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Une édition “de classe exceptionnelle” !

Billet publié le 30/11/2009

Dans la Revue philosophique de la France et de l’étranger, 2009/2 (Tome 134), l’on peut lire, sous la plume de Dominique Merllié, une présentation d’une réédition d’un ouvrage de Durkheim. En voici de larges extraits (coupes non indiquées) :

En 2008, c’est le tour des Formes élémentaires de la vie religieuse d’être rééditées avec une introduction aux Éditions du CNRS. En réalité, en dépit de la date du copyright comme du sérieux académique qu’on attendrait de son éditeur, [ce] n’est pas une nouvelle édition, car elle reproduit celle qui était parue en 1991 dans la collection du « Livre de poche » : même introduction, même biographie-croupion d’une vingtaine de lignes (dont une erreur de date pour les Règles), même « bibliographie » (neuf titres de 1960 à 1990) et tous les défauts de cette édition déjà relevés. Y manque notamment la carte de l’Australie qui permet de situer les tribus citées. Quant à l’établissement du texte, s’il innove quelque peu, c’est en ajoutant encore, à celles de l’édition reproduite, son propre lot de coquilles nouvelles. C’est le cas, par exemple, de la transcription des formules grecques, toutes plus ou moins estropiées, parfois drôlement (comme lorsque le mot qui se lit « guénos » est transcrit « yévoç », p. 168), parfois d’une manière qui défie la restitution (e.g. p. 92, note). C’est le cas de notes qui ont sauté (e.g. p. 162), ont perdu une partie de leur texte (e.g. p. 215), ont été déplacées par rapport aux appels (e.g. p. 119). Parmi d’autres broutilles plus ou moins gênantes (dont l’irrégularité du traitement de ce qui était en italiques chez Durkheim), le plus remarquable est un passage devenu inintelligible, p. 269 : pour la cohérence textuelle, il faut comprendre que la note 27 inclut en fait, après son contenu, à la fois une vingtaine de lignes qui devraient être dans le texte et le texte de la note appelée à la fin de ce passage. Le même phénomène se reproduit p. 293, mais, comme il s’agit de deux notes très rapprochées, le lecteur souffre moins.

Il serait indélicat de dévoiler qui fut impliqué dans les deux éditions (au “Livre de poche” et aux éditions du CNRS). Mais un indice : cette personne voit ses œuvres complètes publiées par les mêmes éditions du CNRS, et il a été nommé, et renommé au conseil d’administration du CNRS…

[yarpp]

3 commentaires

Un commentaire par Une heure de peine (30/11/2009 à 11:38)

Ce qui est fou, c’est qu’à chaque fois qu’on croit avoir touché le fond, on peut rajouter une ligne à son cv…

Un commentaire par Frédéric (30/11/2009 à 12:13)

Pfff… Voilà bien une critique platement moderne et vulgairement rationaliste. Faire bouger les frontières du texte et des notes, brouiller les niveaux de discours, ça, c’est la classe (exceptionnelle).

Un commentaire par Baptiste Coulmont (30/11/2009 à 12:19)

> Frédéric : tout à fait d’accord. C’est même “positiviste” ! ;-)