Les cordons de la bourse : le petit financement
La recherche en sciences sociales est faite de “petites” dépenses liées, par exemple, à la reproduction de la thèse, aux déplacements pour participer à un colloque ou rendre visite à des archives conservées hors de portée du métro.
Et il m’apparaît que tous les laboratoires ne fonctionnent pas comme le mien (l’équipe “CSU” du “CRESPPA”, une “UMR” Paris8-CNRS). Dans mon labo, donc, existe un “comité trésorerie” composé de plusieurs personnes, dont une représentante des doctorantes. Ce comité se réunit environ une fois toutes les six semaines et les demandes sont examinées. Un compte-rendu précisant quelles demandes ont été acceptées / refusées est ensuite envoyé aux membres du labo. C’est très utile pour savoir comment les maigres financements récurrents (c’est à dire non sur projet) sont dépensés.
Je sais bien qu’il n’en va pas de même partout. Joël Gombin écrit sur twitter que « dans mon labo, c’est examiné en conseils de labo ouverts à tous (et de droit jusqu’à 300 € par an) ». Son labo, c’est le CURAPP, à Amiens. Il répondait à une doctorante à qui son labo refuse ces “petits” défraiements, sous diverses excuses, du type : “il faut demander à l’école doctorale”, “le directeur va examiner votre demande”, “il faut demander à votre directrice”, “on ne finance pas la participation aux colloques, mais seulement les terrains”, “on ne finance pas les terrains, mais la participation aux colloques”, “c’est fini pour cette année, il n’y a plus de sous”… Mais, quand l’évaluation quadriennale ou quinquennale de l’AERES arrivera, ce labo inscrira dans son rapport d’activité les participations aux colloques et les éventuels articles de cette doctorante, qui aura travaillé gratuitement.
C’est l’occasion, tout d’abord de rappeler l’existence de ce site, antidoctorat (dont l’unique conseil est “ne faites pas de thèse”, et dont le second est : si vous en faites une, voici les coulisses). Et ensuite de demander aux collègues : chez vous, dans votre labo/équipe/UMR… comment ça se passe ?
6 commentaires
Un commentaire par DM (03/12/2011 à 16:54)
Chez nous, vu l’importance des financements contrats, et l’existence d’importants “overhead” sur contrats européens, les problèmes se posent très différemment.
Un commentaire par MxSz (03/12/2011 à 17:03)
@DM
Et chez vous, c’est où ? (chez moi, c’est – ou plutôt c’était – aussi le Curapp).
Un commentaire par Baptiste Coulmont (03/12/2011 à 17:05)
@MxSz : @DM est dans un labo d’informaticiens.
Un commentaire par FH (03/12/2011 à 17:37)
Dans mon labo d’histoire la direction vient de découvrir le fait qu’il y a des doctorants – le conseil de laboratoire a voté en juin dernier le principe de donner (peut-être, s’il reste de l’argent en fin d’année) de l’argent aux doctorants pour des projets encore à définir… la pente est raide, mais on progresse petit à petit…
Un commentaire par Joël (05/12/2011 à 10:21)
Pour compléter ce que dit Baptiste dans le texte, évidemment dans mon labo comme probablement dans de plus en plus de labos, le fait d’être intégré à une équipe bénéficiant d’un contrat de recherches change la donne et permet d’accéder plus aisément à des financements…
Par ailleurs, avant d’être au CURAPP j’étais dans un autre labo, non CNRS, dans lequel la situation était extrêmement proche de celle de la doctorante citée dans le billet – en gros, l’arbitraire du durecteur du labo.
Un commentaire par DM (05/12/2011 à 10:27)
Note au passage : le financement par projets pose lui-même d’autres problèmes : normalement, on ne doit payer sur un projet que ce qui se rapporte au dit projet (sauf overhead). Si dans le même temps les institutions baissent les dotations au motif qu’on a du financement projet, on peut se retrouver dans des situations paradoxales, où l’on manque d’argent au niveau du laboratoire pour payer des dépenses communes (un rack à vélos, pour prendre un exemple véridique) tandis que les projets ont de l’argent…