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Les sectes, c’est plus ce que c’était

Billet publié le 03/06/2010

Dans un article qui vient d’être publié par la revue Genèses (une revue de sociologie et de sciences sociales), Etienne Ollion, sociologue, étudie ce qu’il appelle “un processus de requalification conceptuelle“, la sécularisation de la “secte”.
En effet, autant au début des années 70 la secte apparaissait comme un objet religieux, autant aujourd’hui, après tout un travail de requalification (travail politique et associatif), la secte est un terme utilisé pour décrire un ensemble de pratiques.

Trois périodes peuvent être distinguées : lors de la création des premières associations, les opposants cherchent d’abord à distinguer entre bonnes et mauvaises sectes (i) ; pourtant, la transformation des buts de celles-ci comme l’importation de théories psychologiques étasuniennes font qu’émerge une nouvelle approche de la secte comme groupe utilisant des techniques de conditionnement psychologique (ii). Finalement, c’est après une importante médiatisation et l’engagement d’opposants distants de l’Église catholique que le terme de secte est progressivement sécularisé, y compris chez certains opposants qui rejetaient cette approche quelques années auparavant (iii).

« Jusque dans les années 1970, les quelques personnes qui dénoncent publiquement les sectes sont, sans exception, proches des églises établies. » La création d’association de défense de la famille et de l’individu (ADFI) va venir modifier les dénonciations : « les membres des ADFI dénoncent les groupes non plus pour la « supercherie théologique » qu’ils constitueraient, mais pour les conditions de travail et les infractions au code de la Sécurité sociale et à celui des impôts. »
Les critiques contre “Les Enfants de Dieu” [The family] sont dirigées vers le « Flirty Fishing », [technique de recrutement où l’adepte est invitée à séduire de potentielles recrues, parfois en leur prodiguant des faveurs sexuelles].
[Note : si vous voulez en savoir plus sur le Flirty Fishing, une encyclopédie collaborative possède de nombreux documents : dont des bandes dessinées]
Dans sa conclusion, Ollion lance quelques indices sur ce qui va continuer à l’intéresser par la suite, l’étude des individus qui s’impliqueront dans les associations anti-secte :

La redéfinition de la secte est en effet une condition importante de l’engagement de toute une série d’acteurs qui ne se sentaient pas concernés tant que l’approche religieuse prévalait, où ne savaient pas comment aborder le sujet. Le sectarisme devient ainsi un sujet pour lequel des personnes qui ne se seraient probablement pas engagées dans un combat perçu comme interne au champ religieux peuvent s’investir, ce qui se produit de manière croissante à partir de la fin des années 1970.

[yarpp]

2 commentaires

Un commentaire par etienne (03/06/2010 à 20:08)

Geneses lutte a sa facon contre la crise des SHS et je me suis laisse dire que si l experience pin up etait concluante, il y aurait une double page detachable dans chaque numero desormais.
Sur ce point precis, il faut aussi citer les travaux de V. Altglas, P. Birman, et A. Esquerre qui soulignent aussi ce point.

Un commentaire par Bruno (03/06/2010 à 20:45)

Bravo Etienne !

A la technique Pin Up, j’ajoute la technique Eurovision puisque j’avais, jadis, fait entrer France Gall dans Vacarme.

Qui sera le prochain?