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Les billets de March, 2010 (ordre chronologique)

Mărţişor !

Les mărţişoare [wikipedia] sont une des rares particularités roumaines qui m’avaient amusé — lors d’un trop long séjour dans ce pays. Ce sont des petits objets blancs et rouges distribués en cadeau le premier mars.

Les mythes fondateurs de la valeureuse nation roumaine étant liés à l’Empire romain, aux Thraces et aux Daces… les mărţişoare le sont aussi, forcément. Et les folkloristes roumanophones y ont sans doute consacré des carrières entières.

Un peu de dépaysement

Une correspondante (et co-auteure) m’envoyait ceci il y a quelques semaines :

Pour qui ne parle pas espagnol, les Muñecas inflables racontent quand même toute une histoire.

Les wiki-auditions…

Sur son blog Kalaï Elpides, “Pandore” fait la liste des suivis collectifs des recrutements universitaires, par section du CNU.

  • en section 04 : ici
  • en section 17 : ici
  • en section 19 : ici
  • en section 20 : ici
  • en section 25, 26,27 : ici
  • thématiquement pour “les historiens et les littéraires spécialistes du XVIe siècle”, section 08, 09 et 22 : ici

    J’ai découvert à cette occasion http://panurge.pbworks.com/, le wiki-auditions des “seiziémistes”, qui, gentiment, déclare s’inspirer de mon travail.
    Ce que fait aussi le wiki des philosophes, http://mcfsection17session2010.pbworks.com/, qui avait bien fonctionné l’année dernière.
    Avec la pérennisation du wiki audition en sociologie et démographie, pour l’instant à l’adresse suivante http://matthieu.hely.perso.sfr.fr/spip.php?article85, je me dis que j’ai bien semé, et que des petits arbres ont poussé. [Même si, moi-même, je me suis fortement inspiré de ce que faisaient les mathématiciens depuis longtemps, et les membres de l’ANCMSP en sciences politiques]
    Je regrette vraiment, donc, qu’en 2007 l’initiative d’Olivier Ertzscheid, un suivi des recrutements en “InfoCom”, n’ai pas rencontré l’enthousiasme collectif de sa discipline. Et j’espère voir la naissance de “wiki auditions” en histoire, en géographie… et ailleurs. Car le crowd-sourcing appliqué au recrutement académique a un avenir.

    P.S. : ce que je souhaite mettre en place, à l’avenir, c’est un système de sondage (ou d’enchères fictives) par poste, où il serait possible de déclarer qui est le/la candidat/e pressenti/e à certains postes. La personnes qui aurait le plus de réponses validées par les comités de sélection gagnerait, par exemple, l’un de mes livres. [Les votes seraient secrets jusqu’à la fin de la procédure, le but n’étant pas d’identifier les heureux élus, mais de repérer qui en sait le plus.]

  • Le sociologue dans la cité

    Le premier numéro de la revue Sociologie arrive : dans moins de trois semaines maintenant.
    Pour accompagner ce premier numéro — et en plus d’un Que Sais-Je collectif, Les 100 mots de la sociologie — un colloque est organisé le 15 avril 2010, « Le Sociologue dans la Cité »


    Programme du colloque, version PDF

    Le programme du colloque a aussi l’intérêt de proposer, en version presque sub-liminale, le sommaire du premier numéro.

    Publier en anglais

    Une étude intéressante, rédigée par Yves Gingras et Sébastien Mosbah-Natanson, La question de la traduction en sciences sociales [PDF]
    s’intéresse aux effets de la publication en anglais de la revue française de sociologie et de la revue Population.
    A partir d’une méthode bibliométrique, les auteurs étudient « l’effet en termes de citations de cette stratégie linguistique dans les années qui suivent sa mise en œuvre, comparant ainsi un « avant » et un « après » de la visibilité de la revue »
    Un premier résultat de l’étude est contre-intuitif : « les sociologues et les démographes français s’insèrent largement dans le champ scientifique international en publiant directement en anglais, en particulier depuis les années 1990. […] [Cependant] La stratégie linguistique mise de l’avant par Population et la Revue française de sociologie repose, entre autres, sur l’idée selon laquelle la démographie et la sociologie françaises, c’est-à-dire les sociologues et démographes français, seraient mal connues à l’étranger, idée pour le moins discutable ».

    Quand l’étude se penche sur la revue Population, les choses deviennent intéressantes. En publiant tous les numéros en français et en anglais (il y a deux éditions), « l’objectif [était] de donner à la revue une meilleure position dans le champ international des revues de démographie.» Mais ce « n’est pas nécessairement compatible avec celui de faire connaître à l’étranger les travaux français, à moins de faire augmenter le nombre d’articles par numéros ou d’accroître le nombre de numéros publiés par année » car ce qui s’est passé, c’est une diminution du nombre d’articles publiés par des chercheurs “français” (repérés par leur adresse professionnelle).

    Sur la Revue française de sociologie, les auteurs concluent sur :

    les limites de l’effet-traduction pour la Revue
    française de sociologie
    , limites qui ne renvoient pas seulement à un problème de diffusion et donc de visibilité de la revue dans son édition anglaise mais aussi, plus largement, aux pratiques de citation à la revue dans les sciences sociales de langue anglaise, pratiques qui, à leur tour, renvoient aux intérêts de connaissance qui animent les chercheurs anglo-saxons ou non francophones qui citent la revue.

    Un collègue à qui j’ai forwardé cette étude me répondait ces lignes (et ne pouvant dire mieux ou même aussi bien, je recopie) :

    Ce qui prouve, une fois de plus, qu’il faut faire un double effort de traduction pour publier en anglais: au dela de la langue, il faut s’inscrire dans un espace de discussion aux enjeux et formes épistémologiques propres (cf. notre absence d’interet pour 90% des articles de socio US).

    Pour la modestie, je ne crains personne

    Il y a quelques semaines, j’ai abordé ici même la question de la gestion des “primes d’excellence” à l’université Paris 8 : réservées aux professeurs, sans que l’on connaisse les heureux bénéficiaires des 6400€.
    Mon université ne donnant même pas accès au classement individuel, j’ai du écrire à une sous direction du ministère pour avoir accès à mon évaluation. La voici :

    Vous constaterez l’anonymat de l’évaluation (je ne sais pas qui a étudié mon dossier) et la précision des critères utilisés.
    J’ai apparemment une production de qualité [Merci !], et un rayonnement moyen [je pensais avoir un “rayonnement” un peu plus important : il faudra que je pense à donner à mes évaluateurs d’autres indicateurs que ceux que j’avais placés dans le CV et probablement que j’arrête de refuser les invitations aux colloques, j’ai beaucoup trop pris l’habitude de dire non…].
    Maintenant, il faut que j’encadre des thèses et que je dise que je suis chef d’un truc : ça va être un peu difficile pour cette session (il faut rendre les dossiers de demande de prime d’ici quelques jours), mais pour l’année prochaine, pas de problème, j’aurai “renforcé mes responsabilités scientifiques”. [Les amateurs de grammaire française auront remarqué la faute qui figure dans le texte des évaluateurs : il aurait fallu accorder le participe passé “renforcé” à “l’encadrement et les responsabilités” et pas seulement à “les responsabilités”. Mais passons, c’est certainement un usage particulier du féminin neutre. Les puristes, même, se diront que “il en résulte un avis global sur votre dossier en C” n’est pas plus correct.]
    Le problème qui se pose, cependant, c’est que « chaque comité d’expertise fixe des conditions minimales requises » (conditions qui, pour la section 19 du CNU, ne sont pas rendues publiques) et que ces conditions sont « susceptibles d’être reconsidérées chaque année »… Ce qui me laisse dans l’incertitude relativement à la stratégie à suivre pour aboutir aux 6400€.
    P.S. : la citation de titre est, bien évidemment, de Alphonse Allais. Je l’ai trouvée, par hasard, dans le n°3 du Tigre.

    ENT, DSI, LDAP

    L’été dernier, je reçois de mon université, Paris 8, une feuille ainsi rédigée :

    Dans le cadre du déploiement futur de l’ENT à Paris 8, la DSI met en place un service de gestion unique des mots de passe du type LDAP (…)

    Il s’agissait d’ouvrir un compte mail. En suivant les instructions données sur la feuille, j’aboutis à une sorte de mur : je donne un mot de passe, on me donne un nom d’utilisateur, mais impossible d’accéder à ma boite mail. Je réessaye les jours suivants, mais rien ne se passe.
    Je n’y pense plus pendant plusieurs mois, me disant que c’était probablement pas encore en état de fonctionner.
    Il y a quelques jours, je reçois avec mes fiches de traitement (celle de décembre, que l’on reçoit en mars à P8…) une feuille de la fameuse « DSI » me disant d’aller sur une adresse commençant par https://
    Et là, je découvre plusieurs mois de mails, arrivés sur un compte que je pensais n’avoir pas été ouvert. Dans ces mails, il y avait notamment une invitation à participer à un séminaire qui m’aurait beaucoup intéressé, et à laquelle j’aurai répondu, si le mail m’était parvenu.

    De Yves à Valérie

    Un article du Monde a soulevé mon intérêt. Il y est fait mention du changement de sexe d’un chef d’entreprise devenue cheffe d’entreprise. L’article se termine ainsi :

    en attendant son changement d’état civil, elle a voulu, dans un premier temps, que son nouveau prénom puisse chasser l’ancien de ses papiers d’identité. Fin janvier, le tribunal de grande instance de Grenoble a donné droit à ce souhait.

    C’est que le prénom est, en France comme dans la quasi-totalité des cultures connues, marqueur du genre.
    Mais on sait que ce n’est pas qu’un marqueur du genre. Le prénom marque aussi bien l’appartenance à une classe d’âge. 1947 est l’année où “Yves” est le plus donné [la “Yves” de l’article est née à la fin des années cinquante, à un moment où le prénom était encore populaire, mais en déclin depuis une dizaine d’années].
    En changeant de prénom, Yves n’a donc pas fait que manifester un changement de sexe : elle s’est rajeunie d’une vingtaine d’années. Valérie est un prénom “typique” des années 60-70, 1969 étant l’année où il est le plus donné.

    Il est peu probable que ce rajeunissement ait été aussi conscient que le changement de sexe. Mais il est intéressant de voir que ce n’est pas un prénom typique des années quarante qui a été choisi (comme “Martine”, “Monique”, “Michelle” ou “Danièle”). Reste à étudier ce lien entre changement de prénom et rajeunissement social sur un échantillon plus grand.

     
    Mise à jour : mon échantillon a quadruplé (source : légifrance, jurisprudence judiciaire, recherche sur l’article 60 du code civil)… Il semble bien que l’abandon d’un prénom (ligne fine) pour un nouveau prénom (ligne grasse) aille dans le sens du rajeunissement. Les graphiques suivants (où Marianne est devenue Maya, Gérald est devenue Lauren, et Christian est devenue Mylène) vont dans le même sens : celles et ceux qui changent de prénom prennent un prénom donné à celles et ceux qui pourraient être leurs enfants.