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Les billets de March, 2011 (ordre chronologique)

Twitter et le réseau

Je voulais réussir à savoir qui “followe” qui, parmi les personnes que je “followe” sur twitter, notamment afin de savoir s’il existe des personnes qui, suivies par nombre des personnes dont je lis la prose, pourraient m’intéresser.
A la fin de ma réflexion, pour l’instant parcellaire, voici ce que j’arrive à produire :

Pour produire cela, le code est assez simple (mais pas vraiment, en fait). Je le reproduis ci-dessous. Le principal problème est lié au fait que les comptes “privés” causent une erreur (« Erreur dans twFromJSON(out) : Error: Not authorized »). Et R ne gère pas encore le protocole utilisé par twitter pour se connecter, OAuth…

Dans le code suivant :
1- je charge les “bibliothèques” nécessaires (twitteR, plyr, igraph)
2- je télécharge la liste de mes “amis” (les personnes que je suis, sur twitter)
3- pour chaque “amis” je télécharge la liste de 20 “amis”, et j’installe tout cela dans un tableau de la forme “NomDeLAmi | NomDeSonAmi”. Pourquoi seulement 20 amis : pour que ça aille plus vite, je n’ai pas besoin, à l’heure actuelle, de la totalité des amis d’amis.
4- je transforme cela en graphe, et je dessine le graphe

library(twitteR)
library(plyr)
library(igraph)
f<-userFriends('coulmont', n=100)
friends<-ldply(f,screenName)
fff<-table(NA,NA)
for (i in 1:nrow(friends))
{
f<-userFriends(friends[i,], n=20)
ff<-ldply(f,screenName)
fff<-rbind(fff,cbind(rep(friends[i,],nrow(ff)),ff))
}
ats.g <- graph.data.frame(fff, directed=T)
coords <- layout.fruchterman.reingold(ats.g, dim=3)
V(ats.g)$label <- V(ats.g)$name
plot(ats.g, layout=coords,vertex.size=.5*degree(ats.g),vertex.label.cex=.3*log((degree(ats.g)+.1)),edge.arrow.size=0.1)

Created by Pretty R at inside-R.org

Pour produire cela, je me suis appuyé sur divers billets de blog : Cornelius Puschmann : générer des graphes de retweet, une question sur stackoverflow, R-chart, analyser des données de twitter avec R

 
L’image ci-dessous a été réalisée en prenant les 200 “amis” que suivent une trentaine de mes “amis”, puis en ne gardant du graphe que ceux qui étaient suivis plus de 4 fois dans le graphe.

twitter et le réseau, suite

Mon exploration des “amis de mes amis”, sur twitter [rappel], ne m’a pas fait découvrir grand chose, sinon qu’ils ont tendance à me “follower”. Les spécialistes des réseaux sociaux diraient que c’est parce que “tu fais du structural à partir d’égocentré”, et ils doivent avoir raison.
Mais j’ai découvert deux ou trois choses avec R. Et notamment le package igraph.

Le twittplot au format PDF

Dans l’image précédente, la couleur dépend du score “k-core” de chaque personne (ou compte twitter), et la taille des points des “liens entrants” (plus un compte est suivi par mes “amis”, plus le point est gros). La disposition des points a été générée par l’algorithme Kamada-Kawai.

Il est quand même possible d’être surpris par certains résultat. La centralité d’intermédiarité permet de repérer des acteurs “intermédiaires”, qui me lient, indirectement, avec d’autres mondes-twitter. C’est particulièrement vrai pour certains compte twitter. Voici un PDF qui montre, je pense, que certains “petits” acteurs (que je “followe” mais qui sont peu “followés” par mes amis), sont des intermédiaires.

Qu’est-ce qu’un prénom « français »

Il est possible de changer de prénom en prenant la nationalité française : c’est ce qui s’appelle la francisation. J’en ai déjà parlé.
Au cours de la procédure, il est proposé au candidat à la naturalisation de prendre un nom ou un prénom “français”. Pour aider les personnes remplissant le formulaire CERFA 65-0054, il est précisé ceci :

Afin de faciliter votre choix, une liste indicative de prénoms français ou couramment usités en France est tenue à votre disposition. Tout prénom choisi dans cette liste sera donc accordé. Cependant, ce document n’est pas limitatif et les demandes particulières seront examiné au cas par cas.
source : formulaire CERFA 65-0054

Cette liste n’est pas évidente à trouver. Récemment, Abdellali Hajjat m’envoie une liste qui était en usage dans diverses préfectures il y a quelques années, en me signalant qu’à l’époque, cette liste ne restait pas seulement “indicative”, mais surtout “confidentielle”.

Les choses ont changé depuis. Certaines préfectures, dont la Préfecture de police, donnent accès à cette liste, qui n’a plus pour titre “liste indicative”, mais “LISTE ALPHABÉTIQUE DES PRÉNOMS“.
A l’étranger, certains consulats précisent la procédure :

Ne sont admis que les noms et prénoms dont le caractère français est avéré. Afin de faciliter votre choix, une liste indicative de prénoms français ou couramment usités en France est tenue à votre disposition à l’institut français de Taipei
source : document du consulat français à Taipei

Et d’autres sites diplomatiques précisent que cette liste peut se trouver sur l’intranet du ministère des affaires étrangères. Si l’on compare les différentes versions, il semble que cette liste soit mise à jour régulièrement. On trouve ainsi trace d’une mise à jour régulière dans une circulaire de 2000 :

Le but poursuivi par la francisation est de faciliter la vie quotidienne des nouveaux Francais et leur integration dans la communaute nationale. Ainsi, ne sont admis que des noms et des prenoms dont le caractere francais est avere. A cet effet, la liste indicative des prenoms francais acceptes, adressee par la sous-direction des naturalisations aux tribunaux d’instance et consulats et mise а jour periodiquement, devra pouvoir etre consultée par le declarant.
source : Circulaire DPM 2000-414 du 20 juillet 2000, je souligne.
[le texte est identique dans la circulaire de 2005 qui remplace la circulaire de 2000.

Parmi les révisions remarquables, « Baptistine », pourtant un très joli prénom, disparaît au cours de la deuxième moitié des années 2000. Ce prénom, soit a perdu sa dignité de “français”, soit, et c’est plus probable, n’est plus “couramment usité”. Je n’ai pas fait de comparaison plus précise, elle viendra en son temps.
Mais à la lecture des différentes listes, il m’apparaissait que les prénoms semblaient un peu “vieillots” malgré le rafraîchissement régulier. Je passe sur le fait que certains prénoms sont proposés avec des variantes orthographiques étranges (Garence, ou Edgard, qui semblent moins “français” et moins “usités” que Garance ou Edgar). Dans la série des « S » on trouve ainsi Solange, Ségolène, Sylvain ou Sylviane… qui sont un peu datés.
Ce sentiment est conforté par un petit traitement statistique. On peut affirmer, à partir du “fichier des prénoms” de l’INSEE, qu’il y a plus de 80% de chances qu’un français pris au hasard, s’il (ou elle) est né avant 1970, porte l’un des prénoms de la “liste des prénoms français”. Mais s’il est né en 2008, il n’y a plus que 30%.

La liste des prénoms “français” est donc surtout la liste des prénoms portés par les vieux français : « Kévin », le prénom masculin à succès des années 1990, est absent de la liste, ainsi que de nombreux autres prénoms à la mode depuis une vingtaine d’années.
Comment expliquer ceci ?
Une première explication porterait sur l’âge des candidates à la francisation : elles ont souvent plus de 30 ans, donc autant leur proposer des prénoms adaptés à leur âge.
Une deuxième explication a ma préférence. A mon avis, c’est un bel exemple d’inertie des choses écrites. J’imagine qu’une liste a été établie, il y a de cela quelques dizaines d’années, un peu de bric et de broc, par quelques fonctionnaires de la sous-direction des naturalisations, qui avaient peut-être accès au “top 50” des prénoms les plus donnés dans les années soixante. Cette liste a probablement circulé, de manière plus ou moins confidentielle pendant un moment, s’est stabilisée et a accédé à une certaine forme de publicité à la fin des années 1990, pour être ensuite périodiquement révisée. Mais les choses écrites ont une certaine “force” diraient les promoteurs de la performativité. Comment ôter, de quel droit ôter à un prénom “français” sa place, qui lui revient de droit, dans cette liste. Peut-on y insérer Yasmine ou Sabrina, prénom au succès non négligeable en France, ou même Inès, Emma, Jade ou Lola ? Et l’évolution des prénoms, le rythme de l’engouement et du dégoût, s’accélère aussi au même moment. Les enthousiasmes pour “Kévin” passent vite, au profit d’un enthousiasme aussi grand pour “Téo”.
 
Note : le graphique précédent, lu par un fou, “prouverait” la démographie galopante des populations allogènes (qui donnent, nécessairement, à leurs enfants, des prénoms non-français). Il montre plutôt le décalage croissant entre une liste plus ou moins figée et les goûts des parents en matière de prénomination.
 
Note 2 : de Abdellali Hajjat, vous pouvez lire l’article intéressant, autour d’une thématique proche, sur le défaut d’assimilation dans la procédure de naturalisation / acquisition de la nationalité française.

Qu’est-ce qu’un prénom “français” ? suite

Pour faciliter les francisations des prénoms au moment des naturalisations, le ministère de l’intérieur met à disposition une “liste indicative des prénoms français”.
Cette liste est régulièrement mise à jour, et je dispose de deux listes distantes d’une dizaine d’années, probablement. [Pour plus de précisions, je vous renvoie à Qu’est-ce qu’un prénom “français” ? (première partie)]
Il y a des prénoms abandonnés entre l’ancienne version et la nouvelle. 153 prénoms si mes comptes sont justes. Par exemple :

Abel, Achille, Adolphe (sic), Alberte… Yvette, Yvonne

Et des prénoms (57 d’après mes comptes) qui ne sont présents que dans la dernière version :

Alizée, Ambre, Anaïs, Oriane, Erwan… Flavie, Mégane

Il y a donc bien une mise à jour de cette liste. L’ancien état (en rouge ci dessous) reflète mieux les naissances du début du siècle, et moins bien que la nouvelle liste les naissances les plus récentes.

Si l’on se concentre sur les prénoms abandonnés entre les deux listes, on remarque que ce sont surtout les prénoms les plus anciens qui l’ont été (comme Mariette ou Léandre).

Mais le cycle de la mode fait, malheureusement, qu’ils ont tendance à revenir à la mode, dans certains secteurs de la société française. On le remarque un peu dans le graphique précédent : la courbe frémit à la hausse depuis 1970.
L’évolution est plus étrange concernant les prénoms entrés récemment dans la liste des prénoms français. Ce sont certes des prénoms plus récents que les anciens (au sens où ils représentent mieux les naissances récentes), mais la mise à jour n’arrive pas à enrayer la perte rapide de pertinence de la liste au regard des naissances en France. Les nouveaux prénoms n’entrent pas assez vite.

La variété des productions culturelles

Deux fois par semaine, je fais le tour du quartier Château Rouge, juste au Nord de Barbès, pour y recueillir les affiches des églises évangéliques et pentecôtistes “noires” ou “africaines”. L’affichage sauvage est répandu dans quelques rues, autour de la station de métro. Les afficheurs se livrent à une concurrence permanente pour l’espace des murs aveugles et des barrières de chantier (d’autres gestionnaires d’espace s’y opposent). On voit, sur la photo ci-contre, un “Messager de Dieu” dire “Sans toi, je ne suis rien” mais aussi une affiche politique “Kabila dégage”, ainsi qu’une comédie, “Le string qui tue“.
Mais aujourd’hui, j’ai aussi trouvé l’indice d’une production culturelle moins légitime :
Il s’agit de publicité pour un film pornographique qui propose des scènes “dans des arbres”, et qui n’a rien à envier aux couvertures de “Hot Vidéo” qui parsèment les vitrines des vendeurs de journaux. Le messager de Dieu aura fort à faire pour lutter contre le messager de la luxure.
Je ne connais pas de travaux ethnographiques portant sur la pornographie “africaine” (ses marchés, ses modes de diffusion, ses formes de “captation” de ce que les vidéastes pensent être les fantasmes rentables…). Il semble cependant, d’après divers indices, que certaines formes de régulation par les “bonnes moeurs” ne fonctionnent plus très bien. J’avais été en contact avec des personnes cherchant à ouvrir des sex-shops en Afrique. Dans un site consacré au Cameroun, on peut lire qu’après une descente de police, les DVD reviennent à Youndé… Et, récemment, dans les Inrockuptibles un petit article donnaient quelques informations.
Sur l’affiche de Château-Rouge, aucun lieu de vente précis n’est indiqué. Juste “Château Rouge” : les petits revendeurs à la sauvette, qui proposent, sur des étals en carton, de fausses montres, des légumes exotiques ou des DVD, doivent parfois proposer ce genre de DVD.
 

Ludivine et la télomachie

En 1972 naissent 16 “Ludivine” en France.
En 1973 elles furent 527. Une multiplication par 33 en quelques mois.
Un prénom proche, “Lidwine”, connaît une évolution similaire au même moment : 11 naissances en 1971, 133 en 1972, mais cet engouement disparaît rapidement. Un groupe, sur facebook cherche à rassembler les Lidwine.
Ces brusques augmentations m’étonnent. A quoi les relier ?
Le prénom “Ludivine” fait l’objet d’une toute petite réflexion juridique et administrative. Au début du XXe siècle, un spécialiste des prénoms, Edouard Lévy, en repère quelques unes, les trouvant peu ragoûtantes.

En Franche-Comté on trouve un assez grand nombre de Othilie, de Ludivine et de Mélitine, en Picardie des Adéodat, en Provence des Marius, alors que ces mêmes prénoms seraient à Paris quelque peu gênants pour leurs titulaires.
source : La question des prénoms, 1913, p.30

Mais c’est dans les années soixante que “Ludivine”, sous des formes différentes, revient.

  • D’abord en 1966, au tribunal de Chartres, où des parents, empêchés par l’officier d’état civil d’appeler leur fille “Ludivine”, portent plainte. Ils “prouvent” que le prénom « n’est pas étranger » et reçoivent le soutien d’une écrivaine, Elisabeth Barbier.

    Cette “oeuvre littéraire de valeur”, ce sont “Les gens de Mogador”. A partir de décembre 1972, la télévision française en diffusera un feuilleton. Parmi les personnages, une certaine “Ludivine”.
  • Ensuite sous la forme “Livine”.
    La cour d’appel de Paris refuse à Mme Léonie L* de changer son prénom pour “Livine” (Paris, 22 Oct. 1968, D. 1969, p.122 note Ponsard). Née en 1925, Léonie avait toujours porté le prénom Livine, qui était inscrit sur son acte de baptême [un signe, soit dit en passant, des sources multiples de la prénomination, où l’ordre religieux des choses ne coïncide pas avec l’ordre séculier-légal]. Le changement est refusé : le prénom “Livine” serait d’origine néerlandaise. Ce raisonnement gêne les juristes qui ont à commenter la décision :

    Il est vrai que le prénom de “Livine” n’est pas usité en France, mais s’il surprend, s’il présente un caractère original, il ne nous semble pas devoir “évoquer inévitablement une origine étrangère”. Relativité de l’appréciation humaine ! Les juges de Chartres (cf. Trib de gde inst. de Chartres 11 mars 1966, Gaz. Pal. 1966.I.431) ont autorisé des parents à choisir pour leur fille le prénom de “Ludivine”, ce prénom n’offensant ni la morale, ni le goût, sa consonance étant agréable et sa prononciation possible selon les lois de la phonétique française. […] Personne ne contestera que le prénom de “Léonie”, sans être le moins du monde grotesque ou odieux, apparaît aujourd’hui singulièrement démodé […] désignation qui évoque trop souvent les personnages vaudevillesques !
    source : Nerson, RTD civ. 1969, p.107-108

  • Le juriste, on le voit, est embêté : quand-même, dit-il en substance, elle s’appelle Léonie… on aurait pu être gentil avec elle, non ?
    Le prénom “Léonie”, à la fin des années 1960, est considéré comme démodé. Il n’est presque plus donné. Le minimum (10 naissances) sera atteint en 1967. Mais dès ce moment là, il repart à la hausse ; pour un petit groupe de parents, ce prénom apparaît au contraire comme joli, et ce petit groupe arrivera, progressivement, à entraîner d’autres parents dans leur choix.

    Parce que je n’ai pas peur des rapprochements incongrus, des sauts logiques et des innovations lexicales tirées du grec, j’aimerai pouvoir dire que ces anecdotes judiciaires, ici, laissent voir la concurrence des terminaisons, la télomachie, entre les prénoms en -ine et les prénoms en -ie, les années 1950-1980 étant très “-ine”. Avec autant de prénoms en “-ine” donnés aux filles (pas loin d’une sur cinq à l’époque), les nouveaux prénoms en “-ine” ne pouvaient qu’avoir une parenté ressentie (sous la forme d’une euphonie) avec leurs comparses.
    Mais je ne pense pas que cette idée me mènerait très loin.

    Sur la fiabilité du “fichier des prénoms”

    Le “Fichier des prénoms” de l’Insee est un matériau formidable. Il a quelques limitations explicites : les prénoms très rares n’y sont pas présents (pour des raisons de respect de la vie privée).
    Et la description du fichier précise ceci :

    Le fichier des prénoms est établi à partir des seuls bulletins de naissance des personnes nées en France y compris les départements d’Outre-mer (DOM). En conséquence, l’exhaustivité n’est pas garantie sur toute la période, notamment pour les années antérieures à 1946. Les utilisateurs pourront donc constater des écarts avec le nombre annuel des naissances évalué par l’INSEE. Ces écarts, importants en début de période, vont en s’amenuisant. Après 1946, ils sont peu significatifs.

    On peut se faire une idée du décalage entre la réalité des naissances et les données du fichier en calculant le ratio suivant (le nombre de naissances masculines pour 100 naissances féminines). On sait, en effet, que ce nombre tourne autour de 105 naissances masculines pour 100 naissances féminines (pour plus de précisions, pour beaucoup plus de précisions concernant l’établissement de ce ratio, lire l’ouvrage de Jaisson et Brian, Le sexisme de la première heure).
    Le fichier des prénoms “décroche” de ce ratio avant 1946. Il en est très proche après.

    Et en France ?

    L’on trouve sur un site de l’université de Strasbourg une liste de tous les tremblements de terre à proximité de la France métropolitaine, depuis 1980 : ici.
    Ce qui donne, une fois gardés les tremblements de magnitude supérieure à 3, ceci :

    La taille et la couleur des points sont proportionnels à la magnitude.
    (fait avec R, package maptools, en suivant mon “tutoriel pour la cartographie avec R“)

    Un réseau d’écrivains vers 1890

    Comment devient-on un grand écrivain ? Probablement en étant apprécié par ses collègues écrivains.
    On peut essayer de préciser cette intuition en regardant « qui cite qui » dans “L’Enquête sur l’évolution littéraire” de Jules Huret (1891). Dans cet ouvrage, l’auteur raconte ses entrevues avec de nombreux écrivains francophones. Et, parce qu’il s’intéressait au monde des écrivains, il cherchait à savoir ce que les écrivains pensaient de leurs collègues. La source est donc partielle/partiale : Huret a un programme et ne fait pas qu’enregistrer. Il cherche probablement à mettre en valeur certains écrivains. Gardons cela en tête. Et redevenons, immédiatement, positiviste.
    Commençons par compter le nombre de citations.
    Qui cite le plus ? Les 5 plus grands citants parmi les interviewés sont : “goncourt” “herediajosemaria” “kahngustave” “saint-pol-roux-le-magnifique” et “descaveslucien“.
    Qui sont les écrivains plus cités : “zola” “goncourt” “flaubert” “bourgetpaul” “huysmans” “barresmaurice” “verlainepaul” “moreasjean” “mallarmestephane” “regnierhenry” et “hugo”.

    Oh ? miracle ? : les Goncourt (OK, ils sont 2) sont de grands citants grands cités. Quand je fait ce travail de réduction du discours aux citations, je trahis peut-être les interviewés, mais par l’auteur. Jules Huret lui-même demande à ce que son ouvrage soit lu ainsi :

    il y a un écart sensible entre l’importance réelle de certains auteurs et celle qu’ils ont prise dans mon enquête, importance dont on pourra se rendre compte en additionnant les “mentions” notées à l’Inde alphabétique de ce volume
    Huret, Enquête…, p.XV

    Mais qu’est-ce que “l’importance réelle” ? Certains des écrivains les plus cités, en effet, bien que marginaux pour le monde cultivé de la fin du XIXe siècle, étaient, pour le monde des écrivains, bien plus centraux.

    C’est ainsi que M. Mallarmé, dont la haute personnalité littéraire ne se révèle que les mardis soirs à quelques personnes choisies, a pourtant groupé plus de nominations que Victor Hugo, la plus populaire des gloires de la France moderne.

    Il semble étrange à Huret de voir apparaître Mallarmé à cette place. Mais ce poète-poète (ce poète pour poète) illisible était déjà tenu, par ses collègues, en haute estime.

    Huret propose ensuite une description par chapelle littéraire (“les symbolistes”, les “parnassiens”, les “philosophes”, les “naturalistes”…). Il lui était difficile de faire autrement. Mais si l’on s’intéresse au réseau des citations, peut-être qu’autre chose apparaît.

    Quelques indices nous donnent accès à la dimension “réticulaire” du métier d’écrivain. Aujourd’hui, on pourrait la mettre en évidence à partir de la participation aux jury des prix littéraires par exemple, ou à partir des collaborations scénariste/dessinateur dans la bande dessinée francophone ou des featurings dans le rap français des années 1990. Pour la fin du 19e siècle, l’Evolution littéraire de Huret est un matériau facilement accessible.

    A partir de l’ensemble des citations, il est possible d’identifier des “communautés” de personnes plus reliées que d’autres. [Dans R, avec le package “igraph”, grâce à l’instruction “walktrap.community”]

    lien vers le graphe en PDF

    Il me semble voir, mais je ne suis pas un spécialiste, un groupe plutôt “romancier / réaliste” et un groupe plutôt “poète / symboliste” (Maurice Barrès, dans les années 1880, était proche des symbolistes, Huret le classe parmi les “psychologues”.)

    Une étudiante, qui voudrait, par exemple dans le cadre d’un master de sociologie, aller plus loin, devrait bien entendu s’intéresser au contexte des mentions/nominations : est-ce comme exemple, ou comme exemple à ne pas suivre que les uns mentionnent les autres ? Elle pourrait, cette étudiante, ajouter aux personnes des qualités (âge, origine géographique et sociale…) pour voir si les caractéristiques sociales ont quelque chose à voir avec la structure des citations. Cette étudiante trouverait au CRESPPA et au département de sociologie de Paris 8 un encadrement de valeur.

    La plurinomination

    Les ethnologues de la France rurale, dans leurs travaux des années 1970, ont montré la survivance de pratiques de plurinomination [deux exemples : Segalen, M. [1980], Le nom caché. La dénomination dans le pays bigouden sud. L’Homme, 20[4], p.63-76. ou encore Zonabend, F. [1977], Pourquoi nommer ? (Les noms de personnes dans un village français : Minot-en–Châtillonais). Dans C. Lévi-Strauss, éd. L’Identité. Paris: Grasset, p. 257-279.]. « La mère Raymond, c’était la Michelle, mais son vrai nom c’était Simone. » Il semble qu’avec l’emprise croissante de l’administration “à distance” des individus, cette plurinomination se soit affaiblie. Il est plus simple de n’avoir qu’un seul prénom, sans avoir à répéter, constamment, que « non, certes je m’appelle Johnny, mais en fait, c’est Philippe. »
    Mais si affaiblissement il y a eu, il n’y a pas eu disparition. En effet, il existe de nombreuses institutions, plus ou moins solides et cristallisées, qui disposent de leurs propres outils de nomination, souvent en tension avec les pratiques des institutions “branchées” sur l’Etat et l’état civil.
    Décrivons-les un peu.

  • Il y a les institutions faibles liées à la vie en commun et à l’interconnaissance. Certains métiers donnent naissance à des surnoms plus ou moins stables [Hassoun, J.-P. [2000], Le surnom et ses usages sur les marchés à la crié du MATIF. Contrôle social, fluidité relationnelle et représentations collectives. Genèses, 41, p.5-40. ou l’étrange Gambetta, D. [2009], Codes of the Underworld. How Criminals Communicate, Princeton (New Jersey): Princeton University Press. pour les surnoms des maffiosi]. Certaines activités “en ligne” génèrent des appellations qui peuvent se déverser dans la vie hors ligne : l’interaction “in real life“, pour se stabliser, va nécessiter de s’accorder sur la “définition de la situation d’appellation” (une chose étrange, vécue lors d’un apéritif de sociologues sur twitter). La vie familiale produit, elle aussi, ses appellations diminutives.
    Mais passons, ce ne sont pas ces institutions qui m’intéressent ici.
  • Il existe en effet des institutions un peu plus solides, qui existent, de plus, en tension, plus ou moins fortes, avec l’Etat.

  • L’Eglise catholique romaine, en France, a longtemps lutté contre la dépossession révolutionnaire de l’état civil, par exemple en continuant un contrôle des prénoms proposés au baptême (un contrôle qui avait commencé avant, mais en opposition, alors, à des pratiques individuelles). Pour le début du XIXe siècle, la comparaison des états-civils, des registres de baptèmes et des listes nominatives de recensement permet de saisir la plurinomination. Il y a un texte intéressant de Dupâquier à ce sujet]. Pour les années les plus récentes, il faut s’appuyer sur des sources indirectes. Ici, ce seront quelques décisions de justices, choisies pour illustrer mon propos.

    CA toulouse, arrêt du 13/3/2001
    Georges, Jacques, Marie X*** souhaite que son prénom devienne “Georges-Henry” : « ses parents attestent que leur fils a toujours eu comme prénom usuel Henry, prénom qu’ils lui ont attribué à son baptême pour des raisons familiales ». Il a vécu, pendant quelques dizaines d’années, avec un prénom usuel qui n’était pas à l’état civil.

    CA besancon, arrêt du 3/11/2005 :
    “Mom”, née au Cambodge, est baptisée “Catherine” lors de sa conversion au catholicisme. Elle s’appuie sur ce baptême pour assurer sa demande de francisation du prénom.

    CA poitiers, arrêt du 5/9/1990 :
    Il s’agit ici d’une demande de changement de prénom d’une petite fille, qui s’appelle “Loan”. Ses parents, qui voulaient donner un prénom breton, s’aperçoivent peu après sa naissance que que ce prénom “est plutôt d’origine asiatique”… une sorte de vice caché, donc… Le baptême (par un prêtre orthodoxe) de l’enfant se fait sous le prénom “Anastasia” : les parents considèrent que “l’inadéquation d’un prénom à une conviction religieuse” constitue un intérêt légitime. Ils seront suivis par la Cour d’appel de Poitiers.

    Plusieurs autres affaires sont liées à des conversions à l’Islam, et à des prises de noms qualifiés de “coraniques” ou “musulmans”. Mais, pour de nombreuses raisons, les institutions locales de l’Islam sont moins solides que l’Eglise de Rome et les individus vont peiner à faire reconnaître la validité de certaines demandes.

  • Il existe enfin d’autres Etats, qui, par l’intermédiaire de leurs agents, cherchent à disposer du monopole de la prénomination. Certains individus “frontières”, disposant de deux nationalités, deviennent ainsi des points de tiraillement entre dispositifs monopolistiques. En pratique, les difficultés semblent être importantes avec le Maroc. Le Maroc, en effet, dispose d’une législation stricte sur les prénoms, qui doivent avoir un caractère marocain traditionnel (ceci étant une manière d’arabiser le stock onomastique, en partie berbère / kabyle, me signalait un commentateur).

    CA versailles, arrêt du 18/5/2000
    Les parents, nés au Maroc, avaient appelé leur fille (née en France à la fin des années 1990), “Gihanne”. Mais ce prénom est interdit au Maroc : une personne ainsi nommée, disent les parents, ne peut pas avoir d’état civil marocain.
    Le procureur écrit, lui, que “l’intérêt légitime au sens de l’article 60 du Code civil ne saurait s’étendre au respect des exigences d’une législation étrangère”.

    La tension entre la demande d’un autre Etat que la France concernant l’état civil d’une personne dotée de la nationalité française est ici patente. Favoriser la simplicité de vie de la personne en question, en lui permettant d’accorder ses états civils, passe derrière la volonté de maintenir un monopole sur la nomination.

  • La plurinomination existe donc toujours. Mais à la question “comment tu t’appelles”, on ne répond plus “ça dépend [de la situation]” [comme l’écrivent Fine, A. & Ouellette, F.-R. éd. [2005], Le Nom dans les sociétés occidentales contemporaines, Toulouse: Presses universitaires du Mirail. page 19]. La « morale d’état civil » mentionnée rapidement par Michel Foucault au tout début de l’Archéologie du savoir nous a presque tous convaincu qu’il n’existe qu’un seul prénom, celui de l’état civil. Cela rend la plurinomination problématique plus qu’inexistante, et transforme un problème d’identification en problème identitaire.

    Récemment, au département

    L’un des intérêts du travail universitaire, c’est la combinaison de l’enseignement et de la recherche. Une partie des activités du département de sociologie de Paris 8 illustre ce principe. [Soit dit en passant, nous recrutons 3 collègues en ce moment, 2 professeures et 1 maîtresse de conférence].

  • Plusieurs des traductions réalisées dans le cadre d’un atelier, au premier semestre, sont suffisamment bonnes pour connaître une diffusion (après accord des auteurs et des revues). Une revue, Sociological Theory, a préféré héberger sur son site la traduction de Maryne Luciani d’un article de Colin Jerolmack : « Humains, Animaux et jeu: Théorisation de l’interaction lorsque l’inter-subjectivité est problématique ». C’est un article qui devrait intéresser quelques sociologues : comment, en effet, comprendre les interactions ludiques avec les animaux quand aucune “définition commune de la situation” n’est possible. Deux autres articles, l’un de Don Kulick, l’autre de Phelan & Link sur le concept de “stigmate”, sont aussi traduits : Trois traductions sur le site du département de sociologie.
  • Les stages de terrain organisés pour les étudiants de 3e année de licence continuent. Ces stages de terrain seront présentés, par Françoise de Barros et Claudette Lafaye, au prochain congrès de l’Association française de science politique. L’une des particularités de Paris 8, en sociologie, est de proposer cette initiation à l’ethnographie assez tôt dans le cursus (avant le master). Nous essayons de proposer, pour chaque stage, des compte-rendus rapides et parfois de proposer les mémoires.
  • La sociologie est aussi, au moins depuis Garfinkel, mais déjà avec Mauss (et, dirais-je Robert Hertz), réflexive. C’est pour cela qu’est organisée une journée de réflexion sur l’enseignement de la sociologie, le 5 avril 2011. A la fois temps de pause et temps d’étude, et, probablement, temps de découverte : on me signale que des communications très intéressantes sur ce que deviennent les étudiants après la licence, et sur la fondation de l’université de Vincennes sont programmées. L’entrée est libre.
  • Ce ne sont que quelques unes des activités d’enseignement par la recherche qui ont cours au département de sociologie, mais elles avaient la caractéristique de se retrouver, au même moment, sur le site internet du département.

    Combien de temps, combien de temps…

    Combien de temps faut-il aux services concernés, à Paris 8, pour remettre une porte dans ses gonds.
    18 février 2011 : je remarque ceci :

    Une porte dé(-ver-)gondée. Je la prends en photo pour faire un signalement.
    8 mars 2011 : la porte a changé de position

    14 mars 2011 : nouveau changement de position

    21 mars 2011 : la porte s’est stabilisée

    Il semble donc qu’il faille plus d’un mois, à Paris 8, pour qu’une salle de cours retrouve sa porte (j’écris ceci dimanche. J’irai vérifier demain lundi où se trouve la porte).

     
    L’équation vincennoise : Si (tags>0) alors (pissotières>1) sinon (pissotières=0)
    La preuve : Voici des toilettes du bâtiment A.

    Vous remarquerez l’absence de lunettes sur les toilettes. L’étude du temps nécessaire aux services de l’entretien ou de la logistique pour les remplacer se mesure non pas en mois, mais probablement en décennies (je mène cette étude depuis 2004).

    Et, pour conclure la preuve, des toilettes du bâtiment B. Sans tags, mais sans pissotières. Pas de bras, pas de chocolat.

     
    Et puisque j’y suis, dans la description des conditions d’hygiène et de sécurité dans lesquelles je travaille.
    A quoi sert un distributeur de savon ?

    Pas à distribuer du savon, cette denrée très rare dans l’université. Mais à bloquer-ouverte une porte, bien entendu. [C’est une porte qui ne s’ouvre que d’un côté, une invention formidable et sans doute utile, mais pas dans le contexte d’une porte d’entrée.]
    A quoi sert une chaise ?

    Surtout pas à s’asseoir dessus — ou alors de manière connexe aux autres fonctions. Ca sert à bloquer-fermée une sortie de secours. Car, comme on le sait, en cas d’urgence, merci d’enlever la chaise qui vous permettra d’échapper au feu. Comment ? c’est coincé ? Ah ?

     

    Je suis tombé récemment sur le tract suivant (dont voici quelques extraits) :

    Voilà ! Après un semblant d’escapade, [Paris 8] réintègre le giron de l’université française. Finie la fameuse expérience; finie l’entrée massive des non-bacheliers, finie la liberté du choix d’inscription pour les étudiants de la région parisienne, finie la liberté du choix de ses études. Aujourd’hui, tout doit rentrer dans l’ordre […]
    Ainsi [Paris 8] réintègre le cadre “normal” de l’université, pour connaître le même sort que les autres facs… et même plus,… vu son caractère “expérimental”.
    Rentabilisation : Avec l’ “autonomie” des facultés, qui organise concrètement la mainmise du patronat dans le cadre des conseils […] qui passeront des contrats d’enseignement avec les professeurs […]
    Cela signifie : la suppression progressive de la gratuité de l’enseignement, la mise en place de l’auto-financement des facs au moyen de la hausse de plus en plus grande des droits d’inscription […] et par les dons privés qui seront octroyés aux facs par des mécènes, tout à fait désintéressés, personne n’en doute !!

    Il n’est pas étrange que la “LRU” ne soit pas mentionnée… le tract date de 1969, et il est disponible sur un site d’archives numériques de Paris 8.

     

    Et puisque nous parlons d’histoire, et de la fin des années 1960… Mes collègues Charles Soulié et Jean-François Laé ont mis en ligne une série de documents relatifs à l’enseignement de la sociologie à Vincennes [PDF, 40p.].

    Une épreuve

    Ou plutôt des épreuves, car elles n’existent qu’au pluriel.

    J’ai quelques jours pour corriger les épreuves de Sociologie des prénoms. Le livre, vous le voyez, prend forme. La sortie est toujours prévue pour le 9 juin, et vous pouvez vous inscrire sur une liste de diffusion.
    À feuilleter ces épreuves, je ne vois pas encore de corrections à apporter (mon nom et mon prénom semblent bien orthographiés, et c’est l’essentiel). Il va falloir lire cela à tête reposée.

    Morin, Tintin

    Morin :

     
    Tintin :

     
    Morin :

    Tintin :

     
    Morin :

    Tintin :

     
    Et pour finir : Morin

    L’indicateur d’un milieu

    Les prénoms sont des indicateurs de la position sociale des parents. Ils ne font pas qu’assurer l’identification des individus, ils sont associés à des caractéristiques collectives.
    Je vais analyser ici des données recueillies par Henry Ciesielski. La plupart des académies publient, sur internet, les résultats individuels au brevet des collèges, sous la forme suivante : Coulmont, Baptiste, Mention, (collège).
    Il est possible de retrouver, pour chaque collège, sa composition sociale, sous une forme très agrégée, donnant la proportion d’enfant de 4 catégories (fav a = enfants de chefs d’entreprise, cadres et enseignants, fav b = enfants de professions intermédiaires, moy = enfants d’artisans, commerçants et employés, défav = enfants d’ouvriers, de retraités employés et ouvriers et d’inactifs). L’on sait aussi si le collège est un collège privé ou public.
    Ces données se prêtent à une “analyse en composante principale”, qui va proposer, sur un plan, une représentation synthétique des proximités sociales.

    [L’image ci-dessus n’est qu’un extrait. Cliquez pour le PDF]

    J’ai restreint l’analyse aux prénoms les plus fréquents, ceux qui avaient été donnés à plus de 1000 enfants en 1994, 1995 ou 1996. Sur l’image précédente, la place de chaque prénom dans le plan dépend de la composition sociale du collège et de deux scores. Le premier est la proportion de personne portant tel prénom se trouvant dans un collège privé. Le deuxième est un score de succès liées aux mentions reçues par les porteurs de tel prénom.
    Le graphique oppose clairement les porteurs de prénoms “anglo-saxons” ou “arabes” aux porteurs de prénoms “anciens” : Sabrina se retrouve à côté de Brandon et Myriam et fort loin d’Agathe, Victor et Juliette. Ces deux types de prénom se trouvent dans des collèges fort différents socialement (les uns dans des collèges où sont surreprésentés les enfants d’ouvriers, les autres dans des collèges où sont surreprésentés des enfants de cadres). Et ils s’opposent aux prénoms des classes qualifiées ici de moyennes : Romain, Romane, Rémy, Sylvain et Bastien…
    Cette cartographie sociale ne va pas vraiment surprendre : le sens commun arrive très bien à classer les prénoms des uns et des autres. Mais elle pourrait surprendre, pourtant. Je n’ai pas ici utilisé uniquement des données portant directement sur les porteurs de prénoms (par exemple la catégorie sociale des parents), mais des données portant sur le collège dans lequel les personnes se trouvent, des données portant donc sur un milieu social, des données “écologiques”. Les Brandon, ici, ne sont pas nécessairement des enfants d’ouvriers ou d’inactifs, mais des enfants se trouvant scolarisés dans des collèges comprenant une surreprésentation d’enfants d’ouvriers ou d’inactifs. C’est, d’une certaine manière, la ségrégation scolaire qui apparaît, violemment.
     
    Et Ines me direz-vous ? que fait-elle, seule, à une place étrange sur ce graphique. C’est, vers 1995, un des rares prénoms donnés aussi bien aux filles d’ouvriers maghrébins qu’aux filles des bourgeois de la région parisienne (et apparemment peu donné en dehors de ces deux milieux). Sur le graphique, c’est donc un prénom en “tension” entre deux positions.
     
    Voici la “roue des variables”.

    Je remercie encore Henry de m’avoir transmis ces données (ses données) ainsi que l’idée du traitement statistique.

    Mise à jour
    Arthur C. me signale que le traitement suivant est plus juste. Voici donc une analyse des correspondances :

    Lien vers le fichier PDF

    Et là, avec la prise en compte de la mention, on voit apparaître le genre, sur le 2e axe (les filles en bas, avec des résultats meilleurs, et les garçons en haut).