Ma prime d’excellence scientifique
Cadeau d’avant noël. Le 21 décembre, un mail du service du personnel enseignant m’informe que
Suite au classement de l’instance nationale et de la validation par les conseils centraux, nous sommes au regret de vous informer que votre dossier de candidature à la Prime d’Excellence Scientifique (PES) pour la campagne 2012 n’a pas été retenu.
Un courrier émanant de Madame Danielle TARTAKOWSKY, présidente de l’université vous parviendra prochainement.
Il m’a fallu envoyer trois demandes par mail pour obtenir le rapport non-signé et non-rédigé par « l’instance nationale ». “Instance nationale” composée, pour la section 19, des éminents collègues dont les noms suivent :
19 Madame Delcroix Catherine, Université de Strasbourg
19 Madame Dion Michèle Université de Bourgogne
19 Monsieur Pequignot Bruno Université Paris 3 Sorbonne Nouvelle
19 Monsieur Valade Bernard Université Paris 5 Descartes
[Cette liste, c’est de l’excellence en barre.]
(source)
Mes notes sont ainsi : j’ai “C” en “G” (G = note globale). Définitivement pas excellent. Zut. J’ai “A” en “P” : ça doit être bien, ça. Mais c’est mitigé par un “C” en “E” (c’est à dire l’encadrement doctoral scientifique) : en effet, comme je n’encadre pas de thèse (et que je ne peux pas en encadrer), je suis classé “C”… et c’est la prime qui s’envole. J’ai “B” en “R” : un “Rayonnement” moyen donc. Et, honte parmi les hontes, j’ai “C” en “S” (“S” étant l’acronyme de “Responsabilité scientifique”). Les spécialistes en coulmontologie (et ils sont nombreux) se souviendront que j’avais obtenu les mêmes notes en 2009.
Le rapport n’est pas signé. Aucune recommandation n’est proposée pour améliorer mes chances de primes. Comment devenir un bon chasseur de prime si l’on ne donne aucun conseil… Même la lettre de la Présidente ne dit pas comment faire ? D’ailleurs cette lettre — mais c’est coutume à Paris8 — ne dit pas qui a obtenu cette prime : c’est une chose impossible à savoir (les compte-rendus du conseil scientifique ne sont plus diffusés sur l’intranet, de toute façon). Tout laisse supposer, dans la rédaction, que la prime a été en grande partie réservée aux “rangs A”.
Allez, on recommence cette année : cela va être d’autant plus intéressant que toutes les évaluations se feront localement, entre collègues excellents de la même université.
[yarpp]
18 commentaires
Un commentaire par DM (23/01/2013 à 19:27)
Tu ne peux pas co-encadrer des étudiants avec des HDR?
Un commentaire par Sylvie (23/01/2013 à 20:33)
En sciences humaines, un pauvre MCF n’a pas le droit de diriger ou même co-diriger des thèses (peut-être en a-t-il le droit mais dans la pratique je n’ai jamais vu que ça se faisait), alors que la chose est courante en sciences dites dures. Ce qui fait que le dispositif de la PES ayant été, comme tout le reste d’ailleurs, pensé pour les sciences dures, il se trouve totalement inadapté aux sciences humaines. Dans mon glorieux département, les MCF n’ont même plus accès à la poignée d’étudiants de master en recherche d’un directeur de mémoire. Comme le nombre d’étudiants a singulièrement diminué, les profs font main basse dessus et ne nous présentent même plus les dossiers (malgré mes demandes répétées, je n’arrive jamais à obtenir le nombre d’inscrits dans le master auquel je participe: ultra-secret! comme pratiquement tout à Paris 8). La prime d’excellence pour les MCF ce n’est donc pas pour demain. En même temps, devenir prof pour en arriver à convoiter les étudiants de master parce qu’on a pas de vrais thésards, ça ne donne pas envie non plus de passer l’HDR.
Un commentaire par electeur lambda (23/01/2013 à 23:54)
c’est inexact : les textes sont formels : tout docteur peut diriger une thèse.
dans les faits, il arrive de plus en plus souvent qu’un mcf co-encadre une thèse en 9e par ex, a fortiori maintenant que des limites (récentes) empêchent les PR de diriger un nombre trop important de thèses. peut être que la situation dans cette université est particulière ?
cordialement & bon courage
Un commentaire par Sylvie (24/01/2013 à 8:38)
Les textes ont beau être formels, je peux te dire qu’en 11e c’est rarissime. Ça doit tenir au ratio nombre de thésards/nombre de PR… Chez nous un MCF doit se battre (longtemps et âprement) pour obtenir le droit de suivre en M2 une étudiante qu’il a par miracle réussi à suivre en M1. Impossible apparemment, alors même que le master, même 2, n’est plus un diplôme de 3e cycle, mais de 2e cycle. J’avais vu passer une circulaire au moment du LMD (autorisant les MCF à suivre les deux années de master en rupture avec l’ancienne distinction maîtrise/DEA), mais je n’ai jamais pu remettre la main dessus.
Un commentaire par DM (24/01/2013 à 12:37)
@Sylvie: Les critères, notamment l’encadrement doctoral, semblent très similaires à ceux jadis appliqués pour la PEDR (la prime que la PES remplace).
Une petite remarque d’ordre général:
Vous semblez dire que les PR font main basse non seulement sur les thésards, qui se raréfient, mais sur les étudiants en master, et vous comparez la situation avec les “sciences dures”. On a l’impression (mais peut-être que je me trompe) que vous pensez qu’en “sciences dures” on croule sous les étudiants. En réalité, dans certaines disciplines “dures”, il est très difficile de recruter des étudiants, notamment parce qu’ils vont dans l’industrie plutôt que de faire M2R+thèse; c’est notamment le cas en informatique. On passe des annonces pour des thèses financées et on ne reçoit aucune candidature valable (au sens où l’on reçoit des candidatures d’étudiants de pays exotiques le plus souvent pas franchement dans le sujet)…
Un commentaire par Denys (25/01/2013 à 1:02)
Ah, pourtant, ça fait des années que je suis co-dirigé par une MCF pas du tout HDR, et on a pu monter ça sans difficulté. Bon, évidemment, on a eu besoin d’un PR HDR, mais il est consentant. Enfin, j’espère.
Un commentaire par Sylvie (25/01/2013 à 21:21)
@DM: ha! c’est comme chez nous alors… Mais si la raréfaction des étudiants n’est pas l’explication, quelle est-elle? peut-être que nos PR s’ennuient, cherchent à fuir une vie de famille compliquée ou une addiction au poker. Je ne comprends pas leur motivation. On touche des sous pour l’encadrement des masters?
Un commentaire par simone (27/01/2013 à 9:58)
@Sylvie: chez nous, mdc ou pr, un encadrement de Master (1 ou 2) est rémunéré 3h eq. td… Ce qui n’est pas cher payé car on y passe largement plus de temps! Mais c’est tout de même une partie du boulot bien agréable que de mener ses étudiant-e-s à la soutenance de leur première recherche!
Un commentaire par Laurent W (27/01/2013 à 11:53)
Bonjour.
A l’UVSQ, il avait été décidé il y a quelques années que les primes seraient distribuées localement, avec des comités discplinaires ou pluri-discipkinaires ; ça a été particulièrement compliqué dans plusieurs sections (avec des collègues qui jugeaient de l’excellence scientifique de leurs “camarades” de bureau.
La ministre a décidé de proproger l’existence des commissions nationales au moins pour cette année ; et très majoritairement, le conseil scientifique a décidé de s’en remettre finalement au national, avec l’idée que ça serait moins pire…
Un commentaire par étienne (29/01/2013 à 13:16)
C’est combien, une prime d’excellence scientifique, annuellement?
Un commentaire par Baptiste Coulmont (29/01/2013 à 14:09)
Entre 6000 et 10000 euros par an, pendant 4 ou 5 ans.
Un commentaire par Claire (29/01/2013 à 17:18)
En fait pour nuancer un peu, dans ma fac la PES commence à 3538,17 euros/an pour un vulgaire MCF (comme moi), et je sais, parce que je l’ai eue, eh oui, ça arrive. Quand je l’ai eue je ne dirigeais pas encore de thèse, mais il est vrai pas mal d’étudiants de master, et même le master lui-même. Il suffit pour cela d’être dans un département qui comporte très peu de profs, ou des profs “touristes”, qui viennent quelques années et repartent : le MCF “pilier” qui s’indure, lui, assume progressivement beaucoup de responsabilités y compris les plus agréables comme diriger des mémoires (chez nous c’est 1h éq. TD), faire essentiellement du CM, etc. Cela ne dépend pas vraiment de l’université elle-même, puisque je sais que mes collègues MCF en histoire, dans la même UFR, s’insurgent contre les mêmes injustices que vous. Mais il y a des niches écologiques, comme la mienne (je ne divulguerai pas sa localisation, mais elle se trouve en proche banlieue parisienne…). Et je pense que j’ai aussi eu la chance, l’année où j’ai candidaté pour la PES, d’être évaluée par des collègues pour qui je n’étais pas inconnue et qui avaient pour moi de l’estime. Bref, on n’est jamais à l’abri d’un coup de chance, et il faut persister, Baptiste!
Cela dit, j’aimerais bien qu’on arrive à se débarrasser de cette culture managériale de la note A/B/C et des cases à cocher qui nous vient de machins institutionnels comme l’AERES et l’ANR et contre laquelle nous aurions dû nous insurger depuis longtemps…
Un commentaire par Baptiste Coulmont (29/01/2013 à 17:25)
La “modulation” des primes, j’ai appris cela récemment : certaines universités en effet versent des primes moins importantes aux MCF. A Paris8, il n’y a pas de modulation — que je sache — mais il n’y a pas non plus de prime pour les MCF (sauf 1 chanceux par an, à ce que je sais).
Un commentaire par Régis (30/01/2013 à 11:55)
Qu’est-ce qui définit le rayonnement? Le bassin d’attraction dans lequel vous recrutez vos étudiants?
Un commentaire par RjG (18/02/2013 à 19:13)
D’après des sources bien informées, dans les faits, les dossiers ne seraient jamais évalués par l’instance nationale, mais circuleraient uniquement en interne dans les universités. Est-ce confirmé?
Un commentaire par Baptiste Coulmont (18/02/2013 à 19:35)
je ne confirme pas. Les “instances nationales” font un classement A/B/C (mais seulement pour les universités qui ont choisi d’avoir recours aux “instances nationales”)
Un commentaire par DM (20/02/2013 à 14:39)
@Baptiste, Claire: Je confirme: à Grenoble-1 la PES peut être de 3500€/an.
Un commentaire par demongeot (09/03/2013 à 11:23)
Vous semblez publier et être cité autant que vos 4 juges réunis (source web of knowledge et Google Scholar), erreur fatale…