Liste de choses (14)
L’on découvrira dans cette liste que certains portent un slip sur la tête et que d’autres ouvrent un blog de sociologie quantitative…
Ces différents types d’aide alimentaire s’adressent à des personnes connaissant des difficultés diverses et répondant à une certaine hiérarchisation qui ne s’énonce pas officiellement, mais qui se décline fortement sur le terrain pour séparer les personnes « réinsérables » de celles qui sont déclarées « très désocialisées ». Aux personnes susceptibles d’évoluer dans un parcours de « réinsertion » s’ouvraient quelques possibilités d’accueil plus convivial et structuré comme le dictent les règles habituelles de la commensalité. Aux plus marginaux, les accueils « au lance pierre » dont la seule fonction pratique (se nourrir) est satisfaite. Ces derniers sont finalement maintenus à l’écart de l’aide sociale la plus sophistiquée et personnalisée et sont confinés dans un circuit de « l’extrême précarité » qui semble ne déboucher sur aucune solution d’insertion possible.
Chaque institution a ses fous, plus ou moins légers, des personnes qui se sont tellement identifiées à l’institution qu’elles pensent ne plus exister en son dehors, et qui pensent être indispensables à la survie de l’institution elle-même.
Dans les années 1990, l’Ecole normale supérieure avait “Lui”, un vieil homme qui passait des journées entières à regarder entrer et sortir les élèves, sans jamais franchir le portique [la problématique est inverse ici : c’est le dedans qui posait problème]. Il se racontait que son fils était entré bikhâ pour mourir subitement, et que cela avait affecté la psyché du père. Il n’avait pas de surnom autre que “Lui”. Le “Faux Pétillon” était moins fou : il achetait juste des tickets de pot pour le Gros Rouge Qui Tâche alors en accès libre.
L’université Paris VIII a aussi ses fous. Je croise souvent l’Homme Au Slip, dont l’histoire se murmure : il serait un ancien enseignant. [Et il a un groupe de fans sur facebook, où j’ai volé la photo volée.] Le problème : il porte un slip sur la tête et il squatte une salle de cours !
Un des enseignants du département d’Arts Plastiques avait fait circuler un mail il y a quelques années. Parmi ses propositions :
Faire en sorte que […] le clochard au slip sur la tête qui nourrit l’illusion qu’il est encore enseignant-chercheur en cinéma à Paris 8 et qu’il termine une thèse de doctorat d’Etat sur le cinéma… albanais, cesse de squatter cette salle. Il touche une pension d’invalidité et dispose d’un logement à Paris. Le problème dure depuis 20 ans! Il faudrait pour cela que le Président de l’Université prenne ses responsabilités. Ce n’est pas seulement un personnage folklo. Il peut être violent, perturbe le déroulement des cours ou des activités qui se déroulent dans cette salle et vandalise volontairement toute tentative de remise en état des locaux…
Le pauvre est aussi sur youtube.
12 commentaires
Un commentaire par Jean-no (18/10/2008 à 16:33)
Notre homme au slip est bien MCF en cinéma, en dépression lourde, et il était bien l’unique spécialiste du cinéma albanais (à l’époque où ce dernier comptait cinq ou dix films disent les mauvaises langues)… J’ignore si la chute du régime d’Enver Hodja l’a rendu fou, mais effectivement il ne va pas très bien. Pourtant de temps en temps on le croise en grande conversation avec un prof “de l’époque de Vincennes”, presque comme si de rien n’était.
Une fois, dans ma salle de cours est apparue une superbe machine à écrire électrique IBM des années 1970. Une pièce de musée. Elle est restée une semaine, puis subitement, l’homme au slip est entré d’un pas décidé, ni bonjour ni au revoir, il a pris la machine à écrire. C’est lui qui l’avait déposée là, puisqu’il stocke son bordel entre les différentes salles de la fac.
Un commentaire par STEF (18/10/2008 à 17:28)
Je l’ai croisé à la cafet du rez-de-chaussée ce vendredi.
On m’en avait parlé avant mon arrivée dans ces lieux l’an dernier, et je cherchais désespérément l’exemplaire jauni de sa thèse inachevée et non brochée, dont la légende nous dit qu’il la porte en permanence sous le bras.
Finalement, je l’ai trouvé assez bien intégré au décor général de Paris 8…. et je me suis dit que c’était lui l’hommage le plus sincère et le plus émouvant qu’on puisse rendre à “l’esprit de Vincennes”, en ces temps de commémoration des “40 ans de Paris 8”.
Peux-tu nous donner le lien vers son groupe de fans sur Facebook, stp Baptiste ?
Un commentaire par Baptiste Coulmont (18/10/2008 à 17:44)
> STEF : je t’ai envoyé un mail…
Un commentaire par Toz Grecus (18/10/2008 à 19:37)
Je crois qu’à Ulm, le mystérieux individu était surnommé “Il” plutôt que “Lui”. Mais il y a peut-être plusieurs écoles. A propos d’étranges personnages qui peuplent Paris 8, que dire de certains “vendeurs de livres” qui ne vendent… strictement rien depuis des dizaines d’années et qui passent leur temps dans tel ou tel bâtiment de l’université à faire on ne sait trop quoi ? Cela fait partie du lourd passif de cette université.
Un commentaire par Influenzo (18/10/2008 à 19:50)
J’ai pour ma part acheté plein de livres à ces vendeurs de livres (celui des escalators et celui du hall du bâtiment A), donc ils ont au moins eu un client. Par ailleurs ils ont la meilleure beu. Non je plaisante.
Un commentaire par Baptiste Coulmont (18/10/2008 à 20:28)
> Toz Grecus doit avoir raison. Plus j’y pense, et plus il me semble que le surnom du mystérieux individu, en effet, était “IL”…
Un commentaire par Fr. (19/10/2008 à 17:06)
Tu devrais ramasser tes posts cartographiques sur R et en faire une synthèse pour QUANTI, qu’en penses-tu ? Ce serait certainement très utile.
Un commentaire par Baptiste Coulmont (19/10/2008 à 17:40)
>FR. : Je ne sais pas quelle est la politique de publication de QUANTI… j’attends au minimum que les principes de base de R y soient expliqués.
Un commentaire par Damien B (19/10/2008 à 17:46)
Merci pour le lien vers QUANTI !
À NYU, le fou d’institution est un homme de moins d’un mètre quarante, de plus de cinquante ans, baraqué et en chemisette par tous les temps, qui hurle l’heure au coin de Washington Square Park, une montre à chaque poignet.
“9 heures moins cinq! On se dépêche! Les cours vont commencer!”
Il fait ça depuis plus de trois ans, tous les jours, toute la journée.
Un commentaire par Pierre M (25/10/2008 à 21:49)
Baptiste, tu es évidemment le bienvenu sur QUANTI ! Effectivement, nous mûrissons un post de présentation de R, avec Julien, et ensuite tu as quartier libre…
Un commentaire par yozzman (24/10/2012 à 10:21)
Salut, je me souviens de lui lorsque j’étudiais le cinéma à l’université à la fin des 90’s. Pourrais-tu me donner le lien du fan groupe Facebook ? Merci
Un commentaire par Baptiste Coulmont (24/10/2012 à 10:35)
en tapant son nom sur facebook (Gérard Girard) on trouve le fan-club