Race, religion, richesse
Petite collaboration avec rue89.com et surtout avec Frédéric Dejean, géographe :
La pauvreté, terrain fertile pour les églises noires d’Ile-de-France.
Petite collaboration avec rue89.com et surtout avec Frédéric Dejean, géographe :
La pauvreté, terrain fertile pour les églises noires d’Ile-de-France.
L’illustration de couverture de La pensée sauvage de Claude Lévi-Strauss, qui, depuis 1962, est, immanquablement, une gravure de Pierre-Joseph Redouté : Viola tricolor, en français, une pensée sauvage.
Rest in peace, Claude
Parce que boltanski :
(…) ainsi les journalistes interrogés déclarent reconnaître la folie à certains signes, souvent formels, comme l’écriture, la disposition du texte dans la page (serré, aéré, etc.), la façon de signer, la présence de plusieurs signatures de la même personne, de tampons, de nombreux soulignements ou encore la mention par l’auteur de la lettre de titre sans valeur ou peu crédibles — « président de l’Association des joueurs de boules de… », « trésorier de l’Amicale des anciens combattants de… » et, plus généralement le contraste entre les marques d’importance et les signes de médiocrité (…)
source : Luc Boltanski, Yann Darré, et Marie-Ange Schiltz, “La dénonciation,” Actes de la recherche en sciences sociales 51 (1984): 3-40. (citation p.5)
Si cela pouvait aider certains collègues à éviter ComicSans, les surlignages et les changements de couleurs…
P.S. : : Pourquoi pas un blog ?, deux doctorants en science politique décrivent Le recours aux blogs dans une activité de recherche (PDF).
Un reportage sur les classes préparatoires a été diffusé dans l’émission “Envoyé spécial” sur France2. Les journalistes avaient suivi certains des élèves qui sont passés devant mon collègue Philippe C*** et moi-même, à l’oral du concours d’entrée à l’ENS.
Et, micro-seconde de gloire, on me voit apparaître à la fin du reportage : je m’étais stratégiquement placé devant la caméra
[voir aussi mon propre reportage]
…si un étudiant, à la fin d’un cours, venait vous voir avec, sous la main, un dossier consacré à la société fabienne et qu’il vous disait qu’en 1884 son logo était une sorte de dragon mangeant le monde, et que cette société a fondé la London School of Economics… et que c’est l’origine de tous les think-tanks…
Vous lui diriez, gentiment mais fermement, “merci, ça ne m’intéresse pas”.
Mais s’il revenait, à la fin d’un autre cours, toujours avec son petit dossier bien relié et cette question, “Vous connaissez la société fabienne ? Ils ont fondé la London School of Economics, et c’est quand-même pas rien, ça !” S’il se mettait à parler des Francs-maçons au Vénézuela, de la Trilatérale et du gouvernement qui nous force à nous injecter des “substances mortelles” (le vaccin contre la grippe H1N1) ? S’il disait que le “Club de Rome” voulait réduire la population du monde à 500 millions et que eh ben les autres il va falloir les éliminer (d’où le lien avec le vaccin)… Que diriez-vous ?
J’ai été un peu direct, je lui ai suggéré d’aller voir un psy, et de ne pas partager sa peur des sociétés occultes avec moi (Il m’a répondu que la société fabienne n’était pas versée dans l’occultisme). Pardon… si cet étudiant existait, je lui aurais suggéré d’aller voir un psy. [La prochaine vois je lui dirai, d’un air menaçant mais tout bas : “vous en savez trop, on va devoir vous éliminer…”]
Petite revue de blogs :
Natalie, étudiante autrichienne en sociologie, était en 2008 en séjour Erasmus à Paris 8. Dans un entretien avec Claire Lévy-Vroelant, elle décrit le mouvement social étudiant actuel en Autriche. Le mouvement ici est très intéressant, car comme le dit Natalie, à la différence du mouvement de l’an dernier en France, les cours sont maintenus en même temps qu’une mobilisation dans un lieu stratégique, le plus grand amphi de l’université. Ainsi la mobilisation et l’attention de l’opinion, pour l’instant, se maintiennent.
source.
Avec ce genre de billet, et d’autres, par exemple concernant les stages de terrain ou les expériences des étudiantes parties à l’étranger, on essaie de rendre le site du département de sociologie un peu plus vivant que les sites universitaires habituels.
Kieran Healy : « There should be a name for the widowed and orphaned bits of forgotten articles found at the top and bottom of copies of famous articles. »
mais ce terme nécessaire disparaît avec les PDF… (sauf dans quelques revues qui économisent tellement le papier que deux articles peuvent partager la même page). En même temps, je suis certain que Phersv connaît un mot persan ou étrusque qui décrit précisément cette chose. [Parenthèse : je connaissais l’identité réelle de Phersv depuis un moment… J’ai eu le bonheur de percer le secret d’un autre blog anonyme il y a quelques jours grâce à un travail de longue haleine…]
Flaneuse écrit : “It’s a book about the politics and social life of public bathrooms that I am co-editing with Harvey Molotch and will come out maybe next fall with NYU Press”
Je vais l’acheter…
“As the sociology job market gets going each year, there’s always a fair amount of anecdotal evidence swirling around about which departments’ students fair best.”
Il faudrait la même chose pour la France…
Il paraît que Mark Twain aurait dit (ou écrit) : “I don’t give a damn for a man that can only spell a word one way.“… du moins cela fait partie des listes de citations apocryphes.
Et il paraît aussi qu’un duc de Rohan disait avec dédain : « je plains les gens qui ne savent écrire un mot que d’une seule façon ». L’aristocrate souhaitait conserver le droit de se conformer ou non à des règles arbitraires, et trouvait bien bas, bien vulgaire le respect scrupuleux de l’ortho-graphie.
Ailleurs : : Matoo et l’orthographe
Au Musée de la Poste en ce moment se déroule une exposition, “D’Hermès au SMS… [pdf]. L’affiche consiste en une reproduction photographique d’une statue de Hermès, provenant du Musée du Vatican (cliché assez facile à trouver en utilisant google). Chose amusante, la photo qui a servi de base est disponible sur wikimedia commons et a été prise par une camarade de l’ENS, Marie-Lan Taÿ-Pamart (Nguyen) [A/L 98], sous le nom de Jastrow [@jastrow75 sur twitter].
Reprendre et modifier une photo est parfois cause de controverse : Dans le métro, même les légendes ne fument plus écrivait le magazine Time. Ainsi Sartre (sur une affiche pour la BNF), Jacques Tati, Coco Chanel et Serge Gainsbourg, pour pouvoir être diffusés (notamment dans le métro) ont eu une consulation icono-tabacologique. Et à chaque fois, la pipe, la cigarette ou le cigare ont été pieusement photoshopés.
Apparemment, rien de tel avec Hermès et son SMS, même si l’un des attributs centraux de la statue a disparu, caché par une petite enveloppe (on dirait même, en se penchant sur la comparaison, qu’Hermès a subi une épilation “à la brésilienne”). Pas de controverse, même petite, pas de demande organisée visant au rétablissement génital de la statue [dont l’organe viril a subi directement les outrages du temps]. Est-ce parce que la retouche est soit trop modeste, soit trop voyante ? Est-ce parce que, de toute façon, on ne regarde jamais les sexes masculins réduits de la statuaire gréco-romaine ? Ou parce que, du pénis à la pipe, il est des choses que l’on ne montre plus ?
Les villes et le métro se couvrent de dispositifs empêchant des indésirables de s’asseoir. [nombreuses photos ici et quelques travaux de Noël Jouenne : De la contorsion dans l’espace public au déni de la personne ou comment se débarrasser proprement des sans-logis].
Voir apparaître dans le quartier de Château Rouge (Paris, 18e arrondissement) des dispositifs d’anti-affichage ne m’a donc pas surpris. Ce quartier est en effet en permanence “envahi” par des affiches :
Le moindre pan de mur est soumis à l’empressement de certains groupes [souvent religieux] de rendre publiques leurs activités ou leurs productions. « Tu n’afficheras point » n’est pas dans le décalogue.
Quelques morceaux de bois suffiront-ils ? [Ou nécessitent-ils une demande officielle de modification de la façade ?]
Une secrétaire (oups !) une coordinatrice doit gérer non seulement le temps des autres, mais aussi son propre temps. Pour ce faire elle dispose de petits bouts de papiers et de ruban plastique autocollant.
Bien entendu, je n’ai pas réussi à photographier le “papier magique”, celui qui dit “je reviens tout de suite“.
Dans la Revue philosophique de la France et de l’étranger, 2009/2 (Tome 134), l’on peut lire, sous la plume de Dominique Merllié, une présentation d’une réédition d’un ouvrage de Durkheim. En voici de larges extraits (coupes non indiquées) :
En 2008, c’est le tour des Formes élémentaires de la vie religieuse d’être rééditées avec une introduction aux Éditions du CNRS. En réalité, en dépit de la date du copyright comme du sérieux académique qu’on attendrait de son éditeur, [ce] n’est pas une nouvelle édition, car elle reproduit celle qui était parue en 1991 dans la collection du « Livre de poche » : même introduction, même biographie-croupion d’une vingtaine de lignes (dont une erreur de date pour les Règles), même « bibliographie » (neuf titres de 1960 à 1990) et tous les défauts de cette édition déjà relevés. Y manque notamment la carte de l’Australie qui permet de situer les tribus citées. Quant à l’établissement du texte, s’il innove quelque peu, c’est en ajoutant encore, à celles de l’édition reproduite, son propre lot de coquilles nouvelles. C’est le cas, par exemple, de la transcription des formules grecques, toutes plus ou moins estropiées, parfois drôlement (comme lorsque le mot qui se lit « guénos » est transcrit « yévoç », p. 168), parfois d’une manière qui défie la restitution (e.g. p. 92, note). C’est le cas de notes qui ont sauté (e.g. p. 162), ont perdu une partie de leur texte (e.g. p. 215), ont été déplacées par rapport aux appels (e.g. p. 119). Parmi d’autres broutilles plus ou moins gênantes (dont l’irrégularité du traitement de ce qui était en italiques chez Durkheim), le plus remarquable est un passage devenu inintelligible, p. 269 : pour la cohérence textuelle, il faut comprendre que la note 27 inclut en fait, après son contenu, à la fois une vingtaine de lignes qui devraient être dans le texte et le texte de la note appelée à la fin de ce passage. Le même phénomène se reproduit p. 293, mais, comme il s’agit de deux notes très rapprochées, le lecteur souffre moins.
Il serait indélicat de dévoiler qui fut impliqué dans les deux éditions (au “Livre de poche” et aux éditions du CNRS). Mais un indice : cette personne voit ses œuvres complètes publiées par les mêmes éditions du CNRS, et il a été nommé, et renommé au conseil d’administration du CNRS…