L’évaporation académique : les qualifiés non postulants
Je vais parler ici de l’évaporation académique, c’est-à-dire des personnes qui, qualifiées par le Conseil national des universités, ne candidatent à aucun poste universitaire. Je vais m’appuyer sur les données des “DGRH A / LT & DGRH A1-1 / PR”.
Dans l’Etude de la promotion 2012 des qualifiés aux fonctions de MCF et de PR, on trouve quelques pages consacrées à ceci : “3589 personnes détenant globalement 4911 qualifications délivrées cette année n’ont pas candidaté sur les postes ouverts au recrutement. Elles représentent 43,5% des personnes qualifiées par le CNU au titre de l’année 2012”. La DGRH-A appelle cela “l’évaporation”.
Près d’une candidate sur deux, donc, qualifiée, ne candidate pas. Peut-être parce qu’il n’y a aucun poste qui lui convienne. Peut-être par autocensure…
Mais ce n’est peut-être pas dû uniquement aux candidates elles-mêmes. La plus ou moins grande sévérité des sections est liée à la plus ou moins grande proportion d’évaporées.
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La taille des points est fonction (linéaire) du nombre de candidats qualifiés (je me suis limité, ici, à la qualification “maître de conférences”. La droite orange est la droite de régression linéaire. Une relation croissante existe entre le taux de qualification et le taux d’évaporation : dans les sections les plus “laxistes”, de nombreux candidats abandonnent avant même de postuler.
Mais c’est un peu plus compliqué encore (rien qu’avec les données de la DGRH A), car une relation évidente existe entre la “pression” (le nombre de qualifiés de l’année rapporté au nombre de postes ouverts au recrutement dans l’année). Ainsi, quand il y a environ un poste pour chaque qualifié (en droit, par exemple), il y a très peu d’évaporation. Mais quand il y a un poste pour 20 candidats, alors près de 60% des candidats abandonnent.
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On remarquera, sur ce graphique, le comportement “optimiste” des politistes, de la 4e section du CNU : 15 candidats pour chaque poste, mais à peine 20% d’évaporation.
Et si l’on combine le tout ? En coloriant les points en fonction du taux de qualification ? On arrive, je pense, à la limite de la synthèse graphique possible.
Le “taux d’évaporation” était de 34% en 2007, et, depuis, il augmente régulièrement.
[mise à jour 2013-03-02] Regardons maintenant la relation entre la “porosité” des sections CNU et le taux d’évaporation. Le graphique suivant met en relation la proportion de “multiqualifiés” par section et l’évaporation. Il apparaît que, globalement, plus la section comporte de candidats multiqualifiés, plus ces candidats s’évaporent…
Je trouve cela a priori étrange : je pensais que la proportion de multiqualifiés pouvait être un indicateur de la volonté des candidats de postuler aux postes universitaires.
Note : Données : evaporation.csv [j’ai extrait ces données du rapport de la DGRH-A, qui est au format PDF]
Mise à jour : Poursuite de l’analyse chez Olivier Bouba-Olga