Playboy : et hop, encore un rêve réalisé… je suis apparemment cité dans Playboy (n°87, février 2008).
Trader flou ? : Olivier Godechot, l’auteur d’une sociologie des Traders, répond. D’ailleurs depuis une semaine son “téléphone n’a pas arrêté de sonner” :
Les journalistes travaillent dans l’urgence et sont en compétition les uns avec les autres pour produire de l’information. On ne saurait les en blâmer. Mais cela donne lieu à des interactions curieuses.
– Est-ce que cela vous serait possible de le relire d’ici une demie-heure ?
– Madame, je suis à Nantes en déplacement.
– Vous n’avez pas un Blackberry ?
– (?)
J’apprécie énormément ses commentaires sur le travail journalistique !
Oiseau Bleu décrit le monde de l’entreprise : L’Oiseau Bleu sur youtube (sur Dailymotion aussi). L’Oiseau Bleu (Arnaud Aymard) sera au théâtre de la Boule Noire en mars 2008. J’ai vu ce spectacle il y a un an et je le recommande : c’est de l’humour à tiroir.
Monde de la recherche :
Hungry Turkey : Un extrait vidéo hilarant d’un jeu télévisé américain. Tout : l’accent, les mimiques, l’ironie du présentateur, la shamelessité de la candidate… Tout, donc, est fort réjouissant.
Histoires de la sociologie : Quelques saintes trinités sociologiques sur Scatterplot, le blog… En France, seraient plutôt mentionnés Trois Mousquetaires nationalisés : Marx, Tocqueville, Durkheim, Weber… avec Planchon-Simmel … puis Gurvitch, Stoetzel, Aron, Friedmann… puis Crozier, Touraine, Bourdieu, Boudon… puis qui…? Beaud, Boltanski, Lahire et de Singly ?
Je lis en ce moment l’autobiographie de Michel Crozier (ne me demandez pas pourquoi) et aussi celle de Henri Mendras. On y perçoit, dans ces deux textes, sorte de complexe face aux Normaliens agrégés… que je n’avais pas totalement saisie (sûr, probablement, de la légitimité de ma propre noblesse, et conscient, certainement, de l’affaiblissement structurel du rôle de l’ENS dans l’academia) :
Laissons parler Crozier (né en 1922, ancien élève de HEC, docteur en droit) :
“J’avais trente-six ans. J’avais bien déjà une ceraine réputation, mais je restais un électron libre dans le milieu français. Je n’étais ni normalien, ni journaliste de gauche, ni économiste. Je ne gravitais pas autour des facs de droit, ni de la naissante ENA. Ma seule légitimité, c’était la recherche et mes amis américains.
Cette légitimité n’était absolument pas reconnue en France. Quelques années plus tard encore, je me souviens d’un propos tenu par un jeune collègue normalien qui me fut fidèlement rapporté : “Crozier, c’est un aigri.” “
Il présente déjà, il me semble, cette définition en creux de lui-même dans un texte de 1984… au lieu de présenter ses capitaux : les choses lui arrivent comme par miracle (ou alors parce qu’il a d’étranges intuitions qui marchent). Ses opposants sont simplement plus bêtes que lui. Au lieu d’essayer de décrire ses échecs pédagogiques… il préfère écrire “ils n’ont jamais compris…”
Vous voulez des exemples ? page 199 : “J’eu beaucoup de difficultés à faire comprendre cette thèse. Ni Alain Touraine ni Raymond Boudon ne comprenaient le concept de rationalité limitée. Aron lui-même (…) ne comprit pas vraiment la logique que je poursuivais.” Remarquons en passant que les trois interlocuteurs de Crozier sont archicubes.
Page 201 : “Factuelle mais plutôt mesquine [la note de lecture] ne laissait rien entrevoir de l’originalité du livre, que le recenseur n’avait manifestement pas comprise.” (Ce recenseur stupide doit être normalien…)
Page 202 : “François Wahl, en effet, qui supervisait la branche économique et sociologique (aux Editions du Seuil) était un philosophe qui ne comprenait rien à mes raisonnements” [Michel Crozier revient à l’attaque page 260 : “Ce fut une déception pour moi car, je l’ai dit, cet homme intelligent, encore jeune, ne comprenait ni mon objectif ni mon raisonnement.”]
Quand on rapproche ces citations de ce que Crozier écrit quelques pages plus loin, on rit. Page 207 : “il y avait pénurie de sociologues, les universitaires patentés étaient ennuyeux et les jeunes étaient illisibles. Comme j’écrivais de façon claire, j’émergeais facilement du lot.”
Laissons le conclure et présenter Pierre Bourdieu : “un jeune normalien aux dents longues” … “typique d’une génération de normaliens qui voulaient faire carrière en sociologie et qui, fort de leur excellence au concours, se croyaient autorisés à régler leurs compte aux anciens qui encombraient la place.” Crozier, vieux avant l’âge, devait se sentir visé.
Henri Mendras, me semble, à la lecture de son autobiographie, beaucoup moins désagréable… On me l’a même décrit aujourd’hui comme un “gentil nounours”. Chose étrange, il se décrit comme “timide”. Et Crozier aussi, décrit une forme de timidité maladive… Je ne fut pas surpris quand, ce matin, j’ouvris Esquisse pour une auto-analyse de Pierre Bourdieu, une petite non-autobiographie, dans laquelle il décrit sa grande timidité. [En passant : tous les trois décrivent aussi avec luxe de détail leurs modesties.] Pour être sociologue, il fallait être timide et modeste… je n’aurais jamais réussi !
Je terminerai par une question. Crozier mentionne, en passant, un texte d’un sociologue gauchiste dans lequel il serait décrit comme “le grand Zorcier”… Mais ce champion du name dropping ne donne pas les références. Une lectrice les aurait-elle ?
Mise à jour (14/1/2009 : J’ai trouvé la référence au Grand Zorcier.