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Les billets de May, 2013 (ordre chronologique)

Négocier les termes de l’Alliance

Un problème se pose à Pâque, si vous êtes juif assez orthodoxe, pas seulement l’interdiction de manger du pain levé, l’interdiction de tout levain chez soi. Une interdiction mentionnée à plusieurs reprises :
Exode 12:15 “dès le premier jour vous ôterez le levain de vos maisons”
Exode 12:19 “Pendant sept jours, il ne se trouvera point de levain dans vos maisons”
Deutéronome 16:4 “On ne verra point chez toi de levain, dans tout ton territoire, pendant sept jours” (“Durant ces sept jours, on ne devra trouver chez vous aucune trace de levain dans toute l’étendue de votre territoire” ou encore “On ne verra point chez toi de levain, dans toute l’étendue de ton pays, pendant sept jours”)
Cette interdiction est apparemment assez simple à respecter (il s’agit d’une interdiction matérielle, et non pas d’une interdiction morale), mais elle s’avère complexe : qu’est-ce qu’un “levain” ? jusqu’où s’étendent “maisons”, “territoire”, “pays” ? le levain contamine-t-il les objets ayant touché du levain ? Comment être certain de la disparition complète du levain ?
Ces questions ont des réponses. Il est possible de les trouver à partir d’une recherche sur le terme “hametz” (ou hamets, chametz… חָמֵץ / חמץ). Il semble ainsi qu’il faille considérer comme “levain” tout produit issu de la combinaison d’eau et d’une céréale, laissée à température ambiante plus de 18 minutes. Mais peu importe.
C’est en passant devant une supérette cachère que ma curiosité a été suscitée :
hametz
« Notre hametz a été vendu auprès du Rav Rottenberg » était-il écrit sur une affichette, à l’entrée du magasin. On remarquera que le hametz n’a pas été vendu “au” Rav, mais “auprès du” Rav.
Il s’avère, après quelques recherches, qu’il est possible de vendre son hametz (et tout ce qui a pu être contaminé) à un non-juif, pendant sept jours, et de le racheter ensuite. Mais il s’avère surtout qu’ont été mises en place des procédures d’intermédiation de cette vente : un rabbin peut être délégué pour vendre, à un non-juif, un fagot de hametz domestiques.
Ainsi, l’on trouvera, sur le site loubavitch français par exemple (mais d’autres groupes proposent des procédures similaires), un formulaire en ligne permettant à tout un chacun de déclarer, auprès d’un rabbin loubavitch, son hametz.
loubavitch-delegation-hametz
Ce rabbin vendra, pour sept jours, à un goy, les hametz dont il a obtenu délégation. Il faut bien enfermer son hametz dans un placard ou une pièce. Et “inutile de ranger”, est-il précisé à destination des ménagères ou des ménagers. Le hametz restera, physiquement, dans son placard, mais il sera considéré comme ayant disparu (du moins pendant sept jours).
Deux commentaires très rapides à cette procédure :

  1. Le contrat — une alliance entre hommes — permet de négocier les termes de l’Alliance — celle qu’a passé YHVH avec son peuple. Il me semble que les concepts mis en place par Viviana Zelizer : “circuit”, “marquage”… pourraient s’avérer intéressants à manipuler, pour mieux saisir ce qui se passe.
  2. Ce contrat, nominatif, permet aux différents groupes juifs orthodoxes, d’objectiver, année après année, leur étendue. À Pessah, chaque année, se complète une liste nominative (avec adresse), celle de ceux qui ont un placard à hametz.

Homologie structurale

La collection Que Sais-je? ressemble parfois aux couvertures du Point, ou à celle de l’Express

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La marche de nuit

Dans le répertoire des formes de mobilisations féministes, il y a la “marche de nuit non mixte”. L’origine est sans doute les opérations “Take back the night”, à la fin des années soixante-dix, aux Etats-Unis [importées en France vers 1978 ?]. Il serait possible d’en faire un beau sujet de master de sociologie des mouvements sociaux.
1-heterosexisme
2-iletaitunefois
3-bordeaux
4-rennes
5-suisse
6-toulouse

Relations mondaines, massages modernes, vues féériques

Dans un vieux numéro de “Paris Plaisirs“, de 1924 :
Une publicité pour une crème dépilatoire :
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Des photos dénudées :
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Et une page de publicités allusives :
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Et les trois douzaines d’adresses mentionnées dans ces publicités dressent la carte d’un Paris des bordels (de classe supérieure? : “Paris plaisirs” coûtait 2,5F en 1924… l’équivalent de quoi ?) :

View Paris Plaisirs in a larger map

Transmissions. Une communauté en héritage

J’interviendrai, la semaine prochaine, au colloque Colloque Transmissions. Une communauté en héritage. 40 ans de sociologie française [qui se tient du 5 au 7 juin à l’IEP de Paris].
Il y a un livret qui présente les différentes interventions, avec, notamment : Andrew Abbott & Etienne Ollion, “La sociologie française a-t-elle joué un rôle aux Etats-Unis depuis 1970 ?”
L’actualité — les décès rapides de sociologues (Desrosières, Castel, Boudon, Crozier) ayant structuré la discipline, en théorie ou en pratique — a rattrapé ce colloque, qui devrait être l’occasion de réflexions intéressantes.

Appel à communication : Noms et prénoms

Virginie Descoutures et moi-même organisons, le 11 décembre à l’INED, un colloque d’une journée, autour des contraintes que l’on se donne en matière de nom et de prénom, maintenant que la loi permet presque tout… Voilà qui est résumé très très rapidement : l’appel à communication est ici, et n’hésitez pas à le diffuser largement.