You bitch !
Paul Veyne : Comment on écrit l’histoire, Paris, Seuil, coll. Points, p.360
C’est bien pourquoi les sociologies générales ont tendance à se multiplier : tout professeur a tendance à attacher une importance particulière aux aspects des choses qu’il a eu pour sa part le plus de mal à conceptualiser.
Jean-Claude Passeron, Le Raisonnement sociologique, Paris, Nathan, p.11
Osons une métaphore filée pour le dire sans précautions superflues de langage: on a voulu assurément inciter la réflexion épistémologique à ne pas s’enfermer dans la bergerie idyllique du quasi-expérimentalisme où paissent, sans jamais oser lever les yeux sur l’enceinte de leur parc douillet, trop de moutons popperoïdes, mais ce n’est assurément pas pour convier le sociologue émancipé à aller hurler avec les loups de l’herméneutique sauvage, toujours prêts à croquer à belles dents toute scientificité un peu fragile surtout si elle est jeunette.
Gérard Noiriel, “Ne tirez plus sur l’historien”, Politix, 1989, vol 2, n 6, p.38
Moyennant quelques flatteries — des travaux de débutants sont présentés comme des oeuvres majeures — on s’attache un certain nombre d’adeptes qui diffusent la parole du maître avec d’autant plus de virulence qu’ils sont en général jeunes, c’est à dire encore hantés par le désir de se distinguer et d’exhiber leurs qualités intellectuelles. [Dominent alors] les avis du maître dont l’importance devient démesurée – hochement de tête, tutoiement, lettre manuscrite, etc. (…) D’où surtout, quand la mode est passée, les désillusions, les désenchantements de ceux qui ne croient plus à rien parce qu’ils se sentent “trahis”
* * *
Remarquez le monde des hommes… l’ensemble est rédigé au masculin… Pas de chèvres popperoïdes, pas d’amicales collègues, pas de débutante, pas de maîtresse (pas officiellement, du moins).
Et, puisque les demandes ont été nombreuses, voici encore de l’Edgar Morin. Journal de Californie, 1970
[yarpp]9 septembre :
Rêve : Dans la nuit de lundi à mardi, j’ai rêvé de Bourdieu. Je vais lui demander des explications sur son attitude à mon égard. Qu’il critique mes idées, soit, mais pourquoi cette animosité personnelle ? Dans ce rêve, il demeure maussade, haineux. Manifestement, je lui demande son amitié, qu’il me refuse. Ceci me rappelle des rêves où je suis ami, réconcilé, avec Aragon.
Ce que j’ai le plus de peine à accepter: l’inimitié
4 commentaires
Un commentaire par Samuel M. (23/04/2008 à 15:49)
Bonjour, et merci pour les citations, liens et informations très intéressants que vous mettez en ligne.
On trouve des observations similaires à propos de proches de Pierre Bourdieu dans la mise au point de Didier Eribon sur une affaire peu après la mort du sociologue :
http://didiereribon.blogspot.com/2008/03/la-biographie-de-bourdieu-et-la-mienne_14.html
Un commentaire par Markss (24/04/2008 à 1:05)
Le texte d’Eribon est surréaliste! Il est tard, je n’arrive pas à capter les allusions pourtant presque transparentes, et Google ne parvient pas à m’aider pas. Mais qui est cette T(HDR)?
Un commentaire par Baptiste Coulmont (24/04/2008 à 8:21)
> Markss : je ne sais pas vraiment, je n’ai pas lu le texte précisément. C’est peut-être l’auteure de la biographie récente de P. Bourdieu…
Un commentaire par Markss (24/04/2008 à 11:28)
Oui, évidemment, et c’était facile, il suffisait de lire le texte précédent sur le blog d’Eribon. La prochaine fois je me rappelerai qu’il ne faut jamais commenter tard dans la nuit.