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Billet publié le 26/02/2010

Contacté par un journaliste de l’émission “L’édition spéciale” sur Canal plus, j’ai accepté cette semaine une petite interview sur le thème des prénoms… Je suis toujours surpris par le fait que ce ne sont jamais mes raisonnements les plus académiques qui sont finalement retenus par les personnes qui m’interrogent. (Mais l’interview était sympathique)

Vous pouvez regarder l’émission, j’apparais autour de la 12e minute

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5 commentaires

Un commentaire par Régis (27/02/2010 à 15:51)

Le choix du prénom est aujourd’hui le fait des parents; les cycles seront certainement plus courts. Je crains que les Léa d’aujourd’hui ne deviennent ringardes beaucoup plus vite que les Georgette d’hier (ou autres diminutifs familiers acceptés par les officiers d’état civil avec bienveillance*)
Dansune structure familiale catholique traditionnelle, les grands-parents tenant sur les fonds baptismaux les deux premiers nés, le premier prénom avait un cycle de deux générations; sinon, lorsque les grands_parents étaient morts, les oncles et tantes prenaient le relais.
L’urbanisation et l’éclatement de la famille verticale ont entraîné la caducité de cette coutume. Ma mère, qui a 70 ans, s’est quand même vue affublée du nom de son père et de deux de ses tantes, d’où un Marcelle Louise Francine (il n’y avait plus aucun autre parent proche)
Je suis de la fin des années 60 et mes parents, complètement urbains, mais mes grands-parents paternels étaient des ruraux, ont cherché une prénom qui fasse un peu mode, sans plus, mais ont consulté leurs parents. Mon grand-père paternel voulait que je m’appelle comme lui, cela paraissait naturel. Comme ses rapports avec ma mère étaient difficiles, histoire de me “déruraliser”, ma mère s’y est opposée.
Ma grand-mère et mon arrière-grand-mère, deux finaudes, ont proposé: Régis, à cette époque peu courant, et mes parents ont accepté de très bon coeur. Pour faire bonne mesure on m’a également prénommé Jean et Marie (que l’officier d’état civil a inscrit comme Jean-Marie…).
La ruse de mes aïeules, je ne l’ai comprise que beaucoup plus tard.
Mon grand-père paternel était communément appelé François. A sa mort, je me suis occupé des formalités administratives, et je découvre qu’en fait il s’appelle Jean-François. (avec un tiret). Son saint patron n’est donc pas Saint François d’Assise, mais Saint Jean-François… Régis, qui ramena au catholicisme le Velay et le Vivarais. De manière quasi invisible, on m’avait raccroché à la tradition familiale et enté dans le terroir régional catholique en me donnant pour patron un jésuite missionnaire ayant “réussi” dans la Contre-Réforme.
Lorsque vous étudiez la sociologie des premiers prénoms, vous dîtes souvent que le second prénom est celui qui marque l’enfant. Peut-être y a-t-il dans le premier prénom des mystères à explorer…
* Il y a bien eu plusieurs centaines de Joffrette entre 1916 et 1920…

Un commentaire par Régis (27/02/2010 à 18:45)

L’histogramme que vous présentez a le mérite de montrer que c’est le “héros de la Marne” que les milieux populaires ont honoré. Evidemment la Marne est une victoire tactique discutable, et une victoire stratégique qui ne doit pas grand chose à Joffre, mais à ses chefs de corps qui ont eu l’heureuse idée de déclencher, sans ordre clair et sans concentration, une contre-offensive qui a marché- mais il fallait un homme pour incarner cette victoire et la propagande a été remarquable dans son utilisation de Joffre, sympathique baderne en superficie, sévère avec les hommes et encore plus vis-à-vis des officiers supérieurs et généraux)
En 1917, alors que Joffre a été limogé, même s’il a été élevé au rang de maréchal de France, et s’il est envoyé aux USA pour une mission prestigieuse qu’il accomplit sans faute (et la propagande française s’en fait l’écho) quelque chose s’est grippé entre Joffre et les Français. En 1919, alors qu’il défile aux côtés de Foch au défilé de la victoire, sa popularité relève du résidu. Petite résurgence en 1929-30 lors de sa mort. Petite résurgence sous Vichy et le culte du maréchal Pétain. Et de minimes rechutes une génération plus tard.
Avez-vous trace de Foch ou Fochette? il semble que le vrai vainqueur de la Grande Guerre n’ait pas laissé grande trace dans les prénoms en France. Ce n’était pas un républicain! en revanche il y a des avenues Foch un peu partout, surtout dans les anciens quartiers royalistes où on a débaptisé certaines voies qui renvoyaient à une personnalité vraiment réactionnaire (à Lyon, l’avenue Foch était auparavant l’avenue de Noailles…)

Un commentaire par Denys (06/03/2010 à 10:34)

Par contre, quand L’Edition Spéciale s’intéresse dans son édition du 5 mars : http://www.canalplus.fr/c-divertissement/pid3355-c-p-edition-speciale.html au développement des églises évangéliques, avec d’ailleurs un intéressant sujet consacré à un pasteur américain, ancien Marine, dont l’audience, très homogène, très jeune, très majoritairement féminine, se distingue sans doute assez nettement de celle de ses homologues africains, on invite Frédéric Lenoir.

Un commentaire par Baptiste Coulmont (06/03/2010 à 10:53)

>Denys : je dirai “on invite encore Frédéric Lenoir”, mais pour combien de temps encore… ? Avec un peu de travail, je peux devenir l’invité universel. ;-)