Mégane Renault
En apercevant cette réclame pour véhicules automobiles dans le métropolitain hier…
… je me suis dit que les auteurs avaient pu avoir en mémoire une petite contoverse, s’étant déroulée entre 1999 et 2000, quand M. et Mme Renaud avaient décidé d’appeler leur fille Mégane et que le Procureur de la République était d’un avis contraire.
comment ne pas citer la fameuse affaire Mégane Renault qui, contrairement à ce qui s’est dit, a été accepté car il a été choisi par les parents « sans arrière-pensée, même si, associé au nom patronymique, il évoque inévitablement un modèle de voiture, alors que cet inconvénient est appelé à disparaître et qu’un changement entraînerait pour l’enfant un trouble certain » (CA Rennes, 4 mai 2000).
source : http://droitetcriminologie.over-blog.com/article-2137905.html
« À quand le baptême du petit ou de la petite « Loft Story » et que diront les juges ? » s’interroge un juriste français en 2001 (RTD Civ 2001 p.559). A l’époque, L’Affaire Mégane avait même eu quelques répercussions à l’Assemblée et au Sénat :
Sénat : 21462. – 23 décembre 1999. – M. Serge Mathieu appelle de nouveau l’attention de M. le ministre de l’intérieur sur les conditions dans lesquelles sont placés les maires lors de l’enregistrement d’une naissance. […] le 7 décembre 1999, le juge aux affaires familiales de Nantes a décidé d’accepter le prénom de Mégane pour un enfant dont les parents portaient le nom de Renaud, estimant que ” les gammes de voitures évoluent rapidement “. (Le Monde, 9 décembre 1999). Il lui a été signalé, par ailleurs, que le prénom de Mégane était porté depuis huit années par une fillette dont les parents portaient le nom de Renaux, sans préjudice apparent lors de la naissance et de la déclaration d’état civil (La Voix du Nord, 21 novembre 1999), même si, a posteriori, la coïncidence actuellement peut se remarquer… […]
[Chose amusante, le sénateur a un nom de famille qui sonne comme un prénom, et le député qui pose la même question au même moment a pour prénom “Léonce”.]
Et L’Affaire Mégane n’est pas restée confinée à l’hexagone, n’a pas moisi en métropole, ne fut point forclose dans la nation… Un éminent juriste américain s’est penché dessus, et analyse l’état initial de l’Affaire comme “la rencontre inopportune de deux morceaux de culture populaire française”.
These are practices that seem strange indeed to Americans—how can a judge name your baby?—but they are widely defended by Europeans. Most commonly, Europeans say that the state simply must intervene to protect children against the stupidities of their parents. Indeed, to judge from my own conversations, the popular mind is vividly conscious of the problem of parental stupidity. It is a problem that is exemplified in particular, for ordinary Europeans, by the case of a French child named by her parents “Mégane Renaud.” “Mégane” is the French version of the American name “Megan,” one of a number of American names that became popular in France in the 1980s and 1990s. “Mégane” is however also the name of a popular car model marketed by the French manufacturer Renault (pronounced in the same way as “Renaud”). Thus two bits of French popular culture came together in an unfortunate way when parents with the surname “Renaud” chose to call their newborn daughter “Mégane.” Local officials made a highly publicized (though ultimately unsuccessful) intervention, apparently believing that it was too much to saddle a child with a name something like the equivalent of “Camry Toyota.”
source : James Q. Whitman, The Two Western Cultures of Privacy: Dignity Versus Liberty, Yale Law Journal, vol.113, p.1153-1221
Voilà donc ce qui me passa à l’esprit, quand, dans le métropolitain, j’aperçus cette réclame automobile.
Ailleurs sur internet : Le Club Averroës [que dirait Hortefeu?], turbo.fr, chezfab, et le blog d’un père de famille nombreuse…
7 commentaires
Un commentaire par dorant (14/09/2009 à 7:26)
C’est peut-être aussi intéressant que, spontanément, le juriste américain compare “Mégane Renaud” à une éventuelle “Camry Toyota”…plutôt qu’à une toute aussi éventuelle jeune “Galaxy Ford”.
Signe que dans les têtes, c’est l’industrie automobile japonaise qui s’impose avant l’américaine?
Un commentaire par J. Finez (14/09/2009 à 8:11)
Petite anecdote pour ceux qui s’intéressent aux prénoms “étranges”. En Roumanie, les Tziganes donnent (souvent?) à leurs enfants des noms de voitures, de préférence de grosses voitures. Certaine portent aussi des prénoms de sodas tels Orangina ou Cappy.
Un commentaire par Baptiste Coulmont (14/09/2009 à 8:14)
>Dorant : il va falloir demander à Romain Garcier (l’auteur avec Archambeau de la Géographie de l’automobile)
Un commentaire par Tweets that mention Baptiste Coulmont » Mégane Renault -- Topsy.com (28/05/2010 à 9:42)
[…] This post was mentioned on Twitter by coulmont, Jean-Noël Caussil. Jean-Noël Caussil said: Que je sache Renault n'a rien dit quand M et Mme Renaud ont voulu appeler leur fille Mégane, en 2000 http://bit.ly/9OPjc3 2/2 […]
Un commentaire par cros (05/12/2010 à 1:16)
Je suis surpris par cette ignorance générale, juristes compris et par tout ce qu’on peut dire sur le sujet. Le prénom celtique Mégane est bien entendu très antérieur au modèle Renault du même “prénom”. Mégane est aussi un prénom reconnu par la chrétienté. Renault s’est approprié ce prénom en 1996 à l’arrêt de sa R19 pour son modèle remplaçant. Rien que sur l’année 1996, avant la voiture Renault, il y a eu 2600 naissances de bébés fille Mégane en France. Ce prénom est beaucoup donné au Québec où Renault ne vend pas ses “Mégane”.
Voilà dans ce forum (http://coulmont.com/blog/2009/09/13/megane-renault/) la preuve infaillible qu’une voiture tue le prénom humain qu’elle a pris sinon volé, puisque tout le monde après coup oublie le fait que c’est avant tout un prénom. Et Renault recommence avec Zoé pour 2011-2012 sachant de plus que près de 16000 personnes portent le patronyme Renault. Pour les patronymes Peugeot c’est seulement 420 et Citroen c’est 20 et PSA respecte au moins cette responsabilité sociétale.
Un commentaire par bert (22/01/2011 à 13:09)
C’est plutôt aux marques commerciales que l’on devrait interdire de s’approprier des prénoms usuels, ou moins usuels!
Un commentaire par José (06/01/2013 à 23:35)
Les parents auraient pu choisir une variante de Delphine, au hasard… Dauphine ;-)