La mention du prénom
Le graphique suivant (cliquez dessus pour l’avoir en grande taille lisible) place les prénoms sur un plan en fonction de la fréquence des mentions “Très bien” au Bac général en 2011 (en abscisses) et en fonction du nombre de candidats admis (en ordonnées).
Cliquez sur le graphique pour pouvoir le lire.
Vous trouvez donc en bas, les prénoms peu fréquents, en haut les prénoms fréquents. A gauche les prénoms ayant reçu peu de mentions au bac, à droite les prénoms ayant reçu beaucoup de mentions TB. A dessein, les graduations ont été enlevées.
Il n’y a bien entendu aucune relation directe entre un prénom et la réussite au bac. Si les enfants de professeurs, d’instituteurs et de médecins s’appelaient Potiron et Potironne, alors Potiron et Potironne recevraient beaucoup de mention. Et si vous appelez votre fille “Emma” aujourd’hui, elle n’obtiendra pas, dans 18 ans, une mention TB avec des chances égales aux Emma qui avaient 18 ans en 2011.
La relation est indirecte : c’est parce que les prénoms sont donnés en proportion différentes suivant le milieu social des parents. Les ouvriers et employés, depuis une bonne trentaine d’année, ont tendance à préférer des prénoms “anglo-saxons”. Alison, Jennifer, Dorian, Cindy, Jordan, Kevin… se retrouvent donc à gauche du graphique, ayant reçus, en 2011, très peu de mentions TB. On trouve aussi, à gauche, des prénoms qui sont, lors de la naissance de ces enfants, sur le déclin : Loïc, Rémy, Mélodie, Elodie, Amandine, Matthieu… qui ont alors déjà été abandonnés par les cadres et professions intermédiaires.
Les prénoms très courants au moment de la naissance de ces bacheliers de 2011 (Thomas, Pauline, Camille, Marie, Marion, Nicolas…) reçoivent une proportion de mentions TB très proche de la moyenne : Il est très probable que leur répartition dans la société française, à l’époque de leur naissance, soit bien dispersée. Ce sont des prénoms en “milieu de carrière”.
Notes : Pour réaliser ceci, j’ai “aspiré” les résultats individuels publiés cette année sur internet. J’ai quelques 250 000 personnes dans la base. Pour ce faire, j’ai suivi les tutoriels rédigés par François Guillem. Ce travail a été fait rapidement, je ne garantis pas l’exactitude du placement de chaque prénom sur le graphique. Mais globablement, je suis certain que ce n’est pas faux.
Considérez cette petite étude comme une continuation de celle-ci sur les résultats au brevet.
18 commentaires
Un commentaire par ureak (18/07/2011 à 11:37)
On aura aussi noté, mais là non plus ce n’est pas une surprise l’écrasante majorité de prénom féminin dans la partie droite du tableau…
Un commentaire par Baptiste Coulmont (18/07/2011 à 11:38)
Elles réussissent mieux ! C’est indéniable.
Un commentaire par Régis C (18/07/2011 à 16:09)
L’étude portant sur les prénoms des recalés serait intéressante aussi, même s’ils se font rares.
Un commentaire par Chauvel (18/07/2011 à 17:57)
Bravo B!
Un excellent travail, comme d’habitude (et même en mieux !).
Est-il possible d’avoir un peu plus : les échelles, ou un fichier excel, enfin un truc dans ce genre ?
Voilà une source d’énoncés de SES qui va très bien marcher les années à venir.
Bien à toi
Louis (Bac 1985)
Un commentaire par Jean-Catherine (19/07/2011 à 16:00)
Serait-il possible, quitte à avoir un graphique un peu moins exact, de rendre tous les prénoms lisibles, en décalant certains prénoms de quelques pixels ? (en effet, certains prénoms se chevauchent et sont par conséquent illisibles ; j’imagine que ce n’est possible que si vous détenez une version vectorielle de ce graphique… sinon, tant pis).
Un commentaire par Baptiste Coulmont (19/07/2011 à 16:10)
oui, je peux faire cela, mais ça va me prendre trop de temps, malheureusement.
Un commentaire par Joël (22/07/2011 à 19:11)
Passionnant, comme d’habitude (et dire que je n’ai pas encore acheté ton bouquin… j’ai honte !).
Même question que Louis Chauvel : tu partagerais ton fichier ? A défaut, tu me dirais où tu as aspiré les noms ? comme ça je testerai le tutoriel de François G ;)
Merci !
Un commentaire par ursulon (07/07/2012 à 18:09)
“Elles réussissent mieux ! C’est indéniable”
Certes. Pourquoi ?
N’est-ce pas que l’école est désormais adaptée aux filles et n’est plus adaptée aux garçons ?
Quand va-t-on enfin prendre en compte cette évidence ??
twitter : @ursulon
Un commentaire par ursulon (07/07/2012 à 18:15)
Sinon, bravo, vous avez fait là un joli travail, qui donne un éclairage intéressant et curieux.
@ursulon
Un commentaire par francis (08/07/2012 à 22:17)
intéressant, mais pas nouveau : les enfants réussissent mieux au bac lorsque le niveau intellecteul et social de parents est plus élevé. et enduite ? on fait quoi ?
Un commentaire par touti (09/07/2012 à 0:04)
@ursulon Je crois que vous inversez la donne!
L’école, malheureusement prépare à la soumission,
et l’éducation des femmes est jalonnée dès l’école (mais ce n’est pas la seule à agir en ce sens) par l’obéissance au modèle dominant, masculin ne vous en déplaise. Les résultats du baccalauréat, qui marque la fin d’une scolarité non adaptée à l’épanouissement et à la critique, montre surtout que la tendance de 10 femmes avec très bien au bac pour un homme va s’inverser dans le monde adulte.
L’évidence c’est que le modèle d’éducation que l’on impose aux enfants et aux filles essentiellement n’est pas adapté à en faire des êtres bien intégrés socialement.
Un commentaire par yo (09/07/2012 à 0:16)
je cherche les patrick, il y en a aucun qui ont eu leur bac?
Un commentaire par Ferron (09/07/2012 à 9:24)
En 20 ans de carriere de professeur, je n’ai jams eu de patrick comme éleve. J’ai bien un cousin qui s’apelle patrick, mais il a eu son bac dans les années 80. Cqfd !
Un commentaire par Fr. (09/07/2012 à 16:04)
Scraping is fun! Je fais la pub de ton billet autour de moi depuis sa sortie :)
Un commentaire par martinaf (10/07/2012 à 9:06)
Le prénom. Un exemple passionnant de variable à rebonds qui n’a pas de rapport intelligible direct avec la réussite au bac mais qui concentre les effets des variables en relation directe avec celle-ci.
Question: réussir au bac est-ce obtenir une très bonne mention (et donc faire de bonnes études supérieures) ou l’avoir, tout simplement, et se sentir comme les autres ?
Un commentaire par Jean Rafeno (11/07/2012 à 21:10)
À Toulouse moins de 5 km à,vol d’oiseau séparent les collèges Fermât et celui de la Reynerie , dans le premier 95% des prénoms sont européens et presque 100% des élèves de 3ème ont la moyenne à l’ecrit du brevet. A la Reynerie les proportions sont strictement inversées .
S’il y a des ghettos de pauvres c’est d’abord parce qu’il y a des ghettos de riches.
Cf. L’excellent bouquin d’Eric Maurin “le ghetto français” qui a fait une étude à partir de l’enquête emploi de l’Insee
Cordialement
JR
Un commentaire par Lucas (27/07/2012 à 19:37)
@Touti: “Les résultats du baccalauréat, qui marque la fin d’une scolarité non adaptée à l’épanouissement et à la critique, montre surtout que la tendance de 10 femmes avec très bien au bac pour un homme va s’inverser dans le monde adulte.”
Vous n’avez pas manifestement pas saisi le sens de l’étude: il faut comprendre par exemple qu’une forte proportion d’élèves prénommées Emma a eu une mention TB. Et non qu’une forte proportion de mentions TB concernent des élèves prénommées Emma.
Un commentaire par gaspard (11/05/2013 à 16:03)
Bonjour, il aurait etait interrescant, comme la dit précédament un commentateur, de trier par filière, puis de poursuivre dans le superieur afin de comparer ces resultats avec les prénoms reussissant la suite de leur études
Comparer ,en licence ( en classant, sciences dures , sociales , ecole de commerce et grandes écoles ) puis de meme, niveau master et enfin niveau doctorat voir si les origines sociales mais aussi politiquo-sociétal ( en caricaturant : pour faire la distinction, fils de bobo(libéro-libertaire) , fils de la bourgeoisie catho(libéraux mais moins libertaires), étudiants etrangers, boursiers etc etc …)
Je pense que les resultats d une telle étude sortiraient plus de données neuves … Evidement on retombera sur la reproduction des élites a la bourdieu … mais je pense que d autres aspect un peu moins connus peuvent apparaitre : l’emmergence d’une beurgeoisie en autre, mais aussi une tendance a la réproduction professionel par domaine d’activité.
D’une gauche caviar dans le culturo-médiatique, a peut etre, une plus grande diversité chez les haut diplomés des sciences dites dures ( scientifiques, ingenieurs, voire meme en élargissant l’ entreprenariat …)
Les prénoms dits bobo sont bien sur, sureprésentés a la sortie du lycée général, par rapport a l’ ensemble de cette classe d’ age, mais il est interrescant de noter que ayant fait les deux, on trouve beaucoup plus ” d’heritiers ” de ces CSP en fac d’ histoire que dans les écoles d ‘ingenieurs, les prénoms discrets ( voir pour certains composés ) mais indémodables tels que pierre guillaume paul françois y étant largement majoritaire …