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Obésité et sexualité en France

Billet publié le 24/07/2010

L’enquête CSF (Contexte de la sexualité en France) produit d’intéressants résultats. Nathalie Bajos et son équipe viennent de publier un article lui aussi intéressant dans une revue de médecine Sexuality and obesity, a gender perspective: results from French national random probability survey of sexual behaviours.

L’on a probablement tous une petite idée du rôle du poids dans la séduction et la vie sexuelle. Cet article pourra confirmer — ou infirmer — certaines idées. L’on voit, surtout, que le poids ne joue pas le même rôle pour les hommes et pour les femmes.

Je me permets ici de reproduire deux des tableaux proposés dans l’article. Le premier s’intéresse à la distribution des partenaires en fonction du sexe et du poids :

Pour synthétiser très rapidement, les femmes en surpoids ou obèses ont surtout des relations sexuelles (stables) avec des hommes en surpoids ou obèses. Mais les hommes en surpoids ou obèses, eux, ont surtout des relations avec des femmes “normales” (dont l’indice de masse corporelle est considéré comme normal). On pourrait dire ces mêmes choses très vulgairement.

Le deuxième tableau est difficile à lire, trop petit, je sais. Mais l’article est en ligne, donc allez-y le lire.
Ce que je repère ici, c’est la position spécifique des hommes maigres, six fois plus nombreux que les autres catégories d’hommes à déclarer des relations homosexuelles. [Notons, tout de suite, le petit nombre, 72, d’hommes en souspoids pris en compte ici : ne tirons pas trop de conclusions]. Ils déclarent plus fréquemment n’avoir eu aucun-e partenaire sexuel (22,5% contre, en gros, 10%) au cours des 12 derniers mois, ne pas avoir eu de relation au cours de la dernière année (34%), et ils déclarent, quand ils ont un-e partenaire, une fréquence mensuelle moindre.
Peut-on parler de pauvres maigres ? Si l’on assimile la fréquence et le nombre à une forme de “richesse”, alors, oui, pauvres hommes maigres… (les femmes maigres apparaissant ici relativement plus riches, donc).

Je n’ai fait qu’effleurer, par manque de temps, cet article, qui contient beaucoup plus. Vous pouvez le lire il est en “open access” : Sexuality and obesity, a gender perspective: results from French national random probability survey of sexual behaviours.

[yarpp]

8 commentaires

Un commentaire par Marie Ménoret (24/07/2010 à 11:00)

Sur « le martyre de l’obèse », on peut consulter Vigarello. Ou, à défaut, la lecture qui en est faite sur:
http://laviedesidees.fr/L-obese-entre-gloire-et-opprobre.html
où l’on apprendra entre autres choses que c’est Adolphe Quetelet, « le personnage central de l’histoire du poids et de sa mesure » et non Auguste.

Un commentaire par Tweets that mention Baptiste Coulmont » Obésité et sexualité en France -- Topsy.com (24/07/2010 à 15:24)

[…] This post was mentioned on Twitter by Camille Rue89, Le Phare Sociologie. Le Phare Sociologie said: #sociologie Obésité et sexualité en France http://bit.ly/blS6dN […]

Un commentaire par Fr. (25/07/2010 à 15:40)

Bon support pour un apprentissage des crosstabs et de la lecture de tableaux en général, non ?

Un commentaire par Baptiste Coulmont (25/07/2010 à 15:57)

>Fr. : c’est en effet pas mal, puisque ça pose des questions comme celles que l’on trouve en commentaire chez Maïa Mazaurette http://www.sexactu.com/2010/07/25/deux-poids-deux-mesures/
« Je dois avoir un esprit trop mathématique (ou trop la gueule de bois), mais je comprend pas comment ça peut marcher si les femmes en surpoid couchent avec des hommes en surpoids qui eux-même couchent avec des femmes “normales”. »

Un commentaire par Manu (26/07/2010 à 5:06)

Ca marche s’il y a plus d’hommes en surpoid que de femmes en surpoid, non? Ou s’il y en a autant mais que les hommes en surpoid ont plus de partenaires.

Un commentaire par Lulu (26/07/2010 à 9:55)

Je trouve que le problème de l’étude est qu’il ne fait pas place à l’étude d’autre facteurs qui peuvent intervenir également et se recouper avec l’obésité. On sait par exemple que l’obésité est beaucoup plus fréquente dans les milieux plus pauvres ou plus marginalisés. On sait aussi que suivant l’age, les gens ne réagissent pas de la même façon à leur obésité. Alors il serait plus sérieux de mettre tous ces tableaux en perspective avec une étude plus complète du panel (age, milieux sociaux…) et de faire une décorrélation des facteurs.

Un commentaire par Baptiste Coulmont (26/07/2010 à 10:18)

>Lulu : ne vous inquiétez pas, tout ce que vous soulignez fait partie de la base de données de l’enquête CSF. En plus, l’article — en anglais, mais vous pouvez le lire — mentionne certaines des variables que vous indiquez.

Un commentaire par Lulu (26/07/2010 à 10:32)

ok, après lecture de l’article complet, mea culpa.