Eglises évangéliques africaines : cartographie
Les six douzaines d’affiches recueillies depuis un an environ donnent déjà une idée de la géographie des églises africaines (ou “d’expression africaine”, ou “afro-antillaises”…) de la région parisienne.
En plaçant sur une carte les lieux de culte mentionnés sur les affiches — du type de celle qui est reproduite ci-contre — voici ce que l’on obtient. Chaque point rouge indique la localisation d’une salle ayant servi de bâtiment d’église :
Les Parisiens et assimilés reconnaîtront une répartition familière : ces églises se trouvent principalement en Seine-Saint-Denis.
Et il suffit de superposer cette carte avec une carte de l’inégale répartition des revenus pour faire apparaître une corrélation. Dans la carte suivante (extraite de Qu’apporte l’échelon infracommunal à la carte des inégalités de richesse en Île-de-France? de Jean-Christophe François et Antonine Ribardière M@ppemonde 75, 2004.3), plus la zone est verte, plus les ménages riches sont surreprésentés, et plus la zone est rouge, plus les ménages pauvres sont surreprésentés [reportez vous à l’article pour plus de précisions].
Les églises africaines ne sont pas installées partout. Et quand les services religieux ont lieu dans les départements plus riches (Hauts de Seine…), c’est dans les communes pauvres de ces départements. Si j’arrive à trouver la proportion par commune de résidents nés en Afrique sub-saharienne, je ferai d’autres cartes.
Mais dans l’immédiat, une autre carte, “en oursin”, va m’occuper, qui va relier les pays de résidence des pasteurs invités (Allemagne, Canada, Bénin…) à l’Ile de France. Une manière de conjuguer l’objectivation cartographique au discours sur le global, le local et le transnational.
Pour aller plus loin : voir le blog de Frédéric Dejean, géographe.
Note : La carte des disparités de revenus a pour origine ce rapport de recherche : Disparités (Les) des revenus des ménages franciliens en 1999
Auteurs : J. C. François, H. Mathian, A. Ribardiere, T. Saint-Julien, UMR Géographie-cités, Etude pilotée par P. Rohaut, DUSD
Editeur : DREIF, 2003
6 commentaires
Un commentaire par Twitted by coulmont (26/09/2009 à 13:43)
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Un commentaire par Twitted by matoo (26/09/2009 à 14:00)
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Un commentaire par Jn (27/09/2009 à 0:08)
une raison possible aux deux faits : l’accessibilité des loyers dans les zones en question ? (en dehors du fait que les églises évangélistes s’enrichissent sur la pauvreté)
Un commentaire par cossaw (27/09/2009 à 16:22)
Je me demande si on ne pourrait pas avoir une démarche similaire avec d’autres faits religieux, y compris avec les religions “fondamentalistes) ancrées dans notre pays – je me demande toujours s’il n’y a pas corrélation entre le “fondamentalisme” et la situation patrimoniale chez les chrétiens intégristes ou les musulmans dits “islamistes”, par exemple.
(parce que j’ai tendance à penser que ces Églises que tu décris sont intégristes, juste à la lecture de titre tels que “Femme tu es libérée de ton infirmité” qui ne résonne pas tout à fait à mes oreilles comme étant d’une ouverture d’esprit affirmée)
Un commentaire par Baptiste Coulmont (27/09/2009 à 17:22)
>JN : je pense que ce sont des églises pauvres, et qui sont souvent dans l’impossibilité d’acheter des bâtiments. Elles louent le plus souvent des salles, dans des zones industrielles.
>Cossaw : j’essaie de ne pas utiliser “fondamentaliste” en dehors du contexte du fondamentalisme protestant US et “intégristes” en dehors du contexte catholique. Mais ce sont, avec certitude, des églises proposant une certaine morale : les qualifier de conservatrices ne fonctionnerait pas vraiment, ce serait trop large. Elles sont à la fois branchées sur certaines formes de capitalisme néolibéral (“Jésus veut que vous soyez PDG”), sur certains courants évangéliques américains (stages dans des “universités” bibliques), sur des rappels à l’Afrique, et tout en bas de l’échelle sociale en France (grande précarité des immigrés…).
Un commentaire par Frédéric Dejean (02/10/2009 à 15:40)
et bien c’est qu’il faut que je me dépêche de finir ma thèse car c’est justement le coeur de mon questionnement (géographie oblige); comment comprendre les localisations des églises en Ile de France. Il est en effet tentant de faire coïncider une carte de la pauvreté avec une carte de localisation des églises. Cela fonctionne aussi pas mal avec une carte des populations immigrées. Pour autant, je crois qu’à un second niveau il faut tenir compte de considérations très pratiques: la plupart des églises choisissent la SSD (et plus particulièrement la Plaine St Denis) car il y a du foncier disponible relativement accessible (même si quand les pasteurs me disent les prix de leur location, j’écarquille les yeux) et surtout il s’agit d’un territoire fort bien desservi par les transports en commun et les axes routiers. En effet, les fidèles ne résident pas forcément à proximité de l’église ou sur le même territoire communal. J’ai pu faire des enquêtes auprès d’églises et j’ai été surpris de constater que certains fidèles viennent parfois d’en dehors de l’Ile de France et font facilement plus de 100km dans la journée pour aller au culte (faut avoir la foi!). Sur cette question des effets de localisation des églises j’ai été inspiré (c’est le cas de le dire) par les travaux américains des “congregation studies” (et oui, ça existe): il y a eu des programmes de recherche portant sur les transformations des communautés locales en lien avec l’étalement urbain. Bref, que du bonheur pour les géographes…
Amicalement.