Jouets dangereux
Il y a quelques jours, une émission de la télévision suisse romande a été consacrée presque entièrement aux godemichets, vibromasseurs et autres gadgets… L’émission, ABE “à bon entendeur” est disponible en ligne.
Pour partie, l’émission traitait de la présence de phtalates dans ces jouets pour adultes… ce qui me conduit à imaginer un commentaire, qui, pour l’instant, n’est pas bien ficelé. Mais à quoi bon me servirait ce blog si je ne pouvais exposer des morceaux de réflexion peu assurés, aux frontières de l’objectivation…
Les phallus en plastique contiennent en effet, assez souvent, des doses importantes de phtalates, composants interdits dans les jouets pour enfants, car cancérigènes chez le petit animal et causant d’autres problèmes chez l’humain. Les sex-shops d’origine féministe, aux Etats-Unis, s’interdisent ainsi la vente des objets phtalatés ou précisent, dans de petits prospectus certaines règles d’usage (voir un de ces prospectus ici).
En quoi ces phtalates posent-ils problème ? Ils présentent un risque de santé, certes. Mais il me semble qu’ils viennent aussi pointer les contradiction de pratiques sexuelles qui s’appuient sur le monde marchand. L’achat de ces jouets est présenté comme libérateur ou comme proposant une plus grande authenticité, le dialogue conjugal se poursuivant dans l’échange des orgasmes. Interrogée par une journaliste, une “responsable presse” déclare :
Même si on n’a pas forcément envie de se marier dans les deux heures après être venu à la boutique, on aspire tous à trouver quelqu’un avec qui partager de bons moments, avoir une intimité et une sexualité qui se passent bien, avec qui on peut faire des tas de choses.(source)
Le rappel de la composition phtalatée des jouets (comme le rappel, peu fréquent, des conditions de production, en Chine, des mêmes objets ou celui de leur mauvaise qualité de fabrication) vient casser la connivence… S’il faut des émissions de télévision pour rappeler que certains godemichets à pile contiennent plus de 25% de phtalates alors que la limite admise dans les jouets pour enfants est de 0,1%… c’est soit parce que les vendeurs, finalement, ne savent pas ce qu’ils vendent, soit parce qu’ils cachent ce qu’ils savent.
C’est ainsi toute la question de la circulation des dialogues, entre grossistes et détaillants, entre vendeuses et acheteuses, entre le couple qui est remise en cause, alors que l’exigence de conversation authentique — celle qui révèle les désirs — était un point de rencontre entre normes conjugales et discours des promoteurs de jouets pour adultes…
Ailleurs : sur sextoyer, un site à mi-chemin entre la promotion et la “veille”.
1 commentaire
Un commentaire par Ornella06 (24/12/2007 à 20:08)
Wouah Wouah Wouah, déjà que la loi n’est pas favorable aux sex shops mais alors là, je n’étais pas au courant de ça. Moi qui veux ouvrir un sex shop j’espère ne jamais être en procès si quelqu’un fait cancer, car les fournisseurs sont très vagues sur les produits et la loi pas assez ferme avec eux.