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Prière de ne pas citer

Billet publié le 17/11/2010

L’on peut trouver, dans les communications envoyées en avance d’un colloque ou d’une journée d’étude, parfois l’avertissement suivant : « Ne pas citer sans l’accord préalable de l’auteur » ou des variations sur le thème de la publication interdite, de la republication interdite, de la diffusion interdite, sans l’accord de l’auteur.
Chose amusante, une floppée de ces textes à ne pas citer se trouvent diffusés tels quels : exemples google 1 et google 2.
La richesse de la langue anglaise, qui différencie la “quotation” de la “citation“, est mal rendue en français dans le “ne pas citer”, qui voudrait interdire toute citation longue d’un extrait, mais aussi même toute référence au papier (alors même qu’il existe, sous la forme d’une littérature grise s.d.).
Je ne me souviens pas avoir jamais demandé à un auteur si j’avais la permission de citer un de ces textes restreints. C’est un peu comme ces “licences” que l’on doit accepter pour avoir accès à tel ou tel logiciel (iTunes ou Word), et qu’on ne lit jamais totalement.
Bref, plus j’y réfléchis, moins je comprends l’intérêt de l’usage. J’éviterai d’y avoir recours à l’avenir. Et ça fera peut-être augmenter mon indice-h.

7 commentaires

Un commentaire par MxSz (17/11/2010 à 22:07)

Les mêmes qui apposent cet avertissement n’ont soit jamais entendu parler des archives ouvertes, soit pas envie d’y déposer leurs textes. Sans doute la peur d’être trop cité…

Un commentaire par Baptiste Coulmont (17/11/2010 à 22:13)

Erreur ! une recherche google : « site:halshs.archives-ouvertes.fr “ne pas citer” » donne d’intéressants résultats.

Un commentaire par MxSz (18/11/2010 à 11:29)

pan sur mon bec

Un commentaire par Arthur (22/11/2010 à 16:58)

pour la petite histoire, j’avais l’habitude de mettre en lien mes polys de cours pour que mes étudiants les récupèrent… et un jour, un prof assez renommé m’a dit qu’il avait vu passer des documents que j’avais écrits, remplis de fautes… J’ai essayé de lui expliqué que c’était des notes de cours et que ça n’avait d’autre prétention que d’aider les étudiants… que de toutes façons comme tout le monde je disais des âneries en cours, et qu’il me semblait normal qu’il traîne des coquilles dans mes notes.
Et là dessus, il m’a expliqué que les fautes à l’oral étaient normal, mais pas dans les documents écrits.
Je me suis interrogé plusieurs jours, en voyant deux solutions
– continuer, comme si de rien n’était, tant pis pour les fautes
– ne plus rien mettre en ligne, voire ne plus rien publier avant d’avoir passé trois mois à relire et faire relire…
Et finalement j’ai enviagé la 3ème voie qui était de mettre un “ne pas citer” sous le titre, ce qui pour moi veut dire que le document peut avoir vocation à être diffusé auprès des étudiants (et donc se retrouve via google) mais n’a pas d’autre prétention… en particulier la citation équivaut à s’appuyer sur la base du document pour effectuer une analyse de recherche…
En fait je devrais mettre la même chose sur mon blog, même si google tombe dessus… je n’ai pas la prétention d’écrire dedans des choses qui mériteraient d’être citées… c’est juste pour jouer…

Un commentaire par DM (26/11/2010 à 9:34)

Suite au refus d’acceptation d’un article (à mon avis assez mal motivé par les referees [*]), j’avais mis un preprint sur HAL et l’avais diffusé à quelques collègues. Un collègue français m’a signalé que j’étais cité sur un slide d’un californien. Les nouvelles scientfiques circulent…

[*] Je me suis déjà vu refuser des publications pour des raisons justifiées, mais là je pense que certains referees sont passés à côté du problème.

Un commentaire par stéphane dorin (06/12/2010 à 19:06)

J’ai une histoire édifiante à ce sujet, et qui peut servir d’avertissement (c’en fut un pour moi, à mes dépens bien entendu).
En 2001, alors que j’étais à Chicago pour ma thèse, j’ai fait ma toute première communication sur mon terrain dans un séminaire, où l’on m’avait accueilli avec bienveillance.
L’usage veut que l’on y distribue un ‘draft’ de la présentation, avec la mention ‘do not quote nor circulate without author’s permission’.
Quelques mois plus tard, un étudiant lointain prend contact avec moi car il était intéressé par le sujet.
Bien peu averti des moeurs universitaires à l’époque, je lui envoie ce draft, comportant la mention explicite, pour que nous échangions dans un esprit de dialogue intellectuel ouvert…
Nos échanges se tarissent après les remerciements d’usage.
L’année suivante, je vois paraître, dans ce pays lointain, un article, fondé sur un terrain de deux semaines, qui… correspond, élément pour élément, au terrain que je décrivais, mêmes lieux, mêmes acteurs, mêmes objets.
L’étudiant a tout simplement utilisé mon draft comme roadmap pour refaire, en un temps record, le même chemin de recherche que moi. Sans me citer – ce qui prouve l’ineptie totale de cette mention d’ailleurs.

Moralité : depuis, je ne donne plus rien en draft, ni ne fournis aucun document non publié pour un colloque. Et je m’étonne que des chercheurs continuent à le faire.
Epilogue : l’étudiant en question s’est retrouvé un jour à Chicago devant les mêmes gens qui m’avaient invité, et qui m’ont signalé avoir été surpris par sa présentation et ses similitudes avec la mienne… En effet, grâce ,au moins en partie, à ce travail, l’étudiant lointain a décroché une bourse américaine pour y faire son doctorat. Fort heureusement, et fort intelligemment de sa part, sur un autre sujet de recherche.

Un commentaire par Baptiste Coulmont (06/12/2010 à 20:44)

Il ira loin, cet étudiant ! Je me prémunis un peu de ces mésaventures en diffusant des morceaux de recherche sur le blog avant leur éventuelle publication. Et j’espère que les collègues (ou futurs collègues) plagiaires seront un jour punis…