La variété des productions culturelles
Deux fois par semaine, je fais le tour du quartier Château Rouge, juste au Nord de Barbès, pour y recueillir les affiches des églises évangéliques et pentecôtistes “noires” ou “africaines”. L’affichage sauvage est répandu dans quelques rues, autour de la station de métro. Les afficheurs se livrent à une concurrence permanente pour l’espace des murs aveugles et des barrières de chantier (d’autres gestionnaires d’espace s’y opposent). On voit, sur la photo ci-contre, un “Messager de Dieu” dire “Sans toi, je ne suis rien” mais aussi une affiche politique “Kabila dégage”, ainsi qu’une comédie, “Le string qui tue“.
Mais aujourd’hui, j’ai aussi trouvé l’indice d’une production culturelle moins légitime :
Il s’agit de publicité pour un film pornographique qui propose des scènes “dans des arbres”, et qui n’a rien à envier aux couvertures de “Hot Vidéo” qui parsèment les vitrines des vendeurs de journaux. Le messager de Dieu aura fort à faire pour lutter contre le messager de la luxure.
Je ne connais pas de travaux ethnographiques portant sur la pornographie “africaine” (ses marchés, ses modes de diffusion, ses formes de “captation” de ce que les vidéastes pensent être les fantasmes rentables…). Il semble cependant, d’après divers indices, que certaines formes de régulation par les “bonnes moeurs” ne fonctionnent plus très bien. J’avais été en contact avec des personnes cherchant à ouvrir des sex-shops en Afrique. Dans un site consacré au Cameroun, on peut lire qu’après une descente de police, les DVD reviennent à Youndé… Et, récemment, dans les Inrockuptibles un petit article donnaient quelques informations.
Sur l’affiche de Château-Rouge, aucun lieu de vente précis n’est indiqué. Juste “Château Rouge” : les petits revendeurs à la sauvette, qui proposent, sur des étals en carton, de fausses montres, des légumes exotiques ou des DVD, doivent parfois proposer ce genre de DVD.
4 commentaires
Un commentaire par Myriam Houssay-Holzschuch (11/03/2011 à 12:30)
Et on retrouve une bonne vieille géographie économique (entre autres, puisqu’on est en pleines recompositions économiques, identitaires, sociales etc. post-apartheid) sur la question, avec les Sud-Africains produisant leur premier film pornographique “all Black” (http://www.guardian.co.uk/world/2010/oct/14/south-africa-black-porn-mapona).
Un commentaire par Baptiste Coulmont (11/03/2011 à 12:33)
>Myriam : Merci… avec, en plus, de la circulation internationale des productions.
Un commentaire par Myriam Houssay-Holzschuch (11/03/2011 à 12:36)
Oui, c’est le côté “industriel”.
Même si ladite production a encore un côté très artisanal (bouts de latex ?).
Un commentaire par Régis (12/03/2011 à 17:50)
Le string qui tue, c’est plus “légitime” que le machin “dans les arbres”?!
(la dernière fois que j’ai passé une nuit dans les arbres en Afrique, ça été très calme de ce point de vue)