigrement général de l’université auquel participe, intentionnellement ou non Xavier Denuzat, commence sérieusement à me gonfler. Je me répète, mais une certaine critique de gauche (la très mauvaise sociologie de la dénonciation) rejoint très bien une autre critique de droite façon JPPernault ou Capital. Finalement, la première fait le jeu de la seconde contre tous ces fonctionnaires, trop payés, qui travaillent seulement 192 h par an ou 6 heures par semaine et qui en plus font du copinage et méprisent les étudiants. Or je ne crois pas que le débat, ainsi engagé, puisse être constructif. ça ressemble parfois plus à un jeu de critique et d’autocritique façon camp chinois. L’appel au dénigrement, l’amalgame ne peuvent qu’être néfastes.
Je suis MCF et comme Marc44, je bosse beaucoup, avec des semaines de plus de 80 heures. Presque tous les WE y passent, tout cela pour le même salaire évidemment. Et je ne suis pas le seul dans ce cas, loin de là Mes collègues pourraient en dire autant, collègues avec lesquels d’ailleurs les relations sont très loin du désert relationnel dont parle Dunezat. Le respect mutuel et l’amitié sont des réalités entre nous. Concernant le boulot, il faut à la fois répondre aux appels d’offre, lire les mémoires d’étudiants, répondre à de très nombreux courriels, préparer ses cours en s’efforçant de les renouveler pour tenir compte à la fois de l’actualité de la recherche et de l’actualité sociale, participer à toutes les réunions que ce soit autour de l’administration de l’enseignement ou de la recherche, tenir bien évidemment les délais dans tous les contrats de recherche obtenus, que ce soit via appel d’offre ou de gré à gré (très important pour garder le contact avec le monde social hors université), assurer bien évidemment cours et TD, travailler à ses publications ou interventions lors de colloques… Et les projets ne manquent pas… Bref, il y a de quoi faire et je n’ai guère de temps, effectivement, pour trainer autour de la machine à café… Bien sûr, on peut toujours mieux faire et il m’arrive aussi de me réveiller la nuit en me disant que je n’arriverait pas à tenir tel délai… alors je fais une journée un peu plus longue.
Autre gros point de désaccord avec X. Dunezat : celui de la professionnalisation. Il n’y aura pas de réforme de l’université sans réflexion sur les débouchés professionnels des étudiants. C’est peut-être d’ailleurs le pb des départements de socio (pour ma part, je ne suis pas dans un département de socio) : beaucoup de sociologues sont pétris de préjugés à l’encontre des entreprises comme des collectivités locales… Ils ne les connaissent tout simplement pas. Il me semble impératif, contrairement à ce que pense Dunezat, d’ouvrir beaucoup plus ces départements de ce point de vue. Il faut y faire entrer les entreprises, les collectivités… D’ailleurs, les étudiants sont demandeurs. ça ressort très nettement des discussions, formelles ou informelles que l’on peut avoir avec eux.
Sur la question des lycées : n’ayant pas de pratique d’enseignement en lycée, je ne les connais que par des discussions avec des lycéens actuels. Me basant sur ces témoignages de lycéens, je n’ai pas l’impression que les profs de lycée soient toujours les brillants pédagogues que Dunezat oppose aux universitaires. Combien de collègues de lycée sont amers, désabusés, se méprisant eux-mêmes autant qu’ils méprisent les élèves ? répétant les mêmes cours d’année en année. Même l’inspection n’est pas toujours crédible. N’importe quel lycéen vous racontera des histoires de prof bien peu intéressants qui se métamorphosent le jour de l’inspection (en suppliant les élèves de faire aussi un effort ce jour-là) pour retomber aussitôt après dans la routine. Mais je ne leur jette pas la pierre. Le métier est difficile, ingrat sans doute. Je n’aurais sans doute pas le courage de le faire… Et je suis preneur de formations à la pédagogie…
Sur le “localisme” : je ne partage pas la critique du soit-disant localisme (qui stigmatise d’un mot plutôt que de regarder attentivement les situations). Je suis membre de CS et je peux assurer que le recrutement de candidats locaux est loin d’être systématique. Nous recrutons régulièrement des candidats que nous ne connaissions pas avant de voir leur dossier. Mais je ne vois pas non plus pourquoi une CS devrait s’interdire, par principe, de recruter un candidat local. Si le local a fait ses preuves dans ses différents CDD (ATV, ATER…), s’il s’est investi dans l’enseignement comme dans la recherche, pourquoi lui dire ensuite : maintenant tu dégages ! Il me paraît tout à fait acceptable de garder quelqu’un qui n’a pas démérité. Les entreprises ne font pas autre chose quand elles proposent un CDI à quelqu’un qu’elles ont d’abord recruté en CDD. Ce qui est plus gênant, c’est l’obligation du concours dans ce cas. On pourrait imaginer une procédure de recrutement allégée dans ce cas et réserver la procédure actuelle aux cas (les plus nombreux quoi qu’on dise) où il n’y a pas de candidat “local” (traduire : déjà en CDD localement) ayant fait ses preuves. De toute façons, la réforme est en cours sur ce point… wait and see !

Note de B.C. : le recrutement local est en effet “loin d’être systématique”, mais il concerne 30 à 40% des recrutés, d’après les analyses d’Olivier Godechot, ce qui est immense, énorme, massif (Voir http://olivier.godechot.free.fr/hoparticle.php?id_art=302 et d’autres articles sur son site). S’il n’y avait pas de biais localiste, ce ne sont pas 40% de recrutés locaux que l’on verrait apparaître, mais quelques pourcents seulement.

Un commentaire par Baptiste (17/10/2007 à 10:52)

Bonjour, je suis chercheur en physique à Grenoble et j’ai été également moniteur à l’université. J’aurais moi aussi des critiques à faire à la façon dont les choses s’y passent, mais c’est sans commune mesure avec ce que je lis ici. Oui, l’enseignement est une activité secondaire pour beaucoup d’enseignants-chercheurs (par obligation plus que par choix: celui qui passe trop de temps sur l’enseignement se “placardise”), et la gestion des filières est souvent très défaillante. Mais je suis proprement attéré par les témoignages des commentaires. Et sans vouloir polémiquer, il me semble que les choses sont bien pires en sciences humaines que ce qu’on voit en physique. Par exemple, je n’ai jamais vu d’enseignant habitant à Paris, et ce comportement serait considéré comme inacceptable par les collègues (le parisianisme des sciences humaines, il me semble, est lié à la concentration des ressources documentaires et à la forte proportion d'”exilés” de l’ENS, elle même liée au faible nombre de postes). Et l’ambiance au café est excellente dans les trois quarts des labos que je connais. De même, les commissions de spécialistes sont certes opaques, mais chaque poste est aprement disputé entre plusieurs labos. De sorte qu’aucun directeur de labo ne prendrait le risque de soutenir un médiocre, ce serait l’assurance de “perdre le poste” au profit d’un autre labo (entre deux bons candidats, par contre, la subjectivité peut jouer un peu). Quant au mépris des jeunes, il n’est pas courant. Peut-être que la plus forte (devrais-je dire moins faible?) présence de thésards dans les labos y aide. Ce serait très gênant de retrouver au café un étudiant qu’on a mal traité quelques années avant… Tout ça pour dire qu’il est un peu facile à la communauté des sociologues de rejeter toute la faute sur “l’Université”. Il y a aussi un problème dans la structuration de votre communauté: pénurie de ressources qui pousse à la combine, atomisation des chercheurs et des labos, décentralisation mal faite et mal assumée, acceptation tacite des abus par la communauté… Ce n’est pas en attirant la tempête médiatique et politique sur l’Université dans son ensemble que ces problèmes peuvent être réglés (l’action brouillone et manichéenne des politiques renforce ordinairement les opportunistes). Mais bien par un travail interne de réflexion sur la communauté, sans lequel toute réforme sera inefficace.

Note de B.C. : La lettre de Xavier Dunezat, dont nous nous éloignons de plus en plus au fur et à mesure de la discussion, est plus centrée sur la sociologie et les sociologues que sur l’université en général : c’est de son expérience qu’il fait part, et en comparant le lycée et un département de sociologie : “L’université vue du lycée”, titrait Christian Baudelot. L’article du Monde en revanche, a porté le débat à un autre niveau de généralité… On peut le regretter, on peut aussi accueillir les possibilités de débats.

Un commentaire par bensoussan (17/10/2007 à 11:37)

pour Raphaël Belaïche: “Le jugement a été rendu au mois de février 2006 (5 ans !). La requête d’appel est actuellement pendante devant la CAA de Marseille.” “…requête dont je suis l’auteur, et sur laquelle mon avocat a simplement ajouté son nom”.

comme quoi il faut bien choisir son avocat!!!!…..(….et ses contre-réseaux)

B.B (Benyamine Bensoussan).
Merci Baptiste pour ta réponse.

Un commentaire par Du Côté De Chez Maths (18/10/2007 à 11:18)

En guise de comparaison, un petit témoignage sur la situation du côté des mathématiques (sections 25 et 26).

1- concernant les CS en sections 25 et 26, la sélection des candidats s’opère (aujourd’hui) sur un mélange de critères académiques (ceux-ci sont peut-être à remettre en cause, mais c’est là une autre question) et de stratégie de développement de l’activité scientifique du laboratoire concerné. Comme dans toute activité humaine il y a parfois des *couaks*, mais cela se passe plutôt bien en général. Notons que la quasi totalité des laboratoires de mathématiques ont pour règle de ne pas recruter “localement”, tant au niveau MC que PR. Cette pratique n’est pas sans poser des problèmes humains, mais elle permet, me semble-t-il, d’assainir la situation. Elle stimule aussi le brassage des idées et des cultures mathématiques, indispensable pour l’émergence d’idées originales. Par contre, j’ai eu l’occasion de participer à trois CS en section 05 (économie) et section 06 (gestion), et je dois dire que ce à quoi j’ai assisté était atterrant et minable. Soldé *of course* par du recrutement local. J’ose espérer que cela ne se passe pas partout ainsi dans ces sections, mais j’imagine difficilement que le même genre de manipulations puisse avoir lieu aujourd’hui en section 25 ou 26.

2- concernant le manque d’investissement dans l’enseignement des enseignants-chercheurs: ces derniers n’étant jugés QUE sur leur activité de recherche (plus précisément sur leur publications), il est vrai qu’une fraction assez importante des MC et PR délaisse l’enseignement (tout sexe confondu). Cela ne doit pas masquer cependant l’effort d’une majorité d’entre eux pour faire fonctionner le système, avec des moyens souvent réduits.

3- un dernier mot sur la professionnalisation. Cette question touche à mon avis à la place de l’université dans notre société. Force est de constater que l’université assure aujourd’hui (pas forcément avec succès) une grosse part de la formation post-bac. Si j’en crois les conversations de couloir, une très grande majorité des étudiants (sérieux) recherchent une formation les amenant à un métier. Peut-être devrions-nous songer à réformer nos “filières”, avec d’une part des filières “académiques” orientées vers l’enseignement et la recherche (en gros ce qui existe aujourd’hui), et d’autre part des filières réellement “professionnalisantes” (et non pas le maquillage de filières académiques en filières pro), beaucoup plus pluridisciplinaires que celles existantes aujourd’hui et préparant à un secteur de métiers (plutôt que basées sur une discipline), par exemple “métiers de la fonction publique” ou “métiers de la finance”, etc. De telles formations font-elles partie des missions de l’université? La question doit être posée.

Pour conclure: bravo Baptiste pour ton site!

Note de B.C…. Très heureux de ce commentaire, K*** !

Un commentaire par S. Moyat (18/10/2007 à 16:01)

Voila deux ans j’ai fait une tentative de retour à l’université (en tant qu’étudiant). Bonjour l’accueil ! Un jeu de cache cache pour trouver l’interlocuteur et quand je l’ai enfin trouvé: des mails qui restent sans réponse. Au bout d’un mois (grosso modo) j’ai eu une réponse du responsable de la formation continue c’était du “oui bien sur mais” aucune précision sur le comment organiser un cursus pour un salarié.
Finalement j’ai obtenu un RDV. Une heure d’attente dans le couloir avant que monsieur se pointe sans un mot d’excuse.

Dans mon univers professionel ce sont des comportements d’extraterrestres. Pour donner un exemple, quand on a un quart d’heure de retard on téléphone pour s’excuser.Ce n’était pas dans un département de socio mais une discipline voisine (la géographie).
En tout cas la lecture rafraichissante de M. Denuzat m’aide à comprendre cette incursion dans l’univers impitoyable de l’université.

Un commentaire par flavie (20/10/2007 à 11:13)

etudiante à lille 1 en deuxième année de sociologie j’ai pu recevoir avec joie et intéressement des cours de mr xavier dunezat. un professeur tres consciencieux de son travail où il nous montrait au combien la sociologie était intéressante!! en effet ce professeur m’a réellement donné le gout de cette maniére géniale!! mais on ressentait très bien qu’il ne s’épanouissait pas réellement dans son travail!! en tout cas ses cours étaient vivants, ce n’était pas une simple lecture de note prise à la va-vite ds un livre. et c’est bien entendu avec grand regret que j’ai appris qu’on ne l’aurait plus à l’université.
par ailleurs je suis ravie d’être tombé par hasard sur sa lettre aprés une recherche de sociologie sur les inégalités de genre, et je tiens complètement à lui montrer mon soutien envers le courage qu’il a eu à écrire cette lettre et à faire circuler celle-ci dans l’intérieur de l’université de lille 1 pour que tout le monde sache ce qui s’y passe en sous jacent.
bonne continuation à vous mr dunezat
votre carrière en professeur d’université aurait été courte mais extraordinaire
merci à vous
flavie (élève en 2eme année de socio)

Un commentaire par Barbara Streiden (22/10/2007 à 16:39)

Diplomée depuis septembre avec un master ; je suis assez d’accord avec l’ensemble des commentaires rédigés précédemment.
Vous y parlez de tricheries, de copinages etc…
Ce dont on ne parle pas assez, c’est du marketing… que dis-je, de la publicité mensongère faite auprès des étudiants pour vendre des formations sans aucune valeur sur le marché de l’emploi!
On ne parle pas non plus de ces professeurs multi casquettes, persuadés de produire de “l’élite”, qui ne descendent pas de leur petit nuage composé de belles théories, et qui méprisent totalement les étudiants.
Je vais vous parler de mon expérience (disons que je vais parler pour la promotion entière qui vient de sortir de cette formation, désespérée d’avoir misé sur le mauvais cheval…)

j’ai repris les études il y a trois ans, après un licenciement. J’ai donc refait le parcours L3/M1/M2.
En fin de M1, j’avais le choix entre continuer en M2 ou travailler (un poste m’avait été proposé).
J’ai pensé que je n’aurais plus l’opportunité d’être acceptée en M2, et que tant que j’étais dans la dynamique…il fallait y aller.
J’ai donc intégré un M2 professionnel, soit disant en alternance (c’est en fait un stage long entre 350 et 750 heures), sensé nous rendre opérationnel.
Après quelques semaines, nous (la promotion) nous sommes posés les premières questions : les cours restaient très théoriques, pas de méthodo, bref… nous étions très décus.
Même nos stages étaient peu suivis, et les cours ont continué à être théoriques, bref, un master professionnel qui ne rend pas ses étudiants opérationnels…étonnant ? Que Nenni!

La fin de l’année approchait, les mémoires devaient se terminer… nous passions presque tous en septembre…
Les master recherche, eux, sont beaucoup plus considérés : comme l’a dit un prof de fac connu de mon père “les masters pros, c’est un peu comme les bacs pros”.

Et pourtant, entre nos cours bien chargés, notre stage et notre mémoire de recherche (aussi exigeant que pour les M2Recherche) il me semble que le M2 pro n’a rien a envier aux M2 recherche… et pourtant…

Je passe ma soutenance. mention TB.
Les félicitations fusent, on parle d’une entrée possible en doctorat…

Je reprend mes esprits durant une semaine, je me pose des questions. Je discute avec mes proches, avec les personnes de la promo… et si je tentais le doctorat… pour moi… pas pour devenir prof de fac, juste pour la performance…
Allez, je fonce. je rédige un mail à ma directrice de mémoire et au directeur de master.
la première me répond très directement et très honnêtement (je n’en attendais pas moins d’elle et c’est d’ailleurs l’une des seules profs de fac que j’ai réellement apprécié de part sa franchise et son enthousiasme) qu’il fallait repasser par la case M2 R.

L’autre me renvoie un mail avec une PJ de 700 pages : inspirez vous pour votre thèse.

Je n’y comprends plus rien. Une autre étudiante avait la possibilité d’entrer en thèse, avec une note moins élevée et sans repasser par la case recherche. Pourquoi pas moi?

Je reçois un appel : le secrétariat de la fac . ” ca vous interesse toujours d’entrer en M2 recherche? Parce que vous avez le week end pour faire votre dossier de candidature auprès de l’école doctorale, et donc, un topo de deux pages sur votre projet de recherche”.
je refuse, écoeurée.

Aujourd’hui, je suis diplomée, en recherche d’emploi et franchement pessimiste quant à la valorisation de ce diplôme.
Inconnu des entreprises (par rapport à d’autres masters, comme celui de lille 1 par ex), pas plus professionnel que le master recherche, il n’a fait que compliquer la tâche : travailler dans quoi, pour qui? En RH, les BAC+2 s’en sortent mieux que nous… [s’il n’y avait que ça..]

Durant toute l’année, une tentative de lavage de cerveau a été faite : “vous pourrez travailler auprès des CIO, des centres de bilan, des entreprises en tant que conseiller formation, dans le recrutements… ”
d’ailleurs la plaquette “marketing” avance ces arguments…
Aujourd’hui, 3 personnes de la promotion ont un travail, dont deux parce qu’ils ont réintégré leur poste initial.
Les autres… cherchent et se posent des questions : comment valoriser des compétences que l’on est sensé avoir acquises, mais que nous n’avons pas?

Personnellement, j’ai repris des cours en RH au CNAM, parce que c’est le seul moyen d’améliorer mon employabilité.
Mais la formation tout au long de la vie, celle que l’on nous sert à toutes les sauces, ça a un prix…avoir un master pro et ne pas être opérationnel, c’est être obligé de prendre un job “en attendant” et à payer des cours à 100 euros l’UE…

Finalement, c’est de la pure escroquerie…
L’université de forme pas des travailleurs, elle forme pour faire mousser les quelques esprits narcissiques qui peuplent ce monde à part…
La moitié des profs se masturbent avec leurs théories , enfermés dans leur bulle élitiste. Il prônent la tolérance, ils prônent l’égalité des chances et l’importance des liens à mettre en place entre l’université et l’entreprise…beaux discours…pas d’agissements…

Notre directeur de master était un exemple type de “l’égocentrique compulsif”.
Il ne cessait de répéter qu’il avait inventé des paradigmes, et il a l’audace de croire que son nom est gravé à jamais dans la pierre de la connaissance sur le sujet qu’il étudie.
Par ailleurs, il est convaincu que les étudiants qui passent dans “son” master font partie de l’élite (dit textuellement à l’un des étudiants!);

Voilà un exemple parlant de l’université.
On sélectionne à l’entrée des M2 sur dossier et entretien. On nous juge avec les partiels, avec les rapports de stage et surtout avec un mémoire exigeant (ceux qui ont voulu tenter le minimum ont frôlé la catastrophe…).
Je n’ai pas voulu faire un M2 pour la frime ou pour valider un titre. Hors, à cet instant, ce M2 n’est que la validation d’un BAC +5.
Et dire qu’il y a 20 ans je voulais être coiffeuse… si j’avais su…

Un commentaire par Barbara Streiden (22/10/2007 à 20:36)

Je cite “Eviter de recruter les gens qui sortent tout juste de la thèse. Trop jeunes, ils sont trop verts, souvent trop fiers. Penser à ce qu’un candidat peut apporter à la collectivité. Ne pas avoir peur des fortes personnalités. Ni des bons candidats. Ni de ceux qui travaillent sur le même sujet que soi. Se méfier des petits gars ou des petites filles insipides ( que les commissions de spécialistes aiment tant et qui vident les amphithéâtres tant ils sont ennuyeux et centrés sur soi). Oser aimer le style. Recruter des gens qui donnent envie de se bouger – de changer ses habitudes, de travailler. Sinon, les universités, au moins dans les sciences sociales et les sciences humaines, seront vides. Et ce sera justice.”

Oui, mais le problème c’est qu’un étudiant qui pense est un étudiant non influencable (ou très peu)…
On préfère un pur produit de l’université, bien maléable, plutôt qu’un professionnel revenu sur les bancs de la fac, avec ses idées, ses convictions, son enthousiasme…
Autre chose :
En disant que je n’avais pas eu l’occasion de continuer en doctorat alors qu’une autre personne s’était vu proposer le doctorat en ayant eu un résultat (soutenance) inférieur, ce n’est pas par mesquinerie ou jalousie.
mais je pose une question essentielle : sur quels critères se basent-ils ?
Pourquoi garder un système de notation et ne pas simplement valider les crédits, voire donner une appréciation…
Ce système de note n’a aucune valeur… qui se fiche de savoir qu’on a obtenu le maaster avec 16 de moyenne??? (a part l’école doctorale… et encore…).
Cela reste à la discrétion du jury (l’entrée en doctorat) et pas sur des critères toujours objectifs.
Quant à la personne qui s’est vu proposer une entrée en doctorat, elle a aussi eu de très bons résultats, mais je pense que son sujet collait plus avec les interêts des profs.
Ce que je reproche ici, c’est le manque de transparence quant aux décisions prises et surtout un manque total d’aiguillage (mon sujet de recherche peut intéresser d’autres universités, mais un appui de la part des profs -qui, je le rappelle, me poussaient à continuer en doctorat- aurait été fort apprécié…).
Pas assez maléable et inutilisable au sein de l’université (il faut remplir les labos…), je ne valais certainement pas le cout.
le problème de l’université, c’est qu’elle se permet de juger les pratiques professionnelles des autres, qu’elles fait la propagandes d’idées (pour celle d’où je viens, de gauche pur souche) qu’elle ne s’applique pas!
Fait ce que je dis….
J’arrête ici mes commentaires. Désolée d’avoir pris autant de place…

Un commentaire par Jean-Philippe Z (25/10/2007 à 14:17)

J’ai découvert l’expérience de Xavier Dunezat en lisant Le Monde. J’ai presque eu le même parcours. Docteur, inscrit sur la liste nationale des maîtres de conférence, mais classe 2e ou 3e dans plusieurs universités faute d’être chaperonné, j’ai fini par passer le CAPES de sciences économiques et sociales (d’ailleurs, il est scandaleux que dans l’éducation secondaire, aucune passerelle ne soit prévue pour les gens ayant un très haut niveau d’études – nous sommes obligés de passer le même concours que des bac + 3 ou + 4, le diplôme n’est même pas un vecteur d’avancement ou de supplément salarial). Et je peux vous dire que je connais beaucoup de docteurs décçus devenus profs de lycée, ou, pire, de doctorants qui ont tout laissé tombé.
J’ai lu plus haut dans un commentaire que l’université est une machine à broyer. Rien n’est plus vrai. C’est un hachoir mécanique. D’un côté on fait entrer des esprit brillants, ceux qui sont trop durs sont rejetés ; les autres sont hâchés en une bouillie uniforme qu’on appellera “savoir universitaire à la française” et qui, sur le marché international (je sais de quoi je parle, je connais beaucoup de profs de fac américains) ne vaut plus grand chose.

Un commentaire par Isabelle Astier (26/10/2007 à 11:13)

Peut-être quelqu’un pourrait me (et “nous” par la même occasion) rappeler les références de l’excellent article que Stéphane Beaud avait écrit il y a dizaine d’années maintenant sur la procédure de recrutement des mcf? Peut-être Stéphane lui-même s’il jette un coup d’oeil parfois sur ce blog? A l’époque je candidatais et j’avais eu ce papier entre les mains, je l’ai mal rangé et ne parviens pas à mettre la main dessus… mais il me semble qu’il avait été repris dans une revue scientifique de sociologie, je ne sais plus laquelle.
Je sur sûre que cela nous ferai un tout petit peu avancer…

Un commentaire par Baptiste Coulmont (26/10/2007 à 11:45)

Chère Isabelle… Si vous ne retrouvez pas l’article de Beaud, c’est qu’il ne l’avait pas signé. L’article est paru dans Genèses N° 25, décembre 1996, “Le recrutement des maîtres de conférences en sociologie à l’Université. Chronique d’une procédure opaque et bâclée”, par un “Collectif de sociologues candidats à l’Université”…
C’est “ancien”, 11 ans, et peu de choses ont changé en effet.

Un commentaire par une étudiante. (30/07/2008 à 12:05)

Etant élève de terminal,ce commentaire ne sera donc s’en doute pas à la hauteur des autres. Cependant,si j’ai l’audace de donner mon avis sur ce texte,c’est pour avoir connu Mr Dunezat,le temps d’une année, en tant que professeur de sciences économiques.Malgré ses positions(tout a fait respectables),je tient a dire qu’il possède une très bonne pédagogie, notament pour cette matiere ou certains sujet peuvent etre délicat à aborder.Cette lettre montre donc son courage a s’exprimer,ce que peut aurait fait,j’en suis sur.Il n’appartient donc a personne de discuter de ses prises de positions,qui sont ,de plus, justifier.J’espere rencontrer d’autres professeurs tel que lui dans mon parcour scolaire.