La lecture d’un article intitulé Sex-toys au Maroc, sur un site consacré à Casablanca, m’a fait penser à quelques mails reçus il y a de longs mois maintenant.
L’article débute ainsi (ou presque) :
[Au Maroc] il existe de vrais réseaux, parfaitement discrets et organisés qui se chargent de vendre ces jouets pour adultes. A Casablanca, deux femmes sont connues sur la place. L’une, que nous appellerons Amal, organise des soirées filles à domicile, où, sous le même principe que tupperware, les femmes peuvent essayer et acheter la marchandise, l’autre, Lina, prend des commandes privées et se charge de les acheter une fois en France ou en Europe.
Les mails que j’avais reçu se présentaient ainsi. (Ils ont été anonymisés, l’hétérographe a été conservée) :
Je suis un jeune homme de 25ans. Je suis né au *** (Afrique de l'Ouest) et j'ai grandi au *** mais je suis très "tourné vers les sociétés occidentales". Je suis entrain de monter un projet d'installation de sex shop(que j'appellerai plutôt Love shop) au *** d'abord et dans toutes les capitales Ouest Africaines. Dans mes recherches sur le sujet, je suis très souvent tombé sur votre blog.
J'ai quelques inquiétudes en ce qui concerne mon projet vu les pesanteurs socio-culturelles en Afrique où le sexe est carrément Tabou. Je voudrais faire une étude de marché d'abord mais j'ai peur que mon idée ne soit prise après les enquêtes.
Une étudiante africaine m’écrivait aussi
je suis une jeune etudiante de 24 ans d’ origine ***** et venu en france pour poursuivre des etudes superieures en economie et gestion je suis titulaire d une maitrise en gestion d’entreprise obtenu a * * * * et je prepare un master en BANQUE FINANCE assurance a * * * * je me suis associée avec une amie a moi qui a le meme parcours que moi mais qui reside a **** (…)
moi precisement je prefere me lancer directement dans l’entrepreunariat apres mes etudes (…)
nous avons decidé de nous lancer dans le marché des sextoys pas en france mais plutot en afrique dans notre pays d’origine je ne sais pas (…) l idée nous ait venu simplement apres avoir emmener lors de nos vacances au pays certains de ces gadgets, cela a enormement attisé la curiosité de beaucoup de personnes et surtout nous sommes revenues en france avec des commandes
certes l’ on ne sait pas baser sur cela uniquement pour vouloir se lancer sur un marché inexistant je dirais meme en afrique la cote d ivoire est un pays ou les moeurs ont enormement evolué et en matiere de sexe nous sommes le pays en afrique francophone qui est assez evolué en la matiere
Un autre extrait plus direct (d’un commercial français sans lien avec l’Afrique) :
C’est un projet avec un ami africain d’exporter en Afrique de l’ouest des sex-toys pour une clientèle féminine “insatisfaite”. (…)
Le projet est de vendre dans un premier “sous le manteau” ces sex-toys dans un pays africain d’ obédience musulmane, puis des réunions “tupperware” par le biais de commerciale et enfin dans l’arrière boutique de certains commerçants locaux. Ma question aujourd’hui est (…)
Un troisième extrait, d’une Ivoirienne :
(…) J’ai décidé d’ouvrir un magasin de lingerie à abidjan mais pour me différencier de la concurrence, j’ai décidé d’y introduire des sex toys et pourquoi pas élargir la gamme dans ce domaine vers une tendance sex shop.
Abidjan est une ville ou le libertinage est assez développé mais de façon introvertie. Les gens ont tendance à cacher tout ce qui concerne le sexe pas comme à pigalle ou a strazbourg saint denis.
Les hotels de passe naissent tous les jours et sont très discrets. il n’ya pas vraiment de sex shop en tant que tel, il y a des magasins similaires. La discrétion est de rigueur en Cote d’ivoire meme si tout le monde sait ce qui se passe. C’est pourquoi je veux mettre de la lingerie en vitrine avec des sex toys un peu plus en retrait.
(…)
Aujourd’hui, toutes les activités qui tournent autours du sexe se développent a Abidjan. Je veux profiter de l’émergence de ce marché pour asseoir une affaire. mon entourage m’encourage vivement dans cette voix.(mon père trouve cette idée un peu farfelue)
J’ai déjà trouvé le local adéquat, mais le plus important sont les fournisseurs, pcq je ne veux acheter en détail, ce ne serait pas interressant pour moi, de plus, la douane ici est terrible. On m’a également parlé de sex toys en chine ou a doubai. si vous avez des contacts là bas je vous serais très reconnaissantes si vous me les
communiquez.
Ces mails — et l’article cité plus haut — témoignent, certes de manière anecdotique, d’une sorte de circulation internationale des désirs — et des représentations des plaisirs. J’aurai aimé trouver quelques articles académiques sur le commerce des sex-toys en Afrique, mais mes quelques recherches n’ont rien donné (je ne compte pas cet article journalistique sur le Nigeria). Je n’en écrirai donc pas plus aujourd’hui, laissant pour plus tard d’éventuelles réflexions. Il faudrait, par exemple, que je me renseigne auprès d’AnneLolotte, qui, parce qu’elle a monté une entreprise de vente à domicile de sex-toys, a peut-être des représentantes “non-officielles” au Maroc ou en Tunisie.