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Les billets de May, 2010 (ordre chronologique)

Période chargée

La période est chargée et m’empêche d’écrire ici. Mais voici quelques liens qui pourraient vous intéresser :

  • Le wiki auditions en sociologie est presque à jour. Il manque des informations sur l’université de Corte (en Corse), mais ça semble normal de ne pas savoir comment les Corses recrutent. Compiègne, Strasbourg et Tours posent problème aussi (ils sont très cachottiers, là bas).
    Le wiki permet à tous de se rendre compte que nombre d’auditions se chevauchent. Par exemple, le 17 mai, en plus de l’INED, certains candidats peuvent être auditionnés à Lille et à Lyon :
    11. UNIV. REIMS (IUT REIMS), emploi n°545
    12. UNIVERSITE DE REIMS, emploi n°128
    16. UNIVERSITE LILLE 1 (SC & TECHNOLOGIES), emploi n°1583
    20. UNIVERSITE LYON 2 (LUMIERE), emploi n°446
    35. UNIVERSITE MARNE LA VALLEE emploi n° 2062
    43. UNIVERSITE LILLE 3 CHARLES DE GAULLE emploi n° 201
    Je sais que certaines personnes ont du renoncer à participer à des auditions parce qu’elles étaient aussi auditionnées ailleurs. Le calendrier imposé par le ministère de la recherche et le manque de coordination entre collègues sociologues et démographes a conduit à cette situation absurde. [liste des chevauchements ici]
  • Politique de la publication : certaines revues américaines demandent qu’on les cite. Il faudrait que je fonde le Journal of Self Citations
  • Petit métier ou métier de petit ? Promeneur de pokémon.
  • Démocratie et pornographie. Mathieu Trachman au sujet du dernier Iacub
  • Comment noter quand tout est copié ? Politique de la correction.

Sociologie économique

Je présente mercredi 19 mai 2010, dans quelques jours, un travail intitulé “Sociologie policière de l’échange commercial : « l’outrage aux bonnes mœurs » comme objectivation d’un marché” dans le cadre du Séminaire de sociologie économique organisé par Anne Jourdain (Université d’Amiens – CURAPP) et Sidonie Naulin (Université Paris IV – GEMAS).
Voici un résumé de mon papier :

À la fin des années soixante, pour constater un « outrage aux bonnes moeurs », les policiers avaient besoin de considérer certaines relations sociales sous l’angle du marché.
Extrait de l’article 283 du code pénal : « Sera puni d’un emprisonnement d’un mois à deux ans et d’une amende de 360 F à 30.000 F quiconque aura : Fabriqué ou détenu en vue d’en faire commerce, distribution, location, affichage ou exposition (…) Vendu, loué, mis en vente ou en location, même non publiquement » (je souligne)
On peut donc relire — c’est du moins ma perspective — leur action comme celle de personnes cherchant les indices d’un marché, mais aussi comme celle de personnes donnant une structure à un marché (ne serait-ce que parce que les personnes surveillées ou inculpées résistent à la définition policière de leurs actions).
Sources : Dossiers de procédure pour “outrage aux bonnes moeurs”, Archives de Paris, en gros entre 1967 et 1972

Comme je ne connais pas grand chose à la sociologie économique, que c’est un séminaire de spécialistes et que le discutant est Pierre François auteur de Sociologie des marchés, je vais sans doute pouvoir profiter de la discussion pour la suite de mon travail.

Cela se passera de 17h à 19h en salle 421 à la Maison de la Recherche de Paris IV (28 rue Serpente, 75006 Paris).
Plus d’informations en écrivant à seminaire.socio.eco@gmail.com

Quelques réseaux d’invitations académiques

La vie académique est faite de conflits politiques, épistémologiques et statutaires. Elle est aussi faite de collaborations nécessaires. Une étude de ces collaborations pourrait sans doute mettre en évidence la cristallisation des conflits. Prenons Paris 8. Sous la direction de Charles Soulié une histoire de Vincennes est en cours de finalisation. Un étudiant de master, Frédéric Carin, a ainsi relevé la composition des presque 450 maîtrises soutenues entre 1968 et 1984 au département de sociologie.
Après un petit passage sous “R” (avec le package “sna”), on peut obtenir de beaux graphes, objectivant sous une forme synthétique ces invitations croisées. Dans le graphe suivant, les ronds rouges correspondent aux individus (et leur taille au nombre de personnes avec qui ils sont en relation de soutenance). Les traits noirs ou gris correspondent au nombre d’invitations (les traits sont noirs quand les invitations ont été supérieures à 2, la taille des traits est proportionnelle au nombre de soutenances en commun).

Ce graphe fait sens quand on l’associe à une histoire du département de sociologie : l’on y distingue deux pôles de coopération, pôles encore en lien entre 1968 et 1983, et qui s’autonomiseront par la suite. Le pôle nord, autour de Terray-Rey-Lazarus-Benzine-Poulantzas, est celui des anthropologues, qui vont fonder un département d’anthropologie ou quitter Paris 8 (Quiminal partira à Paris 7, Poulantzas se suicidera…). Le pôle sud, avec Castel-Gaudemar-Defert-Dufrancatel-Passeron-Martinon, constitue le pôle “sociologique” (une partie quittera aussi rapidement Paris 8). Il est fort probable que ces pôles correspondent aussi à des options politiques (PC/autre) ou à des “clientèles” différentes.

Quelques réseaux d’invitations académiques (suite)

[Suite]
Il y a quelques jours, j’ai présenté le réseau composé par les jurys de maîtrise au département de sociologie de l’université Paris 8 (entre 1968 et 1983). Dans le département apparaissaient deux pôles (qui se sépareront ensuite). L’étude d’un autre département, par Marie-Pierre Pouly (qui vient de soutenir une thèse sous la direction de Stéphane Beaud) donne ce réseau [que M.-P. Pouly représente sous une forme matricielle dans ses travaux, mais que j’ai transformé ici en graphe] :

[La légende et les principes de lecture se trouvent dans le billet précédent : le graphe est construit sur le même principe]
Ce département apparaît plus éclaté que le département de sociologie, dont les membres entretenaient — somme toute — de nombreux liens croisés d’invitations aux jurys de maîtrise. Ici, ce que l’on voit, et que l’étude historique assure, ce sont des stratégies d’évitement, entre un pôle qui aspire à la noblesse de la vraie littérature (anglaise, pas américaine), un pôle de linguistes et un autre plus proche de la civilisation.
Pour en savoir plus sur l’utilisation de la sociologie des réseaux pour l’étude du monde académique, je ne peux que vous renvoyer vers les travaux d’Olivier Godechot.