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Les billets de November, 2008 (ordre chronologique)

Liste de choses variées

Le robot vicieux de la BNF : Je l’ai vu fouiller dans des parties de mon site que robots.txt exclut explicitement de toute recherche…

Le robot n’est pas limité par les exclusions spécifiées dans le protocole robots.txt, en accord avec la loi (article 41) : “La mise en oeuvre d’un code ou d’une restriction d’accès par ces personnes [les producteurs ou éditeurs de sites Internet visés par la loi] ne peut faire obstacle à la collecte par les organismes dépositaires précités”.
source

Je vais devoir agir plus sévèrement : ce robot fouineur va maintenant recevoir des pages rien que pour lui ! Que dois-je ajouter au .htaccess pour envoyer au robot vicieux de la BnF des pages ne comprenant qu’un texte choisi s’il visite un certain dossier ?

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Le Tigre inaugure le “portrait google” : tirez un inconnu au hasard — Marc L*** — et racontez sa vie grâce à google et aux traces laissées en ligne. Les descendants de Louis-François Pinagot vivent parmi nous.
Pour aider à un futur portrait : voici des morceaux de Raphaël M*** et Laetitia B*** lors de la dernière soirée du Tigre :

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Université et religion
Comment la religion est-elle présente à Paris 8 ? Elle l’est sans doute plus chez les étudiantes que chez les enseignantes-chercheures. On croise quelques têtes voilées. On croise des Témoines de Jéhovah (toujours à deux, parfois à trois, jamais seules) à la sortie du métro, proposant La Tour de Garde. On croise aussi, si l’oeil est averti, quelques affiches, que j’ai décrochées ces jours derniers pour en faire collection :


L’Eglise des Nations de Pantin, vous pourrez le constater sur leur site, a une activité d’évangélisation (médiatique ou non) qui semble importante [regardez par exemple ce reportage de M6].

Ils ne sont pas seuls. En bonne logique compétitive, d’autres églises protestantes évangéliques proposent leurs services :

Mais les affiches qui m’ont le plus étonnées sont les suivantes (cliquez sur l’image pour les voir en entier). Un groupe de missionnaires coréens, nommé “Good News Corps” ou “International Youth Fellowship”, propose toute une série d’activités :

Etude biblique proposée par mk993*… OK, ça semble direct… Mais l’affiche suivante proposait toute autre chose, des cours gratuits de coréens, avec la même adresse mail :


Cette histoire de cours de coréen m’a amusé : l’organisation qui les promeut, “Good News Corps” étant, si l’on cherche un peu sur leur site, une entreprise d’évangélisation.

D’autres affiches de la même organisation proposent des séjours à l’étranger, sans que soit à aucun moment mentionnée le but des activités, la conversion…

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Damien Babet travaille pour Obama, et fait de la sociologie :

J’avais un alibi sociologique pour participer à la campagne. Dans son livre Activism Inc., Dana Fishers décrit en détail le fonctionnement des organisations militantes (de gauche) qui s’appuient sur des troupes salariées, jeunes et mal payées. Quand, à Washington Square, un “militant” de Greenpeace vous demande un chèque, il n’est généralement pas bénévole. Il n’est même plus employé par Greenpeace. Il travaille pour une entreprise (généralement à but non-lucratif) sous-traitant le recrutement des donneurs [pour Greenpeace].

Mes conditions de travail

Quand j’arrive à Paris 8, les portes de l’université annoncent une triste histoire. Cassées je ne sais comment il y a plusieurs semaines, elles ne sont pas réparées mais attendent probablement la fin de l’hiver :

Sans regarder, dans le hall, le faux plafond qui tombe et les distributeurs de friandise eux aussi en panne, je me dirige vers le bâtiment B. Au rez de chaussée, le local des pompiers annonce toute une histoire : une vitre (blindée ?) est cassée et sortie de ses gonds. Comme pour les portes d’entrée de l’université, des bandes rouge et blanche disent “attention, c’est cassé”. C’est cassé depuis plusieurs jours, mais pas encore réparé :

Je prends l’ascenseur, et en entrant, je vois ceci :

Il y avait un miroir dans l’ascenseur, il a été cassé, je ne sais comment, et les réparations tardent : cela fait au moins une dizaine de jours. C’est un peu dangereux, tous ces éclats de verre, mais il semble qu’il faille faire avec.
Si je me retourne pour éviter de voir les réfractions infinies de mon portrait dans ce miroir, me font face quelques propos graffités :

Plus tard, je vous photographierai l’une de mes salles de cours, la A382, dont les fenêtres sont bouchées par des rideaux métalliques qu’il est impossible de relever. Cela a été signalé, mais comme “certains font refaire leur parquet” (oui, certains bureaux ont du parquet), les étudiants attendront avant d’avoir des conditions de travail simplement hygiéniques. Mais peut-être que ce billet aura plus d’effet que deux demandes de réparation, et que je trouverai, dans ma salle de cours, des fenêtres ouvertes sur le monde (enfin… sur la nationale).
Pour en voir plus :
Paris 8 sur flickr, une tentative de cambriolage, le classement de vincennes, pauvre université, une jolie photo,

Des “Baby Barack”

Le New York Times est sur la brèche : Like the Dwights and Lyndons of Old, Baby Baracks All Over : “Barack a hot name for babies”…
Les secousses nationales, en effet, se répercutent légèrement sur le choix des prénoms. Ce sont rarement des répercussions pérennes, plutôt des “bumps”, des emportements éphémères qui ne concernent qu’une petite partie de la population.
Je laisserai ici de côté les “prénoms révolutionnaires” ou “républicains” que l’on trouve un peu partout en France au début de la décennie 1790.
Je me concentrerai juste sur Joffre, Joffrette et Joffrine, qui connaissent un petit engouement populaire entre 1914 et 1918. Le graphique suivant montre le nombre de Joffre, Joffrette et Joffrine nés chaque année depuis 1914 (ces prénoms n’existent pas avant).

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source : INSEE, fichier des prénoms
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Plus largement, le choix des prénoms était, en 1914, fortement encadré par les officiers de l’état civil : l’on trouve donc plusieurs articles de journaux de l’époque qui essaient d’expliquer que ce n’est que parce que le personnage est entré dans l’Histoire qu’il est possible de nommer son fils Joffre. Il semble aussi que Joffre ait souvent été donné comme second prénom, comme prénom invisible. Le 14 novembre 1915, on trouve cet entrefilet dans Le Petit Parisien, page 2 :

A Troy, un brave ouvrier de ferme vient, en témoignage de l’admiration qu’il professe pour notre généralissime, de donner les prénoms de Joffre et Joffrette à deux jumeaux…

Cet engouement donnera à la sociologie Joffre Dumazedier (né en 1915).

Mes conditions de travail (suite)

Je découvre aujourd’hui, affiché dans l’université, un “courrier des lecteurs” paru dans Le Journal de Saint-Denis, un hebdomadaire municipal et recopié ci-joint. “Pauline G.”, étudiante en italien, est ma nouvelle héroïne !
Il semble que le Président de l’université va demander un droit de réponse. Je lui conseille de répondre point par point à l’étudiante. Mais pour cela, il faudrait que les fuites soient réparées, que les fenêtres soient changées, que les enseignants disposent d’un matériel adéquat… Sinon, franchement, répondre en disant “on a fait des efforts”… on peut faire plus malin. Car ce que je montrais dans un billet publié il a deux semaines (vitres cassées…) n’a pas été réparé… Et la salle A382, dans laquelle je passe plusieurs heures par semaines, est toujours dans le même état.
Extrait de la lettre de Pauline G.

En effet, nous avons des cours dans des salles où les fenêtres sont ouvertes et cassées (réparées une semaine plus tard par du ruban adhésif), un manque de tables et de chaises, il faut donc aller dans la salle d’à côté pour trouver une table et une chaise, des radiateurs qui ne fonctionnent pas et des papiers journaux en guise de rideaux.
Nous avons cours dans des petites salles, mais malgré notre nombre d’étudiants (une dizaine par cours), on se retrouve à quatre sur une même table et certains étudiants se voient obligés d’écrire sur leurs genoux… Et il n’y a pas que ça : lorsque les professeurs écrivent au tableau, ils doivent ramener eux-mêmes un chiffon et de l’alcool car il n’y a rien pour effacer à l’université. Il y a aussi des fuites d’eau (une semaine plus tard, un seau était mis pour récupérer l’eau, mais la fuite n’était toujours pas réparée) (…)
source

Fin de l’extrait
L’un des seuls lieux propres de l’université semble être la bibliothèque, très agréable. Mais là, aujourd’hui, j’ai cru que le fou au slip sur la tête s’était installé au milieu de la bibliothèque… En raison de la mort d’un ancien professeur, Georges Lapassade, le contenu de son bureau a été exposé, avec ses médicaments périmés, sa collection de vieux “Gai Pied”, ses sacs à merdouilles. Quel meilleur hommage à l’un des importateurs de l’ethnométhodologie que d’exposer sa collection de trucs pourris.

Vente par correspondance et vibromasseurs

La mise en série est une bonne technique d’objectivation. Vous avez une intuition en voyant une chose, une idée vous turlupine… essayez donc de constituer une série : vous formerez ainsi une connaissance séparée de la perception subjective que vous aviez.
Constituer des séries est souvent ennuyeux : c’est amusant au début, et ça lasse rapidement. Echantillonnez alors.
Voici comment les vibromasseurs ont été vendus par deux catalogues de vente par correspondance entre le début des années 70 et les années 2000 (Soit dit en passant, les premières ventes semblent commencer en 1967). Les images ne sont pas très jolies, mais elles sont suffisantes pour mon propos, qui est ici simple : la diffusion sociale des vibromasseurs (la “démocratisation” ?) a commencé il y a une bonne trentaine d’années. C’est à dire avant leur ré-invention comme objets à la mode.

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“La Redoute, 1967” : 5 accessoires pour différents usages…

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“La Redoute, 1975” : pour le massage du corps et du cuir chevelu

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“La redoute, 1985-1986” : procure une sensation de bien-être

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“Trois suisses, 1986, printemps” : active la circulation et tonifie les muscles

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“La Redoute, 1994” : action décongestionnante et augmentation de la dilatation des vaisseaux sanguins

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“trois suisses, milieu des années 1990” : à intensité variable, ils stimulent et tonifient

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“trois suisses, 2000 printemps”

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“La Redoute, 2001” : peu de texte, mais un objet mystérieux est présent, nommé “6 – Pour homme (non photographié)”…

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En 2008, ces objets sont vendus sur la même page que les brosses à dents électriques. Mais la catégorie a enflé : une douzaine d’objets sont proposés.

“La Redoute, 2008” : petit et sophistiqué

Ailleurs
lachieuse, pascou

Varias : travail académique, grève universitaire et censure

Dropbox
J’ai deux bureaux : un à la maison, un autre — le principal — au C.S.U.. La rédaction d’articles, de textes et de livres s’étale sur plusieurs semaines et plusieurs mois… et il est difficile de suivre les versions différentes quand on les transporte sur clé USB d’un ordinateur à un autre… ou par mail.
J’utilise depuis six mois Dropbox comme disque dur externe et dépot des versions préparatoires des articles. Dropbox est un logiciel (pour mac, windows ou linux) qui fait tout tout seul : il crée un dossier “dropbox” dans lequel tous les fichiers seront automatiquement sauvegardés… Et si vous avez un deuxième ordinateur, téléchargez Dropbox : le dossier qui sera créé contiendra les documents sauvegardés. La synchronisation est automatique, et Dropbox garde une copie de toutes les modifications précédentes.

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Grève à Paris 8
Chose extraordinaire, le département de droit est en grève. Or un département de droit n’est jamais en grève : que ce soit pendant la LRU, pendant le CPE, pendant la grève des anthropologues… les juristes ne se mettent pas en grève.

L’article recopié ici circulait dans l’université hier vendredi, et avait été scotché un peu partout. Ce qui m’a amusé dedans, c’est la réflexion de l’UNEF, qui souhaite apparemment une grève générale de l’université…
L’on ne trouve pas de blog dédié à cette grève… mais quelques informations et rumeurs sur un forum : paris8.forumpro.fr. Il semblerait que les juristes se soient astreints à une Assemblée Générale quotidienne.
Pour une petite contextualisation, ce billet pourrait être utile.
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Censures
Il y a quelques semaines, j’avais essayé de mesurer l’étendue de la censure dont souffrait coulmont.com.
J’ai eu confirmation de l’impossibilité d’accéder à mon site depuis certaines grandes entreprises françaises et multinationales, depuis au moins une université américaine (merci à toutes les personnes m’ayant signalé cela).
Et voici que les universités françaises s’y mettent… Honte à toi, Université d’Artois ? (Mise à jour : Un commentateur m’indique que, au contraire, l’université d’Artois demande à certains étudiants de visiter coulmont.com… Gloire à toi, Université d’Artois ?)

Je n’aimerai pas être étudiant dans une université qui interdit la lecture des travaux publics de sociologues sous des prétextes stupides : “pas conforme à la charte”… ah bon ? Certains mots vous chatouillent ? Etes-vous contre la mise à disposition publique d’articles en sociologie des religions, ou contre la cartographie sociale, peut-être n’aimez-vous pas mes bibliographies de cours (parce qu’elles ne sont pas mises à jour) ou les questions liées à la sociologie des prénoms… ou est-ce mon manuel (coécrit avec Céline Béraud) et ses documents annexes, dont une frise chronologique de divers sociologues en PDF ?