Vous êtes ici. Là !
C’est peut-être le besoin de se rassurer, de s’assurer qu’on n’est pas seulement ici, mais bel et bien là, qui fait se rencontrer le bout d’un doigt et la carte des stations.
Quand j’étais petit, et que Paris était une ville étrangère, ces zones arrachées m’indiquaient où j’étais : il suffisait de les repérer pour pouvoir ensuite s’orienter. Les traces d’usage collectif remplaçaient fort bien le “Vous êtes ici” accolé à certaines cartes. Crowdsourcing avant l’heure, objectivation d’une combinaison du volume de fréquentation de chaque station et de son caractère touristique. Aujourd’hui, dans la plupart des stations, les cartes sont protégées par un film plastique, qui empêche d’user trop vite la zone de la station.
En 1994, une artiste italienne, Paola di Bello, avait photographié, dans les 350 stations du métro, ces zones. Pour ensuite en reconstituer une grande carte du métro, sur lesquelles les stations étaient soumises à la disparition paradoxale. On trouve quelques explications de sa démarche sur le site de Paola di Bello.
Note : Ce billet est un effet secondaire de la lecture de Petite sociologie de la signalétique : Les coulisses des panneaux du métro.
3 commentaires
Un commentaire par Gnouros (13/06/2011 à 12:38)
Je me demande si l’hygiénisme n’a pas eu raison aujourd’hui de cette pratique de toucher du doigt ces affiches. On pourrait poser l’hypothèse inverse : si, au contraire, le fait que l’on est ajouté des étiquettes “vous êtes ici” avait pour raison latente ou manifeste d’éviter que les gens les touchent du doigt…
Un commentaire par Baptiste Coulmont (13/06/2011 à 12:40)
La première photo a été prise le mois dernier à la station “Jaurès” : toucher les cartes-affiches est encore pratiqué.
Un commentaire par GM (20/06/2011 à 9:07)
Ça me fait penser aux personnes qui ne peuvent pas s’empêcher de laisser leur empreinte digitale sur un écran d’ordinateur – aussi fragile soit-il – pour désigner quelque chose, y compris quand ce sont eux qui maîtrisent la souris, pourtant utile pour éviter cette pratique primaire.
Preuve que l’idiot sommeille non seulement en chaque regardeur, qui regarde le doigt, mais aussi en chaque montreur, qui fait tout pour qu’on ne voie plus que lui.